Richesse instrumentale de la musique baroque








I°) Les flûtes

Et oui, j’écris les flûtes. Car elles sont nombreuses. Et si depuis le XIXème, il nous reste quelques flûtes traversières, la période baroque en connaît quelques unes de plus.


1°) Les flûtes a bec


La famille des flûtes a bec essaie de meubler une tessiture assez vaste afin de jouer en famille.

En bois ou en ivoire, le son est produit par le filet d’air qui frappe le biseau (la fente se nomme "lumière"). Au XVIIème siècle, on distingue 3 parties : le bec (le sifflet), le corps et le pavillon. Ainsi nous trouvons : la flûte a bec soprano, alto, ténor et basse, la flautino et la flûte de voix. La flûte alto est en fa - c’est celle qui va peu a peu se généraliser. Elle sera partout : en concert, en musique de chambre, à l’église ou à l’opéra. Nous la trouvons sous les appellations suivante : flûte douce ou flauto dolce. Elle connut de très grand succès en Allemagne.

Pour les flûtes soprano, ténor et basse existent dans diverses tonalités (et portent diverses dénominations qui peuvent rendre quelque peu confuse la tentative de classement : fifth flute, quart flote, flûte de six…, j’en passe).

La flautino est une flûte a bec sopranino utilisée presque uniquement par les italiens (voir Vivaldi), mais Bach l’a intégrée a certaines de ces partitions de cantates.

Le flageolet cet instrument populaire français migra en Angleterre.




******** Le répertoire ********
C. Monteverdi : Orfeo
H. Schutz : Historia von der Geburt Jesu Christi, Jubilate Deo (in Symphonia Sacrae I )
Purcell : Anthems, odes
Haendel : Fitzwilliam Sonatas, Sonates en Trio, Concerto Grosso op. 3/1, Suites pour Orchestre
J.H. Schmelzer : Sonata a sette
H. I. Fr. von Biber : Sonata pro Tabula
A. Vivaldi : les pièces sont très nombreuses - Trios, Sonates, Quatuors, Quintettes, 7 concertos. Et ce sont souvent des oeuvres très difficiles à exécuter.
A. Corelli : La Follia, Concerto Grosso
J.S. Bach : dans les sinfonie instrumentales de ses cantates, dans la Passion selon saint Matthieu
Sans compter tous les autres : C. Graupner, J. Loeillet, Ch. Dieupart, G.B. Bononcini, J. Chr. Pepush, A. Scarlatti, B. Marcello, G.B. Sammartini, A. Danican Philidor, T. Arne, G.P. Telemann. j’arrete la liste, sans cela vous aller prendre peur ;-)
++++++++++ Pour bien profiter ++++++++++
Chez Deutsch Harmonia Mundi : G.F. Haendel : sonate en la m. pour flute a bec et continuo op. 1 n° 4 ; in L’Allemagne Baroque ; ref. : 74321 18656 2
Chez Seon : Jacques Hotteterre : Integrale de la musique pour vent ; ref. : 01-062942-10 ( 2 CD ; distribue par Sony)
Chez Harmonia Mundi France : J.S. Bach : Trois Suites pour flute a bec ; Soliste : M. Verbruggen ; ref. : HMU 907071
Chez Harmonia Mundi France : G.F. Haendel : Integrale des sonates pour flutes a bec et basse continue ; M. Verbruggen, T. Koopman, J. ter Linden ; ref.: HMU 907151

2°) Les flûtes traversières

Elle est totalement présente a la fin du XVIIeme et c’est la France qui l’accueillera le plus chaleureusement (elle porte a cette époque le nom de flûte d’Allemagne). Il s’agit d’une flûte à une clé et en ré. Il en existe aussi en sol.

Elle est en bois, en ivoire - mais on en trouve aussi en matière plus précieuse.

Autre flûte oubliée de nos jours : la flauto terzetto, une flûte en fa. Sa tessiture se rapproche de la flûte a bec alto. Graun composa un concerto pour cet instrument.

Le piccolo nous arrive durant la première moitie du XVIIIeme. Il se rapproche du flautino italien. En France on l’utilise à l’opéra ou les ballets.



******** Le répertoire ********
J.B. Lully : Le Triompe de l’Amour
P. Colasse : Cantiques Spirituels
M. de La Barre : Pieces pour flute traversiere
Jacques Hotterre le Romain : Ecos (pour fulte solo), Suites
F. Couperin : Concert Royaux
J.P. Rameau : Pieces de Clavecin en Concert
J.M. Leclair : 2eme recreation en musique
J. Bodin de Boismortier : Concerts pour 5 flutes,
H. Schutz : Psaume 113
G. F. Haendel : Les Sonates de la Halle
J.S. Bach : le catalogue est trop imposant pour toutes les citer - nombreuses sonates, l’Offrande Musicale, la Suite en si m. BWV 1067, le Concero Brandebourgeois n° 5 BWV 1050, le Triple Concerto en la m. BWV 1044.......
J.J Quantz : dont l’oeuvre est essentiellement consacree a la flute traversiere ( voir le message de Francois)
Et les autres : M. Corrette, L. Caix d’Hervelois, L.G. Guillemain, J. Touchemoulin, Fr. Devienne, A. Scarlatti, A. Vivaldi, G.B. Pergolese, G.B. Bonincini, P. A. Locatelli, G.B. Sammartini, J. Loeillet, Fr. Mancini, L. Boccheini, G. Paisiello, G.P. Telemann, J.A. Hasse, Frederic II de Prusse, W.F. Bach, J.C. Bach, C.F. Abel, L. Boccherini, D. Cimarosa, C. W. Gluck, M. Haydn, W.A. Mozart........ Et je sens que je n’aurai sans doute pas cite votre compositeur fetiche, mais la aussi la liste est longue, tres longue.


++++++++++ Pour bien profiter ++++++++++
Chez Philips : Corrette : Huit concertos comiques ; Ref. : 456 017-2, collection L’Age d’Or du Baroque
Chez Ades : Corrette : Concerts et Concertos Comiques ; Ensemble Stradivaria, dir. : D. Cuiller ; ref. : 205432 AD 750
Chez Seon : Jacques Hotteterre : Integrale de la musique pour vent ; ref. : 01-062942-10 (2 CD ; distribue par Sony)
Chez Naxos : J. Bodin de Boismortier : Ballets de Village et Serenades, Le Concert Spirituel, dir. : H. Niquet ; ref. : 8.553296

3°) La flûte à l’oignon ou flûte eunuque

Elle est formée d’un corps a 3 trous - qui n’interviennent nullement sur la hauteur des sons. Seuls les sons produits par la langue sont amplifies par le volume de l’instrument et la languette de cuir - qui rappelle la peau d’oignon. C’est donc une sorte de mirliton qui se joue en ensemble a quatre ou cinq partie et qui tente d’imiter les ensembles vocaux.

Ces instruments font appel a ce que l’on appel la brisure de l’air - l’air passant sur un biseau donne le son. - et a la perce cylindrique. Attention, les flûtes à bec et les flûtes traversières ne sont nullement liées entre elles. Je m’explique. Il est faux de penser que la flûte à bec donna naissance à la flûte traversière. Elles pouvaient jouer ensemble au sein de même famille - comme dans les consort anglais. Mais, il est a remarquer que si la famille des flûtes à bec fut un peu plus nombreuses (jusqu’a 8 selon les époques), c’est la flûte traversière qui traversa les siècles.

Si l’histoire des flûtes vous intéresse plongez-vous dans le Mersenne et son Harmonie Universelle - édité par le CNRS - vous verrez, vous pénétrerez un monde fabuleux.


II°) Les anches

Avec les anches nous attaquons une famille plus complexe. Anches simple ou double, muni ou non d’une sorte de réserve, il eurent les faveurs du public de l’époque des Lumières avant que de tomber dans un oubli des plus total. L’anche est une petite palette de roseau plus ou moins fine. Si elle est double, ce sont deux lamelles accolées. Pour la faire sonner correctement, il faut prendre en compte : le bois – un bon roseau comme on dit -, la longueur, la largeur et l’épaisseur de la palette. Elle est mise en vibration par les lèvres ou enfermée dans une capsule puis parfois le tube - comme pour les hautbois. La perce est le plus souvent conique.

1°) Les anches simples

a) Les Chalumeaux

Cet instrument semble remonter assez loin dans le temps. De perce cylindrique. Il possède deux clé et existe en plusieurs tailles : soprano, alto, ténor et basse. S’il a connu le succès durant le XVIIeme siècle, il reste pratique jusqu’au milieu du XVIIeme avant de disparaître. Telemann, Vivaldi ou Graun font appel a lui.

b) Les Clarinettes

Apparues vers 1700/1704, et mis au point par le facteur Johann Christoph Denner. C’est cet instrument qui remplaça le chalumeau.
Pourtant, si Rameau lui offre l’opportunité de s’exprimer au sein de certaines de ses partitions (première parution dans Zoroastre - 1749), ce n’est qu’à la période classique qu’elle trouvera sa place.


******** Le répertoire ********
Rameau : Zoroastre, Arcante et Cephise (1751)
J.M. Molter : 4 concertos
K. Stamitz : 11 concerto
W.A. Mozart : largement exploite, les compositions pour cet instrument sont nombreuses a son catalogue, Quintette, Concerto (KV 622), Air de Sesto dans la Clemence de Titus,le Trio Kegelstatt en Mi M. KV 498, en duo abec le cor de basset, divertissements, symphonie concertante....
Autres compositeurs : C.M. Weber, L. Spohr...

++++++++++ Pour bien profiter ++++++++++
Chez Hyperion : Albinoni et Vivaldi, Concertos pour vents ; The King’s Consort, dir. : R. King, Hautbois solo : P. Goodwin ; ref. : CDA66383
Chez Philips : les volumes 4 et 5 de l’integrle de Mozart par l’ensemble de l’Academy of Saint Martin in the Fields, dir. : N. Mariner, le Holliger Wind Ensemble et le Netherlands Wind Ensemble ; ref. : 422 504-2 ( 5 CD) et 422 505-2 (6 CD)
Chez Philips : le volume 9 , Les Concertos pour Instruments a vent ; ref. : 422 509-2 ( 5 CD)

c) Les Cors de Basset

Nous le trouvons sous la dénomination de : basset horn, corno di bassetto.
Sa forme est semblable a celle de la clarinette alto. Mais sa perce est plus étroite que celle de la clarinette. Puis plus tard, les facteurs lui donnèrent un pavillon en cuivre. Il est accorde une quarte en dessous de la clarinette en sib.
Mozart se fit le champion des cors de basset. Il est à remarquer que R. Strauss pensa au cor de basset lorsqu’il composa son Elektra.


******** Le répertoire *******
W.A. Mozart : Serenade pour instrument à vent en sib KV 370, Requiem
Beethoven : solo dans les Creatures de Promethee

2°) Les anches doubles

a) Le Hautbois

Nous sommes également en présence d’une famille. Elle se développe à la fin du XVIIeme siècle. Instrument d’orchestre par excellence, présent dans les musiques militaires, il rentre rapidement dans le répertoire de la musique de chambre et d’église. Bach l’apprécie au plus haut point.

Dans les "bandes de Hautbois", nous trouvons la taille de hautbois, qui est un hautbois alto en fa typiquement français. Il existe un hautbois contrebasse mis au point par le facteur parisien Delusse.

Le cor anglais sonne une quinte au dessous du hautbois (en fa) et est considéré comme tenant la partie d’alto. Son pavillon est piriforme. Son corps en bois est souvent recouvert de cuir.

Le hautbois d’amour est, lui, allemand. Très en vogue durant le XVIIIeme siècle, il sonne une tierce plus bas que le hautbois normal. Il développe un son chaud. Il tient souvent la place de soliste dans la musique de chambre, mais il fait aussi un excellent partenaire pour les chanteurs dans l’exécution de cantates.

Le Oboe da caccia est un instrument assez étrange. Il est forme de deux corps - une courbe et un pavillon métallique maintenu par une "feuille de cuir" - et fut mis au point par Eichentopf. Il sonne une quinte plus bas que le hautbois normal (et calque ainsi son ambitus sur le hautbois en fa).


********Le repertoire********
Il participe aux ceremonies, joue des musiques de tables, des divertissements, des suites et le repertoire militaire.
J.B. Lully : dans ses scenes alpestres, l’Amour Malade (1ere apparition dans un orchestre en France)
M.R. De Lalande : en solo dans ses motets
F. Couperin : Les Concerts Royaux, Les Gouts Reunis
J. Bodin de Boismortier : 6 Sonates en Trio op. 28, Concerto a 5 partie op. 37
T. Albinoni : 12 concertos op. 7, 8 concertos de l’op. 9
A. Marcello : 6 concertos de la Cestra
A. Vivaldi : 11 concertos
J.S. Bach : Concerto brandebourgeois n° 2
G.F. Haendel : 16 sonates, 3 concertos
Sans oublier : J. Hotteterre, J. Philidor, C. Besozzi, G.P. Telemann, J.C. Bach, J.C. Fischer, J. et K. Stamitz, K. Ditters von Dittersdorf, D. Cimarosa, G. Sammartini.........

++++++++++ Pour bien profiter++++++++++
Chez Philips : Corrette : Huit concertos comiques ; Ref. : 456 017-2, collection L’Age d’Or du Baroque
Chez Ades : Corrette : Concerts et Concertos Comiques ; Ensemble Stradivaria, dir. : D. Cuiller ; ref. : 205432 AD 750
Chez Hyperion : Albinoni et Vivaldi, Concertos pour vents ; The King’s Consort, dir. : R. King, Hautbois solo : P. Goodwin ; ref. : CDA66383
Chez Hyperion : Telemann : Musique de Table ; The king’s Consort, dir.: R. King, hautbois : P. Goodwin, C. Latham ; ref. : CDA66278
Chez Philips : J.M. Leclair, A. Marcello, A. Vivaldi, G.P. Telemann ; le Stattkapelle Dresden, dir. : V. Negri, soliste H. Holliger (on peut profiter du hautbois et du hautbois d’amour)
Chez Harmonia Mundi France : J.B.Lully (Le Bourgeois gentilhomme, Les Nopces de Village, Cadmus et Hermione) et A. D. Philidor (Le Mariage de la Grosse Cathos) ; London Oboe Band, dir. : P. Goodwin, ref.: HMU907122 (pour avoir une petite idee de ce que donnait une bande de petits et grands hautbois)
Chez Naxos : J. Bodin de Boismortier : Ballets de Village et Serenades, Le Concert Spirituel, dir. : H. Niquet ; ref. : 8.553296


b) Les Bassons

C’est au XVIIeme siècle qu’il connut une très nette évolution. Et si Michael Praetorius nous présente pas moins de huit modèles, la famille s’est considérablement réduite par la suite. Nous trouvons trace du : fagottino (soprano) en ut, piccolo (alto ou tenor) en sol, le basson quarte en fa ou en sol.

Héritier de la dulciane, il est de perce cylindrique, en forme de U et initialement forme de 3 pièces séparées (actuellement, il est forme d’un pavillon, une grande branche, une culasse, une petite branche et un bocal qui reçoit l’anche). Instrument très virtuose au cours des XVII et XVIIIeme siecle, il fut souvent associe aux violons, cornets ou trombones. Le XVIIIeme siècle lui reconnaît sa position de concertiste et de chambriste qui en fait un instrument choyer des compositeurs. La première partition lui étant dédiée est de Fray Bartolome de Selmay y Salaverde : La Fantasia basso solo (1638).

De tessiture plutôt basse, il fait le compagnon idéal du hautbois, mais est également utilise dans les continuo (B. C.) pour remplacer le clavecin ou le violoncelle. Il est a remarquer qu’il est systématiquement mis a contribution dans la musique religieuse.

On peut le trouver sous la dénomination de "fagott" ou de "dolcesouno".

Beaucoup plus rare, il existe des bassons de tessitures un peu plus aiguë : le "Quint Fagott"

Par contre, le contrebasson est lui bien présent (en Allemagne présence attestée en 1714, arrive peu de temps après en France). Il travaille dans le registre de la contrebasse. J.S. Bach l’utilise dans une de ses versions de sa "Passion selon Saint Jean" et Handel, dans sa "Fireworks musik". Il est appelé "fagotto grosso".



********Le répertoire********
B. Marini : Les Affetti musicali op.1 et l’op. 8
G.F. Haendel : Sonate en trio
J. Bodin de Boismortier : 23 Sonates pour 2 bassons
M. Corrette : Le concerto "Le Phenix", des sonates
Fr. Devienne : Sonates, 6 concertos, 6 symphonies concertantes
A. Vivaldi : 37 concertos (que les mauvaises langues disent repliqués), 17 concerto pour plusieurs instruments
G.P. Telemann : 5 concertos pour plusieurs instruments
C. Stamitz : 4 Concertos, le Double Concerto, la Symphonie Concertante....
On le trouve également chez : J.B. Lully, M. R. De Lalande, F. Couperin,
Et pour le plaisir de les citer : J.P. Guignon, J.M. Molter, L.Boccherini, F.J. Haydn, E. Ozi

++++++++++ Pour bien profiter++++++++++
Chez Accent : Corrette : Les Delices de la solitudes ; J. Bodin de Boismortier : sonates ; Basson : D. Bond, violoncelle : R. van des Meer, Clavecin : R. Kohnen ; ref. : ACC 58331D
Chez Philips : Corrette : Huit concertos comiques ; ref. : 456 017-2, collection L’Age d’Or du Baroque
Chez Ades : Corrette : Concerts et Concertos Comiques ; Ensemble Stradivaria, dir. : D. Cuiller ; ref. : 205432 AD 750
Chez White Label : J.C. Bach, 2 Concerto en Mib M.; J.N. Hummel, concerto en Fa M.; Liszt Ferenc Chamber Orchestra, dir. : J. Rolla ; Budapest Symphony Orchestra, dir. : G. Lehel basson J. Vajda, G. Janota ; ref. : HCR 041 (distribue par Harmonia mundi France)
Chez Philips : 6 concertos pour basson, RV 741, 481, 493, 496, 500 et 504 ; I Musici, Basson : K. Thunemann ; ref. : 432 124-2.
Chez Philips : 6 concertos pour basson, RV 785, 473, 503, 483, 497 et 492 ; I Musici, Basson : K. Thunemann ; ref. : 416 355-2.
Chez Naxos : J. Bodin de Boismortier : Ballets de Village et Serenades, Le Concert Spirituel, dir. : H. Niquet ; ref. : 8.553296
Chez Adda : E. Ozi : Concert n° 5 op. 11 en Fa M. et Symphonie concertant n° 2 op. 7 en Ut M. et n° 3 op. 10 en Fa M. ; Orchestre de
Chambre de Nimes, dir G. Dervieux, basson : A. Ouzounoff, hautbois : C. Villevieille ; ref. : 590057


c) les instruments plus rares


1 - Le Cervelas
Apparaît sous le nom de "Rackett", passe par l’Allemagne, avant de se répandre en France au XVIIeme siècle. Son tuyau, replie plusieurs fois sur lui même est enferme dans une boite de bois recouverte de cuir ou d’ivoire. Sa sonorité douce et grave permit de l’associer aux vents et cordes. Mais il disparut face au basson, dont la diversité sonore et la puissance étaient plus importantes.

2 - La Chalemie
C’est en fait le dessus de la famille des bombardes. Elle tentera de cohabite quelques temps avec le hautbois. Mais du, elle aussi s’effacer devant un instrument plus performant.



3°) Les anches encapsulées

Dans ce type d’instruments, le musicien ne peut maîtriser l’anche, donc la justesse directe. Il lui reste le contrôle de la pression de l’air. Ce genre d’instrument ne peut octavier, dont leur tessiture est réduite. Les rôles pastoraux lui sont dévolus.

a) Le Hautbois du Poitou

Présents dans la clique de la Grande Ecurie, le hautbois du Poitou est une sorte de cornemuse, à laquelle il est souvent associe.

b) La cornemuse

Elle est également utilisée par les musiciens de la Grande Ecurie - jusqu’à la fin de règne de Louis XIV (soit 1715 environ). Le nombre de tuyau varie suivant les lieux et l’époque. Cette diversité lui permet de jouer dans différentes tonalités mais aussi de choisir le style de jeu.
L’air est insuffle par le porte-vent. Le tuyau mélodique est celui nomme hautbois (tessiture comprise entre la et ré). Le bourdon sonne pour sa part 2 octaves en dessous et est porte sur l’épaule. C’est l’instrument pastoral par excellence.
En Europe du nord, existe un instrument un peut plus grand - et qui, de ce fait, sonne un peu plus haut (entre mi et sol) et comporte deux bourdons.

c) La Musette

Elle connaît un franc succès au XVIIIeme - tout comme la vielle a roue. L’influence campagnarde - retour au source prônée par nombre de philosophes - la fait adoptée par les aristocrates. Cet instrument est un peu plus évolue que les précédents. Les bourdons peuvent être accordes différemment et la mélodie exécutée sur un ou deux tuyaux (appelés cette fois "chalumeaux" car leur perce est cylindrique). Ainsi la tessiture s’agrandit, la justesse s’améliore et l’on peut exécuter des chromatismes.
Rapidement elle fait sa place au sein des musique de chambre, en accompagnement des cantates, mais aussi a l’opéra. Instrument chéris des aristocrates et de la noblesse, la musette comporte une enveloppe très souvent richement décorée - c’est a qui rivalise de tissus (soie notamment) richement brodes - or, matières précieuses, ivoire.....



********Le repertoire********
J.B. Lully : Les plaisirs de l’Isle Enchantee, Alceste
M. Marais : Semele
A. Campra : Les Ages, Les Muses, Idomenee
J.J. Mouret : Les Amours des Dieux
M. Pignolet de Monteclair : Les Fetes de l’Ete, Jephte
J. Aubert : La Reine des Peis
J. Bodin de Boismortier : Les Voyages de l’Amour, Ballets de Village,
Divertissements de Campagne, Gentillesses, Les Loisirs du Bercail
J.M. Leclair : Scylla et Glaucus
J.P. Rameau : Hippolyte et Aricie, Les Indes Galantes, les Fetes d’Hebe, Le Temple de la Gloire...
Jacques Romain Hotteterre : 3eme Suite de pieces a deux dessus,
Pieces par accors
Jean. Hotteterre : La Nopcechampestre
N. Chedeville : Les Deffis ou l’etude Amusante, Les Variations Amusantes, Les Impromptus de Fontainebleau, Il pastor Fido (signe Vivaldi, mais aujourd’hui atteste comme etant de N. Chedeville)
M. Corrette : Concertos Comiques, Le Concerto "Le Berger Fortune", Fantaisies
++++++++++ Pour bien profiter++++++++++
Chez Ades : Corrette : Concerts et Concertos Comiques ; Ensemble Stradivaria, dir. : D. Cuiller ; ref. : 205432 AD 750
Chez Linn : N. Chedeville : Les Saisons Amusantes ( d’apres A. Vivaldi) ; Palladian Ensemble ; ref. : CKD 070 (ou vous pouvez decouvrir la sonorite de la trompette marine - instument cheri de Moliere, aujourd’hui completement oubli et faisant partie de la famille des cordes et rattache a la Grande Ecurie)
Chez Philips : Rameau : Les indes Galantes - Suite ; orchestre du XVIIIeme siecle, dir. : F. Bruggen ; ref. : 438 946-2
Chez Seon : Jacques Hotteterre : Integrale de la musique pour vent ; ref. : 01-062942-10 (2 CD ; distribue par Sony)
Chez Naxos : J. Bodin de Boismortier : Ballets de Village et Serenades, Le Concert Spirituel, dir. : H. Niquet ; ref. : 8.553296

Pour terminer cette découverte sonore de la palette multicolore baroque, dont il nous manque pas mal d’éléments, je vous conseillerais d’emmener vos oreilles faire un p’tit tour avec le CD suivant :
Guide des instruments baroques, Ricercar Consort, chez Ricercar, ref. : RIC 93001
Ce coffret de 3 CD regorge de sonorités merveilleuses et d’instruments étranges a nos oreilles et pourtant utilises durant cette période baroque.

II°) La voix

Les compositeurs de cette période détiennent des moyens d’expression d’une richesse incroyable - et souvent "passés au oubliettes" par la suite, pour une raison simple : une grande partie de la transmission se faisait oralement, de maître à élève (il faut se rendre compte qu’a partir du moment ou tous les ornements musicaux ont été notés et donc la musique a été théorisée, son évolution est cassée. Elle ne peut donc survivre.).
Nos oreilles du XXeme - et bientôt XXIeme - siècle ne sont guère habituées a les entendre, car nous vivons - en ce qui concerne la musique que Monsieur "Toutlemonde" dit Classique - sur les acquis du XIXeme et une conception de la musique qui reste très imprégnée du romantisme.
Il faut tout de même placer quelques points de repère qui me semblent nécessaires. La musique baroque se développe autour du concept suivant : La Théorie des Passions et des Etats d’âme (nous taquinons les idées très fin du XVIIIeme du Sturm und Drang ou Empfindsamkeit de CPE Bach). Mais il faut savoir que ces idées existent depuis l’Antiquité et traverses les temps sans prendre beaucoup de rides. Ainsi Platon pourrait se retrouver dans les propos de Descartes, qui lui-même se projette dans Mersenne ou Mathesson. La vie intellectuelle étant très intense, les philosophes se font théoriciens. Et les compositeurs viennent s’abreuver a leur source.
De ce laboratoire, ou le compositeur-alchimiste tente de doser savamment les sons et les mots, va naître l’opéra.
Nous pouvons remarquer des styles vocaux différents, lies a une zone géographique plus ou moins bien déterminée.


1°) Italie

Le premier nous amène vers les italiens, qui tire leur "savoir faire" du "Stile Moderno" ou "Seconda prattica" et les outils - souvent issus de la Renaissance : passaggi, trilli, groppi, tirate (que nous pourrions traduire par trait de virtuosité) et tous les ornements (esclamazione, ribattuta di gola,gorghe…). Je pense que toute une vie suffirait pour cerner tous les affetti présents ou non dans les partitions. Si le premier nom qui nous vient à l’esprit est celui de Monteverdi, il n’est pas le seul de cette période. La vie musicale de cette période est très riche.


2°) France

Les français puisent leur art dans ce que nous appelons "L’air de Cour" (Guédron, Boesset, Bataille…). Ce sont des partitions qui plairaient aux amateurs de formes libres. Je caractériserais ces pièces de musique en liberté. En effet la rythmique en est libre, tout comme l’emploi des barres de mesure. L’accent est surtout mis sur la ligne mélodique. Les compositeurs, dans leurs premières tentatives (car il faut tout mettre en oeuvre pour "barrer la route" aux italiens et a leur opéra), vont donc intégrer ces airs dans les opéra-ballets. Ici, nous sommes loin des ornements riches des italiens et sans doute plus proche du "parlare cantando" ou du "sprechgesang" - si je peux me permettre cet appel du pied.
Avec l’arrivée de Lully, les choses vont un peu changer. Il va tenter un mixage entre les deux styles. Prenant en compte la structure même de la poésie française (le vers mesuré et le schéma métrique de la versification), et les goûts de son Roi (le Roi est jeune et il aime danser, autant lui faire plaisir). Puis vieillissant, il change sa propre vision de sa personne a l’intérieur même du pouvoir politique, Lully lui offrira des tragédies lyriques - bon, je vais vite dans le processus, mais la aussi il y aurait de quoi faire ;-) ).
Personnellement je reproche beaucoup a Lully, car il avait obtenu nombre de monopole, et notamment celui de l’opéra et il tua ainsi toute réelle tentative de "nidification" qui aurait pu permettre l’éclosion d’un style beaucoup plus riche, car avec des apports différents.



3°) Angleterre

Les Anglais. Nous les oublions souvent - l’Eurostar n’existait pas encore -. Les anglais assimilèrent plutôt très rapidement le style italien. Et ils opèrent le fameux compromis tant rechercher par les français. Ainsi nous obtenons des œuvres alliant récitatif et air. Avec eux, la passion devient le maître mot, centre de préoccupation, objet de toutes les attentions.

4°) Allemagne

Pour leur part, les allemands subissent intégralement l’influence italienne. Bon nombre de leurs compositeurs font systématiquement un séjour en Italie pour parfaire leur éducation. Tout leur art réside en une adaptation a la langue allemande du style italien (pas toujours évident a cause de la guturalité).
Et les tous premiers grands compositeurs allemands qui ont connu l’Italie sont Heinrich Schutz et Hans Leo Hassler. On peut écouter "Les madrigaux Italiens" de Schutz dans un disque édité par Harmonia Mundi (Musique d’Abord : HMA 1901162) et quelques motets de Hassler composes sous l’influence italienne. Mais je crois que cette influence commence à se dissoudre avec le style "luthérien" qui est très loin de la jovialité italienne et dont la Missa Super Dixit Maria de Hassler est un exemple.


Pour clore ce petit chapitre sur la voix, nous pouvons faire la constatation suivante. Nous nous trouvons surtout en face de deux affrontements (je caricature un peu) : Italie-France (pire qu’un match de football !).

Afin de compléter ce début de voyage, voici quelques références discographiques (en complément de celles déjà fournies précédemment, notamment les livres coffret de la firme Harmonia Mundi France)



++ Generalites ++
=> L’Art d’Alfred Deller, La Musique vocale de la Renaissance et du Baroque, The Deller Consort, Vanguard Classics, Ref. : 08 9087 72 permet de bien entendre le passage entre la Renaissance et le Baroque)
=> Splendeurs du Baroque, Erato, Ref. : 4509-92877-2 (ou nous trouvons a la fois des oeuvres instrumentales et vocales)
=> L’Europe baroque, coffret de 4 C, Deutsche Harmonia Mundi (distribue par BMG), Ref. : 74321 18698 2 ( un coffret qui tente de faire le tour de ce monde, mais parfois les choix ne sont pas toujours judicieux)
=> Les Grands Maîtres de l’opéra : Haendel, Gluck, Hasse, Rameau, Monteverdi, Capriccio, Ref. : 17 586 8

++A++ Italie
Chez Naxos :
=> Lamenti barocchi, soloist of the Capella Musicale di San Petronio, S. Vartolo, 3 volumes, Ref. : 8.550877 ; 8.553318 et 8.553319
=> Benevolo, Orazio : Missa Azzolina ; Dixit Dominus ; Laetatus Sum ; Miserere ; Magnificat ; Le Concert Spirituel, Ref. : 8.553636 (un tres beau CD, couronne d’un diapason d’or)
=> Cavalieri, Emilio d’ : Rappresentatione di Anima e di corpo ; Soloist of the Cappella Musicale di San Petronio, Dir. : S. vartolo ; Ref. : 8.554096-97 (Permet de comprendre comment a pu se faire la jonction entre la fin de la renaissance et le tout debut du Baroque)
=> Lorenzani, Paolo : Motets ; Concert Spirituel, H. Niquet ; Ref. : 8.553648 (je l’ai use ;-) )

Chez harmonia Mundi :
=> Monteverdi, Claudio, Extraits, Harmonia Mundi Plus, Ref. : HMP 390806 (Permet d’avoir une vue d’ensemble - malheureusement un peu trop succinte - de l’oeuvre de Monteverdi)
=> Pergolese, G.B., Stabat Mater ; Concerto Vocale, Dir. : R. Jacob ; Harmonia Mundi Plus, Ref. : HMX 2901119.
=> Gesualdo, C. : Lecons de Tenebres ; Deller Consort, Dir. : A. Deller ; Ref. : HMA 190220


++B++ France
Chez Naxos :
=> Clerambault, Louis Nicolas : Orphee ; simphonie a cinq ..... ; Sandrine Piau, Les solistes du Concert Spirituel, H. Niquet ; Ref. : 8.553744
=> Michel, J. : Lecons de tenebres ; Le Concert Spirituel, Dir. : H. Niquet ; Ref. : 8.553295 (2 CD, d’une pure beaute)
Chez Harmonia Mundi :
=> Charpentier, MA ; Le Reniement de Saint -Pierre ; Les Arts Florissants, Dir. W. Christie, Ref. : CD HMA 1905151
=> Charpentier, MA : Extraits ; Hrmonia mundi Plus, Ref. : HMP 390 802
=> Couperin, F. : Lecon de tenebres pour le Mercredy ; A. Deller, P. Todd, R. Perulli, M. Chapuis ; Ref. : HMA 190210
=> Dumont, H. : Motets pour la Chapelle du Roy ; La Chapelle Royale, Dir. : P. Herreweghe, Ref. : HMA 1901077
=> Lully, JB : Extraits ; Harmonial Mundi Plus, Ref. : HMP 390805
=> Lully, JB : Le Bourgeois Gentilhomme, Les Nopces de Village, Cadmus et Hermione ( couple avec Philidor : Le mariage de la grosse Cathos) ; London Oboe Band, Dir. : P. Goodwin ; Ref. : HMU 907122
=> Gilles J. : Requiem, La Chapelle Royale, Dir. : P. Herreweghe ; Ref. : hmC 901341


++C++ Angleterre
Chez Harmonia Mundi :
=> Purcell, H. : Extraits ; Ref. : HMP 390807
=> L’Isle Enchantee, Les Musiciens du Globe, Dir. : P. Pickett, Philips, Ref. : 456 505 2
=> Musique au temps de Shakespeare, Les Musiciens du Globe, Dir. : P. Pickett, Philips, Ref; : 446 687-2 (permet de comprendre l’évolution du style renaissance anglaise vers le baroque)
=> Le masque d’Oberon, Les Musiciens du Globe, Dir. : P. Pickett, Philips, Ref. : 446 217-2 (fait suite au précédent et montre le cheminement vers la perfection atteinte par Purcell)



++D++ Allemagne
=> Fux, J.J. : Requiem, Clemencic Consort, Arte Nova, Ref. : 74321 27777 2
Chez Harmonia Mundi :
=> Schutz, H. : Extraits ; Harmonia Mundi Plus, ref. : HPM 390809
=> Buxtehude, D. : Cantates, preludes et fugues, A. Deller, R. Saorgin ; Ref. : HMA 190700
=> Graun, H. : Cleopatra e Cesare, Rias Kammerchor, Concerto Koln, Dir. : R. Jacobs, HMT, Ref. : 7901602 ( version extraits)
=> Hassler, H.L., Missa Supra Dixit Maria ; Ensemble Vocal Europeen, Dir. : P. Herrewegnhe, Ref. : HMC 901401
=> Chansons baroques allemandes, A. Scholl, Ref. : HMC 901505