Musique du Népal



trompes népalaises

Une dizaine de moines aux longs drapés d’étoffes couleur grenat soufflent dans des trompes géantes en cuivre. Ils en tirent des sonorités d’outre-tombe qui évoquent le vent, les vagues et les torrents réunis. Et surtout une espèce de vibration impossible à restituer sur disque et qui fait trembler le corps tout entier : dans le bouddhisme tantrique, le souffle est considéré comme une énergie créatrice qui parle aux puissances surnaturelles et participe à l’équilibre du monde.
D’où les lentes psalmodies caverneuses des lamas qui pratiquent la multiphonie, c’est-à-dire que chacun d’entre eux émet plusieurs voix en même temps. En longues vagues de douceur subitement réveillées par la frénésie libératrice des conques, cymbales et tambours, leurs chants sacrés évoquent, dit-on, les sons du corps humain, perceptibles seulement en état d’extrême concentration, lorsque les oreilles sont hermétiquement fermées. Leur particularité tient aussi à ce que, pour rester secrets, ils ont été cryptés par l’effacement des consonnes et s’articulent uniquement sur le flot ondoyant des voyelles.
Dans la quête spirituelle des lamas, la musique n’est qu’une étape, elle apprend à "être en harmonie avec les autres, à acquérir un équilibre intérieur". Aussi le statut de musicien n’est ni valorisé ni recherché sauf peut-être par les très jeunes moines qui ont de l’énergie à revendre et un peu de mal à se concentrer sur la lecture des textes sacrés.

La musique profane,  quant à elle, se joue pour accueillir les invités de marque et célébrer les réjouissances populaires au son des flûtes, orgue à bouche et hautbois de tradition chinoise.

(Eliane Zoulay, Les Musiques Du Monde)




INSTRUMENTS :

tambours : dhimay, dholak, hudko, khanjari, mâdal, nâykhi, tabla
idiophones : murcang
cordes : arbajo, sahnâi, sârangi, sgra-snyan, sitâr
vents : bânsuri, dung-chen, kahah, karnâl, narsingâ, pomgah




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