Musique de Madagascar





La musique est un des composantes essentielles de la culture et de l'expression populaire malgache. Elle est omniprésente, que ce soit à l'occasion de fêtes familiales ou bien lors de cérémonies religieuses et traditionnelles. L'instrument de musique a son rôle spécifique dans les cérémonies liées au cycle de la vie et dans de nombreux rituels tels que les possessions et les cultes des ancêtres. Mais il est également un objet de transmission des connaissances et du patrimoine chanté et dansé à travers les générations. Enfin, il peut être un moyen d'accès à la connaissance en tant qu'objet ethnographique, par sa sexualisation dans sa pratique ou par les techniques qui accompagnent son utilisation (technique de jeu et accordage).


Archaïsme et rusticité

Les instruments de musique de Madagascar se distinguent par leur aspect rudimentaire. Les matériaux utilisés pour leur fabrication sont ceux que les musiciens trouvent dans leur environnement immédiat : bambou, bois léger ou dur, fibre de sisal, liane, peau de zébu ou de chèvre. D'après les datations effectuées jusqu'à présent par les scientifiques, les plus anciens d'entre eux appartiennent à la période pré-chrétienne et au début de notre ère. Ils ont connu très peu d'évolution jusqu'à nos jours et il apparaît que la technologie moderne, en dehors de leur électrification, n'a pas eu d'influence sur ces instruments de musique.
Cet aspect rudimentaire est dû non seulement au manque de moyens des musiciens artisans locaux mais surtout au caractère fonctionnel de la musique malagasy. La musique, dans les sociétés de tradition orale telles que celles de Madagascar, d'Afrique ou d'Asie est présentée à chaque étape de la vie socioculturelle (funérailles, circoncision, mariage, divertissements).


Aspect multi-culturel

Madagascar étant formé de cultures différentes, à partir d'un fond commun, sa musique à cette image. De ce fait, chaque instrument de musique comporte plusieurs éléments d'origines diverses.
Par exemple :
  • La valiha, cithare tubulaire : son étymologie vient du sanscrit vadya qui signifie instrument de musique sacré. Bien que son origine géographique soit le sud-est asiatique, sont style mélodique est parfois similaire à celui de la musique des pays de l'Afrique Occidentale.
  • Le sodina, flûte droite : son étymologie vient de l'indonésien suling. Cependant, sa technologie comme sa technique de jeu sont celles de la flûte arabe.
  • Les hazolahy, tambours sacrés sur cône : leur origine géographique est la Mélanésie mais leur symbolisme est identique à celui des tambours de l'Afrique Occidentale et Orientale.


Anthropomorphisme et Morphologie

A Madagascar, comme en Afrique Occidentale, les instruments de musique sont anthropomorphisés. Cette évocation humaine transposée aux objets non seulement existe dans leur morphologie mais exprime aussi des rapports d'opposition de génération : adulte/enfant, mère/fille ou de sexe : mâle/femelle.
On nomme fréquemment vava (bouche), la partie par laquelle l'instrument émet le son. Loha (tête) est représentée par la partie supérieur de l'objet. Tongotra (pied) s'utilise également pour les tambours sur pieds malheureusement disparus de nos jours. Vatany (corps de résonance ou tronc) indique en général la partie la plus importante des instruments de musique alors que le vody (fesse) est la partie inférieure des tambours à peaux.


Opposition adulte/enfant - mâle/femelle

C'est surtout parmi les tambours sacrés et les membranophones en général que l'on trouve ces oppositions. Lorsque es tambours se jouent par paire, le gros tambour est la femelle ou la mère et le plus petit le mâle ou la fille. Cette connotation féminine avantageuse associée à la mère est utilisée parce qu'elle représente la fécondité et le prolongement de la vie. L'élément mâle, plus réduit, symbolise sa dynamisation. Cette opposition se retrouve encore dans la dénomination des membranes. L'ambaviny la peau de gauche et la plus grande est la peau femelle. Elle se bat de la main nue qui symbolise la féminité, l'andahany la peau d droite est la plus petite et la peau mâle. Elle a un son plus aigu et se frappe d'une baguette en bois qui est un symbole phallique. Cette opposition mâle/femelle se retrouve encore dans la technique musicale : les rythmes, la répartition des voix dans un choeur et dans la hiérarchisation des sons.


Les instruments malgaches


Les idiophones

Instruments dont le corps produits des sons par percussion ou frottements.
Origine : Sud-Est asiatique, Fiji, Indonésie, Mélanésie et Afrique Occidentale.
Répartition géographique à Madagascar : Côtes Est et Ouest.
Il est impossible d'avancer une datation exacte concernant l'apparition des idiophones dans la Grand Ile. Ils n'ont connu évolution depuis leur aspect originel répertorié jusqu'à nos jours, sur le plan technique et technologique. La plupart d'entre eux sont devenus obsolètes.


Les membraphones

Instruments à peaux ou à membranes frappées.
Origine : Afrique, Comores, sud de l'Inde, pays islamisés et Malaisie.
Répartition géographique à Madagascar : Côte Ouest (Majunga, Antsiranana) et Sud
La richesse de cette catégorie est frappante dans les régions précitées : grands tambours en forme de pot, de tonneau, en cône, sur cylindre ou sur cadre, tripodes. Ils y sont utilisés en tant qu'instruments de signaux ou de rituels. Pour cette raison, beaucoup d'entre eux on encore une place prépondérante dans les événements sociaux et culturels de ces régions. Dans les autres partie de Madagascar, les tambours servent surtout à accompagner la musique instrumentale et vocale ou les danses. Sur les Hautes Terres Centrales les tambours militaires se sont substitués aux ampongalahy, tambours mâles et aux ampongantaolo, tambours des ancêtres du XIX siècle.
Lorsque les tambours ne sont pas liés à l'idée de la féminité, comme précédemment, ils sont associés à des cérémonies symbolisant la masculinité, telles que la circoncision. Ils ont un rôle particulier et prépondérant à l'occasion du Famarona (circoncision des enfants mâles afin d'acquérir leur virilité). Mais il peuvent encore symboliser la puissance en tant qu'origine des personnages de sang royal.


Les cordophones

Instruments à cordes pincées ou frottées.
Origine : sud-est asiatique et pays arabes
Répartition géographique à Madagascar : Hautes Terres Centrales, sud et côte est.
Les instruments de cette catégorie sont encore tous utilisés de nos jours. Leur développement s'est effectué sur le plan technologique par l'augmentation du nombre de leurs cordes et l'évolution des matériaux qui les constituent. Instruments rituels dans les séances de possession et de rythme dans les chants typiques du sud, ceux sont des instruments mélodiques dans les autres partie de l'île. Le Lonkanga voatavo, cithare sur bâton, n'existe plus que dans le Betsileo.
Le kabosa, luth pincé, à l'origine l'instrument des griots (musiciens nomades) de l'est et du sud (Androy), se retrouve de nos jours à travers toute l'île comme l'instrument favori des jeunes.


Les aérophones

Instruments soufflés.
Origine : Polynésie, sud-est asiatique, et pays arabes.
Répartition géographique à Madagascar : Les Hautes Terres et le sud-ouest.
La flûte droite à six trous est sans conteste la plus utilisé des aérophones bien que son nombre de trous puissent varié de trois à six selon son aire d'utilisation. A l'origine en bambou, ou en bois dans les régions où le bambou faisait défaut, elle existe à présent en plastique ou en acier. Le barkoma, troupe en bambou que l'on trouvait souvent sur la côte est, a disparu de nos jours. Les kiloloka, sifflets en roseau, sont encore utilisés dans la région de Morondava où leur technique de jeu, leur matériau de fabrication et leur fonction sont restés inchangées.

 Barakoma (Trompe en bambou Tanala)

 Valiha vata (cithare)

 Angaroha (trompe royale sakalava)

 Kaiamba (hochet)

 Valiha volo (cithare idiocorde)

 Jejy voatavo (cithare sur bâton)


 Tahitahia (flûte globulaire)


 
 Valiha chromatique (cithare tubulaire)






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