Lexique du tango


Arastre : façon d’interpréter le tango avec le 1er temps accentué et un peu anticipé comme ceci :


Candombe : Genre musical afro-uruguayen. Composé aujourd’hui de trois tambours type conga (le repique [moyen], le piano [le plus gros] et le chico [le plus petit]). Se pratique à Montevideo lors des comparsas de carnaval. Genre musical-chorégraphique propre aux Noirs de l’Uruguay, le candombé a peu à peu perdu son caractère religieux à la fin du XIXème siècle mais non son caractère rituel. Le candombé a influencé le tango par ses pratiques et ses rythmes. Le nom candombé apparaît pour la première fois en 1834 dans une revue de Montevideo.

Canyengue : se réfère aux Noirs et à leur manière de danser ou de jouer le tango. Effets de percussions effectués le plus souvent par la contrebasse et/ou le piano, souvent à contretemps. L’effet canyengue peut être de frotter les cordes en marquant très fort le contretemps, soit en frappant avec la paume des mains la caisse de la contrebasse, ou avec l’archet contre le chevalet, ou avec les doigts et l’archet contre les cordes de la contrebasse à contretemps ou pas, les doigts contre la caisse du violon, ou le talon de l’archet produisant l’effet de lija, ou les doigts sur le clavier du bandonéon.

Chicharra : Cigale. Effet percussif qui consiste à frotter les cordes du violon entre le chevalet et le cordier. Utilisé par beaucoup de musiciens de tango. Désigne aussi l’instrument guiro (percussion à râclement).

Choro : genre musical instrumental né à Rio de Janeiro à la fin du XIXème siècle. Intègre instruments à cordes et à vent, plus un tambour de basque (pandeiro).

Cinquillo (cubano) : Au sens littéral : quintolet, c’est-à-dire cinq notes jouées dans une durée d’un seul temps. Dans les musiques afro-américaines le cinquillo cubano est un système rythmique qui organise cinq notes réparties sur deux temps, impliquant des notes syncopées.

Comparsa : Groupe de chanteurs et danseurs, en général noirs, qui défilent dans les rues notamment durant le carnaval et le jour de la fête des rois mages (Épiphanie). Fréquent en Amérique latine, notamment à Cuba, en Argentine, en Uruguay, au Brésil…

Conventillos : vastes constructions du type caserne, sorte de quartier où se retrouvaient tous les immigrés.

Corte : Figure de danse du tango qui consiste à suspendre le mouvement de la danse durant un court instant.

Criollo / Criolla : créole. Plusieurs sens selon les pays.
1. Se dit d’un descendant de parents européens nés dans les anciens territoires espagnols de l’Amérique.
2. S’applique aux Noirs nés dans ces territoires par opposition aux Noirs apportés d’Afrique comme esclaves.
3. En Argentine et Uruguay : ce qui est typique du lieu, los criollos : ceux qui sont nés et habitent le lieu. Ce qui est typique, propre au lieu. Vernaculaire. Peut s’appliquer à la musique comme à la cuisine ou la morale ou à n’importe quelle habitude culturelle.
4. Dans les Antilles françaises, créole a le sens de Noir.
5. À la Nouvelle-Orléans, créole signifiait métis et se différenciait des Noirs.

Gaucho : gardien de troupeaux en Argentine dont la vie se passait essentiellement à cheval. Appartient à l’archétype social du tango.

Guapos ou compadre : les gouapes des faubourgs = les vauriens. Archétype social de l’univers tango, sorte de caïd vêtu de noir, il pratique le culte de la parole.

Habanera : Littéralement : celle de la Havane. Dans le Rio de la Plata on l’appelle aussi "danza" ou "danza cubana" à la fin du XIXème siècle. La habanera (ou havanaise) : danse cubaine de rythme binaire, qui gagna tout le continent européen vers la fin du 19ème siècle. Connue dans son pays d’origine sous le nom de « contredanse créole », elle semble issue de la transformation des éléments européens sous l’influence indéniable des rythmes africains enracinés dans l’île. Sans être aussi syncopée que certaines musiques afro-américaines des Etats-Unis ou du Brésil, elle possède un schéma métrique d’une élasticité bien caractéristique :


Après quelques compositeurs cubains (Ignacio Cervantes, créateur du genre), elle a tenté plusieurs musiciens espagnols (Albéniz et M. de Falla en premier lieu) et surtout français (Chabrier, Saint-Saens, R. Laparra, Debussy, Ravel, L. Aubert). La habanera de Carmen (de Bizet) est fondée sur une composition de S. Iradier, El arreglito  (« L’arrangement »).

Lubolear : Terme utilisé dans le Rio de la Plata pour désigner les carnavals dans lesquels les Blancs commençaient à subir des influences afro.

Milonga : Terme d’origine afro. Genre musico-chorégraphique structuré sur un rapide 2/4. Appartient à l’univers tango. Il existe la milonga payadora ou milonga campanera (milonga rurale, de la campagne), lente et expressive, et la milonga trampera ou milonga ciudadana (milonga de la ville, urbaine), rapide et plus joyeuse. Se dit aussi de la fête en général (milonguear) et des musiciens qui jouent avec swing. Danse d’origine argentine, très populaire dans les faubourgs de Buenos Aires et de Montevideo au cours des dernières décennies du 19ème siècle. Avec la habanera, elle constitue l’une des sources principales du tango argentin, dans lequel elle s’est entièrement fondue dans les premières années du 20ème siècle. Les rythmes caractéristiques sont :

    ou      

Murga : groupe de musiciens blancs (souvent grimés en noir) défilant dans les rues à Montevideo et de Buenos Aires au moment du carnaval. Revient en force, comme le tango - après une éclipse de plusieurs dizaines d’années - dans les pratiques musicales du Rio de la Plata. C’est un genre musical et chorégraphique.

Payador : poète itinérant qui improvise en fonction de l’auditoire et en s’accompagnant de la guitare.

Porteño : Issu du port. Le correspondant français n’existe pas. La tendance actuelle est d’utiliser le néologisme : portègne.

Prostíbulos : Maisons closes.

Quebrada : ravin. Cassure. Figure de danse de tango qui consiste à abaisser le tronc par une torsion latérale des genoux.

Roña : crasse. Dans le tango, tous les effets de bruitages et de percussion qui servent à ornementer les notes.

Tango : danse moderne (pour couple) de mouvement lent et aux pas glissés, originaire des faubourgs de Buenos Aires, qui, à partir de 1911 environ, s’est propagée très rapidement en Amérique du Nord et en Europe, profitant du déclin de la valse, pour atteindre sa plus grande popularité vers 1920-25, non sans soulever de fortes oppositions dues à son caractère lascif.
Le tango argentin (= « tango criollo ») était écrit à 2/4 et comportait 4 croches égales. Il s’est répandu dans un tempo un peu plus rapide, noté à 4/8 avec le rythme caractéristique de la habanera ou de la milonga  qui sont ses deux sources principales. Essentiellement instrumental, il est joué par un ensemble qui comprend un violon, une guitare, un accordéon, un piano, une contrebasse et des instruments à percussion. Le tango a été employé par de nombreux compositeurs de musique savante, entre autres I. Albéniz (Seis Danzas españolas), I. Stravinsky (L’histoire du soldat), D. Milhaud (Tango des Fratellini).
Ne pas confondre avec le tango flamenco ou tanguillo qui est une espèce de valse espagnole très différente du tango argentin. Ses origines sont très anciennes et elle est à ¾.

Tresillo (cubano) : Formule rythmique de structure 3-3-2 en usage dans nombre de musiques afro-américaines, notamment le son cubano, le tango et la milonga du Rio de la Plata.

Yumba : effet rythmico-percussif utilisé par le compositeur et chef d’orchestre Osvaldo Pugliese, qui consiste en une opposition entre un fortissimo sur les 1er et 3ème temps de la mesure (par la contrebasse en glissando) et un pianissimo sur les deux autres (avec le piano en cluster), donnant un effet de yum-ba yum-ba…

Zarzuela : Genre lyrique espagnol. Spectacle de musique de divertissement proche du ballet de cour français qui se donnait au XVIIème siècle, au palais de Zarzuela, près de Madrid. Au XIXème siècle, évolue vers l’opérette et devient populaire mais tombe en désuétude au début du XXème siècle. S’est diffusée dans toute l’Amérique espagnole par des troupes itinérantes, jusqu’à créer des genres locaux comme la zarzuela cubana. Un des apports mélodiques du tango du Rio de la Plata.