Le psychédélisme




L'été 1967, le summer of love, qui a vu naître il y a quarante ans le mouvement hippie, marque aussi l'essor du psychédélisme. Retour sur une révolution multiforme qui a bouleversé la musique, l'architecture, la littérature, le design, le cinéma et les arts plastiques.
--> le monde connaît un souffle de révolution poussé par une jeunesse désirant s’affranchir définitivement des valeurs du passé.
Le summer of love n'a pas été seulement celui de la musique pop : il a déclenché une mutation dans tous les domaines artistiques. Il marque l'apparition de l'usage expérimental de drogues hallucinogènes et du psychédélisme. En 1967, le monde découvre les premiers albums des Pink Floyd, des Doors, de Jimi Hendrix et la célèbre pochette du disque Sgt. Pepper's lonely hearts club band (le meilleur et le plus influent album de tous les temps par ses innovations musicales (renversements des bandes, superpositions d'instruments, fanfares et cordes, bruits divers, etc., il est classé nº 1 en Angleterre dès le 8 juin suivant et nº 1 aux États-Unis le 1e juillet 1967 ; Sur la pochette, le parterre de fleurs, formant le nom des Beatles, cache des plants de marijuana. Y figurent aussi un bouddha, une poupée portant une écharpe avec l'inscription « Bienvenue aux Rolling Stones », et une image du cinquième Beatles, Stuart Sutcliffe, décédé). Figurent aussi de nombreux personnages connus : Karl Marx, Einstein, Marlene Dietrich, Oscar Wilde, Bob Dylan, Fred Astair, Karlheinz Stockhausen...



La période psychédélique a produit de nombreux courts métrages qui en reflètent l'esthétique : enchevêtrement, courbes sinueuses, flux, hallucinations...
— Psychédélisme est le terme employé pour décrire un mouvement de la contre-culture apparu dans le milieu des années 1960.
Dans ce terme sont regroupées toutes les tentatives pour recréer de façon consciente les perceptions sensorielles distordues créées par l'ingestion de drogue hallucinogène tels que le LSD ou la mescaline. Il s'applique donc principalement au domaine visuel et sonore. Il est souvent associé de façon restrictive au mouvement hippie californien qui en représente un aspect important mais il dépasse en fait ces limites puisqu'il se manifeste un peu partout dans le monde.


— Contre-culture est un ensemble de valeurs culturelles formant un tout structuré et s'opposant au système idéologiquement dominant. Il a surtout été utilisé dans les années 1970 pour caractériser l'explosion des mouvements culturels de cette époque, plutôt jeunes et contestataires (par rapport à l'idée de culture dominante) et souvent liés à la chose politique. Il s'agit de courants nés notamment après Mai 68 en France mais ayant existé aussi à d'autres époques et en d'autres lieux - on évoquera notamment l'émergence des mouvements contestataires en Amérique du nord durant les années soixante.
En France la contre-culture fut représentée par des organes de presse comme le journal quotidien Libération (première époque), le magazine Actuel (première et deuxième époque) puis Novamag, la librairie Parallèles, les premières radios libres, les labels de musique indépendants, les éditions Des Femmes, etc. Et plus récemment toutes une panoplie de nouveaux organes d'informations telles que certaines revues comme Arabesques ou BoXon ou encore Contre-litéralités se sont organisées pour suivre le mouvement.


— Les hippies (hippie au singulier, ou parfois hippy) étaient les membres d'un mouvement de contre-culture des années 1960 et des années 1970 qui avaient pour but un style de vie marginal, communautaire ou nomade, renonçant au nationalisme corporatiste. Ceux-ci s'étaient opposés à la Guerre du Viêt Nam, avaient pour certains embrassé des aspects du bouddhisme, de l'hindouisme, et/ou de la culture religieuse américaine indigène, et étaient en désaccord avec les valeurs occidentales traditionnelles de la bourgeoisie.
Plusieurs définitions du psychédélisme. Selon Timothy Leary, théoricien et acteur du mouvement, « une expérience psychédélique est un voyage dans de nouveaux champs de conscience » (Manuel Psychédélique, 1964)
Psychédélisme s'apparente à une tentative d'élévation au-dessus du réel, pour aboutir à un degré supérieur de conscience.
C'est là que certaines drogues interviennent : le LSD, la Mescaline, plus quelques acides et champignons... Hallucinogènes, elles deviennent « psychédéliques » par leur capacité à « ouvrir les portes de la perception ». Drogue = instrument « mystique » : le moyen de découvrir quelque chose de caché.
Engouement pour les drogues hallucinogènes, combiné à une fascination pour les mystiques orientales (bouddhisme, hindouisme et multiples dérivés sectaires de ces deux religions) et certaines idées de la gauche révolutionnaire. > société excédée par la Guerre Froide
Origine du mouvement :
Depuis le 18ème siècle, les écrivains sont acquis à l'orientalisme. Ils attendent néanmoins la fin du romantisme pour s'essayer massivement aux drogues venues du lointain : le haschisch et l'opium.
1860 : Charles Baudelaire publie « Paradis Artificiels » --> il examine l'inspiration poétique procurée par les drogues hallucinogènes / la littérature crée des mondes imaginaires (et artificiels !) qui se substituent au réel.
Rimbaud va plus loin. Dans sa correspondance et ses œuvres, il affirme que la poésie se doit d'accéder à un état supérieur de vision, échappant à celle du commun. De ce fait, elle doit devenir voyante, illuminée. Cette idée, enrichie par les œuvres de Mallarmé ou Apollinaire finit par aboutir dans les années 1920 au mouvement Surréaliste, lui-même né du Dadaïsme, qui refusait les codes culturels et les valeurs de l'Occident.
Parallèlement, l'orientalisme subit un nouvel essor, religieux cette fois-ci. Encouragés par les philosophies de Nietzsche et Schopenhnauer, des écrivains s'intéressent de près au bouddhisme et suscitent un début d'engouement populaire.
se développe le mouvement naturiste (prônant le retour à la terre, la nudité et l'alimentation végétarienne... idées inspirées d'une vision orientale du monde).
Les écrivains de la Beat Generation apparaissent à la fin de cette évolution et à l'aube de l'Ere Hippie. Jack Kerouac, Allen Ginsberg ou William S. Burroughs dénoncent le puritanisme et l'hypocrisie de la société américaine. Mais ils ajoutent à cette opposition la quête post-romantique d'un absolu, qui passe aussi bien par le mysticisme oriental que par l'expérience de la drogue ou la sexualité débridée.
--> mvt héritier du surréalisme, dont il conservent le principe d'exécution - la fameuse « écriture automatique » censée ouvrir les valves de l'inconscient - et quelques techniques comme le collage. Tous écoutent du jazz moderne, une musique déjà marquée par la drogue, dont les multiples ruptures sonnent comme une provocation.
Dans les années 50, en Californie, où de nombreux écrivains les rejoignent (Aldous Huxley, qui publie ses mémorables « Portes De La Perception » en 1954). Cette installation va donner naissance au mouvement beatnik, le premier à adopter le psychédélisme, avant que les hippies prennent la relève.
CONCLUSION :
Mais fin des années 60 : le monde n'a pas tant changé que ça, à part une libération sexuelle...
Difficile de caractériser l'esthétique psychédélique... Musicalement, le rock psychédélique se doit d'être planant, d'accompagner au mieux l'auditeur dans un trip. Ce qui passe par un certain nombre de stratégies (transes répétitives, dissonances, effets électroniques, etc.)
Le psychédélisme - en tant qu'idée - sera définitivement enterré avec les décès de Jimi Hendrix, Janis Joplin, puis Jim Morrison en 1970 et 1971. Inspiratrices d'antan, les drogues seront désormais perçues comme des assassines potentielles.
Date importante musicalement : 1969 - année de Woodstock, ses 400 000 spectateurs et son idéal « Peace And Love »
Le festival fut le point culminant de la contre-culture et de l'anti-capitalisme des années 1960 et de la culture hippie.