Musique de Corée




La musique traditionnelle de la Corée est basée sur la voix. Cette voix est encore aujourd'hui une voix spécifiquement coréenne, une voix qui résulte du tempérament et de la nature des Coréens. On la lie au climat de la Corée et à l'environnement naturel mais également à la religion et à l'idéologie.
La musique traditionnelle coréenne peut être largement divisée en jeongak (musique de cour), qui a une emphase intellectuelle, et minsogak (musique folklorique), qui est plein d'expressions émotives. Le premier est étroitement lié à la culture de la famille royale et des classes supérieures, le dernier appartenant davantage au petit peuple.

La première caractéristique générale de la musique coréenne est son tempo. La plupart des musiques de cour adoptent un rythme lent, avec des ralentissements parfois avec un simple battement qui intervient seulement toutes les trois secondes. En conséquence, l'atmosphère de cette musique est statique, méditative et reposante. La raison de ce tempo majestueux est liée au concept des Coréens sur l'importance du souffle. Considérant que la musique occidentale, basée sur les battements du coeur, peut être aussi animée, énergique et dynamique que les battements du coeur, la musique coréenne de cour, fondée sur le rythme de la respiration, prend les attributs d'une longue expiration : la tranquillité, l'équilibre et la contemplation.

La tonalité de la musique coréenne est en général douce et solennelle, particulièrement devant le public. En raison de cette particularité de douceur dans la tonalité, même lorsque les mauvais accords d'une note ou de ligne avec les autres interviennent, on n'entend pas fausse note. Cette tonalité particulière résulte du fait que la plupart des instruments sont faits de matériaux non métalliques. Les instruments à cordes ont des cordes en fil en soie plutôt qu'en fil simple, et presque tous les instruments à vent sont faits en bambou.

Les instruments à vent coréens comptent le hautbois cylindrique (piri), l'instrument à vent en bois (taepyeongso), la flûte traversière (daegeum), la flûte (danso), l'orgue à bouche (saenghwang), et l'ocarina (hun). Les instruments à corde sont la cithare à douze cordes (gayageum), la cithare à six cordes (geomungo), la cithare cintrée à sept cordes (ajaeng) et le violon à deux cordes (haegeum). Les instruments de percussions sont le gong (kkwaenggwari), le gong fixe (jing), le tambour de baril (buk), le tambour en forme de sablier (janggu), le clapet (bak), les carillons de cloche (pyeonjong), les carillons en pierre (pyeongyeong) et la boîte en bois (chuk).

La musique coréenne est riche en improvisation. Cette spontanéité est plus évidente dans la musique folklorique passionnée que dans la musique de cour à l'émotion retenue. La musique instrumentale de sanjo est un bon exemple, de même que l'art vocal unique, le pansori. Un autre caractéristique de la musique coréenne est qu'elle tend à être exécutée sans interruption, sans coupure entre les mouvements. Ici encore, l'exemple le plus approprié est le pansori. Dans la « chanson de Chunhyang », le chanteur-narrateur chante seul pendant plus de huit heures sans coupure, incarnant tous les personnages à tour de rôle. Ceci ne se voit certainement nulle part ailleurs dans le monde.

Un autre caractéristique de la musique coréenne se situe dans sa progression des tempos. Considérant que la musique occidentale exploite souvent le contraste entre mouvements lents et mouvements rapides, la musique coréenne commence par la section la plus lente et accélère graduellement. Ce processus d'accélération reflète la base chamanique de la culture coréenne, atteignant graduellement un état d'effacement complet de l'individu.

Pour une meilleure appréciation de la musique coréenne, on ne saurait omettre la musique qui est employée pour les rituels, s'appuyant sur le principe des "cinq éléments normaux et du jeu de yin et de yang". Un bon exemple en est l'utilisation du chuk (boîte en bois) dans le morceau du Botaepyeong qui est joué pendant la cérémonie royale sur le tombeau de Jongmyo. Le chuk est joué seulement au début du morceau. Toujours placé au côté oriental de l'orchestre traditionnel, il est peint en bleu, symbolisant l'est. Un autre instrument est joué seulement après le morceau. Il est placé au côté occidental de l'orchestre, est peint en blanc, et symbolise l'ouest. Si vous écoutez juste les sons sans connaissances de ces symboles, vous ne pouvez pas saisir la vraie nature de la musique.

La tradition de la musique coréenne est perpétuée aujourd'hui par des quatuors de percussion, « samul nori », et par des ensembles institutionnels tels que l'Orchestre national de musique traditionnelle et le Centre national des arts du spectacle traditionnels coréens.


HISTOIRE

Le peuple coréen a toujours aimé la musique et la danse depuis longtemps d’après les archives antérieurs.
La musique traditionnelle coréenne occupe une place de choix parmi les cultures musicales de l’Asie orientale et se distingue nettement de celles de ses deux grands voisins : la Chine et le Japon. Certes, la Corée doit beaucoup à l’influence de la Chine, mais elle parvint aussi à développer très tôt ses propres formes musicales et à les imposer hors de ses frontières. On sait par exemple qu’à l’époque des dynasties chinoises Sui et T’ang (VIe VIIe s.) des orchestres coréens se produisaient régulièrement à la cour de Chine et à la cour de Nara au Japon. La musique traditionnelle coréenne comprend aujourd’hui trois grandes catégories : musique de cour, musique d’essence populaire et musique religieuse.
La Corée se rattache à la Sibérie orientale par sa population, d’origine toungouse, par sa langue qui comme le japonais appartient au groupe ouralo-altaïque et enfin par le chamanisme qui est parvenu à survivre dans le peuple à l’hégémonie du bouddhisme puis du néo-confucianisme. Très tôt la Corée est apparue comme un carrefour, un espace incontournable dans les relations qui se tissaient en Extrême-Orient et suscita bien des convoitises.

1. La musique pendant les âges préhistoriques
La culture musicale de cette époque peut être comprise à travers les archives chinoises qui y décrivent les appellations des instruments et les évènements de cultes religieux. Durant les événements de cultes religieux, tout le peuple se réunissait pour danser et chanter. A Jinhan, un pays ancien situé au Nord-Est, était utilisé un instruments à cordes appelé ‘Seul’, ‘Go’ en coréen, qui serait le modèle du gayageum coréen. Quelque soit le peuple, existent une langue et une musique propre au pays, et cette musique se développe avec la religion.

2. La musique pendant les Trois Royaumes

La musique de Goguryeo : 57 av. J.-C. - 668 ap. J.-C.
Goguryeo s’est très tôt ouvert à l’international, d’où son niveau élevé en matière de la culture et de l’art. On distingue trois périodes :
1ère période : 1er siècle avant J.C. – 4e siècle après J.C. La culture musicale était abondante dès le début avec l’entrée de la musique chinoise à l’époque. Dans l’art général, on séparait alors la musique instrumentale, le chant et la danse. Un instrument, Chilhyungeum (instruments à 7 cordes), arrive en Corée et de cette instrument est crée le geomungo, instrument modifié à partir du Chilhyungeum, par Wangsanak. Il est l’instrument à cordes qui a la plus longue histoire, parmi ceux qui sont joué encore aujourd’hui. La musique dans la première période de Goguryeo se distingue en musique populaire, musique d’accompagnement par le geomungo, et la musique royale, musique à un esprit qui allait avec le système d’un grand pays.
2ème période : C’est une période de développement de Goguryeo, avec des échanges avec la Chine et l’autres pays de l’ouest, ce qui a permit l’introduction de nouvelle musique en Corée depuis le 5ème siècle. C’est l’étape historique, où la musique de Goguryeo fleurit avec l’adaptation d’instruments et de musiques étrangers sur la musique propre de Goguryeo.
3ème période : 6ème – 7ème siècles : Période difficiles jusqu’à la tombée du Goguryeo en 668, mais la production de la musique continuait en adaptant les musiques étrangères aux goûts du peuple de Goguryeo. Goguryeo avait non seulement importé des musiques étrangères mais avait aussi exporté ses musiques coréennes ce qui prouve que la musique de Goguryeo était à un niveau à être comparé à la musique chinoise.

La musique de Baekje
Le peu d’archives sur la musique pendant cette période rend l’étude difficile. Mais on estime que la musique s’est beaucoup améliorée avec l’introduction des musiques du sud de la Chine avec lequel Baeje effectuait des échanges, parmi les musiques qui existaient déjà dans la tradition.

La musique de Silla
La musique avant la réunification (1er siècle avant J.C. – 7ème siècle après J.C.)
— Gayago
— Hyangga
La musique après la réunification (668-935)


La musique des Trois Royaumes propagée au Japon

3. La musique de la dynastie Goryeo (918-1392)

Vers l’an 1000, le royaume de Koryo contrôle environ deux millions d’âmes et conserve des relations étroites avec la Chine des Tang puis des Song. L’art de l’époque de Koryo est essentiellement aristocratique et la musique de cour aak connaît-là un très grand essor. Sur le plan religieux, le bouddhisme bénéficiant de la protection des nobles exerce une influence énorme sur l’ensemble du peuple tandis que le chamanisme entre en défaveur. Sur le plan musical le bouddhisme coréen affirme son originalité avec un vaste répertoire de prières yombul, de chants sacrés pumpae et de danses chak bop. Le royaume de Koryo affaibli par des dissensions internes est balayé par l’occupation mongole au XIIIe siècle.
Hyang-ak
Dang-ak
A-ak

4. La musique du début de la dynastie de Joseon (1392-1593)

Le général Yi Song-gye chargé par le pouvoir mongol de combattre les Ming renonce finalement à pénétrer en territoire chinois et revient sur la capitale Kaesong. Il prend le pouvoir en 1392, fonde le royaume de Choson, reconnu par les Ming et transfère la capitale à Séoul. Un système d’écriture original à la fois alphabétique et syllabique, le hangul est mis en usage dès 1446 et adopté, d’abord par les poètes puis par les romanciers. La pensée philosophique du royaume de Choson est dominée par le néo-confucianisme. Un des aspects principaux de ce système consiste à diviser toute chose ou existence en deux principes inséparables et interdépendants le li ou ordre, et le qi ou mouvement nécessaire à la concrétisation de l’ordre. La philosophie néo-confucianiste s’entoure de tout un système de rites et de cérémonies et exerce une grande influence sur les conceptions musicales de ce temps : « La musique naît dans le néant originel et se développe dans la nature. Elle est donc cause d’une émotion profonde dans le coeur de l’homme (mat) ainsi que de la compréhension mutuelle et de la compassion dans son esprit (mot). Elle rend l’univers noble et soumis : tel est le chemin de l’harmonie du yin et du yang » (Le Livre de la Musique, 1492).
On remarque durant cette période un perfectionnement de la musique de cour aak qui s’enrichit de tout le répertoire confucéen et se débarrasse peu à peu de ses caractéristiques chinoises (déclin du tangak).

5. La musique de la fin de la dynastie de Joseon (1593-1910)

Cette deuxième phase est marquée par le déclin de la musique de cour aak suite aux invasions japonaises (XVIe) et mandchoues (XVIIe) et par le développement de la musique d’origine roturière sogak : chants lyriques kagok composés sur des poèmes narratifs kasa ou des ballades sijo, chant narratif p’ansori également appelé « opéra coréen », improvisation instrumentale sanjo. L’Institut de Musique de Corée compte au XVIIIe siècle 1750 artistes et s’affirme à la fois comme le conservatoire privilégié des formes savantes et le lieu où s’affinent les répertoires dits « populaires ».

La musique royale

La musique populaire
Gagok
Gasa
Sijo
Pansori
Jabga

6. La musique après le mouvement de la réforme Kap-O de 1884

La fin du XIXe siècle est une période de déclin politique marquée par des incidents militaires provoqués par le Japon et les puissances occidentales soucieuses de s’implanter dans la péninsule. La Corée passe en 1910 sous la domination japonaise qu’elle subira jusqu’en 1945.
Musique coréenne
Dang-ak : Musique populaire chinoise arrivée des pays Dang et Song (Sujechun, Boheoja)
A-ak : Musique royale arrivée de la Chine (jouée en Corée lors des cultes)
Une partie de Hyang-ak : Musique royale crée en Corée (Yeominrak parmi d’autres) et musique appréciée par les savants (Sijo, Gasa, Gagok)
Musique folklorique : une partie de Hyang-ak Musique du peuple (Pansori, Minyo, Jabga, Sanjo, Sinawi, Nongak)



CARACTÉRISTIQUES

Pourquoi la musique coréenne est-elle lente ?

Le tempo (la vitesse musicale) est très important dans la musique, puisque l’accent d’une même musique change selon son tempo. Ce tempo varie en fait selon différentes cultures. Par exemple, un tempo ‘moyen’ de la musique occidentale et un tempo ‘moyen’ de la musique coréenne peuvent ne pas prendre une même mesure au métronome. Tout particulièrement, la musique coréenne, comme beaucoup de gens le remarquent, est très lente par rapport à la musique traditionnelle occidentale. Il existe même des musiques dont on ne peut mesurer son tempo avec un métronome occidental.
Pourquoi ?
On peut dire en effet que le tempo a un rapport avec la culture spécifique du peuple et qu’il dépend de la norme du rythme, qui le mesure. La culture coréenne accorde une grande importance à la respiration, ce qui explique l’aspect culturel basé sur la respiration. Ainsi, la base de la musique coréenne réside dans la respiration tandis que l’occidentale s’est construite sur la base de la pulsation du cœur. Ecoutez la pulsation de votre cœur et respirez, lequel des deux est le plus rapide ?
Par conséquent, la vitesse normale d’un tempo ‘moyen’ de la musique coréenne est à peu près trois fois plus lent que le tempo de la musique occidentale. Cette différenciation de normes de tempo caractérise les deux musiques traditionnelles : la musique coréenne fait apparaître un caractère calme, méditatif alors que la musique occidentale fait ressentir une impression de vivacité et de dynamisme. Il est vrai que la musique coréenne est souvent lente mais il existe tout de même des musiques rapides comme le Samulnori.

La musique vocale : Kagok, Sijo et Kasa

Le kagok, le sijo et le kasa sont apparus vers le XVIIe siècle et leur répertoire fut fixé lorsqu’ils furent introduits au palais pour compenser le déclin des musiques de cour, causé par les invasions japonaise et mandchoue.

Le kagok est une forme vocale cyclique. Son répertoire comprend vingt-sept chants qui se répartissent en fonction des modes musicaux et du sexe de l’interprète, treize chants sont interprétés par les hommes, treize par les femmes, et le dernier est exécuté en duo mixte. Chaque poème, dont la brièveté fait penser au haiku japonais, comprend trois vers, chaque vers se composant de quatre mots de trois à cinq syllabes. L’exécution musicale cependant n’épouse pas la forme du poème puisqu’elle le subdivise en cinq parties mélodiques encadrées par un prélude et un postlude instrumentaux (taeyôûm), et les troisième et quatrième parties étant séparées par un interlude (chungyôûm).
— Le kagok est généralement accompagné par un petit ensemble instrumental comprenant la cithare komung’o, la flûte traversière taegum, le hautbois p’iri, la vièle à deux cordes haegum et le tambour en forme de sablier changgo. L’accompagnement s’organise en strates superposées qui lui donnent toute son épaisseur, faite de timbres mélangés et mouvants : la cithare se concentre sur la stricte exécution de la mélodie, qui est ornementée par la flûte et le hautbois, et soutenue par une pédale sonore à la vièle, tandis que le tambour assure une discrèteponctuation rythmique. La voix se développe en longues notes tenues, filées ou finement ornementées. Dans cet enchaînement de mélismes d’une exquise délicatesse, le poème éclate, le sens s’abolit, ne reste plus que la musique.

Le sijo est un chant lyrique qui était autrefois accompagné par le seul tambour en forme de sablier changgo. Aujourd’hui, comme il est souvent interprété en concert dans un programme de kagok, l’usage veut qu’il soit accompagné par un petit ensemble instrumental. Son style d’interprétation est assez proche du kagok, mais les lignes mélodiques y sont plus simples, les mélismes vocaux cédant la place à un étonnant travail de vibrato et à de subtils changements d’intensité.

Le kasa est un long chant narratif qui peut être accompagné par le tambour changgo ou par l’ensemble instrumental. Son répertoire comprend douze pièces dont la plupart sont strophiques. Le style d’interprétation se caractérise par un usage important du falsetto et un jeu de variation sur les voyelles qui l’apparente au chant bouddhique.


La musique coréenne présente souvent des musiques à 3 temps

Dans la musique traditionnelle coréenne, on trouve beaucoup de musique à 3 temps, surtout les musique folklorique. Cet aspect de la musique s’explique par la notion du chiffre : 3 était le chiffre par excellence, adoré par le peuple. L’idéologie des trois qui signifie le ciel, la terre, et l’homme était la vision du monde pour le peuple coréen. Aussi des fresques de Gogurye montrent l’existence de cet aspect du culte du chiffre 3 sur de nombreux autres animaux, objets parmi d’autres. Cette idéologie apparaît en effet dans la musique avec ce rythme à 3 temps.

L’accent fort et faible dans la musique coréenne

La musique coréenne commence par un accent fort pour finir par un accent faible, tandis que la musique occidentale commence par un accent faible et finit par un accent fort. La raison vient de la différence de la langue. Non seulement le chant est influencé par le langage mais aussi la musique instrumentale est influencé par le langage. En effet, le chant a été développé avant la musique instrumentale et les accents forts et faibles suivent le style du chant. La langue occidentale, dans sa majorité, a une prononciation faible au début du fait que les articles et les prépositions se placent avant le nom. Tandis que la langue coréenne, bien qu’elle n’ait pas d’accent très prononcé, l’accent vient au début. Ainsi la musique coréenne, le plus souvent, finit silencieusement.

La marge du son

On distingue dans la famille des instruments à cordes les instruments qui produisent le son en frottant les cordes avec un archet et les instruments qui produisent le son en pinçant les cordes avec les doigts. Ceux joués avec un archet, produisant le son de façon continue, étaient considérés comme un instruments à vent dans la musique coréenne. Parmi les instruments joués par pincements de cordes, on trouve les gayageum, et les geomungo qui étaient préférés des autres instruments à cause de la ‘marge musicale’ qu’ils laissaient entendre.
La ‘marge musicale’ signifie plus concrètement une pause sonore, soit une petite pause entre les sons, différente d’une pause simple sans aucun son. Et cette pause sonore produite par ces instruments joués par pincements de cordes ont une beauté musicale particulière. Le fait que dans certains morceaux d’ambiance très calme, cette pause musicale est plus longue que la durée même du son produit explique bien cette idée. Cette pause dans la musique coréenne est même fondamentale et absolue, et peut être comparée à l’idéologie de la marge dans le dessin. Les savants préféraient en effet les instruments joués par pincements de cordes qui ne tiennent pas le son, pour apprécier le mystère infini de ce vide du son dans la musique, comme les artistes qui admirent le fantastique infini du vide dans le dessin. Ainsi l’individu peut s’attribuer sa propre interprétation de la signification musicale.
C’est une particularité méditative et métaphysique qui émeut.

Une musique sans pause

Une particularité de la musique coréenne est son caractère fluide comme l’eau et son caractère répétitif marqué d’aucune interruption. Comparons-la avec la musique traditionnelle occidentale. En général, les pièces symphoniques sont composées de 4 parties, séparées, la plupart du temps, l’une de l’autre par une courte pause. La musique coréenne, quant à elle, s’exécute sans la moindre rupture. Le Youngsanhwesang en est un exemple concret. Le Youngsanhwesang se présente sous la forme d’un recueil de musique composé de 9 pièces. Mais lors de son interprétation, l’oeuvre se joue dans son intégralité sans aucune pause. En plus du Youngsanhwesang, on peut remarquer ce caractère successif dans plusieurs formes d’expression de la culture coréenne, notamment dans des chants, des récitations de poème et dans le Pansori qui durent près d’une heure. C’est aussi le cas pour certaines cérémonies shamaniques qui durent parfois des jours. D’où vient alors cette particularité ? Elle viendrait de l’esprit des "barbares" chinois de l’est : on y trouve la notion de courage et de bonté. En harmonisant les deux notions, on a pu trouver le caractère spécifique à la Corée qui est ‘persévérance et cordialité’, ce qui explique la continuité de la musique coréenne.

Le timbre de l’instrument qui recherche la nature

Les instruments traditionnels coréens sont souvent faits de matériaux végétaux. Bien sûr le Kwenggwari et le Jing ne le sont pas et quelques instruments de musique occidentaux sont faits de matériaux végétaux. Mais en regardant de près, on remarque que les instruments occidentaux recherchent la nature métallique et que les instruments coréens recherchent la nature végétale. Bien qu’il existe des instruments à cordes aussi bien en occident qu’en orient, les cordes des instruments occidentaux sont en métal comme celles des violons et les cordes des instruments coréens sont des fils de soie, non métalliques. Aussi, le suldae (archet) du geomungo est fait de bois spécial. Ces différentes formes de la nature dans les instruments de musique coréens nous font rapprocher le plus possible du son de la nature. Le Kwenggwari évoqué ci-dessus est certes un instrument en métal mais laisse tout de même entendre une résonance du son du fer tel qu’il est, ce qui rejoint l’idée de la recherche du son naturel.
Il est vrai que les matériaux des instruments sont simples mais ces matériaux reflètent la sensibilité nationale et résultent sur le fait que les musiques de différents pays ont chacune une particularité différente.
La musique produite avec un instrument de caractère végétal ne peut être que douce et paisible. Aussi, le timbre de nature végétale couvre largement les sons pas tout à fait harmonieux, puisque les sons de la nature ne gênent pas les oreilles.
La différence des matériaux apparaît dans le toucher. On ressent la douceur dans les matériaux végétaux, qui donne naissance à un art émotionnel qui fait appel au cœur.

Une musique à mélodie unique et "en courbe"

La musique coréenne n’a pas le concept de l’harmonie, son fabriqué par deux ou plusieurs sons joué en même temps. On trouve alors des marges d’espaces vides et des libertés. La mélodie unique apparaît tranquille, paisible et douce, tout en étant simple. De plus, on accorde une grande importance au cours de la mélodie puisque la musique coréenne est d’une mélodie unique. Bien sûr le cours de la mélodie prend beaucoup d’importance quelque soit la musique mais on remarque une différence de valeur esthétique entre les mélodies diverses. En effet, dans la mélodie occidentale, son importance pourrait varier dans la position que prennent ces mélodies en rapport avec les autres harmonies. Mais la notion de l’harmonie n’existant pas dans la musique coréenne, la mélodie ne peut que prendre une place essentielle. La mélodie est alors la force la plus importante qui permet le maintien de la musique.
En plus de cela, la mélodie coréenne est "en courbe", c’est-à-dire chaque note n’est pas fixe mais fluide et mouvante. Cela ne veut pas dire que les mélodies ne jouent pas de notes fixes. En fait, dès lors qu’on atteint la note fixe exigée, cette note bouge. Aussi quand on passe d’une note à une autre, on peut passer directement à la note suivante mais le plus souvent, on passe en glissant sur les notes intermédiaires. On glisse du bas vers le haut pour aller du grave à l’aigu, et du haut vers le bas pour aller de l’aigu au grave. Et même lorsqu’on reste sur la même note, soit on va dans le grave pour remonter, soit dans l’aigu pour redescendre, ou bien on vibre plus ou moins pour ainsi donner un cours en courbe. Cette caractéristique peut également expliquer le non développement de la composition en harmonie, qui nécessite une base verticale, dans la musique traditionnelle coréenne.

Le son de la musique coréenne est relativement petit (excepté les instruments Poungmul)

La musique coréenne, par rapport à la musique occidentale n’a pas un son très fort, et ne donne pas l’impression de somptuosité. En effet, la majorité de la musique coréenne avait été joué dans des petite salle, voire même dans des chambres. Bien sûr existe des pièces de musique à grande structure instrumentale mais ces pièces étaient destinées à être interprétées dans une espace limitée dans le palais royal, pour un public également limité, ce qui fait que la sonorité n’était pas un problème très évoqué.
Une autre raison du petit son est qu’autrefois, les savants utilisaient la musique pour se recueillir, pour méditation. Cette méditation avait lieu en général dans une petite chambre pour rendre possible une sorte de dialogue avec soi à travers la musique.
Ainsi la musique coréenne, interprétée dans de grande salle à l’occidentale, a une sonorité relativement petite. Peut-être l’entendrons-nous une peu différemment après avoir connu ces caractéristiques ?


GENRES

jeongak = musique de cour.
minsogak = musique folklorique.

Musique de cour aak
Musique sogak (musique roturière) :
  o chongak, « musique correcte », musique instrumentale destinée aux banquets
  o sanjo est un solo instrumental
  o kagok est un chant lyrique, accompagné par un petit ensemble instrumental
  o p’ansori parfois surnommé « opéra coréen » est un long récit dramatique mi-déclamé mi-chanté par un artiste soliste accompagné au tambour tonneau puk.
Musique religieuse : prières chantées et récitées yombul, chants sacrés pumpae et des danses de cérémonie chak bop.
musique chamanique : sinawi



La musique traditionnelle coréenne comprend aujourd’hui trois grandes catégories : musique de cour, musique d’essence populaire et musique religieuse :

- La musique de cour aak
Le hyangak créé à l’époque du royaume de Silla et restauré sous le royaume de Choson comprend cinq « ensembles » dont Sujech’on : la musique des banquets royaux ; la musique pour le sanctuaire des ancêtres royaux ; le yomillak, musique et danse des banquets royaux ; le yongsan hoesang, hymne bouddhique instrumentalisé et le t’aech’wit’a, (litt. « souffler » et « frapper »), musique militaire accompagnant les processions royales. 
Le tangak, répertoire d’origine chinoise, tombé en désuétude, n’est plus joué que par les musiciens de l’Institut National de Musiques Traditionnelles de Séoul. Ce répertoire se caractérise notamment par l’usage des carillons de phonolithes, de cloches et de lames de métal.

- La musique sogak : Musiques roturières admises à la cour dans la seconde moitié du royaume de Choson : 
Le chongak, « musique correcte », musique instrumentale destinée aux banquets, est jouée dans un cadre moins prestigieux que la cour et dans un style plus intimiste. 
Le sanjo est un solo instrumental joué à la cithare (kayageum ou komungo), à la flûte traversière en bambou taegeum ou encore à la vièle haegeum, avec un discret accompagnement de tambour. 
Le kagok est un chant lyrique, accompagné par un petit ensemble instrumental. Il comprend des ballades sijo, qui traitent de l’amour, de la loyauté, et des kasa, chants narratifs remarquables par l’emploi du falsetto, du vibrato et de bien d’autres ornements vocaux. 
Le p’ansori parfois surnommé « opéra coréen » est un long récit dramatique mi-déclamé mi-chanté par un artiste soliste accompagné au tambour tonneau puk

- Les musiques religieuses : Elles comprennent les répertoires associés aux trois principales religions de Corée : le chamanisme, le bouddhisme, le confucianisme, les musiques confucéennes faisant partie du répertoire de cour aak.
Musique bouddhique : Elle se compose de prières chantées et récitées yombul, des chants sacrés pumpae et des danses de cérémonie chak bop.

- Musique chamanique : La musique chamanique par excellence est le sinawi, improvisation collective jouée lors des rituels chamaniques kut. Cette musique a inspiré nombre de formes musicales coréennes : le sanjo, le p’ansori et plus récemment les tambours samul nori.



INSTRUMENTS

Instruments : kayageum ou kayakeum (cithare à caisse de résonance en bois de paulownia sur laquelle sont tendues 12 cordes en soie) ; komungo (cithare à 6 cordes en soie et 16 frettes fixées sur la table d’harmonie) ; ajaeng (cithare cintrée à sept cordes) ; haegeum (vièle à deux cordes) ; flûtes traversières en bambou : taegeum, chung geum, sogeum ; piri (petit hautbois de bambou cylindrique) ; puk (tambour tonneau à deux faces) ; jippak (cliquettes) ; chwago (tambour cylindrique à deux faces) ; sogo (petit tambour à manche et à deux peaux) ; kkwaenggwari (gong) ; jing (gong fixe) ; buk ou puk (tambour de baril) ; janggu (tambour en forme de sablier) ; bak (clapet) ; pyeonjong (carillons de cloche) ; pyeongyeong (carillons en pierre) ; chuk (boîte en bois).

De même qu’en Chine les instruments coréens sont classés selon les matériaux sonores : métal, pierre, soie, bambou, calebasse, terre cuite, cuir et bois.

Instruments à cordes :
- 가야금(gayageum) : la cithare à douze cordes
- 거문고 (geomungo) : la cithare à six cordes
- 해금(haegeum) : le violon à deux cordes
- 아쟁(ajaeng) : cithare cintrée à sept cordes

Instruments à vent :
- 대금(daegeum) : la flûte traversière
- 피리 (piri) : le hautbois cylindrique
-단소(danso) : la flûte
- 태평소 (taepyeongso) : instrument à vent en bois
- 생황(saenghwang) : orgue à bouche

Instruments de percussion :
- 박(bak) : le clapet,
- 편종(pyeonjong) : les carillons
- 편경(pyeongyeong) : les carillons en pierre
- 장구(janggu) : le tambour en forme de sablier
- 꽹과리(kkwaenggwari) : le gong
- 북(buk) : le tambour de baril

En détail :

Les instruments à cordes sont :

— Le gayageum ou kayagum ou kayageum : Instrument à 12 cordes pincées de la famille de la cithare. C’est sans doute l’un des instruments emblématiques de la Corée. Il passe pour remonter au royaume de Kaya au tout début de notre ère mais aurait été en fait conçu sous le royaume de Silla d’après le modèle du zheng chinois à 16 cordes. Le kayageum est constitué d’une caisse de résonance en bois de paulownia sur laquelle sont tendues 12 cordes en soie. L’accord des cordes s’effectue au moyen de petits chevalets mobiles. Tandis que la main droite pince la corde, les ornements sont exécutés par diverses pressions de la main gauche sur la corde.

— Le komungo ou geomungo : Cette cithare fut inventée au VIème siècle dans le royaume de Koguryo à partir du qin chinois. Elle est munie de six cordes en soie. Son originalité réside surtout dans la présence de 16 frettes fixées sur la table d’harmonie. On en joue en frappant ou en pinçant les cordes au moyen d’une petite baguette de bois.

— la cithare cintrée à sept cordes (ajaeng)

— Le jiayieqin : cithare à cordes pincées dont la forme ressemble à un zheng chinois.
— le yanggeum : une cithare

— haegeum : Sorte de violons. Cette vièle à deux cordes au son feutré est l’équivalent coréen du huchin chinois introduit vers le XIIème siècle. Elle se compose d’une petite caisse de résonance cylindrique recouverte de peau de serpent et d’un manche dépourvu de touche.
  
Les instruments à vent coréens comptent : 

— Le piri (ou p’iri) : Le p’iri est un petit hautbois cylindrique d’origine chinoise (guanzi) utilisé dans les musiques d’intérieur (banquets) et de plein air (cérémonies confucéennes). Il en existe différentes sortes :
* Hyang-p’iri (= « piri indigène »).
* T’ang-p’iri (= « piri Tang ou chinois »), de forme et de tessiture légèrement différentes, sert dans l’orchestre de musique de cour, pour les pièces écrites dans la tonalité d’ut.
* Se-p’iri (= « piri fin ») : identique au hyang-p’iri mais de diamètre plus petit (et donc de sonorité plus douce).

— taepyeongso ou hojŏk ou nallari : l’instrument à vent en bois ; sorte de chalumeau muni d’un corps en bois conique, d’un pavillon métallique et d’une très petite anche double. Sa sonorité est si puissante qu’il ne se joue qu’à l’extérieur, souvent avec un vibrato très ondulant.

— Les flûtes : taegeum (ou daegeum), chung geum, et sogeum (ou t’ang-juk).
Il s’agit de flûtes traversières en bambou de tailles diverses dont l’origine remonte à l’époque des Trois Royaumes. Elles participent à presque tous les genres de la musique coréenne. L’un des orifices latéraux est recouvert d’une pelure d’oignon qui fait office de mirliton, et donne à l’instrument un timbre cuivré très caractéristique.

— la flûte droite à encoche (danso ou tanso)

— l’orgue à bouche (saenghwang ou sen ruan), 
— le guanzi (d’origine chinoise, instrument conducteur des danses et des processions dans le style kwan-ak), 
— et l’ocarina (hun). 
+ trompes et conques. 


Les instruments à percussion constituent par leur nombre la plus importante catégorie d’instruments coréens et sont utilisés dans presque tous les genres de musique :

— le gong (kkwaenggwari), le gong fixe (jing ou ching), et cymbales (para ou chabara)

Quelque 20 sortes de tambours différents dont les 4 principaux sont :

— le changgo ou janggu : tambour en forme de sablier, à deux peaux lacées.

— le puk ou buk : tambour tonneau à deux faces, dit tambour de baril.

— le chwago : tambour cylindrique à deux faces.
— et le sogo : petit tambour à manche et à deux peaux.

Citons encore :
— yonggo : tambour tubulaire pour la musique militaire (frappé avec une baguette).
— Mokt’ahk : tambour à fente en bois tenu à la main (utilisé dans les temples bouddhistes).
le clapet ou cliquettes (pak ou bak ou jippak)

— les carillons de cloches de phonolithes et de lames de métal (pyeonjong), les carillons en pierre (pyeongyeong)

— des râcleurs zoomorphes (tigre eu)
— et la boîte en bois (chuk).


TECHNIQUE VOCALE

En Corée, différents types de voix ornées se pratiquent dans le cadre du théâtre populaire pansori :
la voix rauque suri song,
la voix cassée,
la voix de cloche,
la voix relaxée
et la voix au grand vibrato…


THÉORIE

Modes : 2 modes de bases

Ujo (ou P'yôngjo) :



Kyemyŏnjo :





LIENS