Xu Yi - Le plein du vide



Philosophie de l'oeuvre



Le taoïsme
道教


“Le plein du vide” est inspiré par des textes taoïstes de Tchouang-tseu (Zhuangzi).

Ce philosophe du IVe siècle avant J.-C. est une importante source d’inspiration pour Xu Yi.







Le Vide...


La notion de vide est intimement liée à la notion d'être. Le vide est l'absence de matière, l'absence d'être. Mais peut-on parler du vide comme d'une entité en soi, ou uniquement comme une absence. Parménide disait « l'être est, le non-être n'est pas » ; le vide est-il de l'être ou du non-être ?

Le statut du vide varie beaucoup selon les cultures. Leucippe, lorsqu'il imaginait la division de la matière, concluait que l'on arrivait à une particule indivisible (a-tomos, l'atome), sinon on arriverait au vide ; il était inconcevable pour lui que la matière pût être faite de vide.

Ainsi, lorsqu'un européen voit un verre, il voit d'abord la matière, sa forme ; un taoïste y verrait d'abord le vide qui le rend utile (qui permet d'être rempli). Le vide taoïste est conçu comme un potentiel, quelque chose qui attend d'être rempli, et par extension d'être réalisé : c'est l'esprit vide de pensée dans lequel peuvent naître les idées, c'est le blanc de la feuille qui attend d'être dessiné (voir Taoïsme : Plénitude du vide et autres paradoxes).


Le paradoxe : la plénitude du Vide !


Pour « trouver la Voie », un des moyens possible est l'utilisation des paradoxes. Ils sont très nombreux dans le Dao De Jing et frisent souvent la provocation : c'est sans sortir de chez soi qu'on connaît le monde, c'est en ne sachant pas qu'on sait, c'est quand on agit le moins que son action est la plus efficace, etc.

Le but de ces paradoxes est de briser la pensée conventionnelle, de détacher des liens logiques, voire de casser les significations des mots et d'inverser leurs valeurs.


C’est le Vide qui permet d’atteindre la vraie plénitude. Partout, le Plein fait le visible de la structure, mais le Vide en structure l’usage.

Le Vide est donc à l’origine de tout. D’autre part, dès qu’une chose se crée le Vide structure le Plein. En musique, c’est donc d’abord le silence à l’origine de la partition, les silences structurels à l’intérieur de la pièce, et la structure elle-même, l’ossature. Les éléments tels que les notes et les rythmes appartiennent au Plein.



Tout le monde connaît le symbole du yin et du yang, sans toujours en comprendre le sens. On retient souvent les oppositions. Mais il faut les comprendre comme complémentaires.


@ Yin-Yang - Wikipédia



Le Dao De Jing 
Le Dao De Jing (ou Tao Te Ching, Livre de la Voie et de sa Vertu), attribué au père fondateur du courant : Lao Zi (Lao-tseu). Ce court recueil d'aphorismes obscurs et poétiques est reconnu comme l'un des textes spirituels majeurs de l'humanité. Ses très nombreuses traductions et interprétations, parfois fort divergentes, illustrent la richesse et la fluidité insaisissable de la pensée taoïste. Bien qu'il soit délicat d'énoncer avec clarté et objectivité l'enseignement de Lao Zi, la lecture du Dao De Jing permet de découvrir les principaux thèmes du taoïsme et offre une riche matière à la méditation.


Le “non-agir” ou “laisser faire”...


Le « laisser-faire » (ou wu-wei, 無為) au sein de l'individu, a une grande portée et le taoïsme s'attache à cultiver l'efficacité particulière qui découle de l'absence d'intentions.

C’est le non-agir qui, loin d'être synonyme d'indolence, de passivité ou de repli, définit l'action en tant qu'elle est conforme à la nature des choses et des êtres.

Il faut suivre la Voie... Le concept central de la philosophie de Zhuangzi est le Dao (道) que l'on peut définir comme le cours naturel et spontané des choses.

Ceci rejoint les ambitions des compositeurs spectraux... qui veulent explorer la nature même du son (le son de l’intérieur, d’un point de vue microscopique) et laisser celle-ci paraître à grande échelle au niveau de la musique elle-même (point de vue macroscopique). C’est pourquoi la pièce Le plein du vide présente un matériau musical de départ qui va subir des transformations successives au grès du temps (ce qui tronçonne l’oeuvre en plusieurs sections repérables au nombre de 5).

à voir : le taoïsme (compilation internet)




Le Yi-King


Le Yi King est un recueil d’oracles de la Chine ancienne (ce n’est pas un vrai livre). Le Yi King est le reflet, en miniature, de tout l’Univers. Il y a 64 hexagrammes dans ce recueil qui ont une valeur d’oracle.
Xu Yi fait correspondre les 64 hexagrammes à l’ensemble des notes en quart de ton d’un grand orchestre.

D’après le site www.astrolim.com 
Le livre du Yi King, ou le livre des changements et des transformations, est l'un des livres les plus anciens de la Chine.. Ce livre contient une grande partie de la sagesse des prophètes chinois, ceux-ci, après avoir observé pendant des milliers d'années les changements survenus dans notre univers, ont pu tirer certaines conclusions sur les événements de notre vie quotidienne. Yi King est un art divinatoire. Il permet d'apporter des réponses à toutes sortes de problèmes de notre vie de tous les jours, comme par exemple: dois-je divorcer ? est-ce que j'ai une chance de trouver du travail ? mon commerce, va-t-il être prospère ? est-ce que je vais réussir mon examen ? dois-je investir dans cette entreprise ? Il peut également nous indiquer le chemin à prendre pour sortir d'une impasse.


Il existe 8 trigrammes de base :

Chaque trigramme représente symboliquement (de gauche à droite) :
Ciel, Terre, Tonnerre, Eau, Montagne, Vent, Feu, Lac


Les trois traits des trigrammes sont soit yin, soit yang (trait continu ou trait divisé). En doublant les trigrammes (en en superposant 2 l’un sur l’autre), on obtient alors des hexagrammes, et 64 combinaisons d’hexagrammes sont alors possibles (8 fois 8).
Xu Yi utilise 192 hauteurs de notes dans le Plein du Vide (incluant les ¼ de tons). Elle fait correspondre chacun de ces 64 hexagrammes à trois notes (incluant les ¼ de tons). Un hexagramme pouvant représenter 3 notes possibles, on obtient la totalité des 192 notes utilisées (64 x 3 = 192)



Les 64 hexagrammes du Yi King disposés en cercle, avec les mêmes hexagrammes disposés en carré, dans une représentation traditionnelle.

Le yi-king pour l’élaboration des hauteurs...

Correspondance des 64 hexagrammes du Yi King avec les 192 hauteurs de notes utilisées dans Le Plein du Vide. (1 hexagramme=3 notes possibles)

Détail sur les hexagrammes :





Le Yi King aurait également servi à l’élaboration rythmique de la pièce :



En savoir plus sur le Yi-king sur le site de l'Association française des professeurs de chinois.
http://afpc.asso.fr
Voir aussi : Yi Jing - Wikipédia



Les signes de la partition



Les instruments




Les percussions :



+ 8 Haut-parleurs



Le plein du Vide est donc une oeuvre mixte

(mélange sons acoustiques et sons électriques)



Disposition des musiciens :