Polynésie





La Polynésie est la région la plus vaste du Pacifique, couvrant une surface océanique d’environ 30.000.000 de km2. Les îles sont davantage unifiées par des ressemblances culturelles que géologiques. On distingue quatre formations d’îles différentes : les atolls bas (comme l’archipel de Tuamotou), les hautes îles volcaniques (les îles Hawaï, les îles Salomon et Tahiti), les îles de corail élevées (Makatea et Aitutaki) et une île d’origine continentale (la Nouvelle-Zélande).

Les Îles polynésiennes sont l’une des dernières régions du globe à avoir été colonisées par l’homme. On pense que leurs habitants étaient originaires de l’Asie du Sud-Est, avaient émigré en Mélanésie, puis avaient navigué des îles Fidji à Tonga, Samoa et à l’est de la Polynésie, puis vers d’autres points du triangle - Hawaï, Nouvelle-Zélande et l’île de Pâques (Rapa Nui). Ces premiers voyages sont encore rappelés dans des danses et des chants traditionnels qui sont devenus un élément fétiche de l’identité culturelle polynésienne.

Les premiers comptes-rendus des navigateurs européens, comme ceux du capitaine Cook, décrivent les Polynésiens comme un peuple extrêmement musicien, réputation qu’ils ont conservée jusqu’à ce jour. La musique traditionnelle comme la musique moderne sont avant tout vocales. Les chants datant de l’époque antérieure à l’arrivée des Européens comprennent des récitations chantées, des prières, des complaintes, des chansons d’amour, de travail, de jeux, des berceuses et de nombreux autres genres. L’histoire locale s’est transmise de génération en génération en généalogies chantées. On a mentionné un peu de chant soliste, mais la majeure partie de ces formes étaient chantées en groupe. Les textes des chants avaient une importance considérable dans la musique polynésienne traditionnelle ; le rythme et même la mélodie d’un morceau étaient souvent déterminés par la poésie. Cette pratique a parfois donné lieu à des rythmes asymétriques et à des structures musicales simples.

La musique traditionnelle polynésienne a une étendue mélodique étroite et une tonalité relativement simple. Les relations entre les hauteurs variaient souvent et les inflexions d’un son ou les glissades entre les sons étaient en général considérées comme plus importantes que les hauteurs absolues. Les techniques d’inflexion et de glissade étaient soigneusement transmises de maître à élève. C’est la raison pour laquelle les analyses conventionnelles de la musique polynésienne qui insistent sur la détermination des intervalles sont souvent trompeuses car elles isolent un aspect du style qui n’est pas le plus important dans la tradition. Sur de nombreuses îles, un style de chant avec glissades s’est reporté sur des formes acculturées comme l’hîmene.


La musique vocale

Les missionnaires chrétiens qui sont arrivés nombreux en Polynésie au XIXè siècle ont cherché à décourager le chant « païen » local en introduisant les hîmene (hymnes) européens. La musique polynésienne actuelle comprend des formes essentiellement occidentales, des formes traditionnelles et des formes intermédiaires entre ces deux composantes extrêmes. Par exemple, les premiers missionnaires catholiques sont arrivés sur l’île de Pâques en 1864. Ils ont rapidement appris aux aborigènes une forme de cantique européen. De nombreux insulaires sont morts quelques années plus tard de la petite vérole et de la rigueur des travaux forcés et, vers 1870, une bonne partie de la culture traditionnelle était déjà perdue. Après la Première Guerre mondiale, des genres provenant d’autres îles de Polynésie, particulièrement de Tahiti, ont atteint l’île de Pâques et, dans les années cinquante, les styles « pop » internationaux comme le tango, la valse, le fox-trot et le corrido mexicain ont fait leur apparition. Tous ces styles ont leur place dans la vie musicale des années quatre-vingt.

Les hîmene sont aujourd’hui très populaires dans toute la Polynésie. Le terme s’applique maintenant à la fois aux cantiques chrétiens et aux chants traditionnels de l’île qui ressemblent à des hymnes et sont exécutés en choeur. A Samoa, avant l’arrivée des Européens, le chant polyphonique se limitait à deux ou trois parties. Les missionnaires ont introduit la polyphonie à quatre voix avec des progressions harmoniques occidentales stéréotypées. On continue à écrire de nouveaux hîmene, surtout pour Noël. et les fêtes du nouvel an. Les anciens chants sont rapidement remplacés par de nouveaux et il est rare qu’un morceau: reste au répertoire plus d’une trentaine d’années.


La danse

En Polynésie, la danse traditionnelle est intimement liée à la poésie qu’elle accompagne. Les mouvements gracieux des mains et des bras sont particulièrement importants dans l’expression du sens du texte. La hula hawaïenne, par exemple, exige une grande souplesse des poignets et des doigts. Les danses exécutées assis sont très courantes à Hawaï comme dans d’autres Îles et, dans l’ensemble, les danses polynésiennes sont moins agitées que celles de Mélanésie et de Micronésie. Avec l’accroissement du tourisme, de nouveaux styles de danses se sont développés afin de répondre à l’attente des visiteurs. Ces danses comportent souvent des ondulations frénétiques des hanches et constituent parfois de véritables distorsions des formes esthétiques traditionnelles. Certains érudits qui ont étudié la culture polynésienne les ont qualifiées d’ « art d’aéroport », car elles ont les mêmes objectifs et le même attrait que les souvenirs bon marché de grande série que l’on trouve aujourd’hui dans la plupart des aéroports internationaux.


La musique instrumentale

La musique polynésienne est essentiellement vocale, mais on trouve de nombreux types d’instruments, notamment les grands pahu (tambours cylindriques) souvent utilisés par groupes de deux ou trois pour les cérémonies, le tini (tambour en fer-blanc paraffiné), des baguettes et des tubes de percussion, des idiophones battus, des tambours de bois, des conques-trompettes et des flûtes nasales. Des nattes d’herbes servent aussi parfois d’instruments de musique. On peut les faire claquer pour accompagner les chants de danse ou les rouler pour s’en servir comme des mailloches. Le keho est un instrument assez rare de l’île de Pâques. Il se compose d’un trou dans le sol couvert par une pierre plate à laquelle est attachée une courge qui sert de résonateur. L’instrumentiste frappe régulièrement la pierre pour accompagner le chant et la danse.

Un grand nombre d’instruments hawaïens sont spécifiquement destinés à accompagner la hula. Le pahu hula (tambour de danse) est un tambour cylindrique en bois à une seule peau. Le tambour pûniu se compose d’une demi-noix de coco couverte de peau. Ces deux tambours peuvent être frappés en même temps par le même musicien. L’ipu hula (courge de danse) est un autre instrument accompagnateur ; il se compose de deux courges réunies. L’instrumentiste martèle le ipu hula sur une natte, le relève et le tapote vivement des doigts, puis recommence à le frapper sur la natte, etc. Au nombre des crécelles hawaïennes figurent le ‘uli’uli (en courge), le pû’ili (en bambou) et le ‘ûlili (toupie) composé de trois courges que l’on fait tourner en tordant une corde qui y est attachée. Les ‘ili’ili sont des racleurs composés de pierres lisses ou de morceaux de lave.
Les aérophones hawaïens comprennent l’ ‘ohe hano ihu (flûte nasale en bambou) et l’ipu hôkiokio (flûte globulaire). Parmi les instruments simples, dont jouent souvent les enfants, on trouve l’oeoe (planchette ronflante, dont le nom évoque le son qu’elle produit), la pû lâ’î (trompette-feuille) et la pû kani (trompette-coquillage).

Le hukulele (du mot hawaïen signifiant « puce sauteuse ») est une petite mandoline à quatre cordes. Il est apparu à Hawaï vers la fin des années 1870, importé par des immigrants de Madère. Bien qu’il porte un nom hawaïen, l’instrument sert généralement à jouer des accords occidentaux pour accompagner des mélodies qui comportent des éléments polynésiens et occidentaux. Ce mélange des formes occidentales et traditionnelles est caractéristique de l’ensemble de la vie musicale polynésienne des années quatre-vingt.


@ http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_polynésienne