Le codex Faenza


Ce manuscrit est conservé à la Biblioteca comunale de Faenza (en Italie) sous la côte Ms. 117. Il est publié dans Musica Disciplina et dansCollection of Musicological Studies and Documents (= MSD), vol. 10, 1961. La transcription se trouve dans le Corpus Mensurabilis Musicae (= CMM), vol. 57.

Le seul article sur ce codex est celui de Charles van den BORREN : « Le codex de Johannes Bonadies, musicien du 15ème siècle », inRevue Belge d’archéologie et d’histoire de l’art, vol. 10, 1940, p. 251-261.

KUGLER Michael, Die Tastenmusik im codex Faenza, Tutzing : Hans Schneider, 1972.

Copie de ce manuscrit par le père Martini en 1753 (Ms. A 32, Museo Bibliografico, Bologna).


Ce codex provient d’un couvent carmélite de Ferrare. Sa rédaction et sa composition date du début du 15ème siècle, mais la musique est bien antérieure (du 14ème siècle).

Il y a 47 pièces toutes à 2 voix (profanes et religieuses). Certaines sont anonymes. Il n’y a jamais de texte mais parfois un incipit pour identifier l’origine des pièces.

Au cours du 15ème siècle, sur les parties inemployées du codex, un carmélite de Mantoue nommé Bonadies (ou sous le nom allemand Godendach [= bonjour]) a copié d’autres pièces et des traités théoriques.

La tablature a un aspect étonnamment moderne car chaque partie est écrite en notation mensuraliste. Les portées sont à 6 lignes. On s’est donc demandé si ce n’était pas pour deux instruments car la notation est tout à fait exceptionnelle (on pense que c’est pour deux claviers car les notes se croisent…).


On distingue deux répertoires d’origines différentes : France et Italie.


1°) Les pièces d’origines françaises :

Il y a 2 ballades de Machaut (« Honte, paour, doubtance », « De toute flour »), une ballade de Pierre de Molins (« De ce que folle pense ») et un virelai (« Or, sus, vous dormez trop Madame Joliette », il est tiré du manuscrit de Chantilly et sera utilisé plus tard par Janequin dans son « Chant de l’Alouette »).


a) « Honte, paour, doubtance » :


On a superposé la version vocale et la version instrumentale afin de mieux comparer les deux.

La ballade de Machaut a été transposée d’une quinte. La forme de la ballade :

1. A (ouvert)

2. A (clos)

3. B

4. Envoie (commun au 3 strophes, il sert de refrain)

Le ténor est quasi identique. Le supérius est considérablement modifié (très orné, mobile, avec des passages de virtuosité [indique un style instrumental autonome]).


2°) Les pièces d’origines italienne :

Elles datent du trecento et sont pour la plupart d’origine florentine.

Il y a 5 pièces de Jacopo da Bologna, 3 pièces de Bartolino da Padova et 1 pièce de Antonio Zaccara da Teramo. Il y a une pièce intitulée« Bel fiore dança » (fol. 81-81v) doit être une danse (donc sans origine vocale).


3°) Les pièces sans modèle :

L’essentiel consiste en des versets d’orgue pour la messe. Il y a 2 couples Kyrie – Gloria (donc deux kyrie et deux gloria) et 1 Kyrie isolé. Ces pièces servent à l’alternatim (un kyrie chanté – un kyrie joué – un kyrie chanté…). C’est le premier exemple d’une messe d’orgue par alternance.

Lorsque l’orgue joue, il a en cantus firmus la mélodie grégorienne.

On retrouve les modes rythmiques. Seule la moitié du texte liturgique est chantée (les calvinistes s’y opposeront lors de la réforme). Le cantus firmus n’est plus qu’un moyen mnémotechnique. Le supérius est quant à lui, très libre.

On y trouve également 2 benedicamus domino et 1 ave maris stella qui sont des pièces indépendantes.