Le rock et son évolution





LA MUSIQUE ROCK ET SON ÉVOLUTION


© Bruno Jean Villard

LES PRÉCURSEURS


L'expression "rock and roll" (balance et roule) désigne un style musical à prédominance vocale né au début des années 50, du mariage du blues, du jazz et de la musique folk-country-western.
Dès 1937, le verbe ta rock fait son apparition dans une chanson d'Ella Fitzgerald (Rock it for me). Déjà la connotation érotique était directement associée au balancement rythmique (en argot Rock and roll désigne l'acte sexuel).



D'autre part, pendant les années 40, beaucoup de musiciens noirs exploitent les éléments rythmiques dérivés du boogie-woogie et, dans leurs compositions, accentuent naturellement le contre-temps (2e et 4è temps). Leurs créations s'appuient sur des thèmes vifs
et simples, répétés plusieurs fois de suite permettant la mise en valeur d'instrumentistes et de virtuoses de l'improvisation.
On regroupera, après la Seconde Guerre mondiale, l'ensemble de cette production "faite par et pour les Noirs", sous la dénomination de rythm and blues.


LES ANNÉES 1950 : les débuts du rock and roll


Le rock and roll éclate réellement aux États-Unis, entre les années 54-56, dans un contexte social, politique, économique et culturel bien particulier :
• Le rythm'n blues exerce un attrait de plus en plus fort sur les jeunes américains blancs. Les disques de Ray Charles, de Muddy Waters (qui chante Rythm and blues had a baby and they called it rock and roll !) et des Drifters connaissent un grand succès.
• La forme du jazz évolue et devient une musique trop complexe pour le prolétariat américain à la recherche d'une musique plus simple, plus spontanée, plus chaleureuse.
• La jeunesse américaine veut s'affirmer face au monde adulte. C'est l'époque de "Graine de violence", de la "Fureur de vivre" et, par dessus tout, de ce mal de vivre incarné par James Dean (à qui la mort a peut-être donné trop de talent !)
• Le "star system" issu d'Hollywood décline. Le mythe du western n'agit plus autant et on recherche de nouvelles idoles dans le rock and roll.

La présence de la musique jazz reste bien établie dans le rock and roll par la présence d'un battement régulier (tempo, beat), véritable ostinato magique, qui rythme les pas et figures des danseurs.
Peu à peu, blancs et noirs partagent leur art pour donner à cette musique ses plus grands succès et un son unique fixé sur des vinyles pour l'éternité.


QUELQUES GRANDS NOMS DU ROCK AND ROLL 
FATS DOMINO : né en 1928 à la Nouvelle Orléans. Pianiste, compositeur, chanteur et chef d'orchestre, il est l'un des principaux précurseurs du rock and roll noir. Il enregistre The Fat Man en 1948 et le très célèbre Blueberry Hills en 1952.
Bill HALEY (guitariste, chanteur) : né en 1927, il invente une nouvelle version du rythm and blues et sort, en 1954, un 45 tours Rock around the clock qui sera grandement popularisé par le film de Richard Brooks Graine de violence (Blackboard jungle, 1955). Son nom de scène (Haley) ainsi que celui de son groupe (The Cornets) sont un clin d'oeil à la comète du même nom.
Chuck BERRY (compositeur, guitariste, interprète, surnommé Crazy legs) : né en 1926 à Saint Louis, il est très influencé par le blues et le rythm and blues. Rendu célèbre par ses nintros" de guitare, il chante la vie de tous les jours sur des mélodies faciles à mémoriser (Maybelline, Sweet little sixteen, Roll over Beethoven, Johnny B. Goode, Memphis Tennessee...).
Little RICHARD (compositeur, pianiste et chanteur) né en 1935 dans l'état de Georgie, aux habits excentriques, il fera résonner dans les radios et sous l'aiguille des pick-up le célèbre Tutti Frutti (A wop bop a/u bop a wop bam boom). En 1957, il abandonne son métier d'artiste, devient pasteur mais retrouve la scène en 1964.
Jerry Lee LEWIS, autre pianiste-chanteur-compositeur qui montre que le rock and roll n'est pas réservé qu'aux guitaristes. Ce jeune sudiste qui n'hésite pas à monter sur son piano et à jouer avec les pieds, enregistre son premier disque à Memphis en 1955 dans les studios de Sam Phillips. Son succès Who/e Lota Shakin'goin'on fait scandale par sa trop grande vulgarité : il est interdit par la plupart des radios américaines.
Gene VINCENT avec son fameux Be bop a lu/a fait preuve d'une grande originalité dans ses arrangements musicaux et ses solos de guitare (autres titres : Rocky road blues et Say Mama).
Buddy HOLLY est la principale source d'inspiration du rock and roll anglais. La qualité de ses mélodies et de ses arrangements se retrouve entre autres dans Peggy Sue.
Eddy COCHRAN : jeune guitariste né en 1938 à Oklahoma City, vêtu de cuir noir, pousse l'arrogance à ses limites par son jeu scénique. Summertime blues est l'un de ses grands succès.
Elvis PRESLEY reste la plus belle voix de l'histoire du rock and roll. Longtemps camionneur à Memphis dans le Tennessee, il dédie à sa mère son premier disque. Né dans le Mississipi en 1935, il découvre le blues rural, la country, les cow-boys songs et le gospel et combine dans la musique ces différents styles. Il reste célèbre pour son jeu de jambes, son ondulation des hanches et ses halètements de voix au micro. Sa collaboration avec les studios d'Hollywood donne naissance à une trentaine de films. Idole de la jeunesse américaine, il s'éloigne peu à peu du rock and roll orthodoxe pour interpréter des sucreries de la variété américaine. Il meurt en 1977.
Bien d'autres pionniers marquent l'histoire du rock and roll parmi lesquels Bo Diddley, Roy Orbison...


LES ANNÉES 60 ET LA POP MUSIC


Les années 60 se révèlent très créatives et marquent l'époque d'une certaine révolution culturelle et morale très anti-conformiste. Très vite le rock and roll américain est oublié et de nouvelles tendances apparaissent.
En Angleterre, Liverpool stimule le réveil de la musique anglaise. À la fin des années 1961, on y recense plus de 350 groupes !!


QUELQUES GRANDS GROUPES
Les Beatles laissent dans l'histoire du rock un impact profond. Ce groupe de Liverpool (John Lennon, Paul Mac Cartney, Ringo Starr, Georges Harrison) mélange rock dynamique et mélodies soignées aux paroles sans conséquences. Il donne naissance au mouvement pop anglais et à une musique nouvelle, plus proche de la chanson populaire anglaise et de ses habitudes mélodiques.
En 1965, dans les hit-parades américains, huit des dix premières places sont des chansons des Beatles. De nombreux titres illustrent l'oeuvre de ce groupe et sont aujourd'hui des "classiques" du genre : Yesterday, Let it be et le très fameux album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (1967).
Les Rolling Stones : ce groupe est né dans les petits clubs qui fourmillent à Londres au début des années 60. D'un public de 172 personnes qui avaient assisté à leur premier concert le 26 décembre 62, c'est devant des rassemblements de 20 000 à 50 000 personnes que les Stones enchaînent les concerts de leurs tournées mondiales de 1981 et de 1989. Brian Jones, Charlie Watts, Mick Jagger, Keith Richard et Bill Wyman cultivent un style voyou et rebelle en reprenant le thème du mal et le poussant à son extrême (Sympathy for the Devm. Ils gardent la pulsion du rock composant peu de chansons lentes et utilisant des textes critiques, violents et parfois érotiques. Brian Jones quitte le groupe en 1967 avant de se noyer en juillet 69. Quelques titres : Satisfaction, Paint it black, Street fihting man, Brown Sugar...
Les Who : influencés par le pop art, quatre amis fondent ce groupe dans la banlieue ouest de Londres (quartier pauvre). Leur musique est violente, contestataire et extrémiste et leurs concerts sombrent parfois dans la démence la plus totale (amplificateurs cassés, guitares brisées). Pete Townshend et Keith Moon créent, en 1969, un opéra-rock Tommy considéré par certains comme l'oeuvre maîtresse de la pop music.
Les Pink Floyd : Roger Waters, Syd Barrett et David Gilmour sont à l'origine de ce groupe novateur né en Angleterre et qui donne son premier concert le 14 octobre 1966. Depuis près de 30 ans, Pink Floyd, né du "psychédélique" des années 60, captive l'imagination d'un public immense, se renouvelant régulièrement. Aujourd'hui encore ce groupe domine les hits-parades tenant son rôle "d'alchimiste" du rock par les innovations musicales et les recherches de sonorités si typiques des Pink Floyd. Syd Barret quitte le groupe en 1968. Aux côtés de Nick Mason et de Rick Wright, Roger Waters et David Gilmour poursuivent l'aventure, nous laissant aujourd'hui près d'une vingtaine d'albums dont : A Saucerful of secrets (1968), Atom heart mother (1970), The dark side of the moon (1973), The Wall (1979), A momentary laps of reason (1987), The division bell (1994).
Autres groupes anglais : Kings, The Animals...

Le public noir américain recherche, quant à lui, sa propre musique et se sent peu concerné par la pop music anglaise. Un nouveau son en provenance de Détroit appelé Motown (venant de Motor Town, Detroit étant un grand centre industriel automobile) marque le début de la soul music. Les Suprêmes (le premier groupe de Diana Ross), Marvin Gayes, Stevie Wonder, Les Temptations... signent leurs premiers disques. Certains chanteurs participent à un style à mi-chemin entre rock and roll et rythm and blues : Aretha Franklin, Otis Redding... Mais pour tous les Noirs, le Soul Brother n°1 est bien James Brown (I'm Black and l'm Proud).



L'influence des groupes anglais sur les radios américaines stimule la création d'un nombre très important de groupes aux États-Unis (dont les Byrds et les Beach Boys).
Bob Dylan se présente comme le chef de file de la Folk song, de la protest song (chanson contestataire) dont le mouvement s'amplifie à la fin des années 60 (Guerre du Vietnam, mouvement hippie du Flower power). Joan Baez, Leonard Cohen, Paul Simon et Art Garfunkel s'inscrivent également dans ce courant artistique et parfois idéologique.
La fin des années 60 est également marquée par l'organisation de grands festivals et de grands rassemblements de jeunes : Monterey en 1968, Ile de Wight et de Woodstock en 1969.

@ http://fr.wikipedia.org/wiki/Années_1960


LES ANNÉES 1970


La fin des années 60 et le début des années 70 semble marqué par le mauvais sort :
— décembre 67, Ottis Redding meurt dans un accident d'avion
— juillet 69 Brian Jones, fondateur des Stones, se noie
— août 69 Syd Barret devient fou
— septembre 70, Jimi Hendrix meurt d'une overdose d'héroïne tout comme Jim Morrison des Doors en juillet 71
— King Curtis, saxophoniste de soul, est assassiné en août 71...

Pourtant, le chemin est ouvert à toutes les innovations, la créativité et les audaces. De nouveaux talents, de nouvelles vocations apparaissent à la recherche d'un second souffle utilisant de nouveaux moyens : expérience de concerts géants, techniques de sonorisation améliorées, light shows, écrans vidéo géants, tournées mondiales...
Une certaine tendance à la saturation et à la distorsion du son des guitares électriques donne naissance au hard rock et à la heavy métal. Des batteries bruyantes, des solo ultrarapides popularisent ce style adopté par Led Zeppelin Aérosmith, Deep Purple, ACDC, Kiss, Motorhead, Mountain, Van Halen et (avec une sonorité très particulière) Queen.



QUELQUES GRANDS GROUPES
Eagles : propose un style inspiré par le country traditionnel mais avec un son beaucoup plus moderne. Leur album Hotel Califomia se vend à 1 million d'exemplaires (D. Felder, D. Herly, G. Frey).
Genesis : ce groupe évolue vers une musique très technique et très recherchée. On parle souvent d'un rock progressif dont Peter Gabriel et Phils Collins orchestrent les mélodies. Steve Hackett (guitariste) et Mike Rutherford (bassiste) se joignent à eux.
Roxy music : connu pour ses pochettes d'albums d'un grand érotisme et le look de ses musiciens, ce groupe interprète une musique mêlant rythm'n blues, funk et pop music et faisant une synthèse entre musique rock et musique de variété (Bryan Ferry fait
aujourd'hui une carrière solo).
Supertramp : ce groupe anglo-américain, formé à Munich en 1969 sous l'impulsion de Rick Davies (multi-instrumentiste et compositeur) sort en 1997 son douzième album Some things never change. En 1979 leur album breakfast in America s'était vendu à 20 millions
d'exemplaires dans le monde. Ce groupe conserve un style marqué par le jazz auquel contribue le saxophoniste john Helliwell.
Status Quo : crée en 1967 ce groupe propose à ses débuts une musique psychédélique avant de s'orienter sur le son du Heavy Métal. Andy Bown, Bob Youg, Bernie Frost interprètent des mélodies carrées jouées à un train d'enfer.
Foreigner : tout en mélangeant hard et musique de variété, Mick jones, lou Gramm, Dennis Eliot et Rick Wills réussissent à se créer un public et une renommée chez les auditeurs de radios F.M.
En 1976-77, la musique rock connaît une réaction violente née en Angleterre chez certains adolescents. Refusant la compétence musicale (instrumentale et mélodique), le pouvoir de plus en plus pesant du show-business et de l'argent, un jeune public "punk"
réagit de façon hystérique privilégiant le cri et la provocation. Un look vestimentaire, dont l'épingle à nourrice sera le symbole, marque cette mini-révolution.
Les Sex Pistols et leur leader John Lydon deviennent très vite le groupe star de cette révolte auxquels s'ajoutent The Clash, The Cramps, The Damned, The Stranglers.


Les années 1970 voient aussi la naissance d'une musique venue de la Jamaïque, le reggae. Véritable mouvement musical mais aussi politique et religieux, le reggae propose un son typique (accords des guitares ou des claviers en contre-temps, prédominance d'une basse très mélodique, utilisation de tambours rastas avec peaux de chèvres, travail sur les voix a capella). Bob Marley (mort en 1981), Jimmy Cliff, Toots... illustrent la mode rasta (du nom de l'empereur d'Éthiopie "rasTafari'' Hailé Sélassié) et portent leur message au monde.



La fin de cette décennie s'enflamme également avec la mode disco, musique pour la danse et dont le succès de référence reste le film Saturday night fever et la musique des Bee Gees. Ce style produit des grands noms : Donna Summer, Gloria Gaynor, Grace
Jones et des groupes comme Etnic et Village People. Ce succès populaire ne laisse pas indifférents Stevie Wonder, les Jacksons et Marvyn Gaye. Une musique rythmée à quatre temps tous appuyés par la grosse caisse, des claquements de mains, une mélodie répétitive mais parfois travaillée donnent au disco une trace encore présente dans la Rock Music.