Analyse des 4 tangos de Piazzolla


Étude de :

Adios Nonino

Fuga y misterio


Muerte del Angel


Milonga del Angel



Adios Nonino



Analyse Adios nonino
Analyse avec écoute (version Sexteto Mayor)
Analyse avec écoute (version Carlos Garcia)

Composé en 1959 à la mémoire de son père, il s'inspire du morceau "Nonino" enregistré en 1955.
Adios Nonino (1959) est la composition la plus célèbre de Piazzolla. Ses deux parties centrales – l’une rythmique, l’autre mélodique – ont été composées indépendamment, à cinq ans d’intervalle : la partie rythmique (mes. 1-16) provient du tango Nonino, composé à Paris en 1954 et dédié à son père, Vicente, que Piazzolla appelait Nonino (petit grand-père). Quand celui-ci décéda en 1959, Astor, qui se trouvait à Puerto Rico, rentra à New York, s’enferma dans une chambre et, entre larmes et sanglots, composa en moins d’une heure Adios Nonino.


Comparaison des versions du Sextetor Mayor et Carlos Garcia y su Orquestra :
  • La version Sextetor Mayor est laisse énormément de place à l’improvisation, au rubato, n’hésite pas à surprendre l’auditeur. Elle utilise une accentuation, une rythmique (3 + 3 + 2) spécifique au tango.
  • La version Carlos Garcia y su Orquestra, par son académisme, est un peu aseptisée : les particularités du tango sont très estompées (hormis le thème de Piazzolla et les appogiatures ascendantes).

VERSION SEXTETOR MAYOR - 1994 - 4'27
Instrumentation
Piano. Bandonéon.  Guitare électrique. Violon. Contrebasse
Rythme
4/8
Temps
0’00
0’55
2’21
3’16
Structure
A
B
Cadence
A’
Tempo
Rubato. Allegro
Lento. Rubato
Rubato
Allegro
Tonalité
la m
DO M

la m
Ecriture
- Thème A : 1e partie au tutti / puis jeu de question réponse entre les instruments
- Energie
- Accents

Thème A : en deux motifs
a) arpège ascendant avec notes de passages (petit chromatisme descendant qui
amène la dernière note accentuée)
b) accords de passage descendants

0’00 tutti (a) / bandonéon (b) / tutti (a) / bandonéon (b) / tutti (a)
0’19 puis jeu de question réponse entre les instruments ; accélération du tempo + crescendo
0’39 improvisation du bandonéon, sur motif a ; contrechant du violon ; accompagnement des autres instruments de l’ensemble en 3 + 3 + 2 ; tempo rapide ; ralenti final qui amène la partie B
- Thème B Bandonéon
- Mélodie langoureuse
- Accompagnement léger sur les temps
- trille du bandonéon à la fin
- 1’52 : Thème B Violon
- Crescendo orchestral
- En accélérant
- Fin : MG piano

Thème B : mélodie mélancolique, « Tristement », en 2 phrases (la seconde étant la répétition de la première, un ton plus haut), composée de valeurs longues (la dominante du ton) et de notes courtes par mouvements conjoints. Ces notes courtes anticipent la valeur longue, créent un effet de syncope de par leur place sur un temps faible, et amorcent la rythmique 3 + 3 + 2

0’55 thème exposé au Bandonéon ; Accompagnement léger sur les temps, en arpèges au piano
1’22 Improvisation du bandonéon, sur accompagnement des cordes en valeurs longues avec glissandi du violon ; Trille du bandonéon à la fin
1’54 Thème au Violon
- Piano solo

2’21 Cadence du piano solo ; rubato, trilles, accords plaqués, arpèges…
3’08 transition qui ramène la partie A par l’installation du rythme 3 + 3 + 2 avec le guiro
- Thème A : bandonéon / violon
- Variations  sur un rythme plus agité (chichara)
- 3’52 : Thème A : tutti
- Coda : tension
Thématisme
Métissage
Savant
  • Cadence de piano
  • Trille au bandonéon avant l’entrée du thème B au violon
  • Caractère symphonique de A’

Populaire
  • Thématique
  • Variations
  • Structure simple
  • Ornementation
  • Tempo non constant




Version Carlos Garcia y su orquesta. 1990. 4’28
Instruments
Piano. Bandonéon. Batterie. Contrebasse. Violon. Flûte
Temps
0’00
0’10
0’50
2’13
2’51
4’03
Structure
Introduction
A
B
A’
B’
CODA
Tempo
Moderato
Moderato
Lento
Moderato
Lento
Lento. Moderato
Tonalité
Ré m
Sol m
Si b M
Sol m
Si b M
Sol m
Ecriture
- Formule mélodico-rythmique au piano (pompe)

Mouvement mélodique descendant de la contrebasse et du piano (fa-mibréb-do), 2° tétracorde de fa mineur mélodique descendant), premier
temps amené par un groupe d’appogiatures
Accentuation sur les temps faibles.
En crescendo
- A : bandonéon / Flûte
- Pompe au piano
- 0’29 : Crescendo orchestral
- Transition

0’11 thème exposé par la flûte et au bandonéon
motif a : répété quatre fois identique à lui-même , le motif de la basse, seul, évolue sur le plan harmonique
0’29 crescendo
0’33 reprise du thème avec un contrechant de violon, issu du motif a
0’45 petite transition avec un léger ralenti
0’50 thème au violon, contre-chant à la flûte traversière, accompagnement harmonico-rythmique des autres instruments de
l’ensemble.

1’11 passage proche de l’improvisation, avec rôle prépondérant du piano. Le matériau mélodique utilisé s’inspire de la version initiale pour piano.

1’31 reprise du thème B à la flûte et au bandonéon

1’51 écriture plus verticale, terminée par les glissandi du piano sur le point d’orgue des autres instruments

2’00 transition, avec léger ralenti
- Cf. A
2’51 thème au violon, contre-chant au bandonéon, accompagnement
harmonico-rythmique plus simple que précédemment des autres instruments de l’ensemble

3’13 passage proche de l’improvisation, avec rôle prépondérant du bandonéon

3’32 thème B, varié, à la flûte avec contre-chant du violon

3’52 écriture plus verticale, terminée par les glissandi du piano sur le point d’orgue des autres instruments

4’01 transition, avec léger ralenti, valeurs longues
- Decrescendo orchestral
- 4’14 :  sur A (tutti)
- Descentes / glissandi au piano.
- Coda très rythmée
Métissage
Savant
  • Ecriture complexe de l’accompagnement
  • Transitions très « écrites »
  • Jeu sur les masses sonores
Populaire
  • Accompagnement en pompe
  • Forme simple basée sur la répétition presque intégrale
  • Orchestration


Fuga y misterio

Analyse Fuga y misterio


Cinquième partie de Marià de Buenos Aires, opéra d’Astor Piazzola sur un texte de Horacio Ferrer, créé en 1968.

Fuga y misterio (Fugue et mystère) est une pièce instrumentale qui constitue la scène 5 de Maria de Buenos Aires, l’« operita » (petit opéra) composée en 1967 sur un livret du poète et historien du tango, Horacio Ferrer. Maria de Buenos Aires est l’une des œuvres plus importantes de Piazzolla par la richesse des idées compositionnelles et des ressources stylistiques. Elle marque aussi le début de la collaboration entre Piazzolla et Ferrer, qui a produit des œuvres mémorables, telles que Balada para un loco, Balada para mi muerte, Chiquilin de Bachin, etc. La première de Maria de Buenos Aires a eu lieu à la salle Planeta de Buenos Aires, le 8 mai 1968. Comme l’œuvre n’avait pas trouvé de producteur, Piazzolla dut dépenser ses dernières économies et vendre sa voiture pour faire face aux frais de production. Selon Ferrer, après quatre mois de représentations, il y avait plus de monde sur la scène que dans la salle…

thème A - accordéon


thème B - violon



thème C - violon



Version Sexteto Mayor. 1994. 3’30
Instrumentation
Flûte. Bandonéon. Piano. Guitare. Vibraphone. Percussion (Guiro et batterie). 2 violons. Contrebasse
Temps
0’00
1’28
1’59
2’20
3’10
Structure
A
B
A’
C
CODA
Tempo
Allegro
Allegro
Allegro
Lento
Lento
Tonalité
Mi mineur
Mi mineur
Mi mineur
Mi mineur
Mi mineur
Ecriture
Entrées en imitation
- 0’00  A1 : bandonéon (mi m)
- 0’21 A2 : violon (la m)
- 0’43 A3 : vibraphone (ré m)
- 1’05 A4 : piano (sol m)

A noter que les présentations se font à chaque fois à la quarte supérieure et s’accompagnent de changements d’armure dans la partition.
Après sa présentation du sujet, chaque instrument entre dans un jeu de contrepoint avec l’instrument qui énonce à son tour le sujet.
La percussion, représentée par le guiro, accompagne  ythmiquement en ponctuant, par deux contretemps, le quatrième et le premier temps de chaque mesure. A la quatrième présentation du sujet, la batterie étoffe l’accompagnement rythmique.

- Thème B : rythmico-harmonique.
- Cellules courtes
- Tutti (entrée de la batterie)
- Ecriture verticale
- Accents
- ff
- Glissandi

Cette partie fait entendre une mélodie b accompagnée, en deux périodes :
- Un antécédent de 2 fois 2 mesures
- Un conséquent de, lui aussi, 2 fois 2 mesures

La mélodie, par son accentuation, garde le caractère du tango. L’accompagnement (piano et batterie) a une rythmique plus lisse.

1’29 : b par le tutti à l’unisson (à l’audition, prédominance du bandonéon dans le bloc sonore) accompagné par le piano et la batterie (rythme de croches régulières sur la cymbale suspendue, avec seulement l’accentuation du premier temps)
1’44 : b’ sur la même orchestration. Des modifications sont apportées à b :
notes répétées avec accentuation sur les mesures 1 et 3 de l’antécédent, accords à contretemps avec glissandi de violon sur les mesures 2 et 4 du conséquent.
- Thème A : tutti


Le sujet est à nouveau proposé, à l’unisson, selon l’orchestration de la partie B (bandonéon et violon ressortent). La batterie adopte l’accentuation du sujet.
- Thème C : violon solo. - - Mélodique.
- Notes longues.
- Accompagnement léger
- 2’43 Thème C : bandonéon

De caractère plus mélancolique, cette partie fait appel au violon solo (sul
ponticello = l’archet près du chevalet) puis au bandonéon, sur une mélodie épurée, accompagnée de tenues du second violon et d’arpèges du piano dans l’aigu.
L’interprétation du violon, quasi rubato, comme avec des « ports de voix » rappelle la couleur des mélodies tsiganes. Le bandonéon introduit de légères variations mélodiques, qui, elles, sont dans l’esprit du tango.
- Sur pédale de tonique
- Calme
- Valeurs longues
- Decrescendo
- Morendo final

Final en mourant.
Thématisme
Thème A
Thème B
Thème C
Métissage
Savant
  • Entrées en imitation
  • Ecriture de la 1e partie
  • Coda : écriture des cordes (trémolo, sul ponticello)
  • Structuration du discours par textures différentes
Populaire
  • Thématique
  • Orchestration (guiro, batterie, violon)


Version par 12 Violoncellistes de l’Orchestre Philharmonique de Berlin. 2002. 5’06
Instrumentation
12 violoncellistes
Temps
0’00
1’36
2’09
2’32
4’09
4’28
4’48
Structure
A
B
A’
C
B’
A’
CODA
Tempo
Allegro
Allegro
Allegro
Lento
Allegro
Allegro
Allegro
Tonalité
Mi m
Mi m
Mi m
Mi m
Mi m
Mi m
Mi m
Ecriture
Entrées en imitation
- A1
- 0’26 : A2
- 0’47 : A3
- 1’10 : A4
Tutti
- Très rythmique
- Glissandi

Mélodie B au rythme caractéristique du tango.
Partie de couleur très rythmique. Présence de glissandi.
- A : tutti
- Accompagnement : contretemps

- 2’30 : point d’arrêt

Retour du sujet sur un accompagnement harmonico-rythmique, très syncopé, puis
en polyphonie.

- Thème C : tessiture medium
- Très langoureux
- Accompagnement : harmoniques
- 3’20 : thème C tessiture aiguë
- Accompagnement : pizz

De caractère plus mélancolique, cette partie fait entendre son thème par un soliste dans une tessiture moyenne, sur un accompagnement en harmoniques. Le thème est ensuite repris dans l’aigu, agrémenté d’un contre-chant mélodique et d’un accompagnement en pizzicati à la basse.
- Accents

Retour du caractère rythmique du tango.
- A : tutti
- Acpt : contretemps

Le sujet est à nouveau proposé sur un accompagnement en contretemps.
- Accents
- Accelerando
- Chromatisme
- Energie jusqu’à la fin

A l’opposé de la version du Sexteto Mayor, les 12 Violoncelles terminent cette
interprétation de manière énergique, sans ralentir.
Métissage
Savant
  • Orchestration
  • Forme (presque) en arche…
  • Ecriture des cordes : pizz, harmoniques (partie C), glissandi
  • Textures différentes d’une partie à l’autre
Populaire
  • Thématique
  • Glissandi




Milonga del Angel

Analyse Milonga del angel


  • Appartient à la suite en quatre mouvements (comprenant : Introduccion al Angel, Milonga del Angel, Muerte del Angel, Resurreccion del Angel) que Piazzolla a composé au milieu des années 60. 
  • La milonga est un des rythmes originels du tango. Il en existe 2 types distincts :
    • La milonga campanera (de la campagne) : lente et expressive 
    • La milonga ciudadana (de la ville) : rapide et plus joyeuse 
  • Rythme de la milonga :

Milonga del angel (Milonga de l’ange) date de 1965. Cette pièce se rattache au genre de la milonga lente d’origine paysanne, chantée souvent dans les duels poétiques (payadas), improvisés par les paysans de la pampa et par des orilleros. Elle avait acquis droit de cité avec la Milonga triste que Sebastiàn Piana (1903-1994) avait composée en 1928 sur le poème homonyme de Homero Manzi. Elle se distingue de la milonga dansée, au tempo vif et au caractère picaresque. L’élaboration harmonique et formelle, le développement de la ligne mélodique et l’allure intimiste de la pièce sont typiques de la sensibilité et des procédés stylistiques de Piazzolla, tant sur le plan de la composition que de l’exécution.

Premier thème (bandonéon) :


Second thème (violon) : 



Analyse Version Soledad. 2001. 7’00



Analyse version Orquesta Estable del Teatro Colon. José Carli. 1993. 6’25



Muerte del Angel

Analyse la Muerta del angel

(appartient à la même Suite que Milonga del Angel)

Muerte del angel (Mort de l’ange) a été composé en 1962 - avec Introduccion al Angel – pour la pièce de théâtre El tango del Angel de Alberto Rodriguez Muñoz, même si elle n’a finalement pas été jouée à cette occasion. Comme il l’avait fait avec les Saisons de Buenos Aires, Piazzolla a composé plusieurs pièces sur l’image de l’ange, tels que Tango del Angel (1957), Resurreccion del angel et Milonga del angel – les deux dernières en 1965 –, sans pourtant avoir l’intention des les regrouper dans un cycle.

Thème A - bandonéon :

Thème B - hautbois :


Analyse version Orchesta Estable del Teatro Colon. José Carli. 1993. 3’37

Instrumentation
Orchestre symphonique
Temps
0’00
1’20
2’42
3’00
Structure
A
B
A’
CODA
Tempo
Allegro
Lento
Allegro
Allegro
Tonalité
La mineur
Si mineur
Fa# mineur
Ré mineur
Ecriture
- 0’00 Sujet A en la mineur par la trompette
- 0’10 Sujet A en ré mineur par le cor d’harmonie
- 0’20 Sujet A en sol mineur par le trombone à coulisse
- 0’28 transition, d’écriture plus verticale, où la fin du thème devient mélodie accompagnée.
- 0’38 : A trombone
- 0’52 : A basson
- Prédominance des bois, cuivres et percussions
- 1’17 : Point d’arrêt
- B : hautbois
- 1’55 : crescendo orchestral

D’écriture plus symphonique, ce mouvement lent est construit sur une carrure de 4 mesures. Le hautbois y est soliste, accompagné en valeurs longues, en homorythmie. Dans le passage central, plus fort, le motif thématique est
développé par l’orchestre, qui laisse toutefois une grande place au soliste.
- 2’30 : développement symphonique (solo de trompette)

Un accelerando ramène le tempo et la thématique du début.

- A : réparti à tous les instruments de l’orchestre et développé.
- Sur rythmes de double croches
- crescendo orchestral
- Accents
- A (sol mineur)

3’00 : transition rythmique
entrées successives des instruments (cuivres) depuis le grave

3’09 : rythmique, avec rappels du thème initial.
Utilisation des glissandi du trombone et du flatterzunge par la trompette sur l’accord final.
Métissage
Savant
  • Ambiguïté dans l’orchestration : pas d’instrument traditionnel
  • Entrées en imitation (à noter que les présentations se font à chaque fois à la quarte supérieure)
Populaire
  • Couleurs proches de celles du cirque
  • Thématique
  • Forme simple


Analyse version Piazzolla de l’album « The central park concert ». 3’19
Instrumentation
Bandonéon. Violon. Guitare. Piano. Contrebasse. Percussions.
Temps
0’00
1’24
2’12
2’41
Structure
A
B
A’
CODA
Tempo
Allegro
Rubato
Allegro
Allegro
Ecriture
Entrées en imitation
- A1 : Piano
- A2 : violon
- A3 : bando
- A4 : guitare + piano

Transition
- Bandonéon : cadence jazzy
- En accelerando
- Accompagnement de plus en plus soutenu
- Tutti
- Glissandi / coups de soufflets
- Climax : rythmique syncopée – tension…
- En accords sur le rythme de A
- Glissando de fin… Explosion finale.
Thématisme
Thème A – Thème B
Métissage
Savant
  • Entrées en imitation
  • Complexité du thème
  • Chromatisme
Populaire
  • Thème unique
  • Improvisation
  • Talon / Coups de soufflet
  • Mise en évidence de l’aspect rythmique