La musique arabe


Les Arabes sont aujourd’hui pour l’essentiel constitués par les populations des pays membres de la Ligue arabe : Arabie Saoudite, Yémen, Émirats arabes unis, Koweït, Bahreïn, Qatar, Oman, Irak, Jordanie, Liban, Syrie, Palestine, Égypte, Soudan, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie. À cette organisation ont toutefois adhéré des pays où la population arabe n’est que minoritaire (Djibouti, Somalie, Comores). Il faut également signaler la présence, dans les pays de la Ligue, de minorités non arabophones tels les Berbères dans les pays du Maghreb ou les Kurdes en Irak. Enfin, le monde arabe ne s’identifie pas à la religion musulmane : il existe de par le monde de très nombreux musulmans non arabes (Turcs, Kurdes, Bengalis, Iraniens, Malais), et certains Arabes ne sont pas musulmans (par exemple les chrétiens du Liban, de Syrie ou de Palestine). De ce fait, les meilleurs critères pour définir le monde arabe sont d’ordre linguistique et historique.

Le monde arabe contemporain. Il est formé d’Etats qui ont tous été créés au 20ème siècle, même si leurs frontières sont héritées d’un passé plus lointain. En bas à gauche : l’expansion maximale de la conquête arabe sous les Omeyyades, au début du 8ème siècle.


Caractéristiques de la musique arabe :

— Il s’agit d’une musique modale, monodique, de transmission orale ou codée.

— esthétique de la ligne horizontale faite de sons successifs et de formules mélodiques qui ne se superposent pas et ne fusionnent pas.

Musique avant tout vocale et mélodique. Le chant et la voix tiennent une place primordiale. Les instruments n’y jouent au fond qu’un rôle secondaire ou du moins auxiliaire (comme dans le taqsîm).

— L’art musical arabe appartient essentiellement à l’aire des civilisations non écrites et se maintient grâce à une tradition orale.

— possibilités diverses de la voix humaine et donc du chant.

— ornement de la mélodie par une série de fioritures et mélismes dans lesquelles seules les voix orientales excellent (et qui tiennent dans l’art musical la place des arabesques dans l’art figuratif).

— Le libre choix laissé à l’improvisation et au talent personnel est toujours considéré comme la source principale de l’art.



Ensemble typique arabe : le takht

Le TAKHT (en arabe « lit », ou « estrade ») est l’orchestre arabe traditionnel de musique savante : sa dénomination rappelle que les musiciens, autrefois, prenaient place sur des divans lorsqu’ils étaient invités dans les palais des califes et des sultans. Le takht classique remonte à la période antéislamique : bien que d’effectif et de composition variables, il comprend le plus généralement le luth OUD, la cithare QANOUN, une ou deux KAMANJEH, plus rarement la flûte NAY, et quelques instruments à percussion tels que le RIQ (ou TAR) – tambour sur cadre de haute virtuosité, conducteur rythmique de l’orchestre –, occasionnellement les petites timbales NAQQARÂT (ou DARABOUKKA). Cette formation se rencontre au Proche-Orient (Syrie, Liban, Égypte) ; en Irak, l’ensemble DJALGHI – qui dérive du takht et se produit aujourd’hui encore à Bagdad – comporte la cithare SANTUR, la vièle à pique DJOZE, ainsi que les percussions TABLAH (ou DOUNNAK) et DAFF (équivalent du Riq) ; il exclut le luth. Un chanteur et un groupe choral, accompagnés de ces instruments, interprètent le répertoire de l’authentique « Maqâm al-Iraqi ». En Tunisie, enfin, l’ensemble AOUADAH comprend seulement un oud, un qanoun, une daraboukka et un tar ; ces instruments jouent en solistes hétérophoniquement – à une ou plusieurs octaves d’intervalle ; ils soutiennent également un chanteur ou une chanteuse dans l’exécution des formes vocales.


Les instruments de musique arabes







La mélodie


Arabes : maqâm (mode, pluriel : maqâmat)

Turquie : makam (= modes) ; Koma = note.

Iran : avâz (ou dastgâh).


L’octave est divisée en 12 demi-tons égaux dans notre système occidental.

Les musiques arabes accordent une grande place à la mélodie et pousse donc les recherches dans ce sens : il en résulte des intervalles plus petits que le demi-ton (de l’ordre du 1/3 ou du ¼ de ton et parfois moins encore !).

Dans la théorie arabe moderne, on divise l’octave en 24 quarts de tons ! Ce qui donne une richesse mélodique bien plus grande que la notre. Il a fallu donc inventer (pour la théorie et la notation) des signes nouveaux en plus du dièse et du bémol que nous connaissons…

Le déroulement de la gamme ascendante et descendante à la manière occidentale demeure lui-même théorique puisque la musique arabe se présente principalement sous forme de formules mélodiques limitées à des intervalles relativement courts. C’est ici qu’interviennent des différences fondamentales avec la musique européenne. Dans celle-ci, en effet, le cadre essentiel est l’octave, alors qu’en musique arabe la cellule première de la mélodie est la quarte.

De l’agencement de ces quartes naissent les maqâmat (pluriel de maqâm) : formules mélodiques se déroulant suivant des règles fondamentales sur les degrés d’un tétracorde donné ou d’une suite de tétracordes. Chacun d’eux peut correspondre à un caractère ou à un sentiment spécifique (comme les raga de la musique indienne). La musique arabe connaîtra plus de 100 maqâmat classiques (400 dans les traités théoriques anciens) dont 30 au moins sont encore usuels et 12 restant parfaitement courants.

La structure du maqâm est déterminée par l’ambitus ou l’échelle modale (c'est-à-dire son étendue dans l’échelle des hauteurs), le point de départ, le point de repos final ou tonique, les points d’arrêt momentanés ou secondaires.





Exemples de maqâmat :

Bayyâtî
Le bayyati utilise la note ré comme tonique avec le deuxième et le sixième alterné par, approximativement, un quart de ton. Lors du mouvement descendant, le sixième degré est généralement totalement alteré :


Hijâz
Le hijâz a pour tonique ré. De même, lors du mouvement descendant, le sixième degré est bien souvent totalement altéré :


Dastgâh de Chahargah :





Site de référence sur le maqamat : http://www.maqamworld.com



Le rythme

ouasn (= ousoul ou darb) sont les cycles rythmiques ; iqâ (= rythme).

usul (cycles rythmiques) en Turquie.

Plus encore que les maqâmat, les rythmes appelés îqâ’ sont des structures essentielles de la musique arabe. A la différence des maqâmat portant des noms persans, ceux-ci suivent une terminologie spécifiquement arabe. Le rôle propre de l’îqâ est de servir de support métrique à la mélodie en lui fournissant des périodes d’égale durée marquées par des frappes ou battements alternatifs symétriques ou asymétriques, sourds ou clairs (dum et tak). Notons que l’asymétrie est un des caractères de la musique musulmane en général, tel le rythme  a’araj (= boiteux) ou aksak en turc, dans lequel le dernier son se précipite pour reprendre sur le premier temps :



Voici quelques rythmes utilisés lors de l’exécution de morceau de musique orientale :



N’oubliez pas l’alternance (la différence entre) des doum, au ton résonant et bas (ce sont les notes avec leurs hampes en haut), et des tak, au ton craquant et haut (ce sont les notes avec leurs hampes en bas). Les doum sont joués avec la paume de la main à plat sur la darbouka et les tak sont joués avec le poing refermé.

On trouve des cycles rythmiques plus ou moins long.

Exemple de rythme turc dit « aksak » (= boiteux) :


Rythmique utilisée par le musicien de jazz Dave Brubeck dans Blue Rondo à la Turk :




Autre exemple de cycle rythmique : Zeybek, danse nationale turque au rythme asymétrique :