Stimmung de Karlheinz Stockhausen






En 1968, Stockhausen écrit Stimmung (= s’accorder) qui manifeste des influences de philosophies extrême-orientales (en particulier les philosophies du Tibet et les philosophies bouddhistes).
Il s’agit de psalmodies vocales immensément étirées. Dans cette œuvres, les chanteurs doivent travailler en diphonie (la diphonie est utilisée par les moines tibétains pour accéder à la méditation). La diphonie consiste à modifier le moule de la bouche en émettant un son afin d’émettre en même temps une harmonique (en fonction de la voyelle émise, l’harmonique est différente… le « i » donne beaucoup d’harmoniques aigues) : c’est la formation de la boite crânienne qui fait qu’on a tous un timbre de voix différent. Dans cette technique de la diphonie, on en arrive à privilégier tellement certaines harmoniques qu’on fait vraiment entendre cette seule harmonique.

C’est une œuvre ouverte : le compositeur propose certaines choses et c’est aux musiciens de décider quand ils ont atteint le but demandé par le compositeur et de passer à une section suivante.

C’est une œuvre pour un chœur de 6 personnes (3 hommes et 3 femmes). Il y a une dimension spirituelle qui est présente. Stimme = la voix, Stimmung = humeur, atmosphère, disposition d’esprit (le caractère) mais aussi « s’accorder » (dans le sens musical et aussi sur le plan : « être d’accord »). Il y a pour chaque sections un leader qui mène le jeu : il propose une mélodie, un pattern qui est reproduit par les autres sur leur hauteur respective (formant un accord de neuvième sur sib : toute l’œuvre repose sur ce même accord). Quand les musiciens arrivent au moment où ils sont bien ensemble, quand ils ont atteint cette « stimmung », cette harmonie alors il passe à la section suivante et un autre chanteur devient le leader…

Accord de 9è dans Stimmung


L’œuvre est longue : environ 60 min.

La technique vocale repose entièrement sur la diphonie : cette technique sort de son contexte populaire d’origine car on l’intègre à une œuvre savante.



L'œuvre est composé de 51 sections, la plupart étant consacrées à l'invocation d'une divinité avec des jeux mélodiques et rythmiques sur des mots répétés. Un chœur mixte fait entendre des ostinatos en polyphonie en même temps qu’un soliste  : les sons émis par cette voix de basse sont des onomatopées. Il y a des jeux de souffle sur les sons « f », « ch », « i » et « u » puis apparaissent deux textes en allemand en parlé-chanté (sprechgesang), constitués par deux poèmes érotiques de Stockhausen. C’est une œuvre écrite dans un style de la deuxième moitié du XXè siècle, style « contemporain », marqué par l’emploi du parlé-chanté et des jeux de souffle.

Lors de l'exécution de la pièce, le concert se présente comme un « feu de camp hippie »4, les chanteurs s'assoient en cercle sur le sol, dans la position du lotus. L'œuvre se compose de 51 phases interprétées les unes après les autres. C'est autour de la note pivot si bémol que la pièce se déroule. Par moments, les interprètes doivent choisir un nom de Dieu (pré-noté sur la partition) et le chanter. On peut parler de Stimmung comme d'une œuvre indéterminée dans le sens que ce sont les interprètes qui choisissent le parcours mélodique et syllabique de la pièce.

La forme de l'oeuvre :


Voir aussi :
Stimmung — Wikipédia
Stockhausen - Sounds in Space: STIMMUNG