Six marimbas (1986) de Steve Reich






Il est le fondateur de la musique répétitive. Il a fait des études classiques à la Julliard School. Puis il est allé étudier avec Luciano Berio en Californie (il suit ses cours) : il essaye d’assimiler la technique sérielle avec beaucoup de mal. Berio lui dit de renoncer au sérialisme. Reich se tourne ainsi vers un retour à la tonalité, à une certaine consonance.
Il travaille beaucoup le jazz et le rock. Dans ses échelles modales, il emprunte souvent les modes du rock (mixolydien par exemple) : c’est un contexte consonant mais pas tout à fait tonal.
C’est le contact avec les musiques populaires (en particulier la musique africaine) qui va jouer un rôle de catalyseur dans son évolution compositionnelle.
En 1964, se basant sur des techniques développées par le cinéma expérimental de l’époque, il commence à mettre en boucle une structure musicale en la superposant à elle-même mais de manière décalée (avec des bandes magnétiques). Il commence donc à élaborer sa technique répétitive.
Il commence par s’intéresser à la musique balinaise : en 1967, il étudie le gamelan avec des musiciens balinais qui sont à Seatles. Il étudie la pratique balinaise (ce n’est pas seulement théorique). Il lit un certain nombre d’ouvrages ethnomusicologiques. En 1970, il voyage au Ghana pour s’initier aux percussions traditionnelles. Ce qui l’intéresse dans la musique africaine c’est l’aspect rouage c’est-à-dire le fait que les différentes parties sont dépendantes les unes des autres, et aussi la polyrythmie. Cette influence jouera un grand rôle dans la composition des œuvres des années 1970. Ainsi il compose Drumming, ou encore Six pianos (1973) devenu Six marimbas (1986) (on peut la jouer indifféremment au piano ou au marimba).
Son intérêt pour la musique traditionnelle reste toujours vivace dans ses recherches. En 1976, il revient à ses racines juives (grâce à sa seconde femme) : notamment la cantillation juive avec une œuvre comme Tellihim.
Dans son projet d’intégrer les musiques traditionnelles, il n’y a aucun exotisme : il veut surtout éviter cet écueil là. A cet égard, il est très critique vis-à-vis du compositeur La Monte Young qui s’inspire de la musique indienne dans un but exotique (pour refaire mai 68 !) : La Monte Young est végétalien, il pratique la méditation transcendantale et qui organise des séances qui durent des nuits entières d’improvisation musicale plus ou moins inspirées de la musique hindoue !
L’idée de Reich est d’intégrer à un projet savant des données qu’il a découverte dans la musique populaire africaine.
Dans Six marimbas, d’une manière comparable à ce qu’on trouve dans les polyrythmies africaines, il n’y a pas d’unité métrique de type mesure cependant il y a une pulsation de base qui est la croche. Sur le plan de la rythmique globale de l’ensemble de la polyphonie, il y a une animation rythmique régulière (toutes ces croches forment un flux, un débit continu : mais pas forcément au niveau de chaque ligne individuelle ; en fait les différentes voix se complètent et prennent leur sens que les unes par rapport aux autres). Reich dit :

« il est possible d’étudier la structure rythmique de la musique non occidentale et se laisser influencer par les résultats de cette étude tout en continuant à utiliser les instruments, les gammes et toutes les espèces de sons qui ont contribué à notre éducation. Ce qui créer une situation intéressante où l’influence non occidentale se manifeste dans le concept et non dans le son. Cette forme d’influence est plus authentique et plus intéressante car elle ne force pas l’auditeur à réaliser qu’il écoute l’imitation de quelques musiques non occidentales. Plutôt qu’une imitation, l’influence exercée par les structures de la musique non occidentale sur le système de pensée d’un compositeur occidental a toute chance de produire quelque chose d’authentiquement neuf »

La musique extra-européenne permet chez Reich un renouvellement de l’écriture musicale.