Glossaire des musiques cubaines
février 25, 2019
ABAKUÁ : système cultuel, et initié des confréries carabali.
AKPWÔN : chanteur soliste des rituels yoruba.
ARARÁ : nom générique des groupes fons du royaume d’Allada (Bénin actuel).
BAILES DE CUNA : salles de bal des quartiers populaires fréquentées par la population de couleur à l’époque coloniale.
BARRACÔN, BARRACONES : habitation des esclaves sur les plantations construction en dur â une seule entrée donnant sur une cour centrale entourée de couloirs subdivisés en logis minuscules.
BATÂ : les trois tambours sacrés en sablier des rituels lucumí-yorubas, l’okónkolo, le plus petit, l’itótele, de dimension moyenne, et l’iyá, tambour maître de l’ensemble, toujours situé au centre.
BEMBÉ : fête de divertissement profane offerte aux divinités dans le système cultuel yoruba.
BOCÚ, BOCUES : tambour utilisé dans les congas et comparsas de carnaval de Santiago de Cuba. Désignés selon leur fonction rythmique sous les noms de fondo, requinto et quinto.
BOLÉRO : rythme binaire et danse, différent de son homologue espagnol ternaire. Apparu à Santiago de Cuba à la fin du 19ème siècle.
BOMBO : grosse caisse des carnavals havanais, plus étroite que son homologue des fanfares.
BONGÔ, BONGOES : tambour d’inspiration bantoue né dans les provinces orientales formé de deux petits tambours accolés tenus entre les genoux. Il a une fonction d’improvisation dans le son.
BOSSALE : esclave né en terre africaine.
BOTIJA ou BOTIJUELA : instrument qui remplit la fonction de basse dans le son ancien rural et urbain, fabriqué avec une jarre en argile dans laquelle on souffle par un orifice pratiqué sur un côté.
BULÁ : tambour utilisé dans la tumba francesa.
CABILD0 DE NACIÓN : société regroupant à l’époque coloniale les bossales censés provenir dune même ethnie ou aire linguistique.
CAJÓN : tambour utilisé dans la rumba et fabriqué à partir de caisses de morue ou de bougies.
CAMPANA : à Santiago, percussion métallique fabriquée à partir de tambours de freins, qui accompagne les tambours de la conga.
CARABALÍ : nom générique des groupes d’esclaves censés provenir du Calabar.
CATÁ : tronc d’arbre évidé percuté avec des baguettes qui scande le rythme de base des musiques de tumba francesa en Oriente.
CHACHÁ : sonnailles métalliques montées sur un manche et décorées de rubans utilisées clans les fêtes de tumba francesa.
CHANGÜI : antécédent rural du son (région orientale de Guantánamo).
CHARANGA : type d’orchestre qui remplace l’orquesta típica au tournant du siècle pour interpréter le danzón. Comprend piano, flûte, violons, contrebasse, timbales (puis paila criolla) et güiro. S’y ajoutent ensuite tumbadora, violoncelle et voix.
CINQUILLO : cellule rythmique originaire de Saint-Domingue, groupe de notes syncopées sur le temps fort (croche, double croche, croche, double croche, croche).
CLAVE : rythme de base syncopé des principaux genres dansants de la musique cubaine. Désigne également un genre chanté du théâtre musical d’où dérivera la criolla.
CLAVES : petite percussion : deux petits bois cylindriques frappés l’un contre l’autre, la main fixe faisant caisse de résonance.
COCOYÉ : thème de comparsa des émigrés de Saint-Domingue dans les carnavals de Santiago où apparaît la cellule rythmique du cinquillo.
COLUMBIA : modalité de la rumba, dansée par un homme seul.
COMPARSA: formation de carnaval comprenant musiciens, chanteurs et danseurs.
CONJUNTO : orchestre de son codifié par Arsenio Rodriguez au début des années quarante. Dérive des septuors antérieurs par adjonction d’instruments.
CONGA : groupe des musiciens dans une comparsa. A Santiago, son instrumentation est différente de celle de La Havane, et elle parcourt les rues, seule, suivie par la population, avant le défilé de carnaval.
CONGO : nom générique donné aux esclaves d’origine bantoue.
CONTRADANZA : danse à figures et genre musical instrumental issus des danses de cour et de salon d’Europe ; elle se créolise à Cuba.
CONTRADANZA HABANERA : version havanaise encore empreinte du rythme ternaire européen sera remplacée vers 1850 par la contredanse de rythme binaire introduite par l’immigration de Saint-Domingue à Santiago.
CONTROVERSIA : joute chantée en dizains entre deux improvisateurs dans la musique rurale du punto guajiro.
CORNETA CHINA : petit instrument à vent de tonalité aigué et de timbre nasillard, spécifique des congas orientales.
CORO DE CLAVE : chorales mixtes au répertoire comprenant des chants d’inspiration lyrique ou populaire qui parcourent les rues à Noël dès la fin du 19ème siècle. Au 20ème siècle ces formations de quartier intègrent un répertoire de guaguancó.
CUARTETA : strophe de quatre vers octosyllabiques, issue de la copia espagnole. Elle est appelée régina dans l’Oriente cubain.
DANZA : autre nom de la contredanse créole binaire. Désigne aussi une composition musicale semi-savante, écrite en 6/8, ou parfois en deux parties, l’une de mesure binaire, l’autre ternaire.
DANZON : premier genre dansant considéré comme totalement cubain, en mesure 2/4, plus lent que la contredanse et divisé en trois parties. Purement instrumental à l’origine, il inclura le chant à partir des années trente sous l’influence du son.
DANZÓN NUEVO RITMO : nouvelle modalité du danzôn instrumental créée par l’orchestre d’Arcaño qui appelle mambo la dernière partie rapide et syncopée, très dansante.
DANZONETE : dérivé du danzón influencé par le son et comprenant une partie chantée (1929).
DÉCIMA : strophe chantée de dix vers octosyllabiques d’origine espagnole, utilisée par les improvisateurs de rumba et du punto guajiro.
DESCARGA : version cubaine de la jam-session où les musiciens improvisent à partir d’un thème.
DIANA : suite de syllabes chantées qui ouvre les trois modalités de la rumba, comparables aux lalies du cante jondo.
EKÓN : percussion métallique utilisée dans les rituels abakuá.
EKWÉ : tambour sacré abakuá, de friction externe.
ESTUDIANTINA : formation constituée de tout jeunes musiciens, apparue à Santiago de Cuba dès la fin du 19ème siècle. Son instrumentation originale (tres, guitares, paila criolla, botija ou marímbula — actuellement contrebasse —, güiro, maracas et trompette) lui permet d’interpréter tous les genres dansants.
GALLETA : dérivé des grosses caisses des fanfares utilisé dans les congas de Santiago. Plus étroite que le bombo havanais.
GUAGUA : tronc d’arbre évidé, ou à défaut grosse canne de bambou, percuté avec des baguettes et marquant un rythme constant dans la rumba.
GUAGUANCÓ : modalité de la rumba, dansée en couple et mimant la poursuite amoureuse.
GUARACHA : genre musical chanté, sur tempo vif et avec des textes satiriques, issu du théâtre bouffe. Il a évolué vers un rythme dansé influencé par le son et intégré au répertoire des orchestres.
GUATACA : percussion métallique dérivée d’instruments agricoles comme la houe.
GUATEQUE : fête paysanne des régions occidentale et centrale.
GUAYO : cylindre métallique strié que l’on gratte pour accompagner le changüi oriental. Similaire de la güira utilisée dans le merengue dominicain.
GÜIRO : instrument cubain d’inspiration bantoue, fabriqué partir d’une gourde ou calebasse, strié perpendiculairement à l’axe et gratté avec une baguette, accompagne la musique populaire dès le danzón. Désigne aussi à La Havane une fête profane des rituels lucumí-yorubas.
HABANERA : dans la première moitié du 19ème siècle, équivalent à Cuba de contradanza habanera, et à l’extérieur de contredanse créole pour la différencier de son homologue européenne. A partir de 1841, genre chanté en vers, populaire en Espagne et au Mexique.
IREME : personnage des rituels profanes abakuá qui apparaît aussi dans les comparsas de carnaval. Appelé également diablito pour sa gestuelle bondissante et son costume.
IYESÁ : nom générique des groupes yorubas censés provenir du royaume d’Oyo (Nigeria actuel).
KINFUITI : tambour sacré, de friction internes, des rituels congos-bantous.
LUCUMÍ : nom générique des groupes censés être d’origine yoruba.
MAKUTA : fête profane des rituels congos-bantous.
MAMBO : nom donné par Arcaño à la dernière partie, syncopée du danzón nuevo ritmo. Genre musical créé et popularisé par Dámaso Pérez Prado au Mexique. Désigne aussi une phrase instrumentale répétée à l’unisson formant une brève section qui fait le lien entre différentes parties d’une pièce musicale.
MARACAS : paire de calebasses garnies de graines, de sonorité différente que l’on agite pour marquer un rythme constant.
MARÍMBULA : idiophone â lamelles pincées dérivé de la sanza africaine.
MASÓN : ensemble de danses de la tumba francesa issues des danses à figures des maîtres français. Désigne aussi un rythme des percussions repris par les congas orientales.
MONTUNO : section d’improvisation avec alternance soliste-chœur dans le son ; climax de la pièce musicale.
NGOMA : nom générique des tambours rituels d’origine congo-bantoue.
ORISHA : nom générique des divinités du système cultuel yoruba.
ORQUESTA TÍPICA : premier type d’orchestre de danzón comportant de gros cuivres empruntés aux fanfares, clarinettes, contrebasse, violons, timbales et güiro.
ORU DE IGBODU : salutation initiale des tambours batá à chaque divinité avec les rythmes qui lui correspondent, non chantée.
PAILA CRIOLLA (timbales criollos) : deux petites timbales à une seule peau, accolées et posées chacune sur un pied, que l’on frappe par un jeu combiné de baguettes et de la main. Remplacent les timbales de concert dans les orchestres de danzón au début du 20ème siècle.
PALENQUE : campement fortifié des esclaves fugitifs dans les montagnes d’Oriente et le centre de la province de Pinar del Rio.
PALO (REGLA DE) : nom générique du système cultuel congo-bantou.
PILÓN : troisième caisse des congas de Santiago, un peu plus épaisse que les galletas. Dirige la rythmique.
PREMIER : tambour improvisateur des ensembles de tumba francesa.
PUNTO GUAJIRO : genre chanté des régions rurales occidentales et centrales, de rythme ternaire, joué avec guitare, tres, luth et petite percussion. Comprend différentes modalités, punto libre, fijo et cruzado.
QUINTO : tambour improvisateur dans la rumba.
RAYADO, RASGUEADO ou RASGUEO : technique de la guitare utilisée pour les séquences rythmiques, obtenue en ouvrant tous les doigts en éventail.
RÉGINA : nom du quatrain octosyllabique dans les régions orientales (trova, changüi, son).
REGLA DE OCHA-IFÁ : nom du système cultuel lucumí-yoruba.
REPENTISTA : improvisateur du punto guajiro, appelé aussi poète.
REPICADOR : cajón improvisateur dans le yambú.
SANTERÍA : nom christianisé de la regla de ocha-ifá.
SEGÔN : tambour de la tumba francesa.
SHEKERE : grosse calebasse évidée entourée d’un maillage sur lequel sont fixées des perles de verre, que l’on secoue en frappant son fond du plat de la main. Utilisée en trio dans les güiros des rituels yorubas.
SOLAR, SOLARES : immeuble divisé en logis exigus donnant sur des couloirs en balcon autour d’une grande cour centrale ; rappelle la structure des barracones d’esclaves dans les plantations.
SON : genre musical chanté et dansé, d’abord rural, puis urbain, né clans les provinces orientales et transformé à La Havane. L’un des genres majeurs de la musique populaire.
TAMBORA : tambour utilisé dans le masón par la tumba francesa, passé dans les congas de Santiago.
TANGO : cellule rythmique (croche pointée, demi-croche, deux croches) typique des premières contredanses.
TONADA : mélodie chantée dans le punto guajiro.
TRES : cordophone cubain dérivé de la guitare, à trois cordes doubles, qui accompagne le punto et le son.
TRES-DOS ou TRES GOLPES : cajón ou tumbadora qui accompagne le patron rythmique de base dans la rumba.
TROVA : genre musical populaire de l’Oriente, créé par des auteurs-compositeurs-interprètes s’accompagnant la guitare.
TUMBA FRANCESA : fêtes des esclaves de Saint-Domingue immigrés dans l’Oriente de Cuba où ils interprètent avec leurs percussions des danses dérivées des danses de salon, et des chants en créole. Nom des sociétés où ils se regroupent en milieu urbain.
TUMBADOR : nom du cajón ou de la tumbadora qui exécute le rythme stable dans la rumba.
TUMBADORA : tambour fabriqué partir de fûts cerclés.
TUMBAO : façon d’aborder le phrasé à l’intérieur du rythme de base au piano et à la contrebasse.
VACUNAO : geste de possession sexuelle spécifique du guaguancó.
YAMBÚ : modalité ancienne de la rumba.
YUKA (tambours) : utilisés dans les fêtes profanes du système cultuel bantou (caja, mula et cachimbo).
ZAPATEO : danse des régions rurales occidentales, dérivée du zapateado espagnol.
source : Maya Roy