Les tableaux d'une exposition (Moussorgsky)




Dans cette œuvre, Moussorgsky transpose musicalement l’impression ressentie en visitant l’exposition consacrée à la mémoire de son ami le peintre Viktor Hartmann.
Il décrit dans le langage des sons le sujet de quelques-uns de ses tableaux.
Au départ, Moussorgsky avait écrit cette œuvre pour le piano. Ensuite, Ravel l’a orchestrée, sans la défigurer, tout en gardant l’esprit de la musique originale.

Cette œuvre est formée de 11 tableaux reliés par un thème.

La promenade est une sorte de marche ample, posée, empreinte de gravité. Elle représente le musicien qui déambule au travers de l’exposition, mais elle reflète également ses sentiments. En effet, elle se transforme, devient plus allègre ou plus douce, suivant les tableaux qu’elle introduit.

1) GNOMUS. Un petit gnome, difforme, allongeant des pas maladroits sur des petites jambes tordues.

2) LE VIEUX CHATEAU. Château du moyen-âge, devant lequel un troubadour chante sa chanson.

3) TUILERIES. DISPUTES D'ENFANTS APRES JEUX. Une allée du jardin des Tuileries, avec une nuée d'enfants et de bonnes.

4) BYDLO. Un chariot polonais sur des roues énormes, attelé de bœufs.

5) BALLET DE POUSSINS DANS LEURS COQUES.

6) SAMUEL GOLDENBERG ET SCHMUYLE. Deux juifs polonais, l'un riche, l'autre pauvre.

7) LIMOGES. LE MARCHE. Des femmes se disputant avec acharnement sur le marché.

8) CATACOMBAE. Sur ce dessin, Hartmann s'était représenté lui-même, examinant l'intérieur des catacombes de Paris à la lueur d'une lanterne.

9) CON MORTUIS IN LINGUA MORTUA. Dans son manuscrit original, Moussorgsky avait écrit au-dessus de cet Andante : « L'esprit créateur de Hartmann défunt me mène vers les crânes, les apostrophe - les crânes s'allument doucement à l'intérieur ».

10) LA CABANE SUR DES PATTES DE POULE. Le dessin de Hartmann représentait une horloge en forme de cabane de Baba-Yaga (sorcière légendaire) sur pattes de poule. Moussorgsky ajouta dans sa musique le train de la sorcière.

11) LA GRANDE PORTE DE KIEV. Le dessin de Hartmann représentait son projet de construction d'une porte d'entrée pour la ville de Kiev en style ancien - russe massif, avec une coupole en forme de casque slave.





Texte de présentation de Michel-R. HOFMANN :

« Hartmann bouillonne comme bouillonnait Boris. Les sons et les idées musicales m'arrivent tout rôtis, comme des pigeons. J'en avale et j'en avale, au point d'en avoir une véritable indigestion. J’ai à peine le temps d’écrire tout cela sur du papier à musique. J’en suis déjà au numéro quatre. Les transitions sont bonnes : des « promenades ». Je voudrais tâcher de faire vite et bien. Mon propre visage apparaîtra dans les interludes. Jusqu'à présent, tout cela me semble assez réussi. Je vous embrasse, et je sais que vous me donnez votre bénédiction », écrivait Moussorgsky, le 12 juin 1874 à son grand ami et confident Vladimir Stassov, le directeur de conscience, le guide spirituel et littéraire du Groupe des Cinq.

Par cette lettre, il lui confirmait son dessein d'honorer la mémoire de leur ami commun, l’architecte, aquarelliste et décorateur de théâtre Victor Hartmann. Celui-ci était mort subitement à Saint-Petersbourg le 23 juillet 1873, à trente-neuf ans ; au début de janvier de l'année suivante, l’Académie des Beaux-Arts avait organisé une exposition de ses aquarelles et projets d'architecture ; Moussorgsky, ayant assisté à l'inauguration, avait résolu de mettre cette exposition en musique.

Car, somme toute, Hartmann était un des « compagnons d’armes » du Groupe des Cinq, dans son domaine- à lui. Autant les Cinq souhaitaient « par les liens légitimes du mariage unir le chant populaire russe et la bonne vieille fugue d’Occident », au tant Hartmann préconisait un nouveau style d'architecture qui conciliât « les éléments naturels russes » (par quoi il entendait les isbas paysannes et les « terems » princiers) avec le style européen. Dans ce but, il avait entrepris un voyage de huit ans à l'étranger — en France, en Italie, en Allemagne — d’où il avait rapporté une grande partie des dessins, tableaux ou aquarelles présentés à l’exposition de l’Académie des Beaux-Arts.

Moussorgsky a-t-il « photographié » cette exposition en musique ? On l’a cru longtemps, faute de documents précis (du moins en Europe occidentale) ; certains ont même analysé et décrit les dix tableaux. Or, en fait, trois seulement ont existé en réalité : le Ballet des poussins dans leurs coques (Hartmann avait dessiné les costumes du ballet Trilby où figurait cette scène), La Cabane sur des pattes de poule et La Grande Porte de Kiev. Quant aux autres épisodes, ils témoignent tout bonnement de la puissance d’invention de Moussorgsky !

« Mon propre visage apparaît dans les interludes... » En effet, le thème de la Promenade (Moussorgsky circulant lui-même d’un tableau à l’autre) décrit bien l’allure débonnaire, du compositeur, et, à travers une série de variations simples, reflète ses impressions et émotions : l’effroi feint en présence du gros chariot paysan, son recueillement dans les catacombes, etc.

Pour le reste, Moussorgsky s’est contenté d’indications très succinctes, parfois d'un trait hâtivement crayonné par Hartmann. Ainsi, le tragique Gnomus — ce gnôme difforme qui semble inspirer au compositeur autant de compassion que l'Innocent de Boris Godounov — a pour source d’inspiration l’esquisse d’un jouet pour enfants, un casse-noisette ! Si Il vecchio Castello évoque un château médiéval et un troubadour qui chante devant le manoir, nous le devons uniquement à Moussorgsky, puisque Hartmann n’avait dessiné que des demeures princières du dix-septième siècle.

Pour Tuileries (des enfants se disputent après les jeux, précise le compositeur), Victor Hartmann avait crayonné un coin des Tuileries, désert, sans enfants.

Bydlo (« chariot polonais ») n’est mentionné ni dans le catalogue de l’exposition, ni dans aucun des inventaires dressés après la mort de l’architecte. Peut-être Moussorgsky avait-il observé chez lui quelque représentation d’un gros chariot paysan traîné par deux énormes bœufs. Son imagination, là-dessus, s’est exalté et il a brossé une fresque grandiose où le rudimentaire chariot finit par apparaître comme une sorte d’immense rouleau compresseur (la colère populaire de la scène de la révolte de Boris ?) broyant tout sur son passage à travers les longues plaines de Russie.

Samuel Goldenberg et Schmuyle : un Juif riche et hautain, un autre — pauvre et suppliant qui, semble-t-il, se fait finalement congédier d'un grand geste. Chez Hartmann, deux visages à peine ébauchés sur fragment de papier (à quoi il convient d’ajouter, en ce qui concerne Moussorgsky, un thème musical juif que chantait un tailleur installé dans la même maison que lui).

Quant à la Place du marché à Limoges, elle a été inspirée au compositeur par quelques esquisses au crayon, sur une simple feuille également, de profils de femmes et de vieillards bohémiens que Hartmann avait peut-être observés ailleurs qu’à Limoges ! Mais peut-être, ayant visité la Haute-Vienne lors de son voyage en France, en avait- il parlé à son ami ?

Catacombes (Sepulchrum Romanum - Cum mortuis In lingua mortua) a été suggéré par un dessin de Hartmann, qui s’était représenté lui-même, visitant les catacombes de Paris en compagnie d’un ami, l’architecte et dessinateur Kennel. Et il semble qu'un « transfert » se soit produit ici dans l'esprit de Moussorgsky : ne dirait-on pas que dans cette page, la plus lyrique et la plus intérieure de toutes, il entreprend de dialoguer avec le souvenir de son ami défunt.

Avec Baba-Yaga ou la Cabane sur des pattes de poule, nous nous retrouvons en plein pittoresque russe : Baba-Yaga, c’est la méchante sorcière des contes d'enfants, une sorte d'homologue du loup-garou, qui vit dans une maison sans portes ni fenêtres, posées sur quatre énormes pattes de poule, et utilise comme seule issue la cheminée par où elle s'envole à califourchon sur son balai pour assister au sabbat. Chez Hartmann : le dessin d’une horloge en bois, de style rustique et en forme d'« isba » ! 

Et, de même, la rutilante, la grandiose Porte de Kiev n’offre guère de points communs avec l’ébauche de l’architecte qui s’était inspiré d'un heaume médiéval slave pour imaginer une « porte monumentale » d’un style très discutable.

La version originale des Tableaux d'une Exposition a été écrite pour piano, mais il en existe au moins trois rédactions orchestrales : celle, très faible, de Touchmalov, un élève de Rimsky-Korsakov resté inconnu par ailleurs ; celle, super-instrumentée ou sur-instrumentée de L. Stokowski ; celle enfin de Maurice Ravel, qui constitue un chef-d'œuvre en soi — et une autre vision, une vision différente, de la partition de Moussorgsky. Faut-il préférer l’original ou le somptueux habillage de Ravel ? Chacun est libre de choisir selon ses propres goûts et convictions — encore que, je le répète, il s’agisse de deux conceptions totalement différentes.
Mais, peut-être, n’en était-il que d’autant plus intéressant de les graver sur les deux faces d’un même disque ?...


Michel-R. HOFMANN


écouter la version piano :






LES AUTEURS


Le compositeur MOUSSORGSKY (Modeste-Petrovitch), né à Karevo (gouvernement de Pskov) en 1839, mort à Saint-Pétersbourg en 1881, faisait partie du groupe des Cinq, musiciens russes qui s’étaient donné à tâche de doter la Russie d’une musique savante d’inspiration nationale : Rimsky-Korsakov, Borodine, César Cui, Balakirew, Moussorgsky.
Pianiste amateur de grande classe — était avant tout officier — enthousiasmé peu à peu par la composition, donne sa démission d’officier et sans rien connaître ou presque de son art, se met à composer d’instinct. Extrêmement doué, supplée par ses dons à son défaut d’instruction musicale. Toutefois ses œuvres ont été retouchées, améliorées ou même terminées par ses amis du groupe des Cinq, notamment Rimsky-Korsakov. Mène une vie agitée et meurt dans une crise de delirium-tremens.
Son œuvre principale est son opéra Boris Godounov (d’après Pouchkine), en a laissé un autre : Khovantchina. Œuvre symphonique : Une nuit sur le mont Chauve. Chœurs, mélodies et pièces de piano parmi lesquelles : les Tableaux d’une exposition.
C’est le musicien le plus sensible et le plus personnel des Cinq. Ennemi de la “musique pure”, il écrit de la musique concrète explicable littérairement. Excelle à décrire les états d’âme : l’angoisse et la folie du tsar Boris (états d’âme que Moussorgsky devait connaître à fond et pour cause), la résignation, la révolte qui habitent tour à tour l’âme des humbles ; s’apitoie facilement sur les malheureux, les infirmes, les innocents. Aimait beaucoup les enfants : a écrit la Chambre d’enfants.
Son opéra, Boris, est un des plus remarquables chefs-d’œuvre de la musique russe du XIXème siècle.

L’orchestrateur : RAVEL (Maurice), né en 1875, musicien français, l’un des plus marquants du XXème siècle. A été appelé le “magicien des timbres” en raison de son habileté à traiter l’orchestre. Son orchestration est un des aspects les plus caractéristiques de sa personnalité à tel point qu’un musicien averti reconnaît facilement la main de Ravel dans la version de l’œuvre que nous présentons ici, en dépit de la personnalité très accusée de Moussorgsky.
Ravel est l’auteur de : l’Enfant et les Sortilèges (opéra-comique), l’Heure espagnole (opéra-bouffe), Daphnis et Chloé (ballet), la Valse, la Pavanne pour une infante défunte, Ma mère l’Oye, etc.


ANALYSE DE L’ŒUVRE

Le titre exact est (édition originale) : “Tableaux d’une Exposition. Série de dix pièces pour piano par Modeste Moussorgsky, rédigée par N. Rimsky-Korsakov, A M. Wladimir Stassov. Ed. Bessel, St-Pétersbourg.”
Le manuscrit porte la date du 22 juin 1874. L’édition originale parut en 1886. Les dix pièces y ont été revues par N. Rimsky-Korsakov (l’auteur étant mort en 1881). Une analyse relative à la genèse de chaque pièce se trouve au début.
Orchestrée par Touchimalof, l’ensemble a été exécuté à Saint-Pétersbourg les 30-11 et 12-12-1891. Maurice Ravel a refait cette orchestration en 1922.
Une exposition posthume de dessins et aquarelles de l’architecte Victor Hartmann, ami de Moussorgsky, ayant eu lieu en 1874, le musicien a eu l’idée de représenter musicalement certains de ces tableaux. La plupart du temps, ces pièces sont séparées par un même thème qui apparaît chaque fois sous le nom de Promenades, et grâce auquel le musicien se représente lui- même allant de l’un à l’autre croquis sans hâte, sans gaîté (la mort de son ami est récente) après avoir triomphalement et pesamment ouvert l’exposition avec les officiels.
Nous donnons ci-après les titres des différents morceaux avec la légende explicative qui figure en tête de l’édition originale et que nous faisons suivre de nos commentaires.





Promenade n°1
   
“Allegro giusto nel modo russico, senza allegrezza ma poco sostenuto”.
Thème 1 (Rôle important des cuivres) pesant, triomphal.


1. Gnomus.


“Vivo”
“Dessin représentant un petit gnome allongeant des pas maladroits sur ses petites jambes torses”.


Thème 2 :

a) rappelle en un fragment et de loin le thème de la promenade.

b) issu nettement du thème de la promenade.


c) thème absolument nouveau chromatique dans le grave.

La pièce se termine (en mi b mineur) sur un “trait” nouveau “Velocissimo”. La forme de cette pièce ne peut s’expliquer que par les intentions descriptives de l’auteur, nettement exprimées dans le titre.
Représentation graphique : les nains de Blanche-Neige ou de certains contes de fée (pour les petits).


Promenade n°2

Moderato, commodo assai e con delicatezza.
Le thème (1) de la promenade reprend (aux basses).




2. Il vecchio Castello.



Andante, molto cantabile e con dolore.
“Château du Moyen Age, devant lequel un troubadour chante sa chanson”.




Deux thèmes différents (3) :

a) piqué à la basse (comme imitant un accompagnement instrumental).

b) chantant à la partie supérieure (comme pour évoquer la voix).


Promenade n°3



Moderato non tanto, pesamente (thème 1).






3. Tuilerie. Dispute d’enfants après jeux.



Allegreto non troppo, capriccioso.
“Une allée du jardin des Tuileries, avec une nuée d’enfants et de bonnes”.




Deux thèmes (4) :

a) évoque l’agitation du groupe d’enfants.

b) plus “pleurnichard”, évoque plus spécialement la dispute (intention comique).



4. Bydlo.



Sempre moderato pesante.
“Un chariot polonais sur des roues énormes, attelé de bœufs”.

Le mot « bydlo » est un emprunt russe à la langue polonaise et signifie « le bétail ». Le peuple, ce n’est que du bétail. La démocratie est faite pour les peuples qui ont déjà su développer certaines traditions démocratiques, mais pas pour un peuple qui a vécu pendant des millénaires sous les tsars... Dans l’exposition, un tableau portait la légende suivante : "Un lourd char polonais avec des grandes roues, tiré par un boeuf. »Mais on n’a jamais retrouvé trace d’un tableau illustrant un char. Sur le manuscrit de Moussorgski, le titre original a été rayé au couteau. Quand Stasov, responsable de l’exposition a posé la question à Moussorgski, celui-ci aurait répondu : « entre nous, laisse croire qu’il s’agit d’un char ». Ce que l’on a interprété comme : « en vérité, ce n’est pas un char tiré par un boeuf mais bien une représentation du peuple polonais souffrant de la tyrannie. Laisse le public croire que c’est un char ».




Deux thèmes (5) :
a) sur un rythme lourd des basses (le bruit du chariot), s’élève.

b) une mélodie non moins lourde (le chant du charretier). Rôle important du tuba (gros instrument de cuivre).




Promenade n°4

Tranquillo.

 




5. Ballet de poussins dans leurs coques.


Scherzino (vivo-leggiero).
“Un dessin de Hartmann pour monter au théâtre une scène pittoresque du ballet Trilby”.



Remarquer la légèreté du thème (6) et ses intentions descriptives en rapport avec le pépiement des poussins.


6. Samuel Goldenberg et Schmuyle.



Andante.
“Deux Juifs polonais, l’un riche, l’autre pauvre”.




Tous deux sont nettement caractérisés : thèmes (7).

a) Samuel Goldenberg (montagne d’or), thème imposant, grave.



b) Schmuyle ‐ le pauvre ‐ quémandeur.




Cette pièce a été commentée de la façon suivante par Pierre d’Alheim :

“Il n’y a pas un Russe qui ne reconnaîtrait à la première audition le sujet de la pièce... Deux mélodies juives, en répons, dont l’une est grave, imposante, bien marquée, l’autre vive, rapide, sautillante, suppliante, vous campent à ne s’y point tromper les deux personnages, dont l’un, le gras, marche en carré comme un chien de race et l’autre, le maigre, se presse, se fait petit, se contorsionne comme un roquet. Il évolue drôlement, cherche le regard de l’autre, quémande. Pour ces deux il n’y a pas de doute, on les voit ‐ et l’aboi du gras qui se débarrasse... du gêneur prouve que Moussorgsky pouvait tirer du piano, comme de la voix, des effets comiques.”

(Cité par : Laurent Ceillier, les chefs-d’œuvre du piano au XXe siècle.
Edition Ecole Normale de Musique, page 120).

(Insister sur les mots en italique.)


Promenade n°5

Allegro giusto, nel modo russico, poco sostenuto.


7. Limoges. Le marché.




Allegro vivo, sempre scherzando.
“Des femmes se disputant avec acharnement sur le marché”.
Vivacité caractéristique du thème (8) s’enchaîne au suivant.




8. Catacombae.


Deux parties :

Sepulcrum Romanum (Largo).
“Sur ce dessin Hartmann s’était représenté lui-même, examinant les catacombes de Paris, à la lueur d’une lanterne”.


Cum mortuis in lingua mortua. Andante.
“L’esprit créateur de Hartmann défunt me mène vers les crânes, les apostrophe ‐ les crânes s’allument doucement à l’intérieur”.



9. La cabane sur des pattes de poule.



(Baba-Yaga). Allegro con brio, féroce.

“Le dessin de Hartmann représentait une horloge en forme de cabane de la Baba-Yaga, sorcière légendaire.” La Baba-Yaga est une redoutable ogresse “dont les exploits terrifiants ont troublé le sommeil de tous les enfants russes”. On la rencontre à chaque pas dans les contes russes.


Remarquer cette sorte d’hésitation au début comme si la cabane avait un certain mal à se mettre en branle, puis l’agitation croissante et l’intensité de plus en plus inquiétante.

(S’enchaîne au suivant).


l0. La Grande Porte de Kiev.



Maestoso con Grandezza.



“Le dessin de Hartmann représentait son projet de construction d’une porte d’entrée pour la ville de Kiev, en style ancien russe massif, avec une coupole en forme de casque slave”.



(Montrer des exemples d’architecture russe ancienne).

Se termine en un carillon brillant et triomphal et, ainsi que d’aucuns l’ont écrit : “en analogie avec l’entr’acte de la Khovantchina évoquant le carillon géant qui faisait frémir, lors du sacre des czars, la coupole du Kremlin.” (Laurent Ceillier, op. cit. p. 121).

La Khovantchina, ainsi que nous l’avons dit plus haut, est l’un des deux opéras de Moussorgsky.

Ne pas négliger de mettre en relief la beauté musicale de chacune des pièces, afin d’éviter que l’argument absorbe toute l’attention des élèves au détriment de la musique : Beauté de la mélodie du “vecchio Castello”, la délicatesse des “poussins”, le caractère imposant de la porte de Kiev”. Faire remarquer la répétition du thème de la promenade, thème que l’on retrouve chaque fois avec plaisir et qui n’engendre pas la monotonie : 1° à cause de sa valeur musicale ; 2° par les variations que l’auteur lui fait subir.

Insister sur le fait que même les plaisanteries, restent musicales et élevées (Tuileries, Limoges, les deux Juifs, le chariot).



Partitions
Piano : Editions Schott.

Orchestre : Ravel, Ed. Boosey et Hawkes.