Rameau



Rameau : pièces pour clavecin











Jean-Philippe Rameau

né à Dijon le 25.09.1683 décédé à Paris le 12.09.1764

Remarque : En 1683, à sa naissance, Lully vit encore.
En 1764: Il a pu entendre le jeune Mozart venu à Paris avec son père.
Nous pouvons diviser sa vie en 2 parties égales :
± 40 années en province
41 années à Paris.
Son père était organiste à Dijon et Jean-Philippe fut sensibilisé à la musique dès l’enfance qu’il apprit même avant de savoir lire ! Il fit ses études chez les jésuites mais d’une façon assez distraite : il écrivait de la musique pendant les cours de latin, chantant au milieu des cours. Il quitte assez vite le collège sans vraiment maîtriser le français (langue natale) et sans connaître le latin. Il ne complètera jamais cette instruction insuffisante et c’est dommage, car ces lacunes le gêneront dans l’élaboration de ses oeuvres théoriques. Ses oeuvres sont écrites dans un style lourd, ce qui rendra leur lecture difficile. De plus, il ne sera jamais très sensible à la valeur dramatique de ses livrets d’opéras.
Lorsqu’il quitte le collège, il va perfectionner sa pratique de l’orgue, du violon et travaillera la composition.

En 1701 :
Sur les conseil de son père, il part pour l’Italie mais n’y restera que peu de temps avant de revenir en France.
De 1702 à 1705 :
Il s’installe à Clermont Ferrand où il a une place d’organiste. La musique profane l’intéresse plus que la musique d’église. Il écrit son premier livre de pièces pour clavecin. Il essayera de trouver une autre place d’organiste à Paris ; ce qu’il n’obtiendra pas ; et retournera à Clermont où il y restera jusqu’en 1722. C’est là, qu’il écrira sa première oeuvre théorique : “Traité de l’harmonie dans ses principes naturels”. Grande impression parmi les savants et les philosophes de l’époque.
En 1723 :
Rameau s’installe définitivement à Paris, sa réputation de théoricien et d’organiste étant assurée, il veut se tourner vers le théâtre.
En 1726 :
Il épouse une jeune fille de 16 ans, musicienne et qui restera sa compagne jusqu’à la fin de sa vie. Qui dit théâtre, dit texte : il fit la connaissance du fermier général La Poulinière, appelé "Le riche de la Pouplinière" (qui sera son protecteur pendant 20 ans, qui lui fit connaître Voltaire, qui lui donnera 4 livrets), et c’est grâce à lui que Rameau trouvera un librettiste l’abbé Pellegrin. Celui-ci écrira le livret dit : “Hippolyte et Aricie”. Cet opéra sera représenté en 1733.
Rq : cette oeuvre dérangera “les Lullistes” ; ils seront perturbés par l’harmonie trop savante, la musique trop élaborée pour un opéra. D’autre part, vont apparaître “les Ramistes”.

Ses oeuvres

Les tragédies :
Hippolyte et Aricie
Castor et Pollux (représentée en 1737)
Dardanus (représentée en 1739)
Zoroastre (représentée en 1749)

Les opéras ballets :
Les Indes galantes (représentée en 1735)
Les Festes d’Hébé (représentée en 1739)

Les comédies :
Platée (représentée en 1745).

Les opéras : Il a écrit dans tous les genres qui étaient à la mode en France.
D’une part :
- Les grands opéras en 5 actes
- Tragédies en musique : ex. Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux, Zoroastre
- Pastorales héroïques : opéras plus légers en 3 actes qui mettent en scène, dans un cadre pastoral, des bergers et des héros ex. Acanthe et Céphise
- Comédie ballet : ex. La Princesse de Navarre.
- Comédie lyrique : ex. Les Paladins.
A cette époque, le livret était caractérisé par l’emploi du merveilleux : l’action était déterminée et dénoncée par un personnage extérieur et tout puissant. Le public de l’époque était imprégné de la culture humaniste (intérêt pour la mythologie). Vers le milieu du XVIIIè siècle les philosophes réagiront contre l’emploi du merveilleux au nom de la vraisemblance et du non sens. La musique de Rameau va souffrir du changement de croyance, de philosophie... qui était sa base et qui lui servait d’inspiration. Rameau n’a pas su choisir le livret de qualité par :
1) son manque de culture (peu de français, pas de latin).
2) avarisme (pas trop envie de payer des poètes).
Le fait qu’il croyait fort au pouvoir de la musique, elle pourrait faire oublier les imperfections des textes.

Aspect dans l’opéra :
* récitatifs
* airs chantants
* des symphonies ; c- à- d des passages instrumentaux.
Rq : Le récitatif dans l’opéra français était la partie essentielle de l’opéra, la partie qui aidait à faire comprendre l’action, le thème. ( Le récitatif dans l’opéra italien était la partie négligeable (moment du casse-croûte !).
Si le récitatif de l’opéra français du XVIIIè s. à un caractère chantant qui le rapproche de l’air, les airs à leurs tours vont se rapprocher du récitatif pour donner l’exacte déclamation des paroles.

Différents types d’airs
* monologues plus lyriques qui expriment les sentiments.
* divertissements sont plus ou moins des danses chantées reproduisant à peu près la mélodie de certaines danses qui existaient déjà.
Les symphonies d’ouverture ne représentent pas une symphonie classique, qui est plus structurée (ex. chez Mozart).
symphonie dramatique
symphonie chorégraphique.

L’ouverture
(qu’il y a dans tout opéra)
Est chez Rameau une symphonie dramatique alors qu’elle est purement décorative chez ses prédécesseurs. Dans le cours de l’action, les symphonies dramatiques sont des préludes, interludes, ou des morceaux de musique descriptives très appréciées chez les Français (ex. symphonie qui exprime la tempête, l’orage...).


En résumé

Chez Rameau, qu’il s’agisse de récitatifs, d’airs, de symphonies, il est surtout préoccupé par l’expression dramatique. Il veut exprimer, écrire, imiter. En fait, Rameau est en musique, le principal représentant de cette théorie classique de l’imitation qui règne dans tous les arts.
En 1764, Rameau meurt d’une typhoïde compliquée de scorbut à l’âge de 81 ans.



L'art baroque





Musique de clavecin au XVIIIè siècle

La facture du clavecin atteint son plus haut degré de perfection, notamment à Paris (les Blanchet, Jean-Henri Hemsch, Pascal-Joseph Taskin) mais aussi à Hambourg (Hieronymus Albrecht Hass, Christian Zell), plus tard à Londres (instruments de Shudi et Kirkman).

L'œuvre de cinq musiciens européens réalise en effet une synthèse idéale et emblématique de la musique pour le clavecin dans sa plus grande diversité :



École française de clavecin

La France a connu pendant la période baroque (17è et 18è siècles) une véritable floraison de compositeurs pour le clavecin : l'École française de clavecin.

La première période, jusque vers 1710, est celle des pionniers, qui mettent au point le style français (style brisé ou luthé) et la structure de la suite classique. Dès cette époque est attestée l'importance particulière que les musiciens français accordent à l'ornementation : il est fréquent que les compositeurs insèrent en début de leurs ouvrages imprimés une « table des ornements » décrivant de façon plus ou moins explicite la façon dont ils devraient être interprétés. François Couperin, la grande figure du clavecin, précisera même plus tard qu'une interprétation des ornements différente de celle qu'il préconise dans ses partitions trahit la pensée du compositeur.

La seconde période, à partir des années 1710, voit le renouvellement des formes et du style, sous les impulsions complémentaires de François Couperin et Jean-Philippe Rameau. Si le premier se révèle comme le grand poète de l'instrument, le second introduit un jeu brillant, évoquant parfois Scarlatti, dans la tradition française : leurs suivants, tel Daquin, puiseront aux deux sources.
Cette période se caractérise par l'éclatement progressif de la « suite » (forme que Couperin et certains de ses émules intitulent « ordre »), la place grandissante accordée aux pièces de caractère ou imitatives, l'influence de la virtuosité à l'italienne, la multiplication des recueils.
À la fin de la période, la manière commence à évoluer vers le « style galant » et l'utilisation de la basse d'Alberti. Cette tendance se ressent nettement dans le dernier livre de Duphly. Mais celui-ci est le dernier musicien à consacrer l'intégralité de son œuvre au clavecin qui subit alors le remplacement par le pianoforte : sa mort en 1789, comme Armand-Louis Couperin, apparaît comme le symbole - fortuit ... - d'une époque révolue.



Le clavecin de Rameau

Jean-Philippe Rameau, grand claveciniste français, bien que de 15 ans plus jeune que Couperin, publie son premier livre dès 1706 ; il s'y révèle admirateur de Louis Marchand. Le prélude initial, toute première œuvre de Rameau, pose son auteur comme un maître du genre (le prélude non mesuré commence à tomber en désuétude, mais est encore illustré de façon magistrale dans la pièce initiale de Rameau).



Les deux livres suivants (1724 et 1728) complètent une œuvre très originale et de grande qualité, peut-être influencée par la production italienne, même si l'esprit reste très français. Rameau aime plus que Couperin les effets de virtuosité (Les Trois Mains, Les Tourbillons, Les Cyclopes...). Premier théoricien de l'harmonie (son Traité de l'harmonie paraît en 1722), il s'amuse à composer une pièce d'une audace peu commune (L'Enharmonique) ; il excelle aussi à écrire des musiques descriptives (Le Rappel des oiseaux, Les Niais de Sologne, La Poule) ou saltatoires (Tambourin, Les Sauvages) dont il utilisera plus tard les thèmes dans ses pièces lyriques.

Après avoir commencé, à 50 ans, sa carrière de compositeur d'opéras, il n'écrit plus pour le clavecin seul, à part une pièce isolée, La Dauphine (1747), mais compose les cinq pièces en concert de trois instruments parmi lesquels le clavecin occupe la place la plus éminente (1741) et dont certaines peuvent se jouer au clavecin seul.



Pièces au programme


Le rappel des oiseaux, Suite en mi
Pièces de clavecin (1724)


Pièce binaire à reprise écrite en mi mineur et à 2 temps, pleine de mélancolie et de charme poétique. Dès les mesures initiales, les ornements prennent toute leur valeur expressive.
Presque entièrement écrite à deux voix sur un décalage de syncopes, cette pièce de genre - la première de Rameau - fait appel à des modulations audacieuses. L'écriture harmonique est recherchée (importance des pédales de tonique et de dominante, marches harmoniques, marches harmoniques chromatiques, retards, appoggiatures, fuite tonale). La reprise contient un très beau passage luthé.



Gavotte et six doubles, Suite en La
Nouvelles suites de pièces de clavecin (1728)



La Gavotte est une danse, de caractère populaire, simple, à 2 temps, adoptant une carrure de 4 mesures. Le terme de “double” désigne au XVIIIe siècle une ou plusieurs variations sur une danse au sein d’une suite.
La pièce est en la mineur, et adopte la forme AA BB (A de 8 mes. et B de 16 mes.).



Le thème est simple, chantant.
La partie B, garde cet esprit de simplicité, mais évolue néanmoins.

Les doubles sont des variations du thème de la gavotte. Ce thème ornementé, qui évoque le luth, sera dépouillé de tous ses ornements dans les doubles. Selon le conseil donné par Rameau dans sa préface, il doit être joué dans un tempo modéré.
Dans le 1er Double, à trois voix, le thème, traité à la manière d'un choral, apparaît à la main gauche sous une ligne continue de doubles croches qui s'enroulent à la main droite.
Le 2e Double reprend l'idée contraire : thème à la main droite, et contrepoint de doubles croches à la main gauche.
Le 3e Double, à quatre parties, s'enrichit d'un accompagnement nouveau. Le contrepoint de cette variation n'est en réalité que celui du premier double, mais avec transposition des voix.
Avec ses notes répétées égales, la virtuosité du 4e Double est digne de Domenico Scarlatti.
Dans le 5e Double, le thème est noyé dans un dessin d'arpèges et de notes répétées en doubles croches à la main droite.
Le 6e Double reprend les mêmes moyens, mais en sens contraire : ici, le thème se dégage de l'accompagnement en doubles croches de la main gauche qui exige du claveciniste la plus grande dextérité.

Toutes ces variations ont clairement un but pédagogique. Il s’agit d’une part de bien différencier le rôle de chacune des deux mains et d’autre part de généraliser l’utilisation du pouce.
Ces pièces n’ont plus rien à voir avec l’ancien style “luthé”. C’est une écriture pour clavier, qui prend véritablement en compte toutes les possibilités techniques qui en découle.
On ne trouve pas d'équivalent à l’époque dans la musique française. Il faut chercher du côté de D. Scarlatti ou de G.F. Haendel pour trouver une approche identique du clavier.


La Poule, Suite en sol
Nouvelles suites de pièces de clavecin (1728)



Pièce descriptive et imitative (en sol mineur et à trois temps) que certains ont comparée à un drame, et dont le caractère obsessionnel oscille - selon C. M. Girdlestone - entre l'espoir et le désespoir, avec une éclaircie incomparable dans la reprise. Le thème de cinq croches évoque dès les premières mesures le caquet de la poule.
Rameau a tenu à noter lui-même, sous chaque croche, le « co-co-co-co- co-coco-dai » évocateur. Il nous entraîne, par la suite, vers une succession de recherches les plus hardies. La liberté des modulations, en particulier, est extraordinaire. On atteint l'apogée du morceau à la fin de la reprise, - lorsque les cinq croches du thème deviennent de violents accords martelés. Rameau consigne quelques indications de nuances, passant du « fort » au « doux ».



Les Sauvages, Suite en sol
Nouvelles suites de pièces de clavecin (1728)



De ce rondeau en sol mineur à 2 temps, Rameau a fait un grand chœur des Indes Galantes. C'est une danse au caractère violent, construite sur les sauts mélodiques des arpèges du thème, et qui
veut dépeindre « la danse de deux Indiens de la Louisiane » qui se produisirent au Théâtre de la Foire en 1725. Le deuxième couplet contient des modulations audacieuses et des effets harmoniques étonnants.