Evolution de l’écriture musicale


Avant le Xè siècle : on peut dire que c'est le geste du chef de choeur permettant aux exécutants de se souvenir de la courbe mélodique qui a servi de base à l'écriture de la musique occidentale. Le geste est devenu graphisme.

Les NEUMES sont les premiers signes d'écriture de la musique ; ils sont très différents suivant les régions ou pays considérés.



Vers le Xè siècle : on peut trouver :

a) soit des neumes "accents", soit des neumes carrés placés de part et d'autre d'une ligne pour indiquer les différences de hauteur.


b) soit des neumes organisés sur une portée de quatre lignes.

Exemple tiré d'un texte musical de Gui d'Arezzo (955-1050) :

On attribue d'ailleurs à ce moine italien l'origine du nom des notes qu'il aurait emprunté à la première syllabe de chaque vers de l'Hymne* dédiée à St-Jean-Baptiste.

* N.B.: Hymne est masculin dans son acception profane et féminin lorsqu'il s'agit de musique d'Eglise.

UT Queant Laxis
REsonare fibris
MIra gestorum
FAmuli tuorum
SOLve poluti
LAbii reatum


Le nom de la note SI, attribué plus tard, viendrait des initiales de Sancte Johannes.

Dans les pays anglo-saxons, on nomme les notes à partir des lettres de l'alphabet :



Vers le XIIIè siècle les neumes de forme carrée ou losangée se perfectionnent.

Exemple : d'après le manuscrit de Wolfenbüttel : Alleluya de Perotin.


Vers la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle, la 5ème ligne apparaît et les notes s'écrivent en deux couleurs.



Au XVè siècle, apparition des notes noires et blanches.



Aux XVè et XVIè siècles se développe la tablature de luth. Elle diffère suivant les pays (Allemagne, France, Italie).

Cette écriture musicale n'indique pas les hauteurs de son, mais les doigtés:

Il s'agit d'une représentation schématisée du manche ou du clavier de l'instrument sur laquelle le musicien "voit" ce qu'il doit faire puisque chaque touche ou case est indiquée.

NB : Ce procédé est encore utilisé aujourd'hui dans certains cas pour noter les accords difficiles en guitare par exemple.



— Les 6 lignes figurent les cordes du luth.

— Les chiffres désignent les cases.

— Le rythme est indiqué par des hampes de notes.


Au XVIè siècle, des recueils importants spécifiquement destinés aux instruments voient le jour en Italie d'abord, puis en Allemagne, en France, en Espagne et en Angleterre. Cette production concerne surtout le luth, les claviers (orgues, clavicordes, épinettes), la viole, la flûte, la guitare et les ensembles.

L'une des causes essentielles de cette apparition fut l'invention de l'imprimerie qui donna un essor considérable à la diffusion de la musique.

Les recueils édités à cette époque contenaient la transcription pour instruments des oeuvres vocales des compositeurs polyphonistes les plus célèbres : Josquin des Prés, Roland de Lassus... Il ne s'agit pourtant pas de copier : il faut s'adapter aux possibilités de l'instrument et/ou des ensembles instrumentaux. Il s'agit donc plutôt de réinventer une version différente qui sera souvent plus ornée.

La vocation de l'instrument est aussi d'interpréter des danses et d'accompagner la voix. Aussi apparaissent l'importance du rythme et la prédominance de la voix supérieure (le supérius). Alors qu'auparavant, la teneur - ténor - était la voix sur laquelle se développait la polyphonie, on s'oriente peu à peu vers une conception plus harmonique de la musique.

Les éditeurs musicaux les plus célèbres du XVIe siècle ont été : Pierre Attaignant à Paris, Tylman Susato à Anvers, Michel Praetorius en Allemagne.


En conclusion :

D'une manière générale, à cette époque, on n'écrivait pas d'indications précises concernant les instruments, le mouvement et les nuances !
De ce fait, on ne sait pas si une composition était destinée aux voix ou aux instruments (et lesquels ?) ou aux deux réunis.

L'exécution musicale dépend :
— d'une tradition solide :
    >> celle des Ménestrels pour la musique profane
    >> celle des Moines pour la musique liturgique
— d'une grande liberté d'interprétation, suivant le contexte social.

Heureusement, des sources extra-musicales apportent un éclairage complémentaire.

Elles proviennent :
— de documents écrits : chroniques - registre de comptes - manuels liturgiques, poésie...
— de documents iconographiques qui offrent des témoignages importants sur la facture des instruments de l'époque...