Du bourdon à la mélodie : La pluie tombe sur nous



Du bourdon à la mélodie : La pluie tombe sur nous


Chanson traditionnelle recueillie en Ardèche par Dominique Laperche et Christian Oller auprès de Monsieur SALES en 1976.
La redécouverte du répertoire traditionnel français est l’oeuvre d’un mouvement de musiciens et chanteurs, apparu dans les années 1970-1980. Ces derniers ont effectué un gigantesque travail de collectage, consistant à recueillir auprès des "anciens" les textes et musiques de notre patrimoine.
Dans la version du bac, elle est chantée par Evelyne GIRARDON.


Evelyne GIRARDON : est tout a la fois chanteuse (contralto), musicienne et comédienne. Elle s’est rapidement spécialisée dans le domaine de la chanson traditionnelle française.
Fin 1999, elle crée la “COMPAGNIE BELINE”, regroupant les amoureux (ses) de l’expression vocale “a capella”, rencontrés aux cours de ses différentes recherches et formations pédagogiques.
Elle enregistre de nombreux disques de chansons françaises traditionnelles, fait des tournées à travers toute la France et sera l’invitée des francofolies de La Rochelle en juillet 2009 pour une carte blanche.
La pluie tombe sur nous figure dans le CD Répertoire édité en 2005 par la Compagnie Beline.


Le texte

La pluie tombe sur nous, pour vous quel avantage ?
Vos vaches auront du lait, vous ferez des fromages,
Vous en tirerez de l’argent
Pour marier tous vos enfants.

Refrain :
En chantant, de rantanplan
Ce joli mois de mois qui toujours nous réveille. (bis)

La pluie tombe sur nous, pour vous quel avantage ?
Ce joli mois de moi s’endort sur la rosée
Vous engraisserez vos moutons,
À la Saint-Jean nous les vendrons.

Vous filles qui dormez à la plus haute chambre,
Écoutez les amonts à la porte qui chantent,
Préparez-leur la collation,
Pour tous ces beaux gentils garçons.


Il comprend toutes les caractéristiques des chansons populaires :
  • évoque les préoccupations paysannes (s’il y a de la pluie, les vaches et les moutons seront gras et rapporteront de l’argent à leur propriétaires) et parle d’amour.
  • alternance de vers de 6, ou 7 ou 8 pieds
  • présence de rimes non régulières
  • présence de l’onomatopée "rantanplan" (évoque le tambour)

  • 3 strophes composées d’un couplet et d’un refrain


La musique


Elle est aussi tout à fait caractéristique du style populaire :
  • C’est toujours la même musique pour chaque couplet et chaque refrain
  • mélodie simple faite d’intervalles conjoints et d’un ambitus restreint (10ème)
  • mélodie écrite sur le mode de ré = mode dorien (à partir de mi)

= mode au caractère mélancolique et quelque peu étrange
(le do# disparait ensuite, car on utilise le mineur mélodique descendant).

L’arrangement qu’en fait la chanteuse :
— Cette chanson est chantée par 5 voix :
  • Evelyne GIRARDON qui fait la mélodie (alto)
  • Une voix qui tient un bourdon (une note tenue tout au long de la chanson)
  • une autre voix (alto) qui double la mélodie à la quarte inférieure à partir de la moitié du couplet
  • Deux autres voix (plutôt sopranos) qui chantent un petit motif en tierces parallèles sur le refrain (comme un écho).
—> La chanson est transposée en sib m

Ci-dessous, transcription personnelle de l’arrangement de E. GIRARDON :





Le briolage

A la suite de cette chanson, on entend un briolage. Le terme a été introduit dans la langue littéraire par George Sand. Il s’agit d’un mode de communication par le chant entre hommes et boeufs pendant le travail, en particulier le labour.
Il est chanté en force avec une voix dure et virile (chant de paysans dans les champs), toujours sur un bourdon.
Le tempo est lent et le rythme très libre.
Il est traité dans la même tonalité que "la pluie tombe sur nous", soit en sib m.
La chanteuse chante en patois et avec l’accent.
  • chant de labour ou « briolage » du Berry
  • paroles sont des encouragements aux boeufs : jeux sur voyelles, mélismes, port de voix, etc.
  • Le briolage : chant d’improvisation pour mener les bœufs.

Chants à pleine voix du laboureur, pour conduire et encourager ses bœufs ou ses chevaux. Souvent sans paroles, ils sont alors une suite d’onomatopées et de cris d’encouragement, dans lesquels interviennent les noms des bêtes concernées.

  • Briolage (Berry)
  • Grande (Auvergne)
  • tiaulage ou tiaulement (Nivernais)
  • huchage, rauder, darioler (Poitou)
  • branle-de-boièr en Haut-Agenais.

“Les chants traditionnels des différentes régions de France, comme ceux d’Europe et de toutes les autres parties du monde sont des trésors. Béla Bartók disait qu’il y a autant de perfection artistique dans un chant de paysan hongrois que dans une sonate de Mozart. C’est seulement aujourd’hui qu’on commence à le comprendre”
Alain Swietlik

Texte :

Et montez donc, voir là mes grands boeufs,
Mon Cadet, mon Joli, mon Varné, mon Taupin, mon Paillau, mon Charbounio
Hardis, hardis les gars , Ah…
Hardis les gars !
R’montez là donc les deux derriés,
Ah ! les deux vieux ! Allons Allons !
Ah ! bottez là donc là, Ah r’montez là donc là ! Ah… Hardis les gars !
Mon Cadet, mon Joli, mon Varné, mon Taupin, mon Paillau, mon Charbounio
Tirouli tant ! Allez, ah !
Et la la la…



En savoir plus sur le bariolage :
Textes sur le briolage
Les darioleurs du Bocage