Moyen-Âge



Le Moyen âge s’étend de la fin du Vᵉ (476 : chute de l'empire romain) jusqu'à la fin du XVᵉ siècle (1492 : "découverte" de l'Amérique par Christophe Colomb) ; cette période de l'Histoire durera donc 1000 ans !
Pendant le Moyen âge la musique recommence à être écrite laissant ainsi de nombreux témoignages aujourd’hui.
Beaucoup de musiques religieuses ont été conservées car, lors des nombreuses guerres, les églises étaient généralement épargnées contrairement aux châteaux qui étaient souvent détruits.


1. Le haut Moyen-Âge (476-1000 après JC)

Nous avons retrouvé de nombreux chants religieux tels que les chants ambrosiens et mozarabes. Ces chants sont très souvent en latin et sont mélismatiques (présence de nombreuses ornementations).
Le chant ambrosien est un ensemble de textes et de musiques qui fut créé par saint Ambroise (340-397), évêque de Milan (nord de l'Italie) :


Rappelons qu'à l'époque l'immense majorité des gens ne savaient ni lire ni écrire, la musique et l'art médiéval était donc un moyen de raconter l'histoire sacrée aux illettrés. Vers l’an 600 le pape Grégoire réglemente ces chants afin que les paroles et les mélodies soient le plus claires possible : c’est le chant grégorien chanté à l'unisson (tout le monde chante la même mélodie en même temps) et a cappella (sans accompagnement instrumental), en voici une reconstitution :


Les mélodies recommencent à être écrites au moyen de signes nommés les neumes, ils sont à origine de notre notation moderne :


A cause des réglementations du Pape Grégoire, les moines n’avaient plus le droit de changer la mélodie principale et les paroles, afin de continuer à créer ils ont eu l'idée de rajouter d'autres mélodies par dessus. Ils baptiseront cela "organum", ce que nous appellons aujourd'hui la polyphonie (poly= plusieurs et phonie= voix). A partir du IXᵉ siècle le chant grégorien deviendra donc polyphonique :



2. Le Moyen-Âge central (1000 -1250)

Le Moyen âge dit « central » ou « classique » se développe sur les XIᵉ, XIIᵉ et XIIIᵉ siècles. La musique de cette époque est appelée Ars Antiqua, style qui développera différents genres polyphoniques.

Une des plus grandes compositrices de cette période est l'allemande Hildegarde de Bingen (1098-1179). Religieuse bénédictine mystique, compositrice, sainte de l'Église catholique du XIIᵉ siècle, elle affirmait avoir des visions divines, visions qu'elle exprimait dans sa musique :

Nous remarquons qu'au début les chanteurs sont à l'unisson, la polyphonie n’apparaît qu'à la fin.

En France, l’École de Notre-Dame désigne un style de musique développé par des compositeurs ayant exercé à la cathédrale Notre-Dame de Paris de 1160 à 1250. Elle développera différents genres polyphoniques comme le conduit (ou conductus). En voici un de ses deux compositeurs les plus connus, Léonin et Pérotin :



En parallèle de la musique sacrée, la musique profane (non-religieuse) s'est développée grâce aux fameux troubadours et trouvères.
Les troubadours apparurent dans le sud de la France au début du XIIème siècle et s’exprimaient en langue d’Oc. Voici le célèbre troubadour Bernard de Ventadour (1125 -1200) :


Les trouvères, originaires du nord de la France, s’exprimaient en langue d’Oïl. Ils étaient des poètes-musiciens, principalement des seigneurs et des dames de grandes familles (par exemple Thibaut de Champagne devenu roi de Navarre ou encore Richard Cœur de Lion qu'on appelait le roi-trouvère).
Adam de la Halle, appelé aussi Adam le bossu, est sans doute le plus célèbre des trouvères. Il est l’auteur du jeu de Robin et Marion , qui est considéré comme l'ancêtre de l’opéra comique français :

Le jeu de Robin et Marion raconte la tentative de séduction d’un chevalier auprès de Marion, qui le repousse et l’apprend à Robin. Celui-ci, craignant le retour du chevalier, fait appel à des bergers qui s’arment de bâtons. Le chevalier revient néanmoins et enlève Marion, qui finit par s’en délivrer.
Tout cela se poursuit par les jeux et les danses de Robin et de Marion et des autres villageois. et par le mariage de Robin avec Marion.



3. Le bas Moyen-Âge (1200 -1500)

Le bas Moyen âge (ou "tardif") désigne la dernière période du Moyen-Âge et précède ainsi la Renaissance. La musique de cette époque sera appelée  l'Ars Nova.

Le manuscrit des Cantigas de Santa María est un des plus importants recueils de chansons de la littérature médiévale en Occident. On attribue sa rédaction au roi de Castille Alphonse X dit Le Sage (1221-1284), mais il semble plus probable qu'il en soit seulement le promoteur :


Le Carmina Burana est un manuscrit de 315 chants en latin médiéval rédigé entre 1225 et 1250. L'originalité de ce manuscrit est qu'il se compose de pièces religieuses mais aussi de chansons d’amour, de chansons à boire et à danser ! Il est devenu célèbre XXᵉ siècle grâce sa réécriture par le compositeur Carl Orff :


A partir du XIIIᵉ siècle, les artistes continuent à raconter la Bible mais de manière beaucoup moins schématique et commencent à représenter les émotions des personnages. L'italien Giotto di Bondone (1266-1337) est un peintre, sculpteur et architecte florentin qui contribuera à construire l'humanisme, mouvement consistant à remettre l'Homme au centre du monde. Voici l'un de ses chefs d’œuvre Lamentations devant le Christ mort (n'hésitez pas à zoomer sur l'expression des visages des personnages...) :


Les troubadours et les trouvères continuent de composer, notamment sur le thème de l'amour courtois. Par exemple Douce dame jolie est une chanson du XIVᵉ siècle écrite par le célèbre trouvère français Guillaume de Machaut. C'est une des chansons médiévales les plus reprises de nos jours :


A l'image de l'italien Jacopo Da Bologna, les compositeurs développent la polyphonie de manière remarquable et cela se poursuivra à la Renaissance.