Le Roi danse (film de Gérard Corbiau)


Le roi danse est un film du cinéaste belge Gérard Corbiau sorti en 2000.


L'histoire

Le film raconte les liaisons tumultueuses et parfois dangereuses entre Louis XIV, le Roi-Soleil, et les musiciens et artistes de la cour.

L'histoire se concentre plus particulièrement sur Jean-Baptiste Lully, musicien du Roi, qui ne recule devant rien pour s'imposer comme compositeur officiel de la cour. Aveuglé par son ambition démesurée, il ira même jusqu'à trahir Molière, son plus proche collaborateur.

Plus en général, Le Roi Danse met en avant le poids politique et religieux de la danse, de la musique et de l'art en général en tant que moyens de conforter le Roi-soleil dans sa position de représentant de Dieu tout-puissant sur terre.

Le long-métrage évoque également en filigrane la problématique des genres littéraires -danse, théâtre, opéra- et les querelles qui en découlent. Une des disputes concerne la légitimité de l'opéra et la question de l'influence italienne.


Les thèmes

La politique
La France est dirigée par Anne d'Autriche, une Espagnole, qui pendant près de 20 ans, Louis XIV n'étant encore qu'un enfant. Entre-temps, toutes les couches sociales se disputent le pouvoir : les nobles, l'Église, les gros commerçants, le peuple ; on appellera ce mouvement la Fronde.
Louis XIV ne pourra accéder au pouvoir qu'avec l'aide de Mazarin et devra résister aux Dévots, frustrés de la Fronde, qui défendent une conception rigoureuse de la religion.
Sous le règne du jeune roi, la cour sera synonyme de vivacité, de légèreté et de brillance. À partir de 1685, l'image éclatante de la cour commence à se ternir.




La danse
À la base, elle est destinée à tout le monde, mais l'appartenance à une classe sociale supérieure présuppose une habilité tout aussi supérieure dans l'art de la danse.
La danse est l'art par excellence des "gens bien nés" et véhicule des valeurs telles l'harmonie, la grâce physique, la perfection de la nature.
L'entourage du roi est également très porté sur la danse comme spectacle; les représentations n'étaient pas fondamentalement différentes de celles pratiquées de nos jours, avec leurs costumes et décors mobiles. Les représentations rassemblaient des milliers de spectateurs et se prolongeaient parfois sur plusieurs journées.
Le Roi se doit d'être le meilleur danseur de tous, vu son statut d'incarnation de Dieu sur terre. La danse était très technique et donc très difficile.

La musique
Elle est le symbole de l'harmonie universelle depuis l'Antiquité et influe fortement sur l'être humain ; on prétendait qu'elle liait l'homme à l'univers.
Le roi devait dès lors se parfaire dans l'art d'embrasser la musique. Dans cet esprit, le "ballet du roi" était fondamental. Plus le roi y excelle, plus il se confirme comme seule incarnation de l'État. En ce sens, le roi est très "médiatique"...
Mais à partir 1670, Louis XIV renonce à la danse (a-t-il eu un accident ?) ; cet évènement coïncide curieusement avec l'arrêt du ballet de cour, et prépare l'avènement de l'opéra.
L'opéra sera sujet à discussion et même dispute : faut-il suivre la mode italienne, privilégiant le chant, ou faut-il continuer dans la tradition française de la danse ? Lully, lui-même d'origine italienne, adaptera l'opéra italien aux normes françaises: un mélange de chant bien intelligible, de danse et de musique.

Lully et Molière
Ils seront collaborateurs durant de longues années : Molière écrit, Lully compose. Jusqu'au moment où le roi décide de ne plus danser. S'ensuit une rupture entre les deux artistes ; Lully, fougueux et ambitieux, finira même par trahir Molière.


Un mot sur la musique

De nombreux morceaux de l'oeuvre de Lully, inédits avant la fabrication du film, ont été joués et enregistrés pour la première fois en concert.
Les manuscrits d'époque ont dû être mis en partition, puis exécutés par un orchestre constitué de spécialistes jouant d'instruments d'époque.
La bande originale du film retrace toute la carrière musicale de Lully.
Lully détestait l'opéra mais sera contraint d'en composer sous l'influence du succès remporté par son rival Cambert.










Analyse d'une musique baroque extraite du film :