La Moldau de Smetana



Présentation de l'oeuvre

Má Vlast (Ma patrie) est un cycle de six poèmes symphoniques de Smetana. Fidèle à ses convictions patriotiques, Smetana évoque l'histoire ou les paysages de son pays, la Bohême. Le second, Vltava, est la pièce la plus célèbre du cycle, connue également sous son nom allemand La Moldau (Die Moldau). Vltava est le nom de la rivière qui traverse Prague et une grande partie de la Bohême avant de rejoindre l'Elbe dont elle est un affluent. La pièce se constitue de tableaux évoquant les bois, les danses paysannes (rythme de polka) et les nuits magiques de la Bohême. C'est en seulement 18 jours que Bedrich Smetana compose Vltava (la Moldau), son oeuvre la plus connue.

« Deux petites sources jaillissent à l'ombre de la forêt, l'une chaude et agile, l'autre froide et endormie. Elles s'unissent. Leurs prestes vaguelettes clapotent entre les cailloux et vibrent au soleil. Dans sa course hâtive, le torrent devient une petite rivière, la Vltava, qui se met en route à travers le pays tchèque dans un bruissement toujours plus ample. Elle traverse les fraîches prairies où le peuple chante et danse au son des notes campagnardes. Au clair de lune, les fées des eaux, les roussalkas, y rondent et s’y ébattent sur le flot argenté, dans lequel plus loin se mirent les châteaux revêches, contemporains de la vieille gloire et des vertus guerrières. Dans les défilés de Saint-Jean, elle écume en cascade, se faufile à travers les rochers et fend les vagues contre les rochers épars. Puis s’étalant dans son lit élargi, elle roule majestueusement vers Prague, où l’accueille Vysehrad, antique et solennel. Ici, en pleine force et gloire, le Vysehrad se perd aux yeux du poète dans les lointains infinis. » (Smetana)

Manuscrit de la Moldau




Titre de l’œuvre : La Moldau (1874)
Compositeur : Bedrich Smetana (1824-1884)
Nationalité : tchécoslovaque
Siècle : XIXème siècle
Epoque : Romantique
Genre : musique savante "classique" : Poème Symphonique

C'est à partir de ceci que Betrich Smetana, alors sourd, composera le second volet du cycle "Ma patrie". L'immense fresque fut entreprise sur 6 ans, de 1873 à 1879, pour la gloire de la nation tchèque, qui vient de gagner son indépendance.
Celui-ci, la Moldau, deviendra le plus connu des 6 poèmes symphoniques, qui composent "Ma patrie". Il n'a pas de forme spécifique puisque celle-ci découle de l'argument mais on pourra l'associer à la forme lied : ABA.

Voici donc le plan détaillé de cette œuvre :

Naissance de la Moldau

L'œuvre commence, nuance piano, en mi mineur, par un thème ondulant aux flûtes accompagnés par les pizzicati des cordes. Ceci représente la première source auquel va s'ajouter la seconde à la clarinette. Les deux thèmes vont d'abord se répondre, se superposer puis dans la vitesse des doubles croches se mélanger. De cet important flux de note va découler le thème principal de la pièce en deux parties, la première ascendante, et la deuxième descendante, ce qui donne l'impression de vagues, le tout en ternaire, plus souple, et donc plus approprié à quelque chose d'oscillant comme de l'eau.

Chasse dans la forêt

Après la sérénité du fleuve arrive la chasse en forêt, d'une atmosphère plus inquiétante à l'image de la gorge aux Loups dans le Freiscuhtz de Weber. Le thème de la chasse est énoncé aux trompettes.

Noces campagnardes

Heureusement, la rivière (et l'orchestre !) retrouve son calme initial et s'approche d'un village où l'on célèbre des noces. En réalité, ce passage n'est qu'un prétexte pour composer une danse populaire tchèque (rappelons que l'œuvre a été écrite pour la nation). Ce nouveau thème est binaire, et en sol majeur, relatif du ton principal.

Clair de lune

Alors que la noce se termine, l'atmosphère se trouble de nouveau : la nuit tombe. Un accord très dissonant amène à la tonalité de lab majeur. L'orchestre est pré-impressionniste, semblant anticiper Claude Debussy, c'est alors que s'élève aux cordes le magnifique et mystérieux chant du clair de lune.

Les rapides de Saint-Jean

La pièce gagne alors en intensité, pour arriver au climax, au moment des rapides de Saint-Jean. Les trompettes entrent et ponctuent les fins de phrase par de lourdes cadences (si si si mi). On est revenu au ton principal. Le nombre de cadence s’accroît, le thème devient alors une pompeuse marche, militaire toujours à la gloire de la nation naissante.

La Moldau élargit son cours

Les cascades de flûtes du début reprennent jusqu'à l'explosion du thème principal, mais en majeur, l'homonyme. La Moldau est arrivée à Prague (thème de Vysherad). La musique décroît les rives s'éloignent. Le tutti ponctue définitivement l'œuvre de deux accords, formant une dernière cadence.