Messe pour le temps présent (1967) de Pierre Henry







En 1967, Maurice Béjart (chorégraphe) commande une musique à Pierre Henry pour une chorégraphie pour le Festival d’Avignon. Henry lui compose des « jerks électroniques » en collaboration avec Michel Colombier (compositeur de variété). L’oeuvre de Pierre Henry devient un véritable tube de discothèque et le disque sera coté au hit-parade : son disque des « Jerks électroniques » (composés pour la Messe pour le temps présent) sorti en 1967, aura un succès inattendu et prolongé, il sera premier au hit-parade classique durant deux ans. C’est la première fois que l’œuvre d’un compositeur « classique » va accéder à une telle célébrité (plus récemment, la 3ème symphonie de Gorecki connaît le même sort : elle a été pendant 3 semaines au top-ten en Californie dans les années 1980).

Cette Messe pour le temps présent est composée d’un prologue et de 4 jerks électroniques qui sont des exemples d’intégration du populaire (musique de danse) dans le savant (écriture concrète). Le jerk fut la première danse seule à figures non-imposées (la danse qui lui précédait était le madison : danse seule mais à figure imposée [fallait faire un M avec les pieds]). Le terme d’« électronique » qui est juxtaposé au mot « jerk » avait une connotation très savante : presque l’équivalent de cybernétique aujourd’hui c’est-à-dire une musique de laboratoire…

Ce qui a surpris les auditeurs, les spectateurs était le mélange à la fois du style très « musique de boite de nuit », « bal du samedi soir » et le son très électrique, très sec obtenu par l’électronique et par des manipulations du son. C’est de la techno avant la lettre…
Henry « remixe », « remasterise » sa Messe en 1991 (en changeant de support : du magnétique au numérique). En 1997, quatre DJs (comme Fat Boy Slim, William Orbitt) ont été invité à en remixer les parties. Cette œuvre rejoint les préoccupations des DJs actuels : travail sur les sons. De ce travail par les DJs elle prendra le titre Fantaisie messe pour le temps présent (mêle la version de Pierre Henry et des 4 DJs).






Il fait avec cette Messe pour le temps présent un travail de DJ… C’est par ailleurs une des ses seules œuvres faisant appel au populaire. Henry a anticipé la figure de manipulateur-compositeur. Ce qui explique d’ailleurs ses difficultés actuelles à maintenir son statut au rang de compositeur savant et sa reconnaissance face à des techniciens qui sont parfois plus au fait de certaines choses.


Henry a également travaillé sur la musique savante : dans sa 10ème symphonie, il travaille sur la 9ème symphonie de Beethoven.