Le jazz après 1960




A partir des années 1960, le jazz subit le même sort que la musique savante au début du 20è siècle : la remise en question du système tonal qui était la « norme » jusqu’ici. Le free-jazz adoptera l’atonalité, la « pantonalité », se détachera de son public qui ne comprendra plus cette musique devenue trop intellectuelle et frisera le conceptuel (Ornette Coleman et son système harmolodique en est un exemple), le spirituel, le mysticisme parfois (Sun Ra et sa philosophie cosmique). L'art est défini non par les propriétés esthétiques des objets ou des œuvres, mais seulement par le concept ou l'idée de l’art.


Ce phénomène est étroitement lié au contexte socio-politique (mouvement libertaire, rejet de l’académisme, refus du monde tel qu’il est : contre-culture naissante…).

Parallèlement, certains jazzmen ouvrent de nouvelles voies à la création, comme Bartok en son temps, en s’inspirant des autres musiques. L’exemple le plus probant de ces fusions musicales est sans doute l’émergence du latin-jazz fin après les années 1950 (Dizzy Gillespie invente le cubop : mélange de bebop et musique cubaine !).

Dans cette perspective, Miles Davis joua un rôle décisif dans l’évolution du jazz après 1960. Il s’intéressa à tous les genres pour y puiser son inspiration. A qui disait ce n’est pas du jazz, il répondait : « c’est de la musique j’aime ça ». Ainsi naquit le jazz-rock (ou fusion) aux alentours de 1970 dont Miles en sera un des initiateurs (In a Silent Way, 1969, suivi de Bitches Brew, 1970… jusqu’à Tutu en 1986).



Aux origines de la fusion : le rock et la pop

Issu du blues, du rhythm’n blues, de la soul music, de la folk mais aussi du jazz et du country and western, le rock’n roll apparaît vers 1950. En 1954, Bill Haley enregistre « Rock around the clock ». Le succès est complet. Mais c’est Elvis Presley qui fera figure de king. C’est du blues brutal, diront certains. Cette musique, vocale surtout, au rythme rapide, semble l’expression de la jeunesse de l’époque, qui adopte l’apparence de ses idoles (coiffure, blue jean,blouson, etc.). Le rock’n roll traverse l’Atlantique. En France, Johnny Halliday fait scandale ! C’est la vogue des «yé-yé».

En Angleterre, les conséquences sont de plus grande ampleur. Avec les Beatles, le rock’n roll devient pop music, plus variée dans ses procédés et ses moyens. Devenus célèbres en 1963, les Beatles connaîtront un succès mondial, écrasant tous les records de vente de disques et déchaînant parfois l’hystérie des foules. En 1966, ils renonceront à monter sur scène et, jusqu’en 1970, ne se préoccuperont plus que d’enregistrer une musique de plus en plus élaborée, voire sophistiquée.

Les Beatles avaient donné à la pop music (rock music, aux Etats-Unis) des idées et des moyens (musique amplifiée, sons manipulés, utilisation d’instruments inhabituels, adoption d’autres styles, influence de la musique indienne, etc.). A ces jeunes gens inventifs et d’aspect correct fut opposé le groupe des Rolling Stones, au style dur, parfois agressif ou exhibitionniste, très marqué par le blues.

La pop music fut contemporaine, aux Etats-Unis, du mouvement des hippies, désireux de rompre avec l’american way of life et de créer une contre-culture, prônant le trip (voyage) au moyen d’une musique dite « psychédélique » (The Byrds, Grateful Dead, Jefferson Airplane…) et de la drogue. A cette époque d’acid rock, la guitare solo accède au premier plan grâce au virtuose Jimi Hendrix. La pop music connut son sommet en 1969, à Woodstock, où plus de 400 000 personnes entendirent, plusieurs jours durant, les meilleurs artistes du moment.

À lire : http://pinkfloyd.nikkojazz.fr/oeuvre-et-histoire/psychedelisme-et-rock

La pop ne cessa de se diversifier : hard rock (Deep Purple, Led Zeppelin…), blues pop (Janis Joplin, John Mayall, Johnny Winter…), folk (Joan Baez, Leonard Cohen, Bob Dylan…), country (Creedence Clearwater Revival…), pop jazz (Blood Sweat and Tears, Chicago Transit Autority…)… La pop «prospective» s’ouvrait à l’électroacoustique pour produire une musique planante avec les Pink Floyd, qui influenceront la Komische Musik allemande (Tangerine Dream, Klaus Schulze…) et Jean-Michel Jarre en France. Les rapprochements se multiplieront et l’on verra le jeune public applaudir Miles Davis, Ravi Shankar ou Pierre Henry. Un style hybride fut défendu par Frank Zappa et Soft Machine. Puis, dans les années 1975, la pop parut en fin de course.

Le rock prit le relais. Le public s’était-il lassé de ces rapprochements, synthèses et sophistications? Toujours est-il qu’il opta pour une musique simple et directe. Mais le rock nouveau s’attachait au spectacle, au visuel, avec David Bowie, Alice Cooper et d’autres. Dans le même temps s’accumulèrent les modes (funky, break, smurf, etc.). En 1976 parurent en Grande-Bretagne les punks, avec les Sex Pistols : son saturé, cris, rejet des valeurs bourgeoises et des lieux communs de la pop génération. «No future» était leur cri de guerre. Dès 1978, les Sex Pistols se séparèrent.

Par la suite, aucune tendance ne prit l’ascendant et l’on verra réapparaître les anciennes gloires. La rock music produisit des stars, comme Madonna, Michael Jackson et Prince, en exploitant la formule de chansons très rythmées, parfois haletantes ou trépidantes, et en accordant beaucoup de soins à l’aspect scénique (effets laser, défilé d’images, érotisme, etc.), dont le clip est une version concentrée. Vers 1990, le rap mettait la tchatche, la parole de la rue, au premier plan et la techno (dub, house, hardcore, jungle, etc.), la danse collective jusqu’à épuisement, sur une musique répétitive.

La rock music a conquis la planète et donné à la jeunesse « sa » musique, un phénomène impensable jusque-là. Cette musique, sans vraiment innover, a su utiliser les moyens modernes et brasser les styles pour être originale (importance de l’énergie, du rythme, de l’ambiance, sons dénaturés ou distordus, chant expressif, etc.) et développer une façon nouvelle d’écouter la musique (en se déplaçant, en s’exprimant, en dansant, etc.).





L'influence de l'Inde sur le jazz et la musique occidentale...

"Le grand point en commun entre le jazz et la musique classique indienne est la modalité. Notamment, dans la plupart du monde la musique est plutôt est modale (Espagne, Ecosse, Inde, Chine, Proche Orient, etc.). C’est une base commune, qui donne un aspect universel a la musique."

Coltrane, 2006, p. 28.

Le courant jazz qui se rapproche donc le plus de la musique indienne est le jazz modal. Ce dernier prend ses racines aux débuts des années soixante, dans une époque de bouleversements sociaux, culturels et politiques à l’échelle planétaire. Musicalement on voit entre autre la naissance de plusieurs courants musicaux comme le r’n’b, le jazz latin, le funk, la musique pop et rock et le free jazz.
Entre 1961 et 1965 John Coltrane explore les possibilités de la musique modale, en ouvrant un nouveau chapitre dans l’histoire du jazz. Les musiciens arrêtent d’imiter Charlie Parker pour se pencher sur le jeu de Coltrane et Elvin Jones. On prend l’habitude de baser son improvisation sur des modes plutôt que sur des séquences harmoniques. Ces modes sont souvent empruntés à la musique indienne. De plus en plus de morceaux se construisent ainsi en se basant parfois sur un seul accord. C’est aussi à partir de cette période
modale que l’on commence à entendre chez certains musiciens de jazz (comme Youssef Lateef) des musiques parfumées d’exotisme.

Coltrane et l'Inde :

Lorsque vers la fin des années 50 Miles Davis commence à expérimenter la technique de l’improvisation modale, ce sera pour Coltrane un stimulus qui le rendra champion dans cet art. C’est avec My favourite Things, en 1960, que l’on commence à entendre dans son jeu des couleurs vaguement orientales, grâce à l’utilisation d’intervalles chromatiques similaires à celles de certaines gammes orientales et certainement peu utilisées dans la musique traditionnelle occidentale. Mais, c’est plutôt par l’aspect du timbre qu’il est fasciné ; il essaye effectivement de donner à son ténor une couleur assez similaire, dans certains registres, à celle d’un hautbois indien.


En 1961 John Coltrane enregistre quelques disques avec Eric Dolphy, les deux étant des amis de longue date. Ces enregistrements donnent une claire idée de l’étendue des intérêts de Coltrane et de sa manie d’explorer toujours des nouveaux territoires, en atteignant souvent inspiration des musiques du monde, comme de l’Afrique (Africa) ou de l’Espagne (Olé).
À cette époque, l’intérêt de Coltrane pour la musique indienne est déjà très vif. Il collecte les enregistrements de Ravi Shankar et cherche à saisir les secrets de l’improvisation sur les râgas.
En 1964 il rencontre le sitariste indien, lequel dit être très touché par le saxophoniste. Ravi Shankar avait rencontré plusieurs musiciens de jazz qu’il avait parfois trouvés arrogants; au contraire, Coltrane est à ses yeux quelqu’un de très humble faisant preuve d’une grande dignité. Lors de cette rencontre, le saxophoniste lui pose beaucoup de questions à propos de la musique indienne. À la question de Shankar sur l’origine de son intérêt pour cette musique, il répond : “Ce que je veux apprendre, c’est comment transcender cette
douleur humaine qu’on a tous depuis des générations… Il y a tellement de paix dans votre musique ! J’aimerais comprendre comment vous trouvez cette paix et comment la transmettre à ses auditeurs”.
En 1967 les deux musiciens devaient se rencontrer une deuxième fois. Le saxophoniste avait prévu six semaines pour prendre des leçons chez le musicien indien. Cela ne s’est malheureusement jamais concrétisé.
Sur les principes du Raga sont basés plusieurs des exécutions de Coltrane, parmi lesquelles celle de Greensleeves, une vieille chanson populaire à laquelle le musicien donne une couleur orientale et un singulier pouvoir hypnotique.



Coltrane, est un musicien de jazz afro-américain fidèle à sa propre personnalité ; il ne cherche pas à jouer des râga traditionnels indiens, mais s’inspire de cette musique et cherche à se l’approprier pour la mettre au service de sa propre créativité.

Analyse de India (John Coltrane) :



Le morceau, qui date de 1961, est un des plus importants enregistrements de Coltrane dans sa période modale. Le saxophoniste est ici accompagné par McCoy Tyner (piano), Jimmi Garrison, Reggie Workman (contrebasses) et Elvin Jones (batterie). Eric Dolphy est aussi présent. Il s’agit d’un morceau modal en 4/4, construit sur une pédale de G. La gamme utilisée est une pentatonique de D-/G.
L’introduction est caractérisée par une forte référence à l’Inde, notamment due à un bruitage de fond ressemblant à un sitar, ce qui ouvre le morceau. Entre le groove de batterie (8 mesures) et se rajoute un ostinato de basse (20 mesures). Suit une introduction au sax soprano joué par Coltrane.
Le thème (1’25), joué par le sax, la clarinette basse tenant la tonique et accentuant le deuxième temps, à la forme AAAABA (12 mesures) ; le A est constitué de deux seules notes (la quarte et la quinte), et le B représente une descente de la triade diatonique sur le quatrième degré. Le thème est joué deux fois, suivi d’un interlude de 16 mesures, puis il est rejoué une fois. Coltrane commence à improviser à partir de l’exécution du deuxième thème. Le pianiste McCoy Tyner intervient très peu et laisse ainsi la place aux virtuosités orientales et aux suraigus de Coltrane.


John McLaughlin et l'Inde :

John McLaughlin (1942), guitariste originaire du Yorkshire, commence sa carrière à Londres en jouant dans des groupes de rock. En 1969 monte son premier projet en tant que leader, et ensuite, après avoir enregistré quelques disques avec Dave Holland et Tony Williams entre autres, le guitariste rejoint le groupe de Miles Davis. C’est vers les années’70 que McLaughlin devient le disciple du guru Shri Chinmoj Ghose, prends le nom de Mahavishnu et monte le fameux groupe The Mahavishnu Orchestra, l’un des premiers groupes de
fusion jazz rock de l’époque. Ensuite, il forme le groupe Shakti, et à partir de 1977 il se produit avec de nombreux musiciens de styles et de provenances différentes, parmi lesquels Katia Labèque, Paco de Lucia, Trilok Gurtu, Michael Brecker et Gary Thomas. À Partir de 1997, John Mclaughlin continue son exploration de la fusion en se produisant avec des musiciens de jazz, de rock ainsi qu’avec des musiciens indiens.

Shakti :
C’est en 1975 que le guitariste enregistre le premier disque de son groupe Shakti, “Shakti with John McLaughlin”. Shakti est le fruit de sa rencontre avec le virtuose du tabla indien Zakir Hussain, le violoniste Lakshminarayana Shankar, R. Raghavan au mridangam (percussion à double face, ancêtre du tabla) et T.H. “Vikku” Vinayakram au ghatam (percussion en terre cuite en forme de vase). John McLaughlin est donc le seul musicien occidental jouant un instrument occidental dans ce groupe. Les autres musiciens sont tous indiens. Il s’agit de musiciens extrêmement talentueux, qui ont su explorer les coins de la fusion entre Orient et Occident, mais dont le style et l’esthétique penchent plus vers l’Inde que vers le jazz ou le rock. Shakti signifie littéralement “énergie”, ou plutôt la version féminine de l’énergie divine.
Les éléments nouveaux et originaux que McLaughlin apporte sont le timbre de la guitare et ses compositions. Ces dernières, jouées comme des râgas, dans un style très indien, pourraient très bien être intégrées dans le répertoire classique indien, et même la manière de jouer la guitare est proche de la manière traditionnelle de jouer la vîna. John McLaughlin avait notamment pris des cours de cet instrument à cordes de l’Inde du Sud.

Analyse de Isis (extrait de Shakti) :


La pièce est tirée du deuxième album du groupe, A Handful of Beauty, enregistré en 1977. Les musiciens sont les mêmes sauf R. Raghavan. Il s’agit d’une composition modale de John McLauhglin, constituée de deux accords diatoniques alternés, respectivement E- phrygien (12 temps) et F lydien (15 temps). Le cycle est de 27 temps. Un ostinato arpeggiato de Mclaughlin introduit la pièce dans une atmosphère calme et introspective. Le violon joue ensuite une longue introduction sur cette base, accompagné par les percussions. Après un thème très simple commence un long solo du guitariste, suivi du solo de percussions. Les solistes explorent ici le rythme sophistiqué qui caractérise ce morceau. La fin du solo de McLaughlin, comme la fin du morceau, se termine avec trois répétitions du même motif, ce qui est appelé en Inde du Sud un Tihai.


Texte sur l'influence indienne dans le jazz tiré de :
http://lindajozefowski.files.wordpress.com/2013/01/interactions-entre-la-jazz-et-la-musique-indienne.pdf




Le jazz-rock ou fusion

Le terme est apparu à la fin des années soixante. Il traduit l'influence de la musique rock sur certains jazzmen. C’est un mouvement hétérogène dans ses diverses configurations et extensions, qui s'est développé aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe.

JAZZ ROCK

Face au succès de ces musiques binaires, le jazz tente une synthèse entre électronique et virtuosité, énergie et séduction, au risque parfois de sombrer dans la mièvrerie ou l'excessive sophistication mélodiques.

Le jazz rock, rebaptisé fusion dans les années 80, atteint des sommets avec son initiateur Miles Davis, puis le groupeWeather Report, composé du saxophoniste ténor et soprano Wayne Shorter, du virtuose de la basse électrique Jaco Pastorius et du maître des synthétiseurs Joe Zawinul. Chick Corea fonde Return to Forever, Tony Williams dirige Lifetime, John McLaughlin le Mahavishnu Orchestra, les frères Michael et Randy Brecker, redoutables poly-instrumentistes, honorent commande sur commande, le guitariste Pat Metheny accumule les succès commerciaux, Herbie Hancock triomphe avec Rock It :



Toutes les grandes maisons de disques se ruent sur ce nouveau concept qui, à l'instar du swing, s'adapte parfaitement aux radios et donne naissance à quelques perles et à beaucoup de déchets.


FREE FUNK

Parallèlement au rock mais souvent plus pertinemment, le funk inspire des artistes comme Ornette Coleman, comme le guitariste James Blood Ulmer, le batteur Ronald Shannon Jackson, le tromboniste Joseph Bowie et son groupe Defunkt, le bassiste Jamaaladeen Tacuma. Tout en intégrant des éléments rock ou funk comme le martèlement percussif et la puissance des instruments électriques, ils refusent souvent les complaisances commerciales.



Dans le même ordre d'idées, mélangeant rock, jazz, funk et pop, les New-Yorkais Arto Lindsay, Bill Laswell et son groupe Material, James Chance, John Lurie et ses Lounge Lizards deviennent, au début des années 1980, maîtres dans l'art de la parodie, du détournement et de l'expérimentation.





Bill Evans met en garde : “Beaucoup de jeunes interprètes préfèrent aujourd’hui transporter avec eux un piano électrique qui sera de toute façon inférieur à un bon piano moyen. C’est dangereux dans la mesure où ils contribuent ainsi à la promotion d’un instrument qui n’en vaut pas la peine.”



Caractéristiques :
— Instruments électroniques amplifiés (piano Fender Rhodes, synthétiseurs).
— Rythme rock ou funk, prédilection pour le binaire.
— Harmonies du jazz moderne dans l'improvisation et l’accompagnement.
— Usage des formes du rock et du funk.
— Influence du rhythm and blues sur certaines formations.
— Émancipation de la section rythmique.


Points de mémoire :
— 1968 : Miles Davis : « Filles de Kilimanjaro ».
— 1969 : Miles Davis : « In A Silent Way » & « Bitches Brew »
— 1971 : fondation de « Weather Report » par Joe Zawinul.


Principaux musiciens et groupes :

* États-Unis :
— Herbie Hancock et les « Headhunters »
— Wayne Shorter, Joe Zawinul et « Weather Report »
— Chick Corea, Lenny White et « Return To Forever »
— Tony Williams et « Lifetime »
— Larry Coryell et « The Eleventh House »
— Et aussi : Carla Bley - Mike Mander - Billy Cobham - Steve Gadd - Alphonse Mouzon - Blood, Sweat And Tears - Frank Zappa - Jaco Pastorius - The Crusaders - Spyro Gyra - Stanley Clarke - Pat Metheny - Marcus Miller...

* Angleterre :
— John McLaughlin et « Mahavishnu Orchestra » (Birds of fire)
— Jack Bruce
— Soft Machine.

* Europe continentale :
Jean-Luc Ponty - Christian Vander et « Magma » - Terje Rypdal.


Prolongements :
— Jazz fusion (« The Brecker Brothers »).
— Free funk (James Blood Ulmer, Luther Thomas, Joe Bowie).
— Ornette Coleman et le « Prime Time Band ».
— M'Base (Macro-Basic Array Of Structured Extemporisation) (Steve Coleman).


Sélection discographique :
— Caria Bley : « Escalator Over The Hill », 1968-1971.
— Larry Coryell : « Spaces », 1969.
— John McLaughlin : « My Goal's Beyond », 1970.
— Mahavishnu Orchestra : « Meetings In The Spirits », 1971.
— Return To Forever : You're Everything, 1972.
— Herbie Hancock : Watermelon Man, 1973.
— Mike Mander : « No Answer », 1973
— Weather Report : « Back Market », 1975.
— Stanley Clarke : « Joumey To Love», 1976.


Deux groupes représentatifs :

Weather Report
Joe Zawinul, Wayne Shorter et Miroslav Vitous fondent le prestigieux Weather Report.
En 1970, dans la mouvance des ensembles électriques comme ceux de Miles Davis ou de John McLaughlin, Joe Zawinul, Wayne Shorter et Miroslav Vitous se regroupent sous le nom de Weather Report. Leur idée est de mettre en commun leurs influences respectives, afin de créer une musique qui ne rentre a priori dans aucun style précis et échapper ainsi au cloisonnement. Ces musiciens travaillent notamment sur l'innovation en matière de sonorités en utilisant les dernières technologies instrumentales. Concernant le premier album qui porte le nom de la formation, il est enregistré en trois jours sous contrat avec la société Columbia. On y retrouve les batteurs et percussionnistes Alphonse Mouzon et Airto Moreira, mais ce dernier est remplacé par Dom Um Romao pendant la première tournée, alors qu'Eric Gravatt succède à Alphonse Mouzon en 1972 pour le second disque. Après le départ de Miroslav Vitous, Joe Zawinul et Wayne Shorter sollicitent Alphonse Johnson, puis Jaco Pastorius qui devient le bassiste du groupe, également compositeur et producteur, au moment où les disques de Weather Report deviennent très populaires. En dehors des membres réguliers, les invitations se font de plus en plus courantes : Mino Cinelu, Tony Williams, Steve Gadd, Omar Hakim, etc. Finalement, après que Jaco Pastorius ait quitté le groupe au début des années 80, Weather Report ne survivra que trois ans.

Return To Forever
Supergroupe formé par Chick Corea, Stanley Clarke et Al di Meola, Return To Forever est l'archétype de la formation jazz rock des années 1970. Les meilleurs exemples de cette fusion se retrouvent sur les albums Light As a Feather, Hymn of the Seventh Galaxy et Romantic Warrior, devenus des classiques. Réactivé en 2009, le vaisseau Return To Forever revient sur scène pour donner naissance au double album The Mothership Returns.
C'est après leur participation à la fabuleuse aventure des albums Bitches Brew (1970) de Miles Davis et Captain Marvel (1972) de Stan Getz, que se retrouvent le pianiste Chick Corea, le bassiste Stanley Clarke et le percussionniste brésilien Airto Moreira, accompagné de sa femme, la chanteuse Flora Purim.
Désireux de s'infiltrer dans la brêche jazz rock qu'il développe, Chick Corea explore ce nouvel univers musical dans l'album Return to Forever en 1972 (crédité à son nom), après une série de concerts au Village Vanguard. A la fin de la même année, les musiciens se retrouvent sous le nom de Return To Forever pour l'album Light As a Feather, deuxième coup de maître du supergroupe.
Pour l'enregistrement de Hymn of the Seventh Galaxy en 1973, la formation évolue : Airto Moreira et Flora Purim s'en vont, ainsi que le saxophoniste et flûtiste Joe Farrell (présent sur les deux albums précédents), tandis qu'arrivent Mingo Lewis et Steve Gadd, remplacé à son tour par Lenny White. Ces changements sont sensibles à l'écoute de ce disque de référence. Le guitariste prodige Al di Meola entre en 1974 lors des séances de Where Have I Known You Before, davantage orienté vers le rock, suivi de No Mystery en 1975.
En 1976, Return To Forever aborde la thématique du moyen-âge dans Romantic Warrior (sa plus forte vente), avant de nouveaux changements de personnel. Corea et Clarke retrouve Farrell et de nouveaux musiciens sur Musimagic (1977) où la magie a tendance à s'effacer. Le double Return to Forever Live paraît début 1979, suivi d'une tournée en 1983.
Vingt-cinq ans après sa séparation, Return To Forever se réunit pour une longue série de concerts donnant lieu au double album The Mothership Returns, avec Chick Corea, Stanley Clarke, Lenny White, le guitariste australien Frank Gambale et le violoniste français Jean-Luc Ponty.





Le jazz rock a dominé le courants du jazz des années 70 sans toujours parvenir à s’éloigner des contingences commerciales.


Dès les années 1960, le label Motown a été déterminant pour la diffusion de la "black music" surtout de soul et de rhythm and blues (ou R'nB'). Un sous-label sera plus particulièrement consacré au jazz-funk : MoJazz. Un des avatars de la fusion est le smooth-jazz qui se mêle à diverses influences (techno, trip-hop, orientalisme...).




Finalement, après 1960, le jazz se mondialise et devient polymorphe.


À lire aussi : http://www.nikkojazz.fr/2009/05/le-jazz-apres-1960.html

Le paragraphe sur le rock et la pop est tiré de :
Histoire de la Musique, Pernon, éd. Jean-Paul Gisserot, 1998