Musiques Hutu du Burundi


A: Les instruments :
En général dans la culture Hutu du Burundi les instruments de musique sont joués par les hommes. Le Burundi fait partie de cette grande zone culturelle dénommée Région Inter-lacustre ou Région des Grands Lacs et qui comprend le Rwanda, le Burundi et une partie de l’Ouganda, du Congo et de la Tanzanie. Il est évident que cette unité culturelle se reflète dans la musique traditionnelle de ces pays. Malgré les grandes similitudes comme l’emploi d’échelles pentatoniques, très répandues dans toute la région des Grands Lacs, on observe néanmoins des différences remarquables.
Un exemple le Burundi est habité par les mêmes peuples que le Rwanda (Hutu, Tutsi et Twa) et il n’est donc pas surprenant que la musique des deux pays soit très similaire Au Burundi, on remarque néanmoins que les chants accompagnés par l’inanga sont presque toujours chantés en voix chuchotée, tandis qu’au Rwanda on les chante en voix normale.
Certains joueurs d’inanga du Burundi expliquent ce phénomène (chant en voix chuchotée) par le fait que l’inanga est un instrument qui sonne faiblement. En chantant à voix haute, on en couvre trop le son.
Un autre exemple est l’importance du tambour (ingoma) dans toute la région. L’existence d’orchestres de tambours dans les cours de certains petits royaumes interlacustres est un autre élément musical qui démontre l’unité culturelle. Vu cette grande concordance, il est remarquable qu’au niveau morphologique des tambours, il y a de très grandes différences qu’on retrouve aussi sur le plan musical.


Les ngoma (pluriel (le ingoma) du Burundi sont couverts d’une  seule peau qui est fixée sur la caisse de résonance  (tronc d’arbre évidé ; mais fermé en dessous) par des chevilles en bois. Quand on écoute les tambourinaires du Rwanda et ceux du Burundi, on découvre vraiment deux mondes différents.
Les orchestres des tambourinaires Hutu du Burundi sont sans doute les plus connus.

Inanga
Cet instrument à corde, dénommé en organologie cithare-en-bouclier, est un instrument typique de la région interlacustre.
L’inanga est fait d’un morceau de bois léger mais dur, de forme rectangulaire aux angles arrondis, et légèrement concave. Aux extrémités sont taillées des encoches (en généra] plus ou moins 8) dans lesquelles entrent les segments de la seule et unique corde. Cette corde est fixée dans la première encoche, elle traverse l’instrument en longueur et est coincée dans l’encoche située en face, à l’autre bout de l’instrument. Elle passe ensuite à l’encoche voisine et traverse de nouveau l’instrument pour s’engager dans la deuxième encoche. Ceci se répète jusqu’à ce que l’instrument soit muni de 6 à 8 cordes, ou plutôt segments de corde.
Bien que tous aient la même longueur, le joueur d’inango parvient à accorder son instrument dans une gamme précise en donnant une tension différente à chaque segment.
Au Burundi, la plupart de chants épiques accompagnés par l’inanga sont chantés en voix chuchotée. Ceci donne à ces œuvres un aspect mystérieux.

Umuduri
La dénomination de l’arc musical en langue hutu est umuduri.
Celui-ci est composé d’un arc en bois et d’une corde en nerfs ou tendons de boeuf tressés, en fibres végétales ou encore en fil métallique. Une calebasse évidée et tronquée fait généralement office de caisse de résonance. On observe récemment une nouvelle tendance chez les jeunes musiciens qui doublent ou triplent la calebasse.
La technique de jeu est la suivante le musicien maintient l’instrument verticalement de la main gauche et tient dans la main droite une petite baguette servant à frapper la corde. Quelquefois, il joint à la baguette un hochet fait d’un petit fruit sphérique rempli de graines monté sur une petite tige de bois. Dans ce cas, la petite baguette sert à frapper la caisse de résonance. En poussant l’index contre la corde, le musicien obtient deux notes différentes.
En plaçant l’ouverture de la caisse de résonance contre le ventre, fermant ainsi la calebasse, ou en éloignant l’instrument de son corps, le musicien peut en changer le timbre.
En général, l’umuduri accompagne des chansons qui parlent de différents aspects de la vie quotidienne l’amour, l’argent, la fidélité, l’érotisme...

Indingiti
L’indingiti est un instrument à corde frottée comportant une caisse de résonance, un manche, une corde et un archet. La caisse de résonance est faite d’un cylindre en corne de boeuf ou en bois, ou parfois d’une boîte métallique. Une extrémité de la caisse de résonance est couverte de peau de vache qui fait office de table d’harmonie et qui est fixée par des petites chevilles. Le manche traverse la caisse de résonance de part en part et sert, lorsqu’il resurgit, à attacher la corde. Celle-ci est en fibre végétale ou parfois en métal.
Sur la table d’harmonie repose un chevalet en bois qui lui transmet la vibration de la corde.
L’archet est fait d’une petite baguette courbée. Sa corde en fibres est attachée à ses deux extrémités.
L’accompagnement est presque toujours à l’unisson avec le chant exécuté le plus souvent en voix de fausset.

Ikembe
Ikembe est le nom du lamellophone Hutu Burundais.
L’ikembe est constitué globalement d’une caisse de résonance et d’une table d’harmonie portant un clavier à lamelles.
La caisse de résonance monoxyle de forme rectangulaire est confectionnée dans un bois très tendre, évidée de l’extérieur par une face latérale du bloc. L’orifice dû à l’évidement est refermé par une petite planchette parfaitement adaptée à l’ouverture. Dans la caisse de résonance même, on met des petites pierres ou des graines qui ajoutent un son vibrant, supplémentaire au son clair des lamelles. Celles-ci sont souvent en fer et parfois en lige de bambou.
Au-dessus de la caisse de résonance, sur la table d’harmonie, on place des lamelles de différentes longueurs. Leur fixation est faite de telle manière qu’on puisse à volonté changer la longueur de la partie vibrante en les glissant entre les deux chevalets et la barre de pression qui les tient en place et qui les pousse contre les chevalets. Ceci permet au musicien d’accorder l’instrument. C’est en pinçant les lamelles avec les pouces qu’on les met en vibration.
Dans la littérature ethnomusicologique, cet instrument est souvent dénommé: sanza. nibira ou kalimba suivant la région où il est joué.

Umwironge

La flûte Instrument de musique à vent et à embouchure, formé d'un tube en roseaux creux et percé de trous. En général les Hutu utilisent la flûte à bec.

Inzamba
Instrument de musique à vent, sans clé ni piston, en corne de bœuf ou de buffle. Ce clairon est utilisé pour les fêtes de groupes, par exemple : intore…
Il est utilisé aussi dans la chasse et dans la guerre comme moyen de communication à distance et pour donner la morale aux troupes.

Amayungi
C'est un instrument musical constitué de plusieurs boules métallique enfermées dans les coquillages métalliques constituant la résonance dont l'ensemble constitue une sorte de clochette. Ces dernières sont attachées sur un ruban de peau de mouton ou d'un autre tissu souple pour constituer le support et ces mayugi sont attachés sur les pieds de danseurs ou danseuses pour donner un sens musical sur le mouvement provoqué par les pieds.
B: D'autres appareils musicales


Amashi
En battant les mains, ce mouvement en contact avec l'air produit un son qui accompagne les voix des chanteurs et maintient le rythme pour les danseurs. Généralement ces sont les femmes qui maîtrisent ce genre du rythme.

Imigere
En battant les pieds selon la position des pieds sur le sol et selon la qualité du sol, cette harmonie du sol et du pied produit le son modulé selon le rythme de la chanson. Cette pratique est commune pour les femmes que pour les hommes.

Agahogo
C'est l'appareil le plus riche dans la culture Hutu parce qu'il comprend la bouche et tout le système vocal et gestuel.