Nay, flûte oblique arabe


La flûte oblique orientale ou Nay est apparemment un des premiers instruments de l'humanité. Son nom vient du mot persan Ney qui signifie roseau. Son essor a été particulièrement favorisé par la civilisation arabo-islamique au sein de laquelle le Nay est devenu un instrument à la fois populaire, classique et sacré, considéré comme le confident de la solitude, le symbole de l'âme et l'expression des aspirations humaines et du souffle vital vers un Idéal. Perpétué longtemps par les Soufis et les Derviches, le Nay a récemment conquis sa place dans l'ensemble instrumental classique.

Le Nay arabe est constitué d'un simple roseau évidé ouvert aux deux extrémités, sans bec ni embouchure. qui présente des caractéristiques constantes indépendantes de sa dimension et de son timbre. Le roseau choisi doit être constitué de neuf segments séparés par huit nœuds. On perce un trou postérieur à mi‐longueur dans le cinquième segment, et six trous antérieurs, soit deux groupes similaires de trois trous équidistants répartis dans les sixième, septième et huitième segments.

Un bon soliste arabe possède dans son carquois une dizaine de Nay dont chacun s'adapte à un registre donné. Il place l'extrémité supérieure du Nay contre sa lèvre inférieure et maintient le roseau incliné, tout en inclinant la tête dans une direction différente. Le souffle du joueur vient se briser obliquement sur le bord du roseau et engendre ainsi la vibration sonore. La position des doigts sur les trous permet d'obtenir à partir du son grave fondamental un certain nombre de notes, mais l‘augmentation de la puissance du souffle permet en outre d'obtenir la quinte et les deux octaves des notes graves, ce qui étend le registre à trois octaves moins une note. Les micro‐intervalles sont réalisés par inclinaison calculée et par obturation partielle des trous. La pratique du Nay très complexe, nécessite une bonne décennie d'apprentissage.

Le timbre blessé et voilé du Nay semble évocateur d'un certain ésotérisme oriental et doit être respecté lors de l'enregistrement. Le Nay est l'expression idéale d'un psychisme, d'un Ruh', tour à tour suave, sensuel, serein, allègre ou nostalgique et angoissé. Ses inflexions, riches en harmoniques, peuvent être émouvantes ou même traumatisantes. ll importe donc de sauvegarder sa pureté originelle et sa rituelle intimité.




Cette flûte tient une place importante dans les traditions turque, arabe, égyptienne et persane.

Tube creux, légèrement conique dont la plus grande base est l'embouchure. Le son est obtenu par le souffle vibrant sur le bord du roseau, l'instrumentiste jouant en souffle circulaire continu.
La longueur est comprise entre 42 et 78 centimètres, le diamètre entre 15 et 22 millimètres.

Le "nay arabe" a une embouchure terminale en biseau externe, la paroi externe est chanfreinée pour obtenir une partie plus fine sur laquelle le souffle du joueur se brise.

Le "ney turc" présente un embout tronconique reproduit sur un biseau externe. L'embout "bash paré" est en ambre ou en métal.


Ces deux instruments utilisent la technique labiale : l'embouchure est placée sur les lèvres entrouvertes du musicien, l'instrument est tenu incliné légèrement relevé.

Le "ney persan" utilise une embouchure où le biseau est interne. Le bord aminci est placé entre deux dents (canine incisive, ou deux incisives). La langue se pose derrière les dents, c'est la technique dentale ; afin d'éviter l'usure de l'instrument, une bague métallique amovible entoure l'embout. L'instrument est tenu vertical.



Le corps des différents neys diffère par le nombre de tubes et de noeuds, la modulation étant obtenue par des trous de jeu, 6 antérieurs et un postérieur.

On parle de "gasba" dans le Maghreb, "arhanim" chez les Berbères, "souffâra" en Egypte, "shabbâba" au Liban.

En Grèce continentale, "la floyera" a un embout coupé droit, aminci vers l'extérieur ; le "souravli" des îles grecques a une extrémité coupée en oblique sur laquelle on adapte un bouchon de bois tendre ; sur ce bouchon est prise une petite section laissant un mince conduit ouvert appelé "lumière". Le "souravli" est embouché, le souffle passe par la lumière, frappe sur le biseau et met le tuyau en vibration. Ceci ressemble un peu à ce qui se passe dans l'embout d'un galoubet provençal.
On retrouve le même principe dans la "flûte de Pan" formée de plusieurs morceaux de roseau de longueurs différentes attachés ensemble.

Sites internet :
http://persianney.com/technique.html