Nuits d'été de Hector Berlioz



LES NUITS D'ÉTÉ DE BERLIOZ


 


Hector BERLIOZ (1803-1869)

Les Nuits d’été  1838-1841
Pour voix et orchestre, sur des poèmes de Théophile Gautier (1811-1872)
 









 


 

GENERALITES SUR LE XIXe SIÈCLE EN MUSIQUE

  
* Le XIXe est le siècle de la musique romantique. Celle-ci est caractérisée par la volonté pour chaque compositeur d’exprimer ses sentiments personnels (tristesse, amour, joie...) à travers son œuvre.
  
* A partir du début du XIXe siècle, la statut social du compositeur change: il ne s’agit plus de faire de la musique de divertissement (si bonne soit-elle), mais de correspondre à l’idéal personnel que les compositeurs se donnent. Chaque artiste exprime sa propre vision du monde, par le prisme égocentrique de sa propre et unique personnalité. Il s’agit aussi de réhabiliter la sensibilité contre le formalisme de l’époque classique. 

* La génération des premiers romantiques est composée de Beethoven (allemand 1770-1827), Schubert (autrichien 1797-1828), Schumann (allemand  1810-1856), Berlioz (français 1803-1869)Chopin (polonais 1810-1849), Franz Liszt (hongrois 1811-1886), Verdi (1813-1901)
  
* La musique de la première moitié du XIXe siècle tend à développer la virtuosité et le volume sonore:

  
Virtuosité:        La démonstration d’habilités techniques impressionnantes devient un critère esthétique en soi. (exemple: Etudes pour piano de Frédéric Chopin (1810-1849), ou Caprices pour violon de Nicolo Paganini 1782-1840)

Volume sonore: Le nombre des instruments des orchestres augmente (environ 25 chez Mozart (fin XVIIIe), 40 chez Beethoven (début XIXe), environ 200 chez Berlioz (Symphonie fantastique, 1830) et jusqu’à 1000 chez Gustav Mahler (1860-1910). Par ailleurs les registres des instruments augmentent (le clavier du piano s’agrandit vers le grave et l’aigu), les trompettes ont désormais des pistons pour pouvoir faire plus de notes, par exemple. Toute l’expression musicale se dirige vers un «toujours plus» caractéristique:  plus fort, plus grand, plus puissant, plus excessif, plus nombreux. On a le goût des contrastes et oppositions violentes (Beethoven). Malgré tout l’effectif orchestral des Nuits d’été reste dans des proportions raisonnables.

  

LES NUITS D’ÉTÉ
 
Les chiffres romains se reportent aux numéros des pièces (I=Villanelle, II=Le spectre de la rose, etc…)


* En matière de musique chantée, on connaît au début du XIXe le genre du lied  (plus de 600 lieder de Schubert, le cycle L’amour et la vie d’une femme de Schumann par exemple), mais il s’agit pour le plus souvent de chant accompagné de piano. En matière de chant et orchestre, on ne connaît pas grand chose à part l’opéra bien sur (Nabucco de Verdi par exemple). Les nuits d’été de Berlioz qui sont six poèmes chantés avec orchestre apparaissent comme un genre nouveau:  celui de la mélodie et orchestre, repris plus tard notamment par Gustav Mahler (Le chant de la terre, 1908)

* Berlioz a fait une sélection de 6 poèmes de Théophile Gautier à partir du recueil Poésies diverses de 1838. C’est lui qui a ensuite donné un nom à ces 6 poésies mises en musique : les Nuits d’été. Il les a composées entre 1838 et 1841 dans une première version pour voix et piano puis composa la partie orchestrale à partir de 1856.

Berlioz laisse une liberté quant au choix de la tessiture, ténor ou mezzo-soprano. La partition indique la partie de piano et une autre voix qui n’est pas toujours dans la même tonalité que l’orchestre, selon la tessiture de la voix alternative (II, III, V). Il faut par ailleurs dissocier la tessiture des différents narrateurs des poèmes. Dans la version enregistrée, une femme chante alors que les textes sont normalement dits par un homme pour les poèmes I , III,et IV. C’est un argument de plus (s’il en fallait) que cette musique n’est pas du tout de l’opéra: le chanteur ou la chanteuse en tant que personne sont complètement indépendantes du texte.

* Comme toujours dans toute musique pour chant et orchestre (ou piano), l’intérêt sera de dégager dans chaque pièce les rapports de dépendance ou d’indépendance de la musique et du texte, et les rapports complexes que ceux-ci peuvent entretenir sur le plan symbolique. Le premier et le dernier poème sont joyeux et porteurs d’espoir alors que ceux qu’ils encadrent sont chargés de sentiments lourds, pesants et tournés vers la mort, l’abandon et la solitude.

*  Cette musique est tellement portée à exprimer le texte qu’on pourrait la qualifier de musique littéraire, tant l’existence de celle-ci est liée aux sentiments du poème. Les thèmes romantiques les plus caractéristiques sont ici exploités: l’amour, le parfum, le souvenir, la frustration, l’attente, la solitude, la mort, la peur, la nuit, le fantastique, le voyage, l’exotisme.

* L’orchestre est un orchestre symphonique tout à fait usuel pour l’époque; en plus des cordes, on à 2 flûtes, un hautbois (oboe), 2 clarinettes, 3 cors, une harpe et 2 bassons si l’on considère toutes les pièces, mais les instruments utilisés ne sont pas toujours les mêmes d’une pièce à l’autre (ainsi la harpe n’est par exemple utilisée qu’une seule fois dans Le spectre de la rose). Comme dit plus haut, l’effectif orchestral des Nuits d’été reste plutôt modeste


Les vers mis entre parenthèses correspondent aux répétitions dues à la musique
Les chiffres indiqués entre parenthèses correspondent aux numéros de mesure


1 - VILLANELLE

D’après le dictionnaire, la villanelle est une chanson, poésie pastorale, danse qu’elle accompagnait à l’origine (1586). Par extension: Poème à forme fixe (fin 16e) à couplets de 3 vers et à refrains, terminé par un quatrain

Quand viendra la saison nouvelle,
Quand auront disparu les froids,
Tous les deux nous irons, ma belle,
Pour cueillir le muguet aux bois;
Sous nos pieds égrenant les perles
Que l'on voit au matin trembler,
Nous irons écouter les merles
(Nous irons écouter les merles)

Siffler

Le printemps est venu, ma belle,
C'est le mois des amants béni;
Et l'oiseau, satinant son aile,
Dit des vers au rebord du nid;
Oh! viens donc sur ce banc de mousse
Pour parler de nos beaux amours,
Et dis-moi de ta voix si douce
(Et dis-moi de ta voix si douce)

Toujours!

Loin, bien loin égarant nos courses,
Faisons fuir le lapin caché
Et le daim au miroir des sources
Admirant son grand bois penché;
Puis chez nous, tout heureux, tout aisés,
En paniers enlaçant nos doigts,
Revenons, rapportant des fraises
(Revenons, rapportant des fraises)

Des-bois

 


Sujet :  Ce texte «chante les émois d’un jeune homme amoureux rêvant de fuir au cœur des bois en compagnie
              de sa bien aimée» Education musicale, p.11

StructureLa forme strophique en trois parties du poème est respectée, un vers est répété en fin de strophe. Chaque strophe est chantée sur les mêmes mélodies à chaque fois.

Particularités:
* Il n’y a pas de progression dramatique dans ce poème, il est simplement descriptif et linéaire

* La musique n’a pas d’indépendance marquée vis à vis de la voix, il n’y a pas de partie purement instrumentale, il n’y a pas de thème réservé à l’orchestre. Elle se cantonne à un pur accompagnement au rythme rapide et régulier rappelant l’écriture classique viennoise de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe (voir le 1er mouvement de la 3e symphonie de Beethoven, 1804)

* Si chaque couplet est chanté sur les mêmes lignes vocales, quelques subtils changements dans l’orchestre se font sentir de l’un à l’autre: au tout début par exemple (3 et suivantes), la voix et les cordes sont seules, alors qu’au couplet suivant  (43 et suivantes), les cordes graves (altos et violoncelles) reprennent le motif du chant en imitation (pareil à 87 avec la clarinette en plus). Autre exemple, à la fin de chaque strophe, un motif au basson est différent les trois fois (37, 77, 121)

* La tonalité générale de la majeur est sans cesse malmenée par des modulations surprises à des tons éloignés (sib M (10), do# m (20) par exemple)



2 - LE SPECTRE DE LA ROSE


 Soulève ta paupière close
 Qu'effleure un songe virginal !
 Je suis le spectre d'une rose,
 Que tu portais hier au bal.
 Tu me pris encore emperlée
 Des pleurs d'argent de l'arrosoir,
 Et, parmi la fête étoilée,
 Tu me promenas tout le soir.
  

O toi, qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser,
Toutes les nuits mon spectre rose
A ton chevet viendra danser;
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe ni De Profundis.
Ce léger parfum est mon âme,
(Ce léger parfum est mon âme)
Et j'arrive, j'arrive du paradis
(J'arrive, j'arrive du paradis)
Mon destin fut digne d'envie,
Et pour avoir un sort si beau
Plus d'un aurait donné sa vie;
Car sur ton sein j'ai mon tombeau,
Et sur l'albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Ecrivit: "Ci gît une rose,
Que tous les rois vont jalouser."

 


Sujet :  Une rose réapparaît sous forme de spectre en avouant sur le ton de la confession son amour au personnage qui la portait à un bal. Les thèmes du parfum, de la mort, de l’amour et du souvenir sont les vecteurs principaux de ce poème dépourvu de progression dramatique. Voir aussi La morte amoureuse, nouvelle de T.Gautier sur les mêmes thèmes.

 Structure:  Bien que la structure soit strophique, il semble à l’écoute qu’il s’agisse d’une récitation continue sans répétition. La musique est très proche du texte, ne contient pas d’éléments qui lui sont propres (ni partie purement instrumentale importante, ni thèmes que n’aurait pas la voix), elle est réellement au service du texte.

 Particularités:

Il n’y a aucune unité dans l’accompagnement orchestral, dans la mesure où chaque strophe, voire chaque vers est accompagné de manière différente, en fonction de ce qu’il (elle) exprime.

* La harpe n’apparaît - dans toutes les Nuits d’été - que dans cette pièce. La tonalité de l’enregistrement est ré majeur (lire la voix en bas de la partition)
* Une petite introduction propose le thème de la voix à venir (aux flûtes et clarinettes), thème qui sera utilisé pour chaque début de strophe

* Un motif rapide est ébauché aux violons I et II (mes 3-4) entrecoupé d’arrêts mais lorsque la voix entre, il devient continu et donne au caractère général une fluidité mouvementée vraisemblablement liée à la passion amoureuse sous jacente de cette rose sous couvert de récitation lente et calme.

* A chaque progression dans le texte correspond une agitation musicale supplémentaire: sur «Et parmi la fête étoilée »  (1’47 mes 22), toutes les cordes font des notes plus rapides, et la partie vocale correspondant à l’évocation de la relation «physique» des deux êtres puisque «tu me promena

* Au début de la 2e strophe (2’27), le caractère devient un peu plus mouvementé grâce à une nouvelle orchestration: cordes en pizzicato sur des notes répétées, aboutissant à la déclaration principale de la rose «Toutes les nuits mon spectre rose viendra danser»  (2’45 mes 34)

* Descente chromatique de la voix ainsi que de tous les instruments de l’orchestre sur «Mais ne crains rien, je ne réclame ni messe ni De profundis », accentuant le ton suppliant de la rose.

* Grand cresendo sur « Mon parfum est mon âme». Le lyrisme emporté donne de l’importance à ce vers-clef.

* Reprise du thème initial à l’entrée de la 3e strophe (3’54 mes 50).

* Sur  «Et sur l’albâtre...» (4’34  mes 58) rythme haletant des cordes et orchestration très dénudée et mode mineur (si mineur) mettant en valeur la voix (et par là la rose toujours suppliante)

* Enfin la dernière phrase «Ci gît une rose que les rois vont jalouser» (4’59  mes 62), est chantée presque en récitatif (sur le rythme de la parole), très lentement, uniquement accompagnée d’une seule clarinette.


3 - SUR LES LAGUNES     (à l’origine «Chanson du pêcheur»  chez T .Gautier)

Ma belle amie est morte.
je pleurerai toujours;
Sous la tombe elle emporte
Mon âme et mes amours.

Dans le ciel, sans m'attendre
Elle s'en retourna;
L'ange qui l'emmena
Ne voulut pas me prendre.

Que mon sort est amer!
Ah! sans amour s'en aller sur la mer !

    
La blanche créature
Est couchée au cercueil;
Comme dans la nature
Tout me parait en deuil!

La colombe oubliée
Pleure, (pleure) et songe à l'absent;
Mon âme pleure et sent
Qu'elle est dépareillée.

Que mon sort est amer!
Ah! sans amour s'en aller sur la mer !

  
Sur moi la nuit immense
S'étend comme un linceul,
Je chante ma romance
Que le ciel entend seul.

Ah! comme elle était belle,
Et comme je l'aimais!
je n'aimerai jamais
Une femme autant qu'elle.

Que mon sort est amer !
(Que mon sort est amer !)
Ah! sans amour s'en aller sur la mer !
(S'en aller sur la mer!  Ah ! Ah !)


 

Sujet :  Un personnage pleure la disparition de sa bien aimée. Les thèmes évoqués sont la solitude, la nuit, l’amour. Le texte décrit plus un état psychologique qu’une progression dramatique.

Structure3 grandes parties correspondant à 3 fois 2 strophes, ponctuées par le même motif  (1’20 mes 30) sur le refrain «Ah !  sans amour s’en aller sur la mer». Mais à part le vers du refrain rien ne justifie ces trois parties puisqu’il n’y a pas de progression dramatique.

 Particularités:

* Sans jamais perdre de vue que dans les Nuits d’été que c’est la musique qui est au service du texte, les sentiments lourds de mort, d’amour, de solitude ou encore d’abandon sont exprimés ici par une musique lente et sombre. La résignation du personnage principal est particulièrement bien mise en valeur par ce chant au caractère de Lamento (genre de l’histoire de la musique caractérisé par la plainte d’un personnage).

* Chaque refrain est donc marqué par la même note longue précédée d’une cadence plagale (repos sur le IVe degré, ici do mineur puisque la tonalité générale est sol mineur) sur l’accord de «Que mon sort est amer» (1’20 mes 30 / 2’54  mes 70 / 4’23 mes 102)
 
* La première partie installe grâce au mode mineur (sol mineur) et au tempo très lent une atmosphère propice à la désolation du personnage principal. La lenteur du tempo se marie bien avec l’atmosphère vespérale: quel moment plus calme et éloigné des agitations diurnes que la nuit, où tout est au repos. Moment privilégié des romantiques, la nuit et la solitude permettent de se retrouver avec soi-même, de se confesser des pleurs et chagrins loin du monde.
 
 * Si la première partie est très lente, la partie centrale est un peu plus animée, sans doute parce qu’elle évoque directement l’être aimé: «La blanche créature est couchée...». Cette animation est marquée à l’orchestre par une pulsation plus vivante (croches régulières et rapides à partir de 1’31 mes 34. Cette animation s’accentue progressivement (motif rapide en doubles croches à 2’16 mes 54 sur «La colombe oubliée...») pour arriver à son paroxysme à 2’30 mes 61 sur «Mon âme pleure et sent qu’elle est dépareillée»; c’est sans doute l’endroit le plus déchirant de toute la pièce, en tous cas celui qui rompt le plus avec le caractère immobile et désespéré du début. C’est la passion qui s’oppose à la mort. Ce paroxysme se traduit en musique par un caractère appassionato (mes 61) et des motifs rapides aux vents  (flûtes et bassons mes 61)

* Cette deuxième partie voit son élan passionné coupé net par le motif-rappel de chaque fin de strophe, à 2’43 mes  67 à l’unisson (tous les instruments font la même note) donnant un effet froid et glacial. Symboliquement, cela veut dire que rien n’y fait, le personnage principal a beau crier tout son désespoir, sa «belle amie» est bel et bien morte et rien ne la ressuscitera.

* La troisième partie repart sur un ton désespéré, puis c’est à nouveau le cri déchirant mais qui a sa part d’optimisme «Je n’aimerai jamais une femme autant qu’elle», dont la résolution se fait sur un accord de sol majeur (4’02 mes 97). Mais encore une fois cet élan sera rapidement abrégé et enchaîné au thème refrain en sol mineur, (car retour rapide du si bécarre de l’orchestre (la bécarre en fait dans la transposition mes 97) au sib au chant sur «Que mon sort est amer». Le mode mineur est bien sûr utilisé

* La coda (fin du morceau) prolonge le motif refrain de chaque partie à partir de 4’35 mes 106. Berlioz (et Gautier) savent mettre en valeur le dernier instant car c’est souvent sur celui-ci que reste l’impression de l’auditeur. Ce dernier moment nous concède que les mots ne sont pas suffisants pour exprimer la douleur, car c’est un cri: «Ah !», sur un accompagnement orchestral des plus dénudés: quelques murmures des cordes. L’accord final est celui de la dominante (donc majeur): faut-il y voir un événement attendu après ou est-ce vraiment la fin ?


4 - ABSENCE

Reviens, reviens, ma bien-aimée!
Comme une fleur loin du soleil,
La fleur de ma vie est fermée
Loin de ton sourire vermeil
  
Entre nos cœurs quelle distance !
Tant d'espace entre nos baisers !
O sort amer  !  0 dure absence
O grands désirs inapaisés !

Reviens, reviens, ma bien-aimée !
(Comme une fleur loin du soleil)
(La fleur de ma vie est fermée)
(Loin de ton sourire vermeil)

D'ici là-bas que de campagnes,
Que de villes et de hameaux,
Que de vallons et de montagnes,
A lasser le pied des chevaux!

Reviens, reviens, ma bien-aimée !
(Comme une fleur loin du soleil)
(La fleur de ma vie est fermée)
(Loin de ton sourire vermeil)

 
Sujet :  Un amoureux se lamente de l’éloignement de sa bien aimée. Amour, frustration, attente, voyage sont les thèmes principaux.

StructureUne strophe-refrain entendue trois fois entre lesquelles se placent deux couplets.

Particularités:
* Une pièce caractérisée par sa brièveté, et un dénuement orchestral au service d’un poème simple et court. C’est sans doute la pièce la moins démonstrative de tout le cycle
* Ce n’est plus la même douleur que la pièce précédente. Moins tragique, la douleur (ici) due à l’éloignement est  également chargée d’espérance.  D’où sans doute cet éclairage de la lumineuse tonalité de fa# majeur.
 
* Les refrains du texte ont tous la même partie musicale caractérisée par de longs silences sur «Reviens reviens, ma bien aimée». Ces silences peuvent évoquer le questionnement du narrateur quant à la raison de l’absence de sa promise, mais certainement comme des illustrations sonores de l’attente douloureuse du narrateur.

* Passés les silences du début de la strophe-refrain, la suite sur  «Comme une fleur loin du soleil» est extrêmement lente presque comme un récitatif. L’orchestre n’intervient que pour souligner la mélodie principale (les violons I) ou pour soutenir le chant de quelques notes longues.

* Le début de la première strophe-couplet est aussi très dénudé du point de vue de l’accompagnement, mais la suite s’anime enfin: croches répétées des cordes, crescendo de la voix «O dure absence» (1’06  mes 20). Mais le personnage retombe vite dans la plainte et l’esseulement accompagné du silence (1’22 à 1’28). Ce schéma sera le même à la strophe suivante: animation sur «A lasser le pied des chevaux» (2’41  mes 49)



5 - AU CIMETIÈRE    (Clair de lune)

1 - Connaissez-vous la blanche tombe,
Où flotte avec un son plaintif
L'ombre d'un if?
Sur l'if une pale colombe
Triste et seule au soleil couchant,
Chante son chant:
  
2 - Un air maladivement tendre
A la fois charmant et fatal
Qui vous fait mal
Et qu'on voudrait toujours entendre
Un air comme en soupire aux cieux
L'ange amoureux
  
3 - On dirait que l'âme éveillée
Pleure sous terre à l'unisson
De la chanson
Et du malheur d'être oubliée
Se plaint dans un roucoulement
Bien-doucement.

4 - Sur les ailes de la musique
On sent lentement revenir
Un souvenir.
Une ombre, une forme angélique,
Passe dans un rayon tremblant
(Passe dans un rayon tremblant)
En voile blanc
5 -  Les belles de nuit demi-closes
Jettent leur parfum faible et doux
Autour de vous,
Et le fantôme aux molles poses
Murmure en vous tendant les bras:
Tu reviendras !
  
6 - Oh! jamais plus, près de la tombe,
je n'irai, quand descend le soir
Au manteau noir,
Ecouter la pale colombe
Chanter sur la pointe de l'if
Son chant plaintif.

 


Sujet :  Attiré par le chant d’une colombe «Qui vous fait mal» mais «Qu’on voudrait toujours entendre», le narrateur observe avec effroi le retour des âmes et des spectres d’outre-tombe. Après la vision effrayante de «l’ombre au voile blanc» et du fantôme «aux molles poses», il se jure de ne jamais revenir ni être à nouveau attiré par le chant de la colombe.  Les thèmes de la mort, du fantastique, de la peur. Le thème du cimetière était déjà évoqué dans III (Sur les lagunes). Le sous-titre Clair de lune est une marque évidente du premier romantisme: les images du clair-obscur et de la nuit fascinent les auteurs et compositeurs tout au long du XIXe (Sonate dite «au clair de lune » de Beethoven (même si cette appellation n’est pas de lui, il n’aurait rien trouvé à y redire), mélodie «Clair de lune» de Fauré). Au cimetière est une des pièces des plus riches et des plus significatives de tout le cycle.

Structure:  C’est le premier poème du cycle qui possède une progression dramatique. Il y a un début (attirance par le chant de la colombe), un milieu (apparition de la «forme angélique» et du fantôme) et une fin (la fuite et l’envie de ne plus revenir à cet endroit). Comme toujours la musique suit admirablement cette progression dramatique. S’il est vrai que l’on retrouve le thème du début (de la voix) à 0’02  mes 2 sur «Connaissez-vous… » plus loin à 2’51 mes 99 sur «Les belles de nuit… » on pourrait être tenté de parler d’une forme ABA, mais pour la musique uniquement.

 
Particularités:

* L’effectif orchestral est plutôt réduit : flûtes - clarinettes et cordes
* Les deux premières strophes, qui posent le décor, sont marquées musicalement par un rythme régulier à trois temps.
 * La tonalité générale est ré majeur mais celle-ci est enrichie de modulations surprenantes ayant pour effet de saisir la lumière surnaturelle liée à la nature fantastique de la scène: par exemple (de 0’17 à 0’24)  sib majeur mes 11 sur -tif de «plaintif» (très éloigné de ré majeur), puis sur «if » dans «l’ombre d’un if», fa# majeur surprenant puis retour à ré majaur sur la phrase suivante. Ré majeur, si bémol majeur et fa# majeur sont toutes trois distantes d’une tierce majeure, en fait le procédé de modulation à la tierce majeure inférieure est typique de l’époque (voir aussi dans les sonates de Schubert). Ce style de modulation procède par note commune  - fa# - la puis sib -  - fa  (le ré est commun aux deux accords), puis fa# - la# - do#  (le la# (ou sib) est commun aux deux accords)
 
* Petite allusions des flûtes à l’évocation du chant de la colombe ( 0’42 à 0’46 mes 25-26)

* Intervalle dissonant (à l’oreille) de quinte diminuée pour illustrer la douleur de «Qui vous fait mal» à 1’01 mes 36-37

* Joli éclairage harmonique  sur «l’Ange amoureux»  1’23 mesure 49. En effet cette phrase se termine sur l’accord de ré majeur juste après un sombre accord de 7e diminuée (mes 47) sur «L’ange». Evidemment cet éclairage est justifié par le sentiment positif du texte.

* C’est au 3e couplet que l’action démarre véritablement, à mesure que les esprits d’outre-tombe se manifestent. Le rythme s’accélère: on passe de noires régulières à des croches aux violoncelles (1’26 mes 51) sur la même note répétée. La voix chante recto tono, c’est à dire toujours la même note sur «On dirait que l’âme éveillée…», les vents ponctuent de demi-tons plaintifs et douloureux: le suspense s’installe. Le recto tono sied à des personnages lugubres et surnaturels, comme la statue dans la scène finale de Don Giovanni de Mozart)

* L’orchestre s’anime peu à peu: à  «Sur les ailes de la musique» (1’54  mes 68), on observe des motifs d’accompagnement en double croches, et la phrase de la voix monte vers l’aigu jusqu’à «souvenir» (2’06 mes 76), le tout pour accompagner ce «souvenir qui revient». Belle cadence sur l’accord de la majeur.

* Mais lorsque «l’ombre angélique passe dans un rayon tremblant», le climat se refroidit: descente chromatique sur «ombre» (2’14 mes 80) et devient carrément glacial et surnaturel sur le 2e «passe dans un rayon tremblant» ( 2’25 à 2’49 mes 87 à 98). Berlioz traduit ce climat par lugubre par l’utilisation d’harmoniques tenues aux cordes. Ces sonorités suraiguës installent un climat de malaise tout à fait propice à la situation; à noter aussi le retour du demi ton plaintif de la voix et des clarinettes (fa# sol) quasi recto tono, et le tremolos des violoncelles. On rapprochera bien entendu cette scène de la Marche au supplice ou du Songe d’une nuit de sabbat de la Symphonie fantastique (de Berlioz) composée quelques années plus tôt (1830), dans lequel les climats diaboliques d’épouvante, d’ensorcellement et de retour des morts sont également traduits en musique par des effets surprenants.

* Après un point d’orgue interrogatif et songeur (le temps que passe «l’ombre en voile blanc»)  à 2’49 mes 98, c’est le retour du thème initial de la voix qu’on avait eu au tout début. L’orchestration a changé: les noires régulières du début ont fait place à un rythme plus lent en hémiole aux vents, c’est à dire qu’ils font des notes qui durent deux temps dans une mesure à 3 temps, d’où une impression de rythme bancal.

* Mais c’est sans compter l’apparition du «fantôme aux molles poses [qui] murmure en tendant les bras: tu reviendras». On retrouve le balancement ternaire du début

* Pour jurer de ne plus aller réécouter le «chant plaintif » de la colombe, Berlioz utilise pour la voix une tournure au chromatisme retourné (mib - ré - do# - ré)  ( 4’15 à 4’23 mes 146 à 151).

 * Malgré l’accord majeur et doux de la fin (ré majeur), les deux clarinettes font entendre le demi ton plaintif de la partie centrale en clin d’œil à «l’ombre angélique [qui]  passe dans un rayon tremblant». Celle-ci est évoquée jusqu’à la toute fin.



6 - L’ÎLE INCONNUE


Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller?
La voile enfle son aile
La brise va souffler.
(La voile enfle son aile)
(La brise va souffler)

L'aviron est d'ivoire,
Le pavillon de moire,
Le gouvernail d'or fin;
J'ai pour lest une orange,
Pour voile une aile d'ange,
Pour mousse un séraphin.
(J'ai pour lest une orange)
(Pour voile une aile d'ange)
(Pour mousse un séraphin)
Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller?
La voile enfle son aile,
La brise va souffler.
(La voile enfle son aile)
(La brise va souffler)

Est-ce dans la Baltique?
Dans la mer Pacifique?
Dans l'île de java?
Ou bien est-ce Norvège,
Cueillir la fleur de neige,
Ou la fleur d'Angsoka?
  

Dites, dites, la jeune belle,
Dites, où voulez-vous aller?

Menez-moi, dit la belle,
A la rive fidèle
Où l'on aime toujours !
Cette rive, ma chère,
On ne la connaît guère,
(Cette rive, ma chère)
(On ne la connaît guère)
Au pays des amours.
(On ne la connaît guère)
(On ne la connaît guère)
(Au pays des amours)

Où voulez-vous aller?
La-brise-va-souffler

 

Sujet  Sous la forme d’une question à une «jeune belle» à qui on demande où voudrait-elle aller, se profilent les thèmes typiquement romantiques de l’exotisme, du voyage, de l’aventure, de la jeunesse et de l’amour.
  
StructureUne partie refrain parcourt la pièce «Dites, la jeune belle» jusqu’à «souffler». Mais elle n’est pas toujours intégralement citée, et la musique qui s’y rapporte n’est pas toujours tout à fait la même. Mais globalement, il s’agit d’une structure couplet - refrain.

 Particularités:
 
Cette dernière pièce clôt le cycle sur un ton  résolument emporté et ouvert sur le lointain, l’aventure. Son caractère s’oppose complètement aux pièces précédentes.

* L’effectif orchestral est important avec pour la première fois dans le cycle 3 cors

Alors que le statisme caractérise les pièces exprimant la désolation, l’abandon et la mort (II à V), c’est au contraire ici le mouvement qui est mis en valeur: c’est un mouvement rapide qui s’attache à décrire le tournoiement des vagues et de la mer (bien avant La Mer de Debussy (1901), et évoquant certaines toiles du peintre anglais Turner). En cela le balancement de la mesure ternaire à 6/8 est déterminant.
* La tonalité est fa majeur, mais la pièce s’ouvre sur un accord de do majeur (donc de dominante) conférant aux 4 premières mesures un rôle d’introduction avant le chant.
 * Inflexion mineure sur «la voile enfle son aile, la brise va souffler», c’est à dire que Berlioz utilise le IVe degré minorisé de fa majeur (sib - réb - fa). Le mode mineur n’est pas utilisé ici à des fins de tristesse ou mélancolie, mais donne une tournure plus lyrique et passionnée à ce passage tout à fait en rapport avec la force du vent évoquée.

* C’est en fa mineur que se poursuit la pièce dans le premier couplet. Même idée d’utilisation du mode mineur qui exprime la passion mais pas la tristesse. Idem pour le second couplet avec des modulations à des tons lointains.

* Aucun motif ou thème particulier ne se dégage de l’orchestre (sauf à l’introduction): le rôle des instruments est uniquement accompagnateur de la voix
* Chaque refrain voit sa partie musicale légèrement transformée, bien qu’on retrouve le thème principal quand même à chaque fois (0’05 mes 5, 1’03 mes 46, 1’50 mes 76 )
* Enfin la «jeune belle» finit par répondre sur un thème totalement nouveau  ( 2’02 mes 84). Visiblement peu intéressée par les rivages exotiques, elle préfère «la rive fidèle où l’on aime toujours», mais on lui répond que «cette rive (...) on ne la connaît guère au pays des amours»: le balancement ternaire est maintenu jusqu’au bout, mais devient quelque peu dédramatisé par le ton léger de la fin, le tout se termine dans un murmure bien apaisé.

 

Sources complémentaires:

"Autour des nuits d'été" de Hector Berlioz.  Cd-rom de Jean-Luc Idray, éditions Hyptique, 2003
 Article de Cécile Rose et Gérard Denizeau, L'Education Musicale septembre/Octobre 2003, supplément au n°505/506, Bac 2004





VERSION POUR MEZZO-SOPRANO OU TÉNOR (dédiée à Mme Wolf)
ORCHESTRE : 2 flûtes, 1 hautbois, 2 clarinettes en la, 1 basson, cordes
TONALITÉ : LA MAJEUR
MESURE : 2/4
TEMPO : Allegretto (noire = 96)
Le texte de cette poésie apparaît dans l'édition de 1838 de la Comédie de la Mort de Th. Gautier sous le titre de "Villanelle rhythmique" (p. 361).
Le climat léger et aérien de ce poème pastoral est créé dès les premières mesures par un accompagnement orchestral en accords staccatos dans le haut medium. L'indication p, sempre leggiero ("doucement, toujours léger") dans un tempo assez rapide conforte cette impression. Ces accords sont confiés aux bois, dont le rôle – pour cette première mélodie, est prédominant :

(Cliquer sur le portrait pour entendre l'extrait)
L'apparente simplicité du texte (le seul des 6 mélodies à chanter le bonheur de l'amour bucolique) ne doit pas masquer ici un travail harmonique très élaboré. L'observation sur le plan tonal du parcours des emprunts (très brefs) du 1er couplet est à ce titre étonnant : la volonté de se démarquer du style de la romance est particulièrement sensible. Quelques exemples :

Mes. 1
Mes. 10
Mes. 16
Mes. 18
Mes. 20
Mes. 25-26
Mes. 27
Mes. 34-40
LA Maj.
SI b Maj.
si min.
LA Maj.
do # min.
FA Maj.
la min.
LA Maj.
L'usage des modulations à répétition peut surprendre dans cette première mélodie (et dans les suivantes, comme nous le verrons). Sa science de l'harmonie "classique" a fait sursauter plus d'un compositeur ou mélomane averti, contemporain ou non de Berlioz. Ces Nuits d’Été nécessitent donc plusieurs auditions.
Dans les 2 autres couplets, Berlioz va renouveler l'invention harmonique (étroitement liée aux changements opérés dans la mélodie) :
Écoutez et comparez ces deux exemples :

1er couplet :

2e couplet :
Si l'enchaînement du 1er au 2e couplet se fait presque dans l'urgence (2 mesures en accords de LA Maj.), la transition du 2e au 3e couplet est augmentée de 4 mesures, offrant l'impression d'une modulation en ré mineur (avec le thème à la basse). Mais le compositeur ne laisse pas à l'auditeur le loisir de s'installer dans celle-ci, et le retour au ton principal est bien vite retrouvé (mes. 87) :

La partition offre également quelques surprises contrapuntiques, à l'exemple des cadences des 3 couplets, où le basson joue un contrechant dont chaque entrée se fait un ton plus haut pour finalement retrouver le ton principal :

1er
couplet :

2e
couplet :

3e
couplet :
Comme nous l'avons souligné plus haut, l'accompagnement orchestral est dominé par les bois. Les cordes, plus présentes dans les autres mélodies (les accords staccatos des bois leurs seront confiés pendant 25 mes.), soutiennent par des tenues en valeurs longues les accords joués en valeurs brèves par les bois, ou ponctuent les basses en sauts d'octaves (jouées en pizzicato).
Si le contrepoint est parcimonieux, il est néanmoins efficace :
Entrées en imitations (2e couplet, mes. 43-46)

Mouvements contraires (1er couplet, mes. 28-30) :

Chromatisme descendant et détaché aux clarinettes et violoncelles mes. 91 (la fuite du lapin est "imagée" par un figuralisme qui renforce le texte) :

Ou dans cet autre exemple évocateur où "son grand bois penché" est suggéré en 3 mesures d'accords
joués dans l'aigu (broderie autour de l'accord Parfait de do Maj.):



VERSION POUR ALTO (dédiée à Mme Falconi)
ORCHESTRE : 2 flûtes, 1 hautbois, 2 clarinettes en la, 2 cors en mi, 1 harpe, cordes (violoncelles divisés)
TONALITÉ : SI MAJEUR
MESURE : 9/8
TEMPO : Adagio un poco lento e dolce assai (croche = 96)
Cette 2e mélodie, composée de 3 strophes comme la précédente, est sans doute la plus belle du recueil.
L'introduction de 8 mesures a été ajoutée lors de l'orchestration et ne figurait donc pas à l'origine dans la 1ère version piano-chant.
L'expressivité du texte suggère un traitement orchestral plus varié que dans la Villanelle.
Le 1er couplet est accompagné de mélismes de doubles croches :

Noter l'importance des silences qui donnent à la mesure à 3 temps des phrases amples et aérées.
Remarquer aussi les ponctuations des cordes graves (violoncelles II et contrebasses en pizzicato) sur le 1er et le 3e temps.
Ce rythme se resserre pourtant à partir de la mes. 22 où les appuis se généralisent sur toutes les divisions du temps (en accords martelés),
et les groupes de six croches se succèdent (violons 1 et altos à distance de sixte) jusqu'à la cadence :

L'entrée du 2e couplet s'opère sur un accompagnement d'accords en croches (bois). Le rythme, "un peu retenu", puis "ralenti", est au service du texte.
Il met en valeur les mots " O toi qui de ma mort fus cause ", qui précèdent l'entrée des cordes en pizzicato, sur un rythme de doubles croches, et
dans un tempo plus animé :

Berlioz emploie également le trémolo de cordes, sur une mélodie ascendante.
L'effet produit est saisissant, d'autant plus que l'entrée des cordes se fait de l'aigu au grave, dans une nuance pp, " sul ponticello " (sur le chevalet)
qui allège le son en fondamentale et qui renforce un climat d'attente chargé de tension (mes 42 à 45, ainsi que 49 à 54, 3e couplet) :

Tout au long de cette mélodie, la variété de l'accompagnement maintient l'attention de l'auditeur dans cette longue plainte.
A la mes. 57, un nouveau rythme s'installe, implorant, qui rompt avec l'agitation des précédents :

Mais l'art de l'orchestration ne se résume pas à une activité de remplissage pour l'auteur du Traité d'Instrumentation et d'orchestration.
Les dernières mesures où la voix chemine en duo avec la clarinette solo – à la tierce inférieure puis supérieure au chant
sont d'une remarquable simplicité, et terminent cette sublime mélodie avec une efficacité émotionnelle sans égale :




VERSION POUR BARYTON, CONTRALTO OU MEZZO-SOPRANO (dédiée à M. Milde)
ORCHESTRE : 2 flûtes, 2 clarinettes en si b, 2 bassons, 2 cors en do et fa, cordes (2 violoncelles intégrés à la partie de contrebasse)
TONALITÉ : Fa mineur
MESURE : 6/8
TEMPO : Andantino (croche = 138)
Sous-titrée " La Chanson du Pêcheur " dans le recueil de Th. Gautier, ce Lamento est composé de 3 strophes avec un refrain.
Le plan est simple, délimité sur la partition par des changements d'armures, qui correspondent aux passages d'un couplet à l'autre.

A (1er couplet)
Mes. 1 à 35
B (2e couplet)
Mes. 36 à 75
A' (3e couplet)
Mes. 76 à 116
Fa mineur
SI BÉMOL MAJEUR
Fa mineur

Comme dans les autres mélodies, la tonalité de départ est bien vite oubliée dans le tourbillon des emprunts.
La dernière partie, très émouvante, ne trouve pas l'apaisement d'une résolution sur une tonique salvatrice.
L'enchaînement des degrés IV (si b min.) – I (fa min) laisse entendre une fin plagale, que Berlioz esquive très vite pour " conclure "
sur le Ve degré (dominante de fa). Un dernier souvenir des premières mesures – l'image de l'onde maritime, reprise en imitation aux altos en octaves plonge
le pêcheur dans le néant et suggère une impression d'inachevé à l'auditeur :

Le refrain, point final de chaque strophe, ponctue d'une phrase descendante, le dépit, la tristesse qui parcourt toute la mélodie.
Observer dans l'exemple ci-dessous l'accompagnement en récitatif de la première exclamation :

Puis, dans la 2e partie, la doublure des bois et des cuivres donne à la mélodie descendante
une profondeur déchirante qui conforte le sens funèbre des mots :

L'instabilité des modes Majeurs et mineurs, présente tout au long de la mélodie accentue la puissance évocatrice du texte.
La noirceur de celui-ci est aussi traduite mes. 81 par une phrase recto tono :

Remarquer la possiblité (ad libitum), offerte à l'interprète mes. 83 de chanter si possible le fa bémol grave sur le mot " linceul ",
doublé par le mi bécarre de la contrebasse ; à l'audition, l'effet est impressionnant de solennité.
Le seul élan du 3e couplet (dont le point culminant est le sol b de la mes. 93) n'apparaît que
pour mieux renforcer le contraste avec la mélancolie omniprésente :




VERSION POUR MEZZO-SOPRANO OU TÉNOR (dédiée à Mme Nottès)
ORCHESTRE : 2 flûtes, 1 hautbois, 2 clarinettes en la, cors en fa et en , cordes
TONALITÉ : FA # MAJEUR
MESURE : 3/4
TEMPO : Adagio (noire = 44)
Absence est la 1re mélodie à être orchestrée et chantée à Leipzig le 23 février 1843.
Avec Le Spectre de la Rose, elle est sans doute la plus célèbre du recueil.
La structure de ce texte, de forme rondo, est composée de 2 couplets encadrés par 3 refrains.

A (Refrain)
Mes. 1 à 15
B (Couplet)
Mes. 16 à 26
A (Refrain)
Mes. 27 à 41
C (Couplet)
Mes. 42 à 52
A (Refrain)
Mes. 53 à 67
Fa # Majeur
ré # mineur
Fa # Majeur
ré # mineur
Fa # Majeur
On observera à l'audition de cette mélodie :
— un usage raffiné des silences,
— des refrains (rigoureusement identiques) qui commencent et terminent cette imploration dans le mode Majeur.

Ce début de refrain est donc surprenant à plus d'un titre ; l'usage du mode majeur, le rythme pointé ne semble pas – a priori – traduire le désespoir.
L'enchaînement harmonique de la 3e à la 4e mesure n'a pas manqué de choquer nombre d'oreilles, et a contribué (mais d'autres pages également) à
donner à Berlioz une réputation de compositeur maladroit, " compliment " qui l'a poursuivi jusqu'à nos jours.
Certes, et il faut bien admettre, si l'on s'en tient à nos habitudes liées à l'étude de l'harmonie classique, " du point de vue harmonique, il y a chez Berlioz des maladresses à faire hurler " (Pierre Boulez, cité par Charles Rosen (voir Bibliographie), in Par volonté et par hasard, Paris, Seuil, 1975, p. 21).

De toute évidence, mes. 3, l'enchaînement du si au fa # n'est pas le bon. Il serait toutefois hasardeux de prétendre que Berlioz ne maîtrisait que partiellement son traité d'harmonie !
Dans le cas qui nous intéresse, la transgression des règles d'harmonie donne ici toute la saveur à cette lamentation retenue, intériorisée.
Berlioz procède davantage par "couleurs" que par logique contrapuntique. De plus, la dissonance provoquée à la 3e mesure ne pouvait pas se résoudre sur un accord plus faible que celui de la mes. 2, dont il est en quelque sorte, la réitération.
La 1ère partie du 1er couplet (mes. 16) rappelle le récitatif accompagné. Ici, point de figuralisme apparent pour évoquer l'éloignement des amants ; le chant, dont la ligne mélodique évolue dans un ambitus de seconde (2 notes conjointes), est soutenu par une basse chromatique descendante. Cette tension se suffit à elle-même :

Dans la 2e partie, une nouvelle phrase au ton implicite de # mineur semble vouloir s'émanciper — le 1er degré n'est jamais affirmé ; mais l'envol (malgré la nuance crescendo et le martèlement d'accords en croches) ne dure que 3 mesures, et c'est à nouveau l'apparition du refrain.


VERSION POUR TÉNOR (dédiée à M. Caspari)
ORCHESTRE : 2 flûtes, 2 clarinettes, quintette à cordes
TONALITÉ : MAJEUR
MESURE : 3/4
TEMPO : Andantino non troppo lento (noire = 88)
Le ton méditatif, à la ligne suspendue dans l'aigu et dans un ambitus resserré, caractérise les 2 parties (A et A') qui encadrent
une section centrale (B) où la mélodie acquiert un certain épanouissement lyrique.
Une forme à la symétrie qui rappelle certaines peintures romantiques, comme celles de Caspar David Friedrich.
La forme tripartite ABA' observe une répartition de 2 strophes par partie :

A (1ère strophe)
Mes. 1 à 26
A (2e strophe)
Mes. 28 à 50
B (3e strophe)
Mes. 51 à 66
B (4e strophe)
Mes. 68 à 98
A' (5e strophe)
Mes. 99 à 123
A' (6e strophe)
Mes. 125 à 156
L'atmosphère recueillie de ce texte est introduite par un 'rythme-pulsation' immuable de noires.
A l'instar de la Villanelle, Berlioz utilise 2 phrases quasiment identiques dans leur dessin mélodique, mais différentes dans leur mode.
La 1ère phrase en Majeur souligne la pureté de la couleur " blanche " :

La 2e dans le ton de mineur (présence du fa bécarre) traduit le sentiment qu'impose l'adjectif " plaintif " :


Remarque : observer dans la partition, tout au long de la partie A, l'usage raffiné à l'extrême des nuances :
pp, dim. ppp, cresc. et dim., pour finir sur un pppp.
La 3e strophe est traitée sur le ton de la récitation, en recto tono, presque toujours à l'unisson de la basse, juste appuyée par des accents aux flûtes et clarinettes à la ligne mélodique chromatique et descendante (le figuralisme est particulièrement clair !) :

Cette strophe prépare d'ailleurs la suivante du rythme en progression (rappel : les strophes 1 et 2 sont accompagnées par des accords en noires, la 3e strophe en croches, et la 4e en doubles croches). La conclusion de celle-ci donne l'occasion à l'orchestre de faire entendre la seule phrase mélodique du texte (4 mesures sur les 156) , dont le rôle est principalement dévolu à l'accompagnement du chant :

La partie A' (en contraste avec l'épisode central B) se trouve amplifiée par des mélismes de cordes descendants (Vl.1 & 2, altos) qui produisent un effet lancinant sur une mélodie au ton suspendu :

Les 6 dernières mesures, par l'emploi raffiné des nuances et d'un rythme qui rappelle les 2 premières phrases de la mélodie, s'éteignent ("perdendo") dans l'incertitude d'un mode mineur fusionnant avec l'accord de majeur.
Comme on le voit bien ici, la tension provoquée par le frottement du si b sur le la (joué à la clarinette), crée une véritable harmonie "de couleur", plus que fonctionnelle :




VERSION POUR MEZZO-SOPRANO ou TÉNOR (dédiée à Mme Milde)
ORCHESTRE : Dans ce final, l'orchestre est employé dans sa totalité (excepté la Harpe) :
2 flûtes, 1 hautbois, 2 clarinettes en si b, 2 bassons, 3 cors (en fa, do et si b), les cordes
TONALITÉ : FA MAJEUR
MESURE : 6/8
TEMPO : Allegro spiritoso (noire pointée = 96)
Ultime mélodie de ce recueil, invitation au voyage, cette conclusion nous libère de l'abîme dans lequel nous étions plongés dans les 4 mélodies centrales.
La structure alternant couplets et refrains rappelle une forme rondo assez libre.
Toutefois, la perception de l'organisation formelle est rendue délicate (à l'audition) par la réitération des 3 derniers vers du 1er couplet, des 2 derniers vers du 3e couplet, et par les refrains A' et A'' tronqués.

A (Refrain)
Mes. 5 à 19
B (Couplet 1)
Mes. 22 à 43
A (Refrain)
Mes. 46 à 60
C (Couplet 2)
Mes. 62 à 75
A' (Refrain )
Mes. 76 à 83
D (Couplet 3)
Mes. 84 à 111
A'' (Refrain)
Mes. 117 à 135
Noté " allegro spiritoso ", le texte nous offre d'emblée son caractère ; l'entrée surprenante de la première mesure sur un accord de quarte et sixte renforce l'idée de conclusion :

Cette introduction est immédiatement reprise par la voix en forme d'insistance.
Un balancement maritime s'installe à l'orchestre par le rythme ternaire (6/8) et les élans de doubles croches sur chaque 1er temps fort de la mesure :

Clin d'oeil du destin ? Ironie involontaire dans le choix du poème ? Toujours est-il que la partition offre l'occasion à Berlioz de souligner des vers qui se reflèteront en miroir dans sa propre vie privée. En témoignent la réponse à la jeune belle, en quête de " la rive fidèle, où l'on aime toujours " .
Le rire est matérialisé à l'orchestre mes. 91 à 94 par des bois piquants et gouailleurs, et l'ensemble (voix et orchestre) procède en marche d'harmonie vers un retour au ton principal (Fa Majeur) :

La conclusion de cette mélodie s'opère dans le registre grave de l'orchestre sur une cadence parfaite en Fa Majeur, appuyée encore par quelques balancements en cadence plagale, fin bien réelle à une réponse pourtant insatisfaite :




Bibliographie et liens

Partitions consultées :
Chant et piano : BERLIOZ, Les Nuits d'Été, édition voix et piano, Bärenreiter, 1994.
Conducteur (chant et orchestre) : BERLIOZ, Les Nuits d'Été, Eulenburg, 1973.

Ouvrages généraux :
BELTRANDO-PATIER, Marie-Claire (dir.), Histoire de la musique, Paris, Bordas, 1982.
HONEGGER, Marc, Dictionnaire de la musique (2 vol.), Paris, Bordas, 1970.
HONEGGER, Marc, Science de la musique (2 vol.), Paris, Bordas, 1976.
HONEGGER, Marc et PREVOST, Paul, Dictionnaire des oeuvres vocales (3 vol.), Paris, Bordas, 1991.
OXFORD (Université d'), ARNOLD, Denis (dir.), Dictionnaire encyclopédique de la musique (2 vol.), Paris, Laffont, coll. "Bouquins", 1988.
HODEIR, André, Les formes de la musique, Paris, P.U.F., coll. "Que sais-je ?"1986.

Ouvrages spécialisés :
BALLIF, Claude, Berlioz, Paris, Editions du Seuil, collection "Solfèges".
BERLIOZ, Hector, Mémoires (2 volumes), Paris, Garnier-Flammarion, 1969.
CAIRNS, David, Berlioz (2 volumes), Paris, Fayard, 2002.
EDUCATION MUSICALE, Fascicule du baccalauréat 2003, 2002.
FRANCOIS-SAPPEY, Brigitte et CANTAGREL, Gilles (dir.), Guide de la mélodie et du lied, Paris, Fayard, coll. " Les indispensables de la musique ", 1994.
WASSELIN, Christian, Berlioz, les Deux Ailes de l'âme, Paris, Découvertes Gallimard, 1989.
ROSEN, Charles, La génération romantique ("Chopin, Schumann, Liszt et leurs contemporains"), Paris, Gallimard, 2002.

Liens
Je recommande tout particulièrement ces 3 sites passionnants, riches en informations et iconographies :
(Site du Musée Hector Berlioz, à La Côte-Saint-André)
(Site de l'Association Nationale Hector Berlioz)
(Site bilingue d'un couple d'universitaires écossais)




NUITS D'ETE de Hector BERLIOZ

LE COURANT ROMANTIQUE

Musique : Berlioz, Gounod, Saint-Saëns en France, Mendelssohn et Schumann en Allemagne, Bellini et Donizetti en Italie, Chopin en Pologne, Liszt en Hongrie, Glinka en Russie...

En France :
Histoire : Le Consulat et l’Empire (Napoléon Bonaparte), la Restauration et la Monarchie de Juillet (Louis XVIII et Charles X, Louis-Philippe), la Révolution de 1848 et le Second Empire (Louis-Napoléon Bonaparte)

Littérature : Théophile Gautier, Victor Hugo, Stendhal, Charles Baudelaire
Théophile Gautier Victor Hugo Charles Baudelaire

Peinture : Corot, Courbet, Delacroix, Géricault


Sculpture : Corbet, Rude, Préault


Architecture : A Paris, construction de l’Arc de Triomphe du Carrousel (Percier et Fontaine, 1806), de l’Arc de Triomphe de l’Etoile (Chalgrin,1836), de l’Ecole des Beaux-Arts (Duban, 1833), de la Bibliothèque Sainte Geneviève (Labrouste, 1843-1861)





LE COMPOSITEUR

Hector BERLIOZ (1803-1869) choisit dans le recueil « Poésies Diverses » (1838) de Théophile GAUTIER (1811-1872) 6 poèmes sur le thème de l'amour éphémère, avec accompagnement pour piano, qu’il dédie à Mademoiselle Louise Bertin, fille du rédacteur du Journal des Débats,  dans lequel il écrivait et qu’il publie en 1841, puis dans sa version orchestrale en 1856. Il dédie les chansons orchestrées à 6 artistes différents (4 femmes et 2 hommes).



PLAN DE L’ANALYSE (à réaliser lors de l’épreuve)

Présenter les Nuits d’été (poète et compositeur)
Titre (titre du poète -si différent-) et voix (proposée par Berlioz et celle de l’enregistrement)
Tonalité, mesure, tempo, forme
Littérature : strophes, vers, syllabes (pieds), rimes, histoire racontée
Musique : orchestration, structure (introduction ? , nombre de parties, coda ?), ambitus de la mélodie, rapport texte / musique, caractéristiques de l’écriture musicale, déroulement




NUITS D'ETE

Villanelle (à l’origine chanson napolitaine), pour mezzo-soprano ou ténor.
La Majeur, 2/4, tempo allegretto (noire = 96) Forme strophique
Sur le plan littéraire : « Villanelle rythmique », titre donné par Gautier, 3 strophes contenant 7 octosyllabes et un vers de 2 syllabes (ou rejet). Les rimes sont croisées.
Sur le plan musical :
Orchestration: 2 flûtes, hautbois, 2 clarinettes en la, basson (Bois privilégiés) et quintette à cordes (frottées) : violons 1, violons 2, altos, violoncelles et contrebasses.
Après 2 mesures d’introduction, des phrases de durées différentes rompant avec la carrure classique. Dans la 8e phrase musicale, Berlioz répète le 7e vers auquel il ajoute le dernier (césure et changement de tempo avant  « toujours » et «  des bois »).
L’ambitus est restreint (mi grave – fa# aigu), il y a beaucoup de mouvements conjoints et une simplicité apparente de la mélodie.
Le caractère primesautier (staccato discret en croches régulières de l’accompagnement d’orchestre) évoque l’amour du jeune homme rêvant de fuir dans les bois avec son amie à l’arrivée du printemps. C'est le seul poème qui évoque le bonheur de l'amour.
La monotonie est rompue par un enrichissement progressif de l’accompagnement.
1ère strophe : Prédominance des bois et apparition ponctuelle de la partie de violoncelle, puis des cordes en pizzicato ou arco dans une nuance pianissimo. Le basson apparaît pour la première fois préparant la quarte de « siffler »
2e strophe : Après deux mesures d’interlude, entrées en imitation de l’alto et du violoncelle (mesures 44 et 54), ornementation du violon 1 (gruppetto et trilles) imitant les oiseaux (mesures 59 à 61). On retrouve le motif du basson enrichi par les clarinettes.
3e strophe : Après l’interlude, les instruments (clarinettes, violoncelles et contrebasses) en ré mineur anticipent sur la mélodie. Les cordes reprennent le jeu en staccato des bois de la 1ère strophe. On retrouve le motif du basson, enrichi cette fois-ci des flûtes.
Coda : tous les instruments se retrouvent sur l’accompagnement en croches. On peut apprécier l’écriture orchestrale de Berlioz, qui sait mettre en valeur le timbre de certains instruments.


Le Spectre de la Rose, pour contralto (Si majeur) chantée ici par une voix de soprano (Ré Majeur),
9/8, tempo lent ( adagio un poco lento e dolce assai, croche = 96)
Sur le plan littéraire : 3 strophes contenant 8 octosyllabes, les rimes sont croisées. Le spectre de la rose apparaît en rêve à la jeune fille qui l'a portée au bal.
Sur le plan musical :
Orchestration : 2 flûtes, hautbois, 2 clarinettes en la, 2 cors en mi, harpe et quintette à cordes.
Le prélude (qui n'existe pas dans la version piano) fait entendre à la flûte et à la clarinette la moitié de la mélodie de la première strophe.
1ère strophe : Cette mélodie est constituée d'un antécédent que l’on retrouvera à chaque strophe (repos sur la dominante) et d'un conséquent (repos sur la tonique). Son ambitus large (la grave au fa aigu) et ses sauts d'octave lui donnent un caractère lyrique, mais la voix est stable avec peu de vibrato. Elle est accompagnée dans la première strophe par des doubles croches jouées à l'alto. Les bois enrichissent l'accompagnement avec les violons 1 à la sixte à partir de "Et parmi la fête étoilée". La mélodie s’anime, la voix devient plus forte. Interlude de 2 mesures.
2e strophe : L’entrée en est soulignée discrètement pendant 2 mesures par les cors. Les cordes sont plus agitées en pizzicato (sur le mot "cause " mes 32), les bois répondent en doubles croches sur "mon spectre rose " et la mélodie prend un caractère dansant. Une descente chromatique jusqu'au De Profundis (début d'une prière pour les morts) (mesures 38 à 41).
Tandis que la mélodie se rapproche du parlando (voix un peu soufflée, comme fantomatique), la harpe souligne l'idée du paradis et l’on termine sur tutti.
La 3e strophe s'enchaîne sans interlude. Sous les frémissements des cordes seules (trémolos), la mélodie procède par mouvement descendant diatonique, puis on retrouve le saut d'octave commun à toutes les strophes (unité). A partir du mot « tombeau », l'accompagnement devient pesant avec les violoncelles en pizzicato. Sur les mots de l'épitaphe, à partir de « ci-gît », les clarinettes doublent seules la mélodie. Coda jouée ppp par les cordes.


Sur les Lagunes (étendue d’eau de mer, du mot vénitien laguna 1507, comprise entre la terre ferme et un cordon littoral lido généralement percé de passes), Lamento (air triste et plaintif, chant de douleur), pour baryton, contralto ou mezzo-soprano
(« Lamento : La chanson du pêcheur », titre de Gautier) fa mineur (chanté ici en sol mineur), Andantino (croche = 138) 6/8
Sur le plan littéraire : 3 strophes de 9 vers de 6 syllabes et 1 vers de 10 syllabes. Rimes croisées , puis embrassées et plates. Un pêcheur pleure la mort de sa bien-aimée.
Sur le plan musical :
Orchestration : 2 Flûtes, 2 Clarinettes en sib, 2 Fg, 1 cor en ut et 1 cor en fa et le quintette à cordes (violons 1, violons 2, altos, violoncelles 1, 2 violoncelles 2, contrebasses).
Forme ABA' avec présence d'un refrain littéraire et musical sur les vers " Que mon sort est amer! (motif en forme d'arche par mouvement diatonique) « Ah, sans amour s'en aller sur la mer! » (Grande descente presque diatonique partant de la tonique fa vers la dominante do) "
Ambitus de la voix : fab grave sur « linceul » au solb aigu sur « je n'aimerai jamais » dans une nuance ff.
A. 1e strophe : Motif récurrent (qui revient sur lui-même) sous forme de broderie (1/2 ton) dans le registre grave des violons et du cor en fa reprise par la voix qui progresse ensuite dans l'aigu, suggérant la douleur. Le quintette à cordes accompagne sur le rythme de la Barcarolle (chanson des gondoliers vénitiens), noire – croche - noire pointée, rappelant le mouvement des vagues. Au moment du refrain, les vents (sauf les flûtes) reprennent en imitation la voix comme un écho à la plainte. Interlude de 2 mesures.
B. 2e strophe en sib Majeur (sur la partition): L'accompagnement plus agité (croches régulières puis arpèges aux violons) s'enrichit de subtiles couleurs harmoniques ; on retrouve la broderie aux cors en valeurs longues (augmentation) et en croches répétées puis à la voix (mesure 57), l'accompagnement s'anime de plus en plus (doubles croches à la tierce puis à la sixte aux flûtes et bassons).
A’. 3e strophe: On ne retrouve que quelques éléments semblables à la première strophe (tonalité et phrase initiales, motif récurrent et refrain) . Enrichissement de la texture orchestrale de par la présence des flûtes et des batteries des cordes. De loin en loin, on entend la broderie à l’orchestre.
Coda : La voix reprend le texte « s'en aller sur la mer » dans un ambitus restreint et se termine par des « Ah » sur le motif en ½ ton repris par les altos. Le morceau se termine sur la dominante donnant un caractère suspensif. Les trois dernières mesures sont jouées essentiellement par les cordes graves : altos qui jouent la broderie, violoncelles et contrebasses qui terminent sur do – sol, quinte à vide.



Absence pour mezzo-soprano ou ténor en Fa# Majeur, 3/4, tempo très lent (adagio, noire = 44)
Sur le plan littéraire : 5 strophes dont la première est un refrain, contenant chacune 4 octosyllabes, les rimes sont croisées. Le poète se languit de sa bien-aimée.
Sur le plan musical :
Orchestration : 2 flûtes, 1 hautbois, 2 clarinettes en la, cor alto en la, cor en , le quintette à cordes.
Structure : Forme rondo
1ère strophe = refrain: Le premier vers constitue une sorte d'appel sur une quarte ascendante, que le tutti encadre (appoggiature sur "aimée").
La mélodie utilisant un ambitus large est ensuite accompagnée par les cordes seules, puis pour le dernier vers par le tutti. Remarquer l’importance du silence (sans doute dû à l’absence !)
2ème strophe : Les 2 premiers vers contrastent par son ambitus très restreint (une seconde) apparaissant comme un récitatif accompagné par les clarinettes, les cors et le pupitre de violoncelles en valeurs étirées "distance, Tant d'espace". Le quintette à cordes soutient la voix en croches régulières. Grande variété dans l'orchestration à l'intérieur d'une même strophe.
3ème strophe = refrain
4ème strophe : La mélodie des 3 premiers vers, sur un ambitus de quarte, est accompagnée par un solo de clarinette (à la tierce et en contrepoint), les altos et les violoncelles procèdent par demi-tons. On retrouve le tutti pour le dernier vers.
5ème strophe = refrain



Au Cimetière : Clair de Lune (« Lamento », titre de Gautier) pour ténor (Ré majeur), chantée ici en Sib Majeur, 3/4, tempo allant mais pas trop lent ( andantino non troppo lento, croche = 88)
Sur le plan littéraire : 6 strophes contenant 2 fois 2 octosyllabes et 2 vers de 4 syllabes, les rimes sont embrassées et plates pour les deux derniers vers. Le chant d’une colombe, au cimetière, rappelle au poète sa bien-aimée perdue.
Sur le plan musical :
Orchestration : 2 flûtes, 2 clarinettes en la et quintette à cordes.
Dès l’introduction (presque inexistante !), l’accompagnement en noires régulières est installé par les cordes seules. Le ton de Ré Majeur n’a, ici, rien de serein.
1ère strophe : La mélodie, pianissimo (Berlioz précise : « à un quart de voix »), tourne autour de la tonique en une ligne presque droite, ne s’échappant que sur la tierce avant de revenir à l’idée fixe du poète : la tombe. Deux mesures d’interlude et la phrase mélancolique revient, cette fois en mineur. Flûtes et Clarinettes en ponctuent la fin (sur « if »). Même procédé pour la fin de la strophe. Les contrebasses ne jouent que quelques notes très brèves.
2e strophe: La mélodie tourne d’abord autour de la tierce avant de s’élancer sur le mot « fatal » (solb), une des notes les plus aiguës du morceau. Les vents apparaissent à tour de rôle, puis ensemble. La strophe se termine pppp (!).
3e strophe: Le la obstiné des violoncelles (pédale de dominante), en croches régulières, accompagne le la de la voix (« à l’unisson de la chanson ») avec ponctuation des bois. La phrase suivante en semble l’écho, cette fois sur fa#.
4e strophe: Après l’interlude lancinant au 1/2 ton (violons 1 et bois), le chant procède par nombreux demi-tons chromatiques ascendants pour aller jusqu’au fa (bécarre) aigu. L’accompagnement s’anime (doubles croches aux cordes) pour faire apparaître dans une sorte de fièvre « le souvenir » : Les bois jouent 4 mesures dansantes. Les cordes jouent alors en pizzicato et les bois s’estompent, « une forme passe »… Berlioz répète le mot « passe » ainsi que le vers entier, écho du premier sur la seconde descendante sol-fa# (voix et bois qui se répondent comme un reflet), puis fa bécarre-mi pour « un voile blanc ». Pendant le passage de cette ombre, des cordes solistes font entendre des sons « irréels », des harmoniques (précision dans les termes : son réel, doigt effleurant, doigt appuyé ). Rappelons que Berlioz a écrit un traité d'orchestration.
5e strophe = 1ère strophe. La mélodie revient avec un rythme légèrement différent. Quant à l'accompagnement, il est enrichi par la présence des bois (blanches) ; les cordes jouent une mesure sur deux (4 croches). A partir de la mesure 116 on retrouve l'accompagnement de la première strophe.
6e strophe: ressemble à la 2e strophe ; mais, ici, la voix s’est apaisée et ne montera pas au solb . Elle utilisera pourtant la nuance forte pour la seule fois dans ce morceau avec un motif ascendant (« la pointe de l’if »), avant de terminer ppp en broderie autour de la tonique, comme une dernière plainte. Le tutti perd les contrebasses pour la coda.



L’île Inconnue : pour mezzo-soprano ou ténor. ( « Barcarolle », titre de Gautier)
Fa Majeur, 6/8, rythmique de la Barcarolle (Venise), tempo rapide, enlevé allegro spiritoso (noire pointée = 96). (Ce poème a également été mis en musique par Charles Gounod).
Sur le plan littéraire : strophes irrégulières, rimes croisées, plates et embrassées. C’est une invitation à un voyage merveilleux vers les rivages encore inconnus de l’amour. Elle clôt le cycle de poèmes en ouvrant sur un futur plus heureux que le présent, là « où l’on aime toujours ». Le refrain littéraire « Dites la jeune belle, où voulez-vous aller ? » sera également repris en musique, y compris dans la conclusion où Gautier reprend une dernière fois «Où voulez-vous aller ? ». On trouve un caractère très romantique dans ce chant d’amour, ainsi que l’exotisme, le goût du riche détail (ivoire, moire (tissu à l’aspect ondé dû à l’écrasement irrégulier de son grain), or fin) et de la miniature.
Sur le plan musical :
Orchestration: 2 flûtes, hautbois, 2 clarinettes en sib, 2 bassons, 3 cors (fa, ut, sib) et quintette à cordes.
Dans le prélude de 4 mesures joué par le tutti, 1 flûte, le hautbois et 1 clarinette présentent la mélodie du début du refrain, soit les 6 premières notes (dessin descendant), accompagnée par les violons et altos en doubles croches sur une pédale de dominante, donnant une ambiance mouvante, propice à la Barcarolle.
1ère strophe : REFRAIN A littéraire et musical, décrit une barcarolle assez agitée. La mélodie du refrain dessine une vague (dessin ascendant puis descendant). L’eau est présente aussi grâce à certains rythmes ( 6 doubles croches – noire ou deux croches - silence ; demi-soupir - deux croches ; batteries de triples croches faisant frémir les cordes ; noire - croche). L’ambitus est large (fa – solb). On peut noter les carrures non classiques auxquelles Berlioz nous habitue (« la brise va souffler ») et un étroit rapport entre texte et musique (crescendo et étirement des valeurs).
Mesure 21 : conduit mélodique ascendant aux violons 1.
2ème strophe : 1er COUPLET B en fa mineur, à l’ambitus large (ré – fa). Sa mélodie (encore en dessin de « vague »), comme l’accompagnement de l’orchestre (sorte d’ostinato harmonique débutant par un motif chromatique aux violons1), se répète et revient, comme une vague (« L’aviron est d’ivoire » = « Le pavillon de moire »). Elle se fait à nouveau entendre une quarte au-dessous (« J’ai pour lest une orange », « Pour voile une aile d’ange »). Elle retourne en Majeur (Ut Majeur, ton de la dominante) comme un éclairage subit. Répétition des derniers vers (la vague revient inlassablement) vers une autre tonalité, Fa Majeur. Les nombreuses modulations nous bercent au gré des vagues.
3ème strophe : REFRAIN A’. (fa mineur) Une vague de doubles croches ascendantes (mes.43) ramènent la 1ère strophe et l’introduction musicale écourtée. La première phrase est, cette fois, exposée en mode mineur.
4ème strophe : COUPLET C. Dès l’intermède d’une mesure (mes.61), un rythme s’installe, rebondissement de noires pointées décalées entre vents. Les cordes à l’octave, silencieuses le plus souvent, répondent alors sans les contrebasses une suite de 6 doubles croches – une croche (ostinato rythmique). La mélodie de la première phrase se répète immédiatement sur les paroles suivantes (vague). Un basson, les altos et violoncelles à l’octave en noires pointées pp font une ligne souple sur laquelle « vogue » la voix (mes.69) , accompagnés à l’entrée du chant par les violons 2. Les violons 1 sont aussi présents avec des croches. La mélodie se répète à nouveau sur le vers suivant un ton au-dessous, puis s’élance vers la fleur d’Angsoka (irréelle ?), dans un crescendo accompagné du tutti (moins 2 cors).
Elle aboutit sans intermède (Le temps presse-t-il ?) mesure 76 au point culminant (sol aigu) sur « Dites », mot si important du poème qui ramène le refrain tronqué.
5ème strophe : DEMI-REFRAIN A. Insistance du mot « Dites », répété dans une variante mélodique.
6ème strophe : COUPLET D. La mesure 83 (a tempo) installe une série de 6 croches régulières descendantes et montantes - encore des vagues – (do, sol, do descendantes, do, sol, do montantes) aux violoncelles en ostinato. Le cor en ut commence en solo une mélodie lancinante p, broderie au ton (sol – la), reprise par le cor en sib (fa-sol). Une flûte et le hautbois annoncent la voix (les trois premières notes). Les autres vents disparaissent. Notes tenues aux violons 2 et altos. Contrebasses en pizzicato sur une pédale de dominante. Sur l’accompagnement décrit précédemment, arrive la voix doublée par les violons 1 jusqu’à la mesure 92. On a alors les cordes en pizzicato auxquelles répondent les bois (6 croches). A la mesure 96, balancement de doubles croches aux clarinettes additionnées à un ostinato aux violoncelles avec archet (noire – croche). Noire – demi-soupir aux autres cordes en pizzicato. Ostinato à une flûte (deux doubles croches – croche – demi-soupir), abandonné mesure 99 en faveur du hautbois, puis mesure 101 repris par un basson. Mesure 105, le dernier vers est répété avec insistance ( deux fois « on ne la connaît guère ») et mise en relief par l’abandon de l’accompagnement orchestral, la mélodie est reprise mesure 107 à la tierce inférieure. « Au pays des amours » est doublée par une flûte. (Sur « des », mesure 110, réb, note inférieure de l’ambitus).
Pendant l’intermède, la mélodie de ce dernier vers est immédiatement reprise mesure 112 par 1 clarinette et les violons 1, puis mesure 115 en écho par 1 basson, les altos et les violoncelles.
Coda (DEMI-REFRAIN A) : Le poème pose la question « où voulez-vous aller ? » (arrivée de croches aux cordes en pizzicato avec bois sans basson, comme un arrêt du temps) suivie mesure 119 (a tempo) d’un élan de vagues déferlantes en doubles croches aux violons et à 1 flûte. Une dernière fois encore sur « la brise va souffler », le flot s’apaise (doubles croches régulières et obstinées aux violons) et longues tenues (cordes graves, flûtes, clarinettes, 1 basson, cor en sib, mais aussi au chant). De la mesure 129 à la fin, longue pédale de tonique au cor en fa. Trois fois noire – demi-soupir pour terminer en douceur (1 flûte, clarinettes, cordes).

Structure : Forme rondo tronquée.
Prélude Refrain A Couplet B Refrain A’ Couplet C Demi-refrain A Couplet D Coda (sur A)

Musiciens ayant composé des mélodies sur les 6 poèmes de Théophile GAUTIER
choisis par BERLIOZ dans les Nuits d’été (poèmes extraits du recueil La Comédie de la mort)
(d'après la base de données internet du CIMF : Centre International de la Mélodie Française – Académie Francis Poulenc – http://www.melodiefrancaise.com/ )

Titre du poème de Théophile Gautier
Nb de mélodies
Titre de la mélodie
Incipit de la mélodie
Compositeur
dates
Villanelle rythmique
4
Villanelle (n° 1)
Quand viendra la saison nouvelle…
BERLIOZ Hector
(1803-1869)


Villanelle
Quand viendra la saison nouvelle…
LAVIGNE Ernest pseudonyme de
TESSIER Ernest (Canada)
(1851-1909)
(3 strophes)

Villanelle
Quand viendra la saison nouvelle…
LEFEBVRE Charles
(1843-1917)


Villanelle rythmique
Quand viendra la saison nouvelle…
RADOUX Jean-Théodore
(Belgique)
(1835-1911)






Le Spectre de la Rose
3
Le Spectre de la Rose (n° 2)
Soulève ta paupière close…
BERLIOZ Hector
(1803-1869)


Le Spectre de la Rose
Soulève ta paupière close…
DOIN Gaston
?
(3 strophes)

Le Spectre de la Rose
Soulève ta paupière close…
PESSARD Emile
(1843-1917)






Lamento - La Chanson du pêcheur
10
Sur les lagunes (n° 3)
Ma belle amie est morte…
BERLIOZ Hector
(1803-1869)


La Chanson du pêcheur - Lamento
Ma belle amie est morte…
DAVID Félicien
(1810-1876)


Lamento / La Chanson du pêcheur -
Ma belle amie est morte…
DUBOIS Théodore
(1837-1924)
(3 strophes)

La Chanson du pêcheur - Lamento
Ma belle amie est morte…
FAURE Gabriel
(1845-1924)


Ma belle amie est morte - Lamento
Ma belle amie est morte…
GOUNOD Charles
(1818-1893)


Lamento - La Chanson du pêcheur
Ma belle amie est morte…
LEFEBVRE Charles
(1843-1917)


Sur la mer - Romance
Ma belle amie est morte..
3 couplets
MOMPOU Hippolyte
(1804-1841)


Ma belle amie est morte
Ma belle amie est morte…
(3 couplets)
OFFENBACH Jacques
(Allemagne-France)
(1819-1880)


Sur les lagunes - Lamento
Ma belle amie est morte…
(2 strophes)
POLIGNAC
Prince Edmond de
(1834-1901)


Lamento
Ma belle amie est morte…
VIARDOT Pauline
(1821-1910)







Absence
7
Absence (n°4)
Reviens, reviens, ma bien-aimée ;…
(strophes 1 à 3, la 1ère sert de refrain)
BERLIOZ Hector
(1803-1869)


Absence
Reviens, reviens, ma bien-aimée ;…
6 des 8 quatrains
BIZET Georges
(1838-1875)


Absence
Reviens, reviens, ma bien-aimée ;…
COQUARD Arthur
(1846-1910)
(8 quatrains sans refrain)

Absence
Reviens, reviens, ma bien-aimée ;…
4 strophes (1, 2, 6 et la dernière, 8)
DEPRET Joseph
?


Absence
Reviens, reviens, ma bien-aimée ;…
LAVIGNE Ernest pseudonyme de
TESSIER Ernest (Canada)
(1851-1909)


Absence
Reviens, reviens, ma bien-aimée ;…
LEFEBVRE Charles
(1843-1917)


Absence
Reviens, reviens, ma bien-aimée ;…
PESSARD Emile
(1843-1917)

**





Lamento
6

Au cimetière –

clair de lune (n° 5)
Connaissez-vous la blanche tombe…;
BERLIOZ Hector
(1803-1869)


Lamento
Connaissez-vous la blanche tombe… (seules strophes 1, 3 et 6 sont mises en musique)
DUPARC Henri
(1848-1933)


Lamento –
duo pour mezzo & baryton
Sur les ailes de la musique…(créé 15/12/1998)
la 4ème strophe seule est mise en musique
HERSANT Philippe
(né en 1948-)
(6 strophes)

La Colombe
Connaissez-vous la blanche tombe ...
PALADILHE Emile
(1844- 1926)


Lamento
Connaissez-vous la blanche tombe…;
(2 strophes)
POLIGNAC
Prince Edmond de
(1834-1901)


Lamento - La Chanson du pêcheur
Connaissez-vous la blanche tombe…;
PUGET Paul Charles Marie
(1848-1917)







Barcarolle
6
L’île inconnue – Barcarolle (n°6)
Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller ? (la 1ère strophe - R - est reprise partiellement à la fin: A B A C A1-2 D A2-4)
BERLIOZ Hector
(1803-1869)
2 versions :
avec ou sans refrain

Où voulez-vous aller ? Barcarolle
Où voulez-vous aller ?
GOUNOD Charles
(1818-1893)
(Refrain de 4 vers et 3 strophes de 6 vers

Barcarolle
Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller?…
OFFENBACH Jacques (Allemagne-France)
(1819-1880)
ABACAD )

Dites, la jeune belle

Dites, la jeune belle (---, Où voulez-vous aller...)
PESSARD Emile
(1843-1917)


Barcarolle
Dites, la jeune belle, Où voulez-vous aller?…
RADOUX Jean-Théodore
(Belgique)
(1835-1911)


La Rive inconnue
Dites, la jeune belle, ...
REBER Henri
(1807-1880)








** Romance
1
Au pays où se fait la guerre -
Absence :
titre primitif dans 1ère éd . 1877
mon bel ami s’en est allé…
DUPARC Henri
(1848-1933)