Histoire de l'opéra








Naissance de l'opéra

A la fin du 16ème siècle, un groupe d’humanistes se réunit à Florence chez le Comte de Bardi. Ils se donnent pour mission de restaurer la tragédie antique. Cherchant à réaliser une union idéale entre la poésie et la musique, ils développent le concept de monodie, déclamation en musique, un style de chant qui suit les intonations de la voix parlée. Monteverdi fut le premier à donner ses lettres de noblesse à ce nouveau genre musical.


La tragédie lyrique

Alors que l'opéra, sur le modèle italien, s'étend rapidement à toute l'Europe, la France fait exception et élabore son propre modèle de spectacle lyrique. En 1669, sous Louis XIV, l'Académie Royale de Musique et créée, ancêtre de l'Opéra de Paris.

Jean-Baptiste Lully, surintendant de la musique royale et son librettiste Philippe Quinault fixent le cadre d'un genre musical construit sur le modèle de la tragédie de Racine et Corneille et réunissant tous les arts : poésie dramatique, musique, costumes, décors et machines. La danse y tient une place essentielle.


L'Opéra Comique

L'opéra-comique est un genre lyrique avec dialogues parlés, née au début du 18ème siècle sur les tréteaux des Foires de Paris. Ce fut au départ, une troupe ambulante prenant pour cible les spectacles de l'Opéra et pour nom opéra-comique. Elle devint ensuite une institution, une compagnie fondée en 1714. Le genre connaîtra son âge d'or à la fin du 18ème siècle et dans la première partie du 19ème siècle. Les sujets en sont volontiers légers et populaires et dans l'esprit des Lumières. Ces œuvres exportées sur toutes les scènes d'Europe eurent une influence notable sur la naissance de l'opéra allemand.

NB : comique ne signifie pas que le rire est obligatoire mais que les morceaux chantés s’intègrent à du théâtre parlé. L'opéra-comique s'oppose donc à l'opéra, entièrement chanté.


L'académie d'Arcadie et l'opéra séria (1690)

Au 17ème siècle l'opéra italien s'organise progressivement autour de l'alternance entre récitatifs et airs qui s'éloignent de la voix parlée au profit de la mélodie et de la virtuosité. Les sujets sont très divers et mêlent volontiers comiques et tragiques, rois, héros et personnages populaires.

Un groupe de penseurs romains se donne alors pour mission d'encadrer et rationaliser le genre et de revenir à un style exaltant des passions plus « nobles ». Les éléments comiques disparaissent, le dénouement heureux doit exalter la vertu. Ce nouvel « opéra sérieux » est essentiellement composé de récitatifs et d'airs avec peu d'ensembles. Acquérant sa forme définitive au début du 18ème siècle, l'opéra séria devient un style international qui connaît un immense succès.

Le plus célèbre librettiste de cette époque et Pietro Metastasio (1698-1782).  Il a écrit 27 livrets d'opéra séria, mis en musique par plus de 300 compositeurs !


Le bel Canto baroque, l'art des castrats

Le bel canto représente un certain idéal de perfection vocale et une recherche de la beauté dans le timbre et la richesse de l'ornementation. Les castrats, comme Farinelli, virtuoses à la voix souple et claire, deviennent des stars internationales, triomphant dans les aria da capo avec reprise librement ornementée par le chanteur, et exprimant les affetti, sentiments abstraits.


La réforme de l'opéra  - Période classique

C.W. Gluck introduit en Europe une réforme de l'opéra, exposé dans la préface d'Alceste (1767). Il prêche pour un opéra plus austère, plus concentré sur le livret et l'action, en limitant les fioritures vocales excessives qui détourne l'attention du public du drame. Il s'agit de « restreindre la musique à son véritable office qui est de servir la poésie »  et d'opérer un retour aux origines de l'opéra qui avait pour mission de raconter une histoire de manière simple et naturel et d'exprimer des émotions renforcées par le pouvoir de la musique.


L'opéra buffa

Il se développe en Italie au début du 18ème siècle, alors que les règles strictes imposées à l'opéra séria avait relégué tous les personnages bouffes et populaires dans les intermèdes, Pergolèse a l'idée de présenter isolément les éléments comiques de ces drames. Cela donnera son œuvre la plus célèbre : La Serva Padrona.

L'opéra buffa apportait de la nouveauté par rapport à l’opéra séria : écriture vocale moins virtuose, histoires contemporaines du spectateur et une forme musicale moins stricte avec duo, trio, ensemble virgule et grands finals pleins de vie, où se retrouvent tous les personnages. Cela contribuera au milieu du 18ème siècle au développement d’œuvres comme les Noces de Figraro de Mozart. Viendront ensuite les opéras de Rossini tels que Le Barbier de Séville (1816), jusqu'à Don Pasqual de Donizetti (1843).


Le bel Canto romantique

Au sens strict, le bel canto désigne une tradition italienne des solistes de l'opéra baroque, notamment les castrats, mais on a plutôt l'habitude d'utiliser ce terme pour désigner les œuvres italiennes du début du 19ème siècle, notamment celle de Rossini, Bellini, Donizetti. Ils choisissent volontiers des sujets romantiques dramatiquement intense, propice à l'expression par la ligne de chant d'émotion profondes : amour fou, jalousie, folie. La pure virtuosité est progressivement limitée au profit de la mise en valeur de la voix par de splendides mélodies.


Le Grand Opéra français

Au 19ème siècle, le « Grand Opéra » se développe au sein de l'Académie de Musique de Paris, selon des règles de composition très strictes (5 actes, 1 ballet…). On y retrouve le goût des Français pour les décors spectaculaires et effets spéciaux, les grandes mises en scène, costumes, ballets, imposants ensembles, le tout sur de grands sujets historiques. L'Opéra de Paris devient à cette époque un lieu central de l'expression artistique européenne.


L'opéra bouffe

Le terme apparaît sous la plume d'Offenbach, lorsqu'en 1855, il crée et prend la direction des « Bouffes parisiens ». L'opéra bouffe se distingue de l'opérette par sa nature parodique et satirique et son écriture musicale plus recherchée.


Les écoles nationales

La seconde partie du 19ème siècle consacre l'affirmation des identités nationales et la naissance de genres musicaux et lyriques s'inspirant de sources musicales, littéraires et folkloriques locales, tentant souvent de se dégager des influences occidentales, notamment italiennes. Après l'opéra romantique allemand au début du siècle, naîtra ainsi l'opéra russe (le Groupe des Cinq, Tchaïkovski), tchèque (Smetana, Dvorak), polonais (Moniuszko), hongrois (Bartok), ou encore espagnol (renaissance de la zarzuela)…


Le vérisme (verismo)

Echos d'un mouvement littéraire italien dérivé du naturalisme, le vérisme musical s'est imposé sur la scène lyrique italienne entre les années 1890 et 1920. Il prône une représentation du monde réaliste qui rejette tout idéalisme, imposant le choix de sujets contemporains, avec l'accent mis sur le caractère misérable de l'existence du peuple et un intérêt particulier pour les histoires mélodramatiques.


L'opéra au 20ème siècle

Le 20ème siècle marque une rupture importante et un abandon des règles anciennes, accumulant les innovations et les expérimentations. L’atonalité et le dodécaphonisme inventé par Arnold Schoenberg auront une influence importante sur la composition musicale, de même que les musiques extra-européennes, telles que le jazz, et les nouvelles technologies (musique électronique).

L'Angleterre et les États-Unis font leur apparition sur la scène lyrique, ouvrant par ailleurs une ère postmoderne avec la musique minimaliste de Philip Glass et John Adams. Les 20ème et 21ème siècles sont également marquées par la redécouverte des répertoires anciens et la représentation d'œuvres appartenant à toutes les époques de l'histoire de l'opéra.