Beethoven



L'homme

Compositeur allemand.
Né en  1770.
Mort en 1827.
Il fait la transition entre l’époque classique et romantique.

Principales oeuvres :
32 sonates de piano, dont quelques-unes à titre (Appassionata, Adieux, absence, retour, Pathétique ; mais Clair de lune est un titre apocryphe)
17 quatuors (flottement dans la numérotation des derniers, la Grande Fugue n°17 étant primitivement le finale de l'op. 130)
9 symphonies, dont 3ème = Héroïque, 6ème = Pastorale, 9ème = Ode à la joie, avec chœurs et soli
1 opéra, Fidelio (successivement 3 ouvertures, dont l'une de concert sous le titre Léonore 3)
5 concertos de piano (le titre l'Empereur pour le 5ème est apocryphe), plus un 6ème d'après le concerto de violon
1 oratorio, le Christ au mont des Oliviers
3 messes, dont la Missa Solemnis en Ré, traitée en oratorio.
Trios, quintettes, ouvertures (dont Coriolan, prototype du poème symphonique par son exposition et sa coda).



L’immense effort de mutation de la musique qui fut celui du Romantisme prend sa source et trouve son symbole dans l’œuvre d’un des plus grands compositeurs de l’Histoire, passionnément discuté de son vivant, et qui s’est finalement imposé jusqu’à devenir pour longtemps le symbole même de la musique : Ludwig van Beethoven.

D'ascendance mi-allemande et mi-flamande (son grand-père paternel était de Malines), né à Bonn en 1770 dans une famille de petits musiciens très pauvre et gravement atteinte par l'alcoolisme, puis par la tuberculose, Beethoven eut d'abord une enfance chaotique de faux enfant prodige. Il en sortit perturbé, malgré des succès de salon qui le firent remarquer et lui procurèrent des leçons et des relations dans les milieux influents. Ses premières compositions, écrites dans un esprit voisin de celui de Haydn, traduisent cette phase de succès mondains qui déjà le laissaient insatisfait, et auxquels par la suite il se refusera avec obstination. Parmi ses nombreux maîtres, souvent fantaisistes, se détache l'organiste C. G. Neefe, qui l'initia aux mouvements de pensée issus des philosophes français, précurseurs de la Révolution, et peut-être l'introduisit dans le mouvement général de la franc-maçonnerie internationale (auquel Beethoven semble avoir appartenu bien que les documents ne soient pas formels).
A 17 ans (1787), une bourse princière lui permit de se rendre à Vienne, où sa rencontre avec Mozart est peut-être légendaire. Puis, nommé organiste en second de la Cour, il regagna Bonn, et commença avec quelque succès une carrière de pianiste concertiste qui le mena de Berlin à Prague et Budapest. En 1792 (22 ans), il s'installe, définitivement cette fois, à Vienne où il prend avec Haydn quelques leçons plus symboliques que réellement formatrices. De cette période datent déjà quelques grandes œuvres, telles que la sonate Pathétique pour piano (1798), la 1ère symphonie et les six quatuors op. 18 (1800).
Vers 1801, date de la Sonate dite « au clair de lune », apparaissent les premiers symptômes d'une surdité qui ne cessera de s'aggraver. Elle deviendra totale vers 1819 et s'ajoutera à une santé de plus en plus délabrée. Joignant une misanthropie maladive à de gros éclats de bon vivant et à l'excitation désordonnée d'aspirations humanitaires aussi généreuses qu'utopiques, Beethoven du fait de son infirmité deviendra une sorte d'être à part, très probablement insupportable malgré une légende dorée touchante, mais son isolement physique favorisera aussi l'approfondissement de son génie en l'encourageant à ne vivre que pour sa musique intérieure.
Jusqu'à sa mort misérable en 1827, suivie d'obsèques triomphales, Beethoven vécut à Vienne ou dans ses environs, instable jusque dans ses incessants changements de domicile, tiraillé entre sa renommée grandissante et les déboires renouvelés qu'appelaient ses maladies multiples, surdité incluse, et son comportement insociable. Sujet à de profondes dépressions (1802, lettre jamais expédiée dite Testament d'Heiligenstadt), toujours passagèrement et romantiquement amoureux (on a recensé une dizaine au moins d'amours successives, abondante matière à biographies romancées) il ne put se marier et finit par reporter son besoin d'affection sur son neveu Karl dont il était devenu le tuteur à la mort de son frère (1815).
Cette adoption lui apporta de graves perturbations, matérielles et morales, et l'exclusivisme tyrannique avec laquelle il l'interpréta alla jusqu'à pousser le jeune homme en 1826 à tenter de se suicider.

A partir de la 1ère Symphonie de 1801, Beethoven demeure fidèle aux normes des grandes formes classiques, mais travaille sans cesse à leur insuffler un esprit nouveau, à en agrandir les proportions. Il expérimente de nouveaux moyens d'expression, tant dans l'orchestration que dans les détails d'harmonie ou la conduite des modulations. Ses ambitions visent à reculer les limites de son art, et à s’exprimer entièrement par lui (« venue du cœur, ma musique doit aller au cœur »). Avec l’isolement et les infirmités, il recherche de plus en plus des proportions grandioses (9ème symphonie : avec chœur ! c’est la première fois qu’on ajoute un chœur à la symphonie…), l’assouplissement du plan, l’expression intense et intériorisée. Il abandonne la littéralité des formes en maintenant leur esprit, tronçonne et imbrique les mouvements l’un dans l’autre, diversifie le plan de la sonate (il rompt parfois avec le rapport traditionnel des tonalités « tonique-dominante » ; il multiplie  et apparente les thèmes secondaires, diversifie la réexposition, amplifie la variation, ébauche la construction « cyclique »). Il est un des premiers à utiliser le métronome nouvellement inventé (par Maelzel en 1806), puis y renonça par crainte de mécaniser l’interprétation.
Dans ses dernières œuvres, écrites dans la seule audition intérieure, il atteint une densité d’expression inconnue avant lui.
Son influence a été énorme. Discuté jusque vers 1840, il deviendra pendant cent ans le véritable dieu de la musique !
Depuis le début du 19ème siècle, on a pris l'habitude de diviser la vie et l’œuvre de Beethoven en trois parties ou "manières".
La première s'achève en 1802 et couvre une période marquée par l'influence de Haydn et de Mozart.
Parmi les œuvres que compose Beethoven à cette époque figure les six Quatuors à cordes Op.18, les deux premiers Concertos pour piano, les Sonates pour piano jusqu'à l'opus 31 inclus et les deux premières Symphonies.
La deuxième manière (1802-1812) commence au moment où Beethoven prend conscience de sa surdité et correspond à la maturité musicale du compositeur ; il élargit les formes existantes et sa musique s'emplit d'une expression héroïque :
Sonate "à Kreutzer " pour violon et piano opus 47, Symphonies n°3 "Héroïque ", 4 et 5, Quatuors à cordes op. 59, 74 et 95, Concertos pour piano 4 et 5, Concerto pour violon et les grandes Sonates pour piano (" Waldstein ", " Appassionata ", "les Adieux").
La dernière manière correspond à la fin de la vie de Beethoven lorsque, complètement sourd, il s'isole progressivement du monde qui l'entoure. Sa musique s'écarte sensiblement des conventions établies jusqu'alors, tant dans le domaine formel (les derniers Quatuors, par exemple, ne se limitent pas aux quatre mouvements traditionnels) que dans celui du style.
Parmi les œuvres écrites au cours de cette ultime période figurent la Neuvième Symphonie, la Missa Solemnis, les cinq dernières Sonates pour piano, les Variations sur une valse de Diabelli et les cinq derniers Quatuors à corde.
Cette division en trois parties donne un bon aperçu de la carrière de Beethoven mais elle risque d'induire en erreur, car son évolution manque parfois de logique…


Le langage musical


— expérimente de nouveaux moyens d'expression 

— il recherche de plus en plus des proportions grandioses

    > 9ème symphonie : avec chœur ! c’est la première fois qu’on ajoute un chœur à la symphonie…

— l’assouplissement du plan, l’expression intense et intériorisée.

— Il abandonne la littéralité des formes en maintenant leur esprit, tronçonne et imbrique les mouvements l’un dans l’autre

diversifie le plan de la sonate

    > il rompt parfois avec le rapport traditionnel des tonalités « tonique-dominante »

    > il multiplie  et apparente les thèmes secondaires

    > diversifie la réexposition, amplifie la variation, ébauche la construction « cyclique ».