Pourquoi les femmes n'aiment pas le jazz ?

Naïma pour Coltrane, Debby pour Bill Evans, Jayne pour Ornette Coleman... La liste est longue de ces jazzmen qui ont choisi d'évoquer, à travers leur musique, des femmes qui leur étaient proches. Promenez-vous néanmoins au rayon jazz chez les disquaires de Paris et d'ailleurs, comme, au hasard, la Fnac ou le Virgin (avis à d'éventuels sponsors qui voudrait soutenir Situations), vous n'y rencontrerez que très peu de femmes. Faut-il en déduire pour autant que le jazz est " Aaao ! ! Hun Hun ! ! !A man's man's world ! ! Good God ! ! " ? 
C'est vrai qu'en jazz les pointures sont surtout des hommes. " Et Aziza Mustafa Zadeh ? " m'objecterais le cyberlecteur qui ne sait. Tse,tse, il faut tout leur expliquer. Aziza c'est autre chose , elle dépasse les frontières ténues du jazz et même de la musique, pour incarner l'idéal de l'artiste tel que le décrivait Thomas Mann dans Tonio Krüger (éditions stock, sponsors, sponsors !) : " Un artiste, un vrai, se reconnaît sans qu'il soit besoin d'une très grande perspicacité au milieu d'une foule. 
Quelque chose à la fois de loyal et d'embarrassé se lit sur son visage. ". 
Non, le jazz, excepté dans sa forme vocale, c'est , au même titre que l'amitié, la pêche à la ligne et le voyeurisme, un truc exclusivement pratiqué par des mecs. 
Reste à savoir pourquoi il demeure désespérément fait pour des mecs. 
C'est un fait, quand un musicien de jazz joue, en réalité il ne joue pas : il parle. Il ne se contente pas de reproduire quelques notes inscrites sur une partition, il improvise constamment, s'approprie un thème, le triture, le réinvente. 
L'inspiration, il va la chercher dans ce qu'il ressent au plus profond de ses tripes à l'instant même où il joue. Il exprime ainsi ses émotions immédiates en délaissant les mots au profit d'un vocabulaire qui lui est propre, celui de la musique. 
Question : de quoi parle un homme quand il parle ? De femmes ! Les solistes de jazz ne font pas exception à la règle. En quelques notes, ils décrivent leurs rencontres, leurs passions, leurs désillusions. Entendre le jazz c'est savoir entendre ces confidences et les sensations qu'elles renferment, celles qu'un homme peut éprouver envers une femme. 
La compréhension du jazz ne se fait donc pas au niveau cérébral (contrairement à ce que croit le pseudo-amateur du genre, qui vient taper dans les mains en rythme au concert gratuits du samedi parce qu'il a lu, il ne sait plus où, que c'était l'endroit le plu prisé du microcosme parisien), mais au niveau sensuel, en ressentant et non en écoutant le message délivré.
Bingo : comment une femme pourrait-elle être émue par un art où il n'est questions que de sensations qui lui sont inconnues ?
Il reste néanmoins un espoir . Si un jour un batteur a le torse de Lizarazu, un pianiste le regard de Zidane et un contrebassiste le crâne de Barthez, peut-être les femmes iront-elles au concert avec autant de plaisir qu'elles vont au stade.