Bilude en Ut (1979) de Pierre Schaeffer



Prélude en Ut mineur, de Jean-Sébastien Bach (1685-1750)

En effet, Bach utilise simplement le timbre du piano. Au premier abord, ce morceau ne "paie pas de mine". Autrement dit, il s'agit d'un prélude, un morceau d'échauffement, souvent utilisé pour vérifier que l'instrument n'est pas trop désaccordé avant de jouer le morceau principal. L'intérêt n'est donc pas d'une grand prouesse ni d'une grande émotivité lors de l'écoute. Pour autant, on remarquera que le tempo, plutôt rapide (allegro), permet au compositeur d'enchaîner les notes sur un même rythme et de donner un sentiment de perpétuel tournoiement. Il s'agit en fait d'un ostinato rythmique (mouvement rythmique répété sans cesse).



Bilude en Ut (1979) de Pierre Schaeffer (1910-1995)

Ici, Pierre Schaeffer fait une citation intégrale du morceau de Bach. Il conserve l'interprétation de l'original, mais comme le montre les hachures de la partition, ici ou là, il modifie le timbre en jouant sur des effets de réverbération, d'allongement des durées ou encore de toute autre "bidouillage" que permet l'utilisation de la table de mixage. Il se permet aussi de changer l'instrument ou bien de remplacer tout simplement les notes musicales par des sons concrets, le tout au même tempo et en gardant le même rythme. L'utilisation des sons concrets (sons du quotidien, qui ne sont pas musicaux de prime abord) ainsi que la modification des timbres dans la musique classique de Bach, permet de dire que Schaeffer crée, avec "Bilude en Ut", un morceau de musique mixte (mélange de sons concrets, de timbres modifiés et d'instruments réels). Ce sont ses recherches du copier / couper / coller et l'utilisation nouvelle de l'enregistrement avec microphone portatif qui l'ont conduit à ce résultat.