Un procédé au service de la transmission orale : le timbre
juillet 28, 2016
Définition
Un timbre (appelé aussi fredon) est un air préexistant aux paroles qui lui sont adaptées pour constituer une nouvelle chanson. On l'indique par l'incipit du texte (le premier vers), qui rappelle sa première utilisation, du moins la plus connue, et permet de se remémorer sa mélodie. Le titre du nouveau chant est ainsi souvent accompagné de la mention « Sur l’air de… ». Pour que le procédé fonctionne, il faut que le timbre soit une mélodie facile et connue de tous.
Les timbres ont été utilisés de tout temps dans la chanson populaire, mais aussi dans la musique antique, le répertoire grégorien, les chansons des troubadours, des trouvères.
On trouve la plupart des timbres utilisés au début du XIXe siècle dans le recueil de chansons, la Clé du Caveau. Le "Caveau" en question fut une sorte d’académie, qui exista sous diverses formes aux XVIIIe et XIXe siècles, dont le but était de cultiver la chanson. En firent partie notamment Pierre-Augustin de Piis et Pierre-Jean Béranger, les 2 auteurs des chansons au programme.
Ils ont utilisé un timbre identique pour deux textes très différents.
-> Le timbre utilisé = l’air de "Dans cette maison à quinze ans" ou "Daigner m'épargner le reste" . On ne connaît pas la chanson originale car elle semble perdue et elle n’est pas passée à la postérité. Le thème de cette chanson a été retrouvé dans les Musiques de chansons de Béranger (Paris, 1851) pour la chanson Les cinq étages.
Si on compare les deux partitions, on se rend compte que c’est bien la même musique, seuls diffèrent quelques éléments de notation et l'indication de tempo (Allegro / Allegretto).
Caractéristiques de ce timbre :
Le timbre désigne ainsi le titre emprunté au premier couplet ou au refrain du texte original ou de la version la plus connue du texte d'une chanson. Il permet d'identifier la mélodie sans avoir recours à la partition. Ce système de transmission d'une chanson par un incipit verbal "sur l'air de..." fait donc appel à la mémoire musicale. Avant, on parle de fredon. Fredonner une chanson : apprendre son air avant de chanter les paroles.
Le chant devient alors une ressource institutionnelle oralisée collective qui renforce ainsi une cohésion interne des groupes sociaux (religieux, syndicalistes, ...). Par exemple, le timbre de La Marseillaise a été utilisé à de nombreuses reprises : la Marseillaise des Locataires de Jules Jouy (1855-1897), la Marseillaise des Cotillons de Louise de Chaumont (1848), la Marseillaise anticléricale de Léo Taxil (1881)
Et certains timbres sont restés célèbres. Celui de Quand la mer rouge apparut (1627) donna lieu à diverses chansons politiques : Vous savez que je fus roi (1790), le Grand Projet (1791) ou religieuses : Quand Dieu naquit à Noël (1665).
Certains timbres sont si utilisés qu'ils ont plusieurs appellations. Par exemple, Les Deux Cousins (partition), Le Contrat de Mariage (partition), Les Cinq Etages (partition) et La Liberté des Nègres ont été faits sur le même timbre qui porte lui-même 2 noms : Dans cette maison à quinze ans ou Daignez m'épargner le reste. Ce timbre vient à l’origine du vaudeville de 1792, Les Visitandines.
Il s’agit souvent de satires, de parodies, de chansons plaisantes. Le but n’est pas toujours le même : la pédagogie de masse (l’école, l’église, les syndicats etc.), la critique sociale, le message politique, le patriotisme (militaire ou civil), l’engouement (équipes sportives). On se constitue ainsi un geste symbolique de la cohésion interne, qui « identifie » le groupe. L’enjeu est la valorisation unitaire et consensuelle. Il s’agit de faire « sonner » le collectif.
Dictionnaire "Science de la musique" de Marc Honegger :
Le "timbre" est extrêmement courant en musique. Et en fait il fonctionne dans les deux sens. De l'instrumental vers le vocal et inversement, du savant au populaire et inversement.
Les plus connus sont :
- Le bon roi Dagobert. C'est à l'origine une sonnerie de trompe de chasse, c'est devenu une chanson politique satirique, puis une chanson du répertoire enfantin.
Le bon Roi Dagobert, entendu sur un CD de trompes de chasse allemandes. Ca s’appelle "Steh fanfare", ce qui veut dire probablement "fanfare qu'on joue debout" (?).
- Bon voyage M. Dumollet. Chanson du Pont-Neuf anonyme, puis chanson de caveau (vaudeville), puis on l'entend dans Casse-Noisette (acte I) de Tchaikowsky. J'en ai trouvé des réutilisations qui sont devenues des exemples de patrimoine traditionnel : cornemuse / tambour aux Iles Baléares, une danse avant-deux de Bretagne (au lieu de : "Bon voyage, Monsieur Dumollet, A Saint-Malo débarquez sans naufrage", on entend : "Trou du cul, de quoi te plains-tu, N'es-tu pas donc au milieu de mes fesses..."), une autre danse bretonne (la pilotée de Combourg), un chant de marins, un air de pipe-band militaire britannique, une danse traditionnelle "Six tours" au Danemark, une contredanse d'origine française aux Seychelles, une jig irlandaise, un air de joute en Belgique, une danse "troïka" en Mayenne (on entend : “Fume ta pipe, mon Napoléon, Tu n’es plus bon gouverneur de la France"), et même une chanson de Mireille sur le Tour de France... Etc.
- Le Noël X, de Daquin, qu'on retrouve sous le titre "Bon Joseph, écoute-nous" ou "Quand Jésus naquit à Noël" chez Claude Balbastre, ou chez Nicolas Chédeville. Je l'ai retrouvé plein de fois comme chant de travail chez les marins terre-neuvas (chant à virer "Faut avoir du courage"), et comme chant révolutionnaire ("Le grand projet", contre Condorcet et contre Danton), et comme air du patrimoine traditionnel des joueurs de galoubet / tambourin de Provence sous le titre "Les cordelles", qui a finalement atterri dans nos classes dans les années 1970 par la méthode Orff (ici flûte à bec et percussions)...
- Adiu paure Carnaval, timbre connu dans toute la moitié sud de la France, mais que vous ne connaissez peut-être pas si vous êtes dans la moitié nord et si seulement vous n'avez jamais vu le générique de fin de Nounours à la télé en noir et blanc. Ce timbre est, à l'origine, une bergerette d'Antoine Albanese (XVIIIè s.). Dans toute la moitié sud de la France, c'est l'air de carnaval que tout le monde connaît, qu'on retrouve comme air de carillon, comme air de Noël en Bourbonnais, comme air de la Passion en Bretagne, comme air de mal-mariée en Lorraine, comme air de joutes sur le Rhône, et inexplicablement comme chant du Vendredi-Saint connu de TOUS dans le Moyen-Orient !!
- Ic Cecilia komen, chant populaire flamand, qui se retrouve comme thème principal (prétendument tchèque) de La Moldau de Smetana (!!), et inexplicablement comme thème initial (modifié) de l'hymne national de l'Etat d'Israël !!!
"Ic sagh Cecilia comen", chanté a cappella par Marieke ("Dunkerque en Flandre", CD Het Reuzekoor HRK.171190). Cette chanson est probablement d'origine... italienne (musique de ballet, fin XVIè s.)... Bref, c'est un timbre qui a beaucoup voyagé...
Les timbres vont notamment foisonner à la révolution (2337 pièces sur des timbres divers : Malbrough s’en va-t-en guerre, des airs de Rousseau, Grétry, de la musique liturgique et bien sûr Ah ça ira, la Carmagnole et la Marseillaise).
Pendant l’occupation les timbres circulent rapidement sur les ondes écoutées en cachette :
- Ah c’est triste vraiment (sur l’air de Cadet Rousselle) ; La lettre V (sur la 5ème symphonie de Beethoven) ; Radio Paris ment (sur La Cucaracha, chanté par Maurice Chevalier)
La parodie ou l’hommage sont souvent réalisés à travers l’utilisation d’un timbre. Les deux pièces suivantes ne poursuivent évidemment pas le même but…
- Armstrong (sur Go down Moses, de Claude Nougaro) et Les gosses pèlent de froid (sur le même air, par Orphéon célesta).
Les thèmes célèbres de la musique dite « classique » sont largement utilisés :
- Lonlon (sur le Boléro de Ravel, par Angélique Kidjo)
→ Transcription ? Arrangement ? Re-création ?
Les très irrévérencieux Frères Jacques ont osé également : Le complexe de la truite (sur le Lied de Schubert et des paroles de Francis Blanche). Ecoutons enfin ce vibrant hommage du groupe Chanson Plus Bifluorée sur l’air de Méditerranée : Oh José Bové.
Les timbres ont été utilisés de tout temps dans la chanson populaire, mais aussi dans la musique antique, le répertoire grégorien, les chansons des troubadours, des trouvères.
On trouve la plupart des timbres utilisés au début du XIXe siècle dans le recueil de chansons, la Clé du Caveau. Le "Caveau" en question fut une sorte d’académie, qui exista sous diverses formes aux XVIIIe et XIXe siècles, dont le but était de cultiver la chanson. En firent partie notamment Pierre-Augustin de Piis et Pierre-Jean Béranger, les 2 auteurs des chansons au programme.
Ils ont utilisé un timbre identique pour deux textes très différents.
-> Le timbre utilisé = l’air de "Dans cette maison à quinze ans" ou "Daigner m'épargner le reste" . On ne connaît pas la chanson originale car elle semble perdue et elle n’est pas passée à la postérité. Le thème de cette chanson a été retrouvé dans les Musiques de chansons de Béranger (Paris, 1851) pour la chanson Les cinq étages.
Si on compare les deux partitions, on se rend compte que c’est bien la même musique, seuls diffèrent quelques éléments de notation et l'indication de tempo (Allegro / Allegretto).
Caractéristiques de ce timbre :
- caractère plutôt mélancolique
- tonalité : mi mineur
- structure simple : phrases de 4 mesures a / a / b / c / d / d'
- ou 3 phrases de 8 mesures avec un antécédent et un conséquent. La dernière phrase peut faire office de refrain (si on y met les mêmes paroles à chaque strophe)
- mélodie très simple (ambitus ne dépassant pas une neuvième / notes conjointes...)
Histoire du timbre
L’origine du mot timbre est mal connue et non définie. Le premier à utiliser le mot en 1776 est Pierre Laujon :
« L’on appelle timbre, en style de chansonnier, le refrain ou le vers qui sert à rappeler l'air d'une chanson »
Le timbre désigne ainsi le titre emprunté au premier couplet ou au refrain du texte original ou de la version la plus connue du texte d'une chanson. Il permet d'identifier la mélodie sans avoir recours à la partition. Ce système de transmission d'une chanson par un incipit verbal "sur l'air de..." fait donc appel à la mémoire musicale. Avant, on parle de fredon. Fredonner une chanson : apprendre son air avant de chanter les paroles.
Le chant devient alors une ressource institutionnelle oralisée collective qui renforce ainsi une cohésion interne des groupes sociaux (religieux, syndicalistes, ...). Par exemple, le timbre de La Marseillaise a été utilisé à de nombreuses reprises : la Marseillaise des Locataires de Jules Jouy (1855-1897), la Marseillaise des Cotillons de Louise de Chaumont (1848), la Marseillaise anticléricale de Léo Taxil (1881)
Et certains timbres sont restés célèbres. Celui de Quand la mer rouge apparut (1627) donna lieu à diverses chansons politiques : Vous savez que je fus roi (1790), le Grand Projet (1791) ou religieuses : Quand Dieu naquit à Noël (1665).
Certains timbres sont si utilisés qu'ils ont plusieurs appellations. Par exemple, Les Deux Cousins (partition), Le Contrat de Mariage (partition), Les Cinq Etages (partition) et La Liberté des Nègres ont été faits sur le même timbre qui porte lui-même 2 noms : Dans cette maison à quinze ans ou Daignez m'épargner le reste. Ce timbre vient à l’origine du vaudeville de 1792, Les Visitandines.
Il s’agit souvent de satires, de parodies, de chansons plaisantes. Le but n’est pas toujours le même : la pédagogie de masse (l’école, l’église, les syndicats etc.), la critique sociale, le message politique, le patriotisme (militaire ou civil), l’engouement (équipes sportives). On se constitue ainsi un geste symbolique de la cohésion interne, qui « identifie » le groupe. L’enjeu est la valorisation unitaire et consensuelle. Il s’agit de faire « sonner » le collectif.
Dictionnaire "Science de la musique" de Marc Honegger :
« TIMBRE (Angl., tune; all., Ton), air préexistant aux paroles qui lui sont adaptées pour constituer une nouvelle chanson. On l'indique par l'incipit du texte (le premier vers), qui rappelle sa première utilisation, du moins la plus connue, et permet de se remémorer sa mélodie. Sa signification, eu apparence verbale, est donc essentiellement musicale. Les timbres ont été utilisés de tout temps dans la chanson populaire, mais aussi dans la mus. antique, le répertoire grégorien, les chansons des troubadours, des troubadours, des trouvères, les « Lieder » des « Minnesänger » et, à partir du XVIe s., par les auteurs de vaudevilles, de psaumes huguenots, de chansons spirituelles, d'airs de cour et de parodies pieuses (noëls et cantiques). A la fin du XVIIe s., on en fit un abondant usage au Théâtre Italien, puis, au XVIIIe s., au Théâtre de la Foire, dans les parodies d'opéras et les comédies en vaudeville de Louis Fuzelier, Le Sage et Ch. Favart, qui préfiguraient l'opéra-comique. On trouve la plupart des timbres alors utilisés dans La Clé des chanssonniers (2 vol., Paris, Ch. Rallard, 1717) et dans la Clé du Caveau (éd. par P. Cappelle, 3 vol., Paris 1811-1816). De nos jours, les chansonniers continuent à exploiter des timbres connus, anciens ou récents. » [fin de la citation].
Le "timbre" est extrêmement courant en musique. Et en fait il fonctionne dans les deux sens. De l'instrumental vers le vocal et inversement, du savant au populaire et inversement.
Les plus connus sont :
- Le bon roi Dagobert. C'est à l'origine une sonnerie de trompe de chasse, c'est devenu une chanson politique satirique, puis une chanson du répertoire enfantin.
Le bon Roi Dagobert, entendu sur un CD de trompes de chasse allemandes. Ca s’appelle "Steh fanfare", ce qui veut dire probablement "fanfare qu'on joue debout" (?).
- Bon voyage M. Dumollet. Chanson du Pont-Neuf anonyme, puis chanson de caveau (vaudeville), puis on l'entend dans Casse-Noisette (acte I) de Tchaikowsky. J'en ai trouvé des réutilisations qui sont devenues des exemples de patrimoine traditionnel : cornemuse / tambour aux Iles Baléares, une danse avant-deux de Bretagne (au lieu de : "Bon voyage, Monsieur Dumollet, A Saint-Malo débarquez sans naufrage", on entend : "Trou du cul, de quoi te plains-tu, N'es-tu pas donc au milieu de mes fesses..."), une autre danse bretonne (la pilotée de Combourg), un chant de marins, un air de pipe-band militaire britannique, une danse traditionnelle "Six tours" au Danemark, une contredanse d'origine française aux Seychelles, une jig irlandaise, un air de joute en Belgique, une danse "troïka" en Mayenne (on entend : “Fume ta pipe, mon Napoléon, Tu n’es plus bon gouverneur de la France"), et même une chanson de Mireille sur le Tour de France... Etc.
- Le Noël X, de Daquin, qu'on retrouve sous le titre "Bon Joseph, écoute-nous" ou "Quand Jésus naquit à Noël" chez Claude Balbastre, ou chez Nicolas Chédeville. Je l'ai retrouvé plein de fois comme chant de travail chez les marins terre-neuvas (chant à virer "Faut avoir du courage"), et comme chant révolutionnaire ("Le grand projet", contre Condorcet et contre Danton), et comme air du patrimoine traditionnel des joueurs de galoubet / tambourin de Provence sous le titre "Les cordelles", qui a finalement atterri dans nos classes dans les années 1970 par la méthode Orff (ici flûte à bec et percussions)...
- Adiu paure Carnaval, timbre connu dans toute la moitié sud de la France, mais que vous ne connaissez peut-être pas si vous êtes dans la moitié nord et si seulement vous n'avez jamais vu le générique de fin de Nounours à la télé en noir et blanc. Ce timbre est, à l'origine, une bergerette d'Antoine Albanese (XVIIIè s.). Dans toute la moitié sud de la France, c'est l'air de carnaval que tout le monde connaît, qu'on retrouve comme air de carillon, comme air de Noël en Bourbonnais, comme air de la Passion en Bretagne, comme air de mal-mariée en Lorraine, comme air de joutes sur le Rhône, et inexplicablement comme chant du Vendredi-Saint connu de TOUS dans le Moyen-Orient !!
- Ic Cecilia komen, chant populaire flamand, qui se retrouve comme thème principal (prétendument tchèque) de La Moldau de Smetana (!!), et inexplicablement comme thème initial (modifié) de l'hymne national de l'Etat d'Israël !!!
"Ic sagh Cecilia comen", chanté a cappella par Marieke ("Dunkerque en Flandre", CD Het Reuzekoor HRK.171190). Cette chanson est probablement d'origine... italienne (musique de ballet, fin XVIè s.)... Bref, c'est un timbre qui a beaucoup voyagé...
Les timbres vont notamment foisonner à la révolution (2337 pièces sur des timbres divers : Malbrough s’en va-t-en guerre, des airs de Rousseau, Grétry, de la musique liturgique et bien sûr Ah ça ira, la Carmagnole et la Marseillaise).
Pendant l’occupation les timbres circulent rapidement sur les ondes écoutées en cachette :
- Ah c’est triste vraiment (sur l’air de Cadet Rousselle) ; La lettre V (sur la 5ème symphonie de Beethoven) ; Radio Paris ment (sur La Cucaracha, chanté par Maurice Chevalier)
La parodie ou l’hommage sont souvent réalisés à travers l’utilisation d’un timbre. Les deux pièces suivantes ne poursuivent évidemment pas le même but…
- Armstrong (sur Go down Moses, de Claude Nougaro) et Les gosses pèlent de froid (sur le même air, par Orphéon célesta).
Les thèmes célèbres de la musique dite « classique » sont largement utilisés :
- Lonlon (sur le Boléro de Ravel, par Angélique Kidjo)
→ Transcription ? Arrangement ? Re-création ?
Les très irrévérencieux Frères Jacques ont osé également : Le complexe de la truite (sur le Lied de Schubert et des paroles de Francis Blanche). Ecoutons enfin ce vibrant hommage du groupe Chanson Plus Bifluorée sur l’air de Méditerranée : Oh José Bové.