GAMELANS ET TAMBOURS DES ILES BALI ET SRI LANKA
Parmi les îles de l'Océan Indien, Bali et Sri Lanka sont particulièrement réputées pour leurs musiques et leurs instruments. Il s'agit des célèbres gamelans de Bali et des fameux tambours de Ceylan. Ce compact-disc contient des enregistrements qui ont été recueillis à Bali et à Sri Lanka, notamment au cours de fêtes populaires et sacrées.
LES GAMELANS DE BALI
Bali, que Nehru surnomma "Le Matin du Monde", est le premier grain du chapelet des petites îles de la Sonde que semblent égrener derrière elles Sumatra et Java. Bali, l'île des Dieux, est l'un des derniers bastions de l'hindouisme en Indonésie (Java est islamique). Quand on parcourt cette île, ce qui frappe le plus le visiteur, ce sont les nombreux temples, la végétation, le peuple balinais et sa musique jouée par les célèbres orchestres de gamelans.L'originalité de la musique orchestrale de Bali a toujours séduit les amateurs de musique orientale, mais elle a également influencé les compositeurs d'Europe occidentale (de Debussy à Messiaen). Tandis qu'à Java il n'existe pas de notation musicale, à Bali, les musicologues ont constaté, en examinant les «krapaks» (manuscrits sur feuilles de palmiers), que le texte de vieilles chansons d'amour était parfois accompagné d'une mélodie (appelée «gending»). Ils ont remarqué que les signes mélodiques étaient placés sous les syllabes et que la succession des tons coïncidait avec celle des voyelles du javanais. Ils pensent que cette in génieuse notation musicale aurait été inventée à Bali pour soulager la mémoire des exécutants.
Autrefois, les meilleurs gamelans appartenaient aux souverains autochtones. De nos jours, ils sont encore choyés comme un bien précieux et portent des noms poétiques comme "les consolateurs", "la pluie parfumée", "éternel comme la mer", etc. Comme dans l'Inde, la musique et la danse rituelle se rattachent au culte des temples et on les interprète en offrande aux Dieux.
INSTRUMENTS INDONÉSIENS
Le gamelan de Bali est composé essentiellement d'instruments à percussion. Sa composition est variable, car la nature des instruments utilisés dépend du type de la danse, du lieu et du nombre d'exécutants. Nous nous limiterons donc à la description des instruments réunis dans ce disque ; ce sont d'ailleurs ceux qui sont le plus généralement utilisés dans les gamelans de Bali.Tous les instruments indonésiens sont ornés d'animaux mythologiques hindous comme le naja (serpent), le dragon, ou le garuda (oiseau). Les instruments métalliques sont fondus dans une pierre ayant l'empreinte de la forme désirée (lame de saron, gono etc.). Le "toukang gending" (que nous pourrions traduire par fondeur de cloches) connaît, par expérience, la quantité de métal à introduire dans le moule en pierre, pour obtenir la hauteur de son convenable. Il se réfère ensuite à un instrument bien accordé pour ajuster celui qu'il vient de fabriquer. Cette opération appelée "nglaras" se fait à la lime ; par exemple, on hausse le ton du bonang en amincissant le "pentjou" (protubérance) et on l'abaisse en limant l'anneau plat situé a sa base.
LE SULING
Longue flûte droite en bambou, possédant quatre trous (mode « salendro » à cinq tons) et six trous (mode « pelog » à sept tons).LE KENDANG
Sorte de long tambour cylindrique, dont les extrémités sont recouvertes d'une peau tendue (peau de brebis ou de bouc). Cette membrane est frappée avec les mains ou les doigts. L'exécutant, assis, pose le kendang horizontalement sur ses genoux.LE BONANG
Ensemble de timbales métalliques (3/4 de cuivre et 1/4 d'étain) posées, côté ouvert en bas, sur des cordes tendues entre les extrémités d'un châssis en bois. Ces genres de calices renversés sont frappés à I aide de petits marteaux métalliques (appelés « tabouh ») ou de petites baguettes enveloppées de fil ou de coton. On distingue le bonang masculin (protubérance centrale) et le bonang féminin (protubérance plus petite et forme générale de la timbale plus plate). Cette protubérance appelée "pentjou", sert à accorder l'instrument.LE GENDER
Ensemble de lames de bronze ou de cuivre reposant sur des cordes tendues entre les extrémités d'un cadre de bois. Des résonateurs en tiges de bambou pendent au-dessous des lames. Celles-ci sont coupées de telle manière que le nœud du bambou, qui détermine la hauteur du son, soit à l'extrémité la plus basse pour les sonsgraves et a l'extremite la plus haute pour les sons aigus. Les lames sont frappées au moyen d'un pe tit maillet. Signalons qu'au Mexique on trouve un instrument de la même espèce ayant des lames de bois à la place des lames métalliques : la marimba.
LE SARON
Ressemblant au gender, le saron est compose de six à huit lames de bronze. Selon la mélodie, l'exécutant laisse resonner la lame ou il en étouffe le son produit en la pinçant entre deux doigts.LE GONG
Il est composé de deux où trois timbales métalliques, suspendues à un tréteau (appelé «gayor»). Chaque timbale peut atteindre un mètre de diamètre. Il existe de plus petits gongs, comme le «kempoul» ou le «kemong». Tous ces gongs métalliques (3/4 de cuivre et 1/4 d étain), servent à ponctuer les différentes phrases musicales d'une œuvre.LES TAMBOURS DE CEYLAN
Depuis 1972, Ceylan est une république totalement indépendante qui a repris son ancien nom Sri Lanka qui signifie l'île resplendissante, l'île merveilleuse... Les navigateurs d'antan l'avaient baptisée "la perle de l'Orient". Plus tard, on lui donna le surnom de "larme de l'Inde", à cause de sa forme et sa position géographique, à mi-chemin entre l'Arabie et l'Asie orientale, au large de la pointe sud de l'Inde.Beaucoup de légendes mentionnent que certains épisodes de l'épopée du Ramayana se sont déroulés à Sri Lanka et que le démon, Rawana, vaincu par le Prince Rama, y serait même enterre (près de Trincomalee). Le Bouddhisme est la religion des Cinghalais (70 % de la population de l'ile). Toutes les cérémonies importantes et les grandes fêtes religieuses de l'île se font au son des tambours.
INSTRUMENTS À PERCUSSION
Outre les cymbalettes (petites cymbales) et les grelots fixes aux chevilles des danseurs les célèbres tambours de Sri Lanka sont présents dans toutes les manifestations religieuses de l'ile Chaque type de tambour a une forme et une sonorité particulière.BERAYA
Tambour à double membrane et au corps conique en bois. Il est frappé avec les mains et non avec des baguettes, ce qui offre la possibilité de faire valoir les techniques de jeu les plus diverses.DAVULA
Tambour cylindrique a deux membranes, celle de gauche est frappée avec la main et celle de droite avec une baguette légèrement recourbée.DEVIL DRUM
Tambour cylindrique plus long que le davula, également à deux membranes mais frappées seulement avec les mains.INSTRUMENT À VENT
SINNAM
Sorte de très long hautbois conique terminé par un large pavillon. Des douze orifices seuls sept sont commandés par les doigts ; les autres sont obturés à l'aide de cire et servent à régler la hauteur du son. Le jeu de cet instrument est très difficile et ne s'acquiert qu'après une longue pratique.LES GAMELANS DE BALI
[1] BALLET RAMAYANA (kendangs, suling, genders, sarons, bonangs, gongs), Extrait
Evocation du Ramayana sous la forme d'un ballet.
* Rama poursuit le cerf d'or et le tue.
* Rawana kidnappe Sita.
Ce document fut recueilli en parcourant l'ile de Bali, la nuit à bicyclette. Dans cette atmosphere silencieuse, l'unique boussole était la musique des gamelans qui résonnait dans la nuit. Au village, de jeunes danseuses (6 ans) apprenaient, sur cette musique, les différents gestes et mouvements de corps nécessaires pour interpréter ce ballet.
Rama, l'héritier légitime du trône d'Ayudhya, est exilé de la cour de son père Dasarata. Il quitte le Palais accompagné de son épouse Sita et de son plus jeune frère. Dans la forêt, Rama poursuit un cerf d'or tandis que Sita, restee seule et sans protection, est enlevée par Rawana, le roi des démons. Avec l'aide de l'armée des Singes, Rama attaque Rawana et termine victorieux de la rude bataille.
* Rama poursuit le cerf d'or et le tue.
* Rawana kidnappe Sita.
Ce document fut recueilli en parcourant l'ile de Bali, la nuit à bicyclette. Dans cette atmosphere silencieuse, l'unique boussole était la musique des gamelans qui résonnait dans la nuit. Au village, de jeunes danseuses (6 ans) apprenaient, sur cette musique, les différents gestes et mouvements de corps nécessaires pour interpréter ce ballet.
Rama, l'héritier légitime du trône d'Ayudhya, est exilé de la cour de son père Dasarata. Il quitte le Palais accompagné de son épouse Sita et de son plus jeune frère. Dans la forêt, Rama poursuit un cerf d'or tandis que Sita, restee seule et sans protection, est enlevée par Rawana, le roi des démons. Avec l'aide de l'armée des Singes, Rama attaque Rawana et termine victorieux de la rude bataille.
[2] BARONG ou DANSE DU KRISS (suling, kendangs, bonangs, sarons, gongs). Extraits
Prélude de la cérémonie (connue sous le nom de "Barong") joué à la flûte (suling).
Le Barong est un animal mythique protecteur qui s'oppose à Rangda, la cruelle sorcière, partenaire de Kala le destructeur de l'univers. A l'origine, cette danse avait pour but d'exorciser le mal. Elle est accompagnée de la danse du Kriss, grand poignard à lame ondulante que la sorcière fait se retourner contre leurs possesseurs alliés du Barong.
Le Barong est un animal mythique protecteur qui s'oppose à Rangda, la cruelle sorcière, partenaire de Kala le destructeur de l'univers. A l'origine, cette danse avait pour but d'exorciser le mal. Elle est accompagnée de la danse du Kriss, grand poignard à lame ondulante que la sorcière fait se retourner contre leurs possesseurs alliés du Barong.
[3] PROCESSION DES OFFRANDES (gongs, cymbales)
A Bali, les processions sont très nombreuses ; celles qui mènent le peuple balinais au temple se font au son de cette étrange musique. Vêtues de leurs plus beaux «batiks» (étoffe décorée généralement placée au niveau de la ceinture), les jeunes filles portent sur leur tête de grandes coupoles d'argent contenant les offrandes qui seront deposées au temple.
A Bali, les processions sont très nombreuses ; celles qui mènent le peuple balinais au temple se font au son de cette étrange musique. Vêtues de leurs plus beaux «batiks» (étoffe décorée généralement placée au niveau de la ceinture), les jeunes filles portent sur leur tête de grandes coupoles d'argent contenant les offrandes qui seront deposées au temple.
[4] KETJAK ou DANSE DES SINGES (Extraits)
Dans le silence de la nuit, une centaine d'hommes, torse nu, se réunissent autour d'une grande torche. Bougeant les épaules et levant les bras au ciel, ils crient en cadence : "tjak, tjak, tjak..." pendant que les personnages relatent l'épopée du Ramayana : poursuite du cerf d'or, mort du cerf, capture de Sita, vol de l'aigle, Sita dans le palais sauvée par les singes. A I origine, la répétition du mot « tjak » mettait en transe une fille nommée Sanghyang. Cette cérémonie permettait de connaître les désirs des Dieux transmis à travers Sanghyang.
Dans le silence de la nuit, une centaine d'hommes, torse nu, se réunissent autour d'une grande torche. Bougeant les épaules et levant les bras au ciel, ils crient en cadence : "tjak, tjak, tjak..." pendant que les personnages relatent l'épopée du Ramayana : poursuite du cerf d'or, mort du cerf, capture de Sita, vol de l'aigle, Sita dans le palais sauvée par les singes. A I origine, la répétition du mot « tjak » mettait en transe une fille nommée Sanghyang. Cette cérémonie permettait de connaître les désirs des Dieux transmis à travers Sanghyang.
[5] GENDER WAYANG : ANSARUN (genders)
Les genders servent à accompagner musicalement le "Wayang kulit" (version balinaise du théâtre d'ombres de l'est de Java). Les marionnettes sont découpées dans de la peau de buffle. Le « dalang », véritable héros du théâtre d'ombres, conduit l'orchestre de genders. Il est assis derrière un écran éclairé par une lampe à huile.
Les genders servent à accompagner musicalement le "Wayang kulit" (version balinaise du théâtre d'ombres de l'est de Java). Les marionnettes sont découpées dans de la peau de buffle. Le « dalang », véritable héros du théâtre d'ombres, conduit l'orchestre de genders. Il est assis derrière un écran éclairé par une lampe à huile.
[6] PENDET (kendangs, genders, sarons, bonangs, gongs,). Extrait
Cette danse religieuse est exécutée par des « pemangkus » (prêtres hommes ou femmes), des femmes ou des jeunes filles. Récemment introduit dans la représentation du Legong, le pendet est dansé généralement par trois jeunes filles. Elles tiennent dans leurs mains des coupes d'argent ou des feuilles de palme tressées contenant des offrandes (fleurs, aliments, etc.). A la fin de la danse, elles jettent des fleurs à l'assistance pour la bénir.
Cette danse religieuse est exécutée par des « pemangkus » (prêtres hommes ou femmes), des femmes ou des jeunes filles. Récemment introduit dans la représentation du Legong, le pendet est dansé généralement par trois jeunes filles. Elles tiennent dans leurs mains des coupes d'argent ou des feuilles de palme tressées contenant des offrandes (fleurs, aliments, etc.). A la fin de la danse, elles jettent des fleurs à l'assistance pour la bénir.
[7] LEGONG (kendangs, genders, sarons, bonangs, gongs). Extraits
Dès l'âge de cinq ans, la fillette aspire à être sélectionnée pour appartenir au groupe de danseurs de Legong qui se réunit chaque soir dans le village, Ainsi, cette fillette que vous croisez sur un chemin apparaîtra le soir dans le temple parmi les danseuses; son père, fermier, quittera sa rizière pour se joindre au gamelan, tandis que la mère surveillera la famille tout en préparant des offrandes (tressage des feuilles de palme).
Le Legong était à l'origine une danse de palais. Elle représente la danse céleste des nymphes,
Dès l'âge de cinq ans, la fillette aspire à être sélectionnée pour appartenir au groupe de danseurs de Legong qui se réunit chaque soir dans le village, Ainsi, cette fillette que vous croisez sur un chemin apparaîtra le soir dans le temple parmi les danseuses; son père, fermier, quittera sa rizière pour se joindre au gamelan, tandis que la mère surveillera la famille tout en préparant des offrandes (tressage des feuilles de palme).
Le Legong était à l'origine une danse de palais. Elle représente la danse céleste des nymphes,
LES TAMBOURS DE SRI LANKA
[8] TAMBOURS AU TEMPLE DE LA DENT (Davula)
Kandy, l'ancienne capitale de Ceylan, conserve précieusement la Dent de Bouddha dans l'un de ses temples, le Dalada Maligawa. Le soir, la cérémonie religieuse est accompagnée par les tambours.
Kandy, l'ancienne capitale de Ceylan, conserve précieusement la Dent de Bouddha dans l'un de ses temples, le Dalada Maligawa. Le soir, la cérémonie religieuse est accompagnée par les tambours.
[9] LA BIENVENUE
Sur le bord d'une route de l'île, à l'entrée d une maison, deux musiciens frappent sur des tambours plats, en signe de bienvenue. La caisse de résonance a la forme d'une section de calebasse sur laquelle est tendue une peau.
Sur le bord d'une route de l'île, à l'entrée d une maison, deux musiciens frappent sur des tambours plats, en signe de bienvenue. La caisse de résonance a la forme d'une section de calebasse sur laquelle est tendue une peau.
[10] TAMBOURS ET CYMBALETTES (Davula)
Les tambours sont accompagnés ici par des cymbalettes.
[11] TAMBOURS ET GRELOTS (Beraya)
Des danseurs portent des grelots autour de leurs chevilles. En se trémoussant au son des tambours, les grelots sont agités.
Les tambours sont accompagnés ici par des cymbalettes.
[11] TAMBOURS ET GRELOTS (Beraya)
Des danseurs portent des grelots autour de leurs chevilles. En se trémoussant au son des tambours, les grelots sont agités.
[12] TAMBOURS DE KANDY (Sinnam, beraya, devil drum)
Chaque année, une grande procession, l'Esala Perahera, parcourt les rues de Kandy pour présenter la Dent de Bouddha à la foule. Des éléphants richement carapaçonnes transportent des notables sur leur dos. Ils sont précédés et suivis par des danseurs, des chanteurs et des musiciens dont la plupart frappent sur des tambours.
Chaque année, une grande procession, l'Esala Perahera, parcourt les rues de Kandy pour présenter la Dent de Bouddha à la foule. Des éléphants richement carapaçonnes transportent des notables sur leur dos. Ils sont précédés et suivis par des danseurs, des chanteurs et des musiciens dont la plupart frappent sur des tambours.
GÉRARD KRÉMER