Arbeau - Belle qui tient ma vie


La pavane est une danse de cour lente du XVIè siècle, dansée près du sol par des couples disposés en cortège.

Son nom évoque la ville de Padoue dont elle serait originaire ou, selon d'autre sources, elle dériverait de l'espagnol pava, « paon ». 
Elle est décrite par Thoinot Arbeau dans son Orchésographie (1589) comme une danse binaire formée d'une longue et de deux brèves. Il y décrit la pavane Belle qui tiens ma vie et une pavane d'Espagne qu'on danse « en marchant en avant pour le premier passage », puis en reculant.
La pavane consiste en deux simples et un double en avant (marche), suivis des mêmes en arrière (démarche). On peut également continuer à avancer sur la deuxième partie, parcourant ainsi la salle en cortège de couples. 



Pavane "Belle qui tiens ma vie"


Paroles tirées de l'Orchésographie (1589) de Jehan Tabourot (1520-1595), dit Thoinot Arbeau.

Belle qui tiens ma vie 
Captive dans tes yeux 
Qui m'as l'âme ravie 
D'un souris gracieux 
Viens tôt me secourir 
Ou me faudra mourir. 

Pourquoi fuis-tu mignarde 
Si je suis près de toi 
Quand tes yeux je regarde 
Je me perds dedans moi 
Car tes perfections 
Changent mes actions. 

Tes beautés et ta grâce 
Et tes divins propos 
Ont échauffé la glace 
Qui me gelait les os 
Et ont rempli mon cœur 
D'une amoureuse ardeur. 

Mon âme voulait être 
Libre de passions 
Mais amour s'est fait maître 
De mes affections 
Et a mis sous sa loi 
Et mon cœur et ma foi. 

Approche donc ma belle 
Approche-toi mon bien 
Ne me sois plus rebelle 
Puisque mon cœur est tien 
Pour mon mal apaiser 
Donne-moi un baiser.

Je meurs mon angelette 
Je meurs en te baisant 
Ta bouche tant doucette 
Va mon bien ravissant 
A ce coup mes esprits 
Sont tous d'amour épris. 

Plutôt on verra l'onde 
Contre mont reculer 
Et plutôt l'œil du monde 
Cessera de brûler 
Que l'amour qui m'époint 
Décroisse d'un seul point.