Tunisie : Chants et Rythmes - Club du disque arabe - Les Artistes arabes associés AAA 001
octobre 15, 2018
Club du disque arabe - Les Artistes arabes associés AAA 001
(P) 1988
TUNISIE
CHANTS & RYTHMES
1. «SIDI MANSOUR » - JERRARI [5:56]
(viens à mon appel ô mon Seigneur)
2. «ZARZIS» - NA'AMA [4:55]
(Le charme des filles du sud)
DANSES DES VEILLEES DE GROÇONS
GROUPE DE ZLASS
3.«SALAH YA BOU HELLA» [5:22]
(Le saint habillé de lumière)
4. «KHALKHAL AICHA» [4:25]
(Aicha danse et on voit ses anneaux de pied)
5. «YA ZITOUNA» [6:47]
(Ils se sont tous ligués conte moi)
6. «JANI ELMERSOUL» [5:21]
(J'ai reçu ton messager et je ne sais que répondre)
7. «ALLOMO» - HEDI HABBOUBA [5:25]
Lui; je l'aime, mais je déteste sa mère)
8. « ELAIN ZARGA» - SALIM HALLALI [6:39]
(Les yeux bleus préoccupent mon esprit)
9. «AISSAOUA» [9:00]
(Musique thérapeutique)
10. «MRID FANI» - SALIHA ESSAGHIRA [7:49]
(Final de Nouba Malouf sur un poème alphabétique)
Minutage totale : 59:40
#1-7, 9: D. P.
#8: AbdelKerim Lahbib
#10: D.P. arrangement Salah El Mahdi
LA MUSIQUE EN TUNISIE
Depuis de nombreux siècles, les Beys de Tunis ont porté un très grand intérêt à la musique du pays, à tel point que s'instaura une véritable tradition selon laquelle le Bey régnant et son prince héritier créaient, l'un et l'autre, une école de musique dans leur palais respectif et veillaient constamment à ses activités et aux progrès de ses enseignements. Chaque mardi, en plus des fêtes, chaque école devait présenter une séance pour donner la mesure de ses progrès. Cette tradition sera conservée jusqu'à la fin du règne du Bey AHMED, en 1942.
Beaucoup de grands chanteurs et instrumentistes de talent ont été formés dans ces écoles, tels que AROUSSIA BROUTA, de l'école de MOHAMED ELHADY BEY, le pianiste MOHAMED ELKADRI, de l'école de NACER BEY, le violoniste ALBERT ABITBOL, de l'école de MOHAMED ELHABIB BEY. Des écoles furent également créées dans les autres villes du territoire en dehors des écoles traditionnelles que sont les confréries religieuses qui ont joué le rôle de véritables conservatoires pour la musique MALOUF. Les confréries les plus répandues étaient la KADRIA, la AISSAOUIA et la AZZOUZIA qui, au cours de leurs soirées hebdomadaires, faisaient la promotion du patrimoine musical tunisien à travers tous les quartiers de Tunis et sur le reste du territoire.
On raconte qu'il existait aussi des boutiques spécialisées où l'on pouvait acheter des cahiers de chansons calligraphiées et y apprendre ce que ces cahiers contenaient de TOUCHIAS et QACIDAS auprès du marchand qui, à certaines heures devenait un professeur de musique.
Le Bey qui a fait le plus pour la musique tunisienne est le Bey MOHAMED RACHID (1710- 1759) qui à donné son nom à l'Institut de la RACHIDIA. C'est lui qui organisa la NOUBA tunisienne selon la construction qu'elle connaît de nos jours. C'est sous son règne que furent composés les morceaux qui viennent s'intercaler entre les différentes partie de la NOUBA, ainsi que la plus grande partie des TOUCHIAS. Il fera entrer l'influence turque dans la musique traditionnelle par l'emprunt des modes turcs et de l'instrumentation en incluant des morceaux entiers comme les BACHRAFS mais composés dans le style tunisien.
Entre la fin du siècle dernier et le début de ce siècle, la musique tunisienne a connu un grand nombre de maîtres célèbres qui firent beaucoup pour sa conservation et sa promotion auprès du public tunisien. Citons en premier lieu, le Cheikh MOHAMED BEN ELHUSSEiN DRIR qui était un chanteur de la SOULAMIA et possédait une grande connaissance du MALOUF et un grand talent dans l'improvisation de QACIDAS. Il appartenait à l'école de MOHAMED ELHABIB BEY. C'est lui qui forma les chanteurs AZZOUZ SAMMAR, SADEK EL-FERGANI. Ce dernier a participé au recueil de musique andalouse confetionné par la RACHIDIA en 1940.
Le début de ce siècle a connu un autre grand maître de la QACIDA et de la musique de scène, le Cheikh SALAMA DOUFALI, grand chantre de la ZAOUIA CHAZLIA qui appartenait à l'école du BEY MOHAMED NACER. De la même époque sont le maître SADEK BENARFA, le Cheikh MOHAMED ELMGHIRBI, grand joueur de luth, le Cheikh MOHAMED BENABDESSALAM et LALOU BECHICHA. De cette époque encore, KHAILOU ESSAGHIR et HEDI QAMAN, deux vilonistes célèbres, ARMED DERBEL, célèbre par son jeu du RBAB, MOHAMED GHANEM, chef de la délégation tunisienne au Congrès de la musique arabe du Caire en 1932. Il y avait aussi le clarinettiste AZIZI ABDERRAZAK qui adapta les modes de la musique arabe à cet instrument occidental, il avait une grande aptitude a transposer sur tous les tons les modes arabes qu'il jouait. AHMED TOUILI fut célèbre à cette époque pour son jeu subtil du TAR et pour ses chants religieux ainsi que sa grande connaissance du MALOUF; il fut le maître de KHMEYES TERNAN. Malgré sa cécité c'était un grand voyageur, il s'est rendu à Istamboul en passant par Tripoli.
Il nous faut aussi parler de l'école de musique militaire qui, à la fin du siècle dernier et au début de ce siècle, a recueilli une grande partie du patrimoine national. Elle a créé une méthode pour l'enseignement des instruments en précisant l'échelle des modes en usage à l'époque; le manuscrit dans lequel elle est consignée est conservé actuellement à la RACHIDIA, école créée en 1855 par AHMED BACHA, 1er qui a fondé le premier orchestre militaire avec des cuivres, ouvrant la porte à toutes les associations municipales qui se créèrent un peu partout dont la HUSSEINIA, ALHILAL, la NASSIRIYA, ALISLAMIA à Tunis même, ALASRIA à Sfax, ASSAHILIYA à Sousse, jusqu'à couvrir totalement le territoire. L'initiateur de ce mouvement fut AHMED BIJAOUI aidé par MOHAMED BEN AHMED, AHMED DOUGAZ, TAHAR BEN GHAZALA, HASSAN TAJOURI, AZZOUZ et HASSOUNA CHAF'I, HEDI CHENOUFI et CHADLY MEFTAH.
En ce qui concerne la musique et le chant MALOUF, le début de ce siècle a connu la célébrité d'AHMED ELOUAFI qui a enrichi ce patrimoine avec de nouvelles créations. Né Tunis en 1850 dans une famille andalouse, il dut sa première initiation au MALOUF à son père, le Cheikh HMIDA ELOUAFI, célèbre par son interprétation de la BORDA de BOUSSAIRI et d'autres chants religieux. La BORDA était interprétée de différentes façons, la plus connue était celle de la confrérie QADRIA. On disait la BORDA avec accompagnement (ALBORDA BISSANAY'E). Il a appris le MALOUF auprès de divers maîtres, en premier lieu le maître du RABAB, BRIHEM TEBSI, ensuite auprès de SAQESLI, le chef d'orchestre militaire et auprès d'autres encore jusqu'à devenir un des plus grands connaisseurs de Malouf et un très bon joueur de flûte. Il a collaboré avec le Baron d'ERLANGER comme source pour son ouvrage sur la musique arabe. Il avait une très vaste connaissance des QACIDAS; de plus il avait appris tous les MOUWACHAHS et les DAWRS en provenance d'Orient soit par l'intermédiaire des troupes qui se produisaient à Tunis, soit par les disques qu'enregistraient les maîtres d'Egypte tels que YOUCEF MENIALAOUI, ABDELHAY HILMY et d'autres. Il a formé de nombreux élèves dont ALI BANOUS et MOHAMED DERWICHE.
De cette génération, la personnalité la plus marquante sera le Cheikh KHMEYES TARNAN, né en 1894 à Bizerte. Après l'école coranique et l'école primaire, où il fut l'élève de Abderrahman GUIGUA qui, pendant les récréations, lui apprenait à jouer d'un instrument appelé la CHEBBABA (flûte à bec d'origine syrienne), il participera à des chorales (KADRIA, MOULOUDIA, SOULAMIA). Il viendra résider à Tunis en 1917 et donnera des galas. Sa célébrité dans le domaine artistique fera qu'il sera dispensé du service militaire par le Bey Mohamed NACER. Il augmentera ses connaissances du MALOUF auprès du maitre Ahmed TAOUILI qui l'initiera aussi au luth dont il deviendra vite un virtuose, rivalisant avec les plus grands de l'époque, Mohamed MGHIRBI, Lalou BEHICHA et Mohamed BENABDSSALAM. Il créera un orchestre pour animer les soirées privées et publiques; ses soirées hebdomadaires au café MRABET seront le rendezvous des artistes et des hommes de lettres. Il fera de fréquents voyages en Allemagne pour enregistrer ses disques chez la société Baidaphone, seul ou en accompagnement de HABIBA MESSIKA, de Mohamed KADRI ou de Mohamed TRIKI. Il sera le premier à recevoir l'enseignement du Cheikh Ali DERWICHE, que le Baron d'Erlanger fera venir de Syrie et qui lui apprendra la notation. Auprès de lui, il acquerra la connaissance des modes orientaux, ce qui lui ouvrira la porte de la composition. Il participera au Congrès du Caire de 1932 comme membre de la délégation tunisienne. En 1934 il sera l'un des créateurs de l'Institut de la RACHIDIA où il sera engagé dés le debut comme professeur de chant et participera à tous les travaux de cet institut, tant dans le recuil du patrimoine que dans la composition de nouveaux BACHRAFS et même de nouvelles NOUBAS telle que la NOUBA AL KHADRA dans le mode NAHAWEND. Il composera aussi un grand nombre de MOUWACHAHS, de QACIDAS et de chansons encore connues de nos jours.
KHMEYES TARNAN veillera toujours à la conservation du style tunisien dans ses apports nouveaux à la musique traditionnelle. Il jouera aussi un grand rôle dans la conservation du patrimoine par l'enregistrement ou l'écriture et la promotion de cette musique par l'Institut de la RACHIDIA dont il faisait diffuser tous les concerts et par la création d'un orchestre à la radiodiffusion pour la musique du MALOUF. c'est lui qui créera aussi une méthode pour l'enseignement de la musique arabe utilisée actuellement dans tous les conservatoires tunisiens. Il mourra en 1964 après avoir rempli le rôle qu'il s'était fixé: défendre et répandre la musique arabe par tous les moyens.
A côté de cette musique savante transmise par les générations du passé et enrichi au cours des siècles par les apports de grands maîtres comme nous l'avons vu précédemment, il existe une infinité de genre populaires qui forment une autre tradition transmise depuis des siècles et qui évoluent dans les couches populaires y apportant la joie à défaut du plaisir intellectuel qu'apporte au mélomane tunisien une NOUBA bien exécutée.
De cette musique populaire citons d'abord le FONDO né à la fin du siècle dernier et qui est un dérivé du MALOUF en langue populaire qui exprime, dans des poèmes en MALHOUN, les sentiments les plus profonds des populations campagnardes. Dans ce poème divisé en strophes s'intercalent parfois des AROUBIS, qui forment à eux seuls un genre d'origine bédouine, voisins des STIKHBARS algériens et les AÏTAS marocaines. Les compositeurs de FONDO sont très peu connus et les œuvres chantées de nos jours par les plus grands chanteurs et chanteuses du pays donnent l'impression de chansons venues d'un lointain passé.
La musique tunisienne a emprunté à ses voisins tout un répertoire qu'elle partage - patrimoine commun - avec l'Algérie d'une part pour le genre chaouia et sétifien et avec la Libye pour le genre tripolitain et fezzani.
Nous trouvons bien entendu dans cette tradition populaire toutes les musiques de cérémonies, les musiques de danses, les musiques de confréries qui, elles, dérivent presque toutes du MALOUF, les musiques d'origine africaine répandues par les troupes TRINGALI. Tous ces genres subissent l'influence de la mode et s'enrichissent chaque jour par les apports des nouveaux compositeurs.
Les partisans de la musique égyptienne sont dominants y compris dans la musique traditionnelle où ils découvrent très tôt les DAWRS et MOUWACHAHS égyptiens, les adoptent et les enrichissent à leur tout. Dans la chanson populaire, cette influence est encore sensible de nos jours; beaucoup de compositeurs se spécialisent dans la chanson oriental sur des textes tunisiens. Dès les années 30, imitant des vedettes orientales qui visitent Tunis, les compositeurs tunisiens se lancent dans la chanson moderne d'influence européenne et c'est un foisonnement de valses, de tangos et de rumbas qui envahit la chanson tunisienne. C'est l'époque où brille l'étoile de HEDI JOUINI, mais l'influence égyptienne continue à dominer dans tout le mouvement de création des années 40. ALI RIAHI introduira les modes orientaux dans la chanson populaire et créera un genre qui reste authentiquement tunisien. Un deuxième compositeur de renom créera à la même époque un autre genre plus tunisien encore parce que nourri de la musique bédouine, ce sera le grand poète et chanteur de talent, MOHAMED JAMOUSSI. Ces deux chefs de file de la chanson tunisienne continuent encore à inspirer toute la nouvelle génération de compositeurs tunisiens.
Bien des compositeurs des années 30 n'ont été que des découvreurs de chansons du passé: leur rôle a été comparable à celui d'archéologues plus qu’à celui de compositeurs; ils ont puisé dans le patrimoine populaire, dépoussiéré un peu et prétendu avoir créé une nouvelle chanson. Cette manière de s'attribuer l’œuvre d'auteurs oubliés est encore en usage de nos jours sans que les sociétés d'auteurs y puissent mettre un terme. Ceci nous amène à remarquer que certaines œuvres du passé seront éternellement d’actualité parce qu'elles expriment les sentiments les plus profonds d'un peuple qui, tout en étant de plain-pied avec la vie moderne, conserve de solides attaches avec son origine bédouine.
La Tunisie change, se rénove: on abat le passé par pans entiers pour s'ouvrir sur la vie moderne où fleurira, au soleil, le complexe touristique bien aseptisé mais si peu dépaysant qu'il faudra faire appel au folklore, à la musique traditionnelle pour retenir l'attention du touriste, source des devises si nécessaires à l'équilibre économique d'un pays sans grandes ressources. Ce retour au passé a été un bien pour la Tunisie; cela lui a permis de recuillir la plus grande partie de son folklore auquel il a été évité de disparaître grâce à ces recueils vivants que sont les chanteurs populaires.
De cet immense répertoire, le touriste retranché dans son ghetto doré n'aura hélas! qu'une idée des plus limitées. De temps en temps, on lui présentera un spectacle «typiquement tunisien» qui s'efforcera de ressembler A ce que ce spectateur privilégié «attend», croit-on, de la musique et de la danse tunisiennes. Les morceaux joués seront écourtés de peur de le lasser, des effets douteux seront recherchés pour créer avec ce public une complicité artificielle. On essaiera de «distraire», de faire rire, on fera au besoin, participer des touristes à des danses; ils y feront montre de la gaucherie que l'on peut attendre d'un étranger. La plupart du temps, il partira avec une vue affadie, déformée, dévoyée d'une tradition si riche et si variée. Il est remarquable que pour l'instant la musique tunisienne n'ait pour ainsi dire pas subi l’influence des productions commerciales européennes ou anglo-saxonnes. Tout au plus on notera parfois une certaine évolution vers la musique orientale moderne; mais là, il s'agit d'un patrimoine commun à tous les pays arabes et cela n'empêchera pas la musique tunisienne de garder son originalité.
Sans entrer dans les détails réservés aux musicologues avertis il nous faut préciser que la musique traditionnelle tunisienne se présente sous trois formes d'origine différentes: la NOUBA andalouse, c'est-à-dire le MALOUF, les SAMAIS et les BACHRAFS d'origine turque, et la musique populaire tunisienne ou folklore.
Il suffit d'évoquer le TABEL et la ZOKRA qui participent à toutes les étapes de la vie du peuple pour dire toute l'importance de ce patrimoine en Tunisie.
Le TBEL : tambour à baguette, couvert de peau de chèvre des deux côtés; son diamètre varie entre 40 à 60 cm; il est le complice fidèle de la ZOKRA (ZORNA ou GHAITA), sorte de clarinette ou hautbois, en bois de jujubier. En Tunisie on ne peut rien faire sans qu'y participent le joueur de TBEL et le joueur de ZOKRA: deux compères qui connaissent une infinité d'airs joyeux (vieux refrains paysans aux rythmes de fantasia ou airs citadins raffinés et subtils). Si ces instruments ne parviennent pas toujours à exprimer les nuances des mélodies trop délicates, qu'à cela ne tienne, les deux compères y suppléent par leur sens de l'improvisation, menant le jeu à tour de rôle, rattrapant la défaillance par du souffle, par un redoublement du DOUM (ton fort) qui rétablit la cadence, ou par une tenue tonitruante qui permet au tambour de retrouver la mesure. Ils vont ainsi de pair, dialoguant joyeusement à travers le quartier, leurs notes gaies donnant à la ville un air de fête.
Le TEBEL peut accompagner parfois le MEZOUED, une sorte de cornemuse avec deux tubes de roseau prolongés de deux cornes formant embouchure. Mais le compagnon traditionnel du MEZOUED est le BENDIR, tambour recouvert d'un seul côté par une peau de mouton à laquelle on ajoute deux cordes en boyaux pour la faire vibrer.
La «jeune frère» du BENDIR est le TAR ou REQ. C'est un petit tambourin à peau de chèvre ou de poisson; il en existe de plusieurs dimensions et c'est l'instrument du chef d'orchestre parce qu'il sert à décomposer les rythmes et en donner toutes les nuances. Pour être complet en ce qui concerne les instrument de percussion, il faut citer encore la DERBOUKA, espèce de vase recouvert d'une peau de chèvre ou de poisson, les NAGHARATS, deux petites timbales recouvertes de peau de chameau et sur lesquelles on joue avec deux baguettes.
Pour accompagner les chant folkloriques, un instrument très adapté à la voix humain domine tous les autres, la GASBA, flûte de roseau qui peut être de longueurs différentes, à six trous disposés de différentes façons pour produire le plus de tonalités possibles propres à accompagner le chant ; chants de montagnards, placés dans les plus hautes tessitures, chants de la plaine, très doux et très calmes, ou chants des Bédouins qui bercent le pas nonchalant des caravanes.
Un dérivé de la GASBA : le NAI, toujours en roseau, mais plus apte à jouer des mélodies plus savante, plus fines, et à participer à des orchestres de musique classique où les parties de chant choral et de solistes sont accompagnées par des pupitres entiers d'instruments à cordes : le KANOUN, cithare à soixante-dix huit cordes, le OUD (luth à cinq ou six cordes), le KAMENDJA, violon alto, le REBAB qui accompagne souvent les conteurs populaires et qui est une espèce de violon à deux cordes en crin de cheval.
A ces instruments traditionnels sont venus s'ajouter tous les instruments en usage dans la musique occidentale. De grands orchestres orientaux on pu faire participer à des exécutions de morceaux classiques l'accordéon ou le piano, mais avec le quart de ton. Pour des œuvres de création moderne, l'orgue électrique ou le piano tempéré sont d'un emploi assez courant pour des parties écrites spécialement pour ces instruments. Nous devons à. la vérité de dire que ce mariage n'est pas contre nature quand. L'oeuvre est conçue par de vrais musiciens tunisiens ouverts sur la vie moderne.
A. Hachlef